20 juil. 2012


Salade Grecque

Socrate et Tsipras, géant et espoir grecs. Le premier, mort en 399 av. J.C. fut l’un des grands Hommes de l’antiquité hellène, et est considéré comme l’un des pères fondateurs de la philosophie. Le second, leader du parti d’extrême gauche Syrisa, est l’espoir d’une partie de la population grec, surtout les jeunes. A noter qu’il fait aussi très peur au reste de la population (au contraire de Socrate...).
Ayant déjà visités des sites antiques il y a quelques années (pour Charpi le prof, ça viendra), on a décidé cette fois-ci de nous concentrer sur la Grèce actuelle. On en parle tellement depuis un ou deux ans en France et en Europe qu’on voulait y tâter d’un peu plus près. Comme pour nos « analyses » des autres pays, cet article est le résultat d’observations et de discussions avec les locaux en seulement quelques jours, et n’est donc pas parole d’évangile ! Amis grecs (Charlie, Colin ?) ou connaisseurs du pays, si vous souhaitez y mettre votre grain de sel, allez-y.
On pensait à l’origine passer par Athènes pour comprendre un peu plus le cœur du mouvement… mais avec Tour et Détours on ne sait jamais où l’on dormira le lendemain. On savait juste qu’on devait être à Istanbul le 11 juillet, donc cela a abrégé de fait notre séjour grec. En une semaine on a néanmoins eu le temps d’observer le pays, et de rencontrer des locaux afin de comprendre un peu ce qu’il s’y passe.
A première vue, en arrivant d’Albanie, on voit peu de différence par rapport à ce à quoi on s’attendait. Que ce soit à Corfou, île touristique de la côte Adriatique, à Ioannina et aux Météores dans les terres, ou à Thessaloniki, je n’ai pas noté de grosses différences par rapport à mon passage il y a cinq ans.  Des bars pleins, des centres commerciaux qui m’ont l’air en bonnes formes : du savoir-vivre et de la routine capitaliste, tout va bien !
En fouinant un peu plus, on observe quand-même aux coins des rues pas mal de personnes fouillant dans les poubelles, mais on en voit aussi de plus en plus en France, et après le Kosovo et l’Albanie, on s’y est malheureusement habitués. On s’est également aperçus de coupes budgétaires en constatant que toutes les lignes ferroviaires et de bus entre la Grèce et l’internationale avaient été arrêtées (ce qui nous a pas aidé). En arrivant à Thessaloniki, on nous dit que le métro qui devait être terminé en 2013 ne le sera pas avant cinq ans…

Le grec fait un peu la moue en ce moment...

Dans cette grande ville, la deuxième du pays avec son million d’habitants, on a enfin pu rencontrer et discuter avec des autochtones. Et ils étaient assez concernés par la question. De toute façon ici tout le monde parle politique. Un peu comme lors des deux derniers mois avant l’élection présidentielle française mais là ça dure depuis deux ans.
On était hébergé chez Lia, qui nous a présenté à ses amis, notamment Lisa, une des leaders des anarchistes de Thessaloniki. Extrême dans ses actions mais raisonnée dans ses arguments, les discussions ont été assez instructives. Déjà, ça ne les amuse pas trop de savoir qu’en France, un parti fait peur à ses citoyens en prétextant que voter pour le parti adverse les mènera vers une situation identique à la Grèce. Je m’arrête là sur la politique française sinon ça va déraper^^
Ils sont néanmoins conscients qu’il y a eu des abus dans la gestion de leur pays et qu’un retour à la normale pour certains grecs est dans l’ordre des choses. Selon eux, une grande partie d’entre eux a trois voitures, deux maisons... Ce serait un retour à une certaine mesure matérialiste qu’auraient apprécié leurs antiques philosophes. Ils en rigolent mais apparemment il n’est pas évident pour eux de savoir qui compose le gouvernement actuel tant il change souvent, résultat des dernières élections du 17 juin qui a mis au pouvoir une coalition droite-gauche (soit les mêmes leaders qu’avant la crise…).
Comme on vous le disait, on ne voit pas vraiment de conséquences matérielles flagrantes. Il n’y a effectivement « que » 15% de chômage (contre 25% en Espagne et 10% en France), le pays semble « au travail ». Mais le pouvoir d’achat est de plus en plus bas. Le smic est à 300€, le salaire moyen à 600€ et la pinte de bière à grand minimum 3€, soit un pouvoir d’achat bien inférieur à celui de notre pays. Oui, la pinte est une très bonne façon de comparer les richesses ! Mais ça se vérifie aussi avec le prix des loyers, quand nos amis nous ont parlé de leurs apparts (beaucoup, en conséquence, habitent chez leurs parents). Un serveur gagne 20 € par jour, pas de quoi aller bien loin. Et une grande partie des grecs s’est mise aux cigarettes roulées. Grande différence avec l’Albanie où le paquet est très abordable… pour résumer ce n’est pas la joie. Et l’optimisme n’est pas de vigueur (il serait plutôt de rigueur).
En effet selon eux, la crise se ressentira surtout dans un an ou deux. Principalement pour les jeunes, dont 50 % sont au chômage ou vivent de petits boulots quand ils en trouvent (Lia, notre hôte, était très peu optimiste pour en décrocher un afin de payer ses études) ; et les ainés, dont la retraite vient de passer en moyenne de 500 € à 300 €. Pour leurs retraités, ils font la différence entre la campagne où la vie est moins chère et où nombreux sont les propriétaires d’un jardin, et la ville où la vie est plus chère. Un exemple pour les mois à venir, la gestion de l’eau potable (je ne sais pas si cela concerne seulement Thessaloniki ou toute la Grèce) va être vendue à une société allemande ; en conséquence son prix va augmenter de 80%. A force, ils vont probablement ressentir une petite pression au niveau du porte-monnaie…
De manière préventive, les retraités avaient déjà adoptés un sport national peu coûteux : le Backgammon. Bon.
Perso, j’ai ressenti quand-même une certaine tension sous-jacente, on le voit notamment avec tous les graffitis qui parlent de la crise ou qui évoquent les luttes anti-fascistes. Il y a bons nombres de flics dans les rues… J’ai l’impression que ça pourrait assez vite repartir.

Thessaloniki

J’en reviens à Tsipras… pour l’instant il est sur la touche, hors concours. Il fait peur à une bonne partie de l’Europe, pour Lisa l’anarchiste et ses potes, il est trop conciliant. S’il parvient un jour aux commandes, il va falloir bosser et bien bosser pour en arriver à la reconnaissance éternelle que connait Socrate. D’ici là, de part chez nous, tâchons de nous poser les bonnes questions, et surtout d’y répondre de manière adéquate… Pardon !! On les connait déjà ? Mais pourquoi ne pas les mettre en place ?! Non ! Non ! Je vous l’ai dit, j’arrête là avec la politique française…

Le frelon d’or : la région des Météores, incroyable, de toute beauté comme dirait l’autre. Mère Nature et  son rejeton l’Homme réunis pour nous offrir des paysages splendides.
La pompe à vélo : la chaleur. Faudrait quand même ne pas abuser, merci ! On frôle le 40 degrés (à l’ombre) !  
Le fun : notre amie d’une soirée à Thessaloniki, Vivi, qui se rappelait un mot ou une phrase en français toutes les 15 minutes. Par ailleurs fort sympathique, elle commence donc par « fenêtre ». Bon soit, son père a peut-être bossé pour Leroy Merlin. Un moment après, au milieu de la discussion politique, « passé composé ». Là on s’inquiète… et elle continue comme ça « putain de merde » ou encore « la mer est pleine de poisson ». Merci Vivi on s’est bien marré.

Benjo

POST SCRIPTUM
PS pour ceux que ça intéresse, voici le lien qui donne un petit aperçu des répercussions de la « crise » (si vous avez quelques économies à placer) 

2 commentaires:

  1. coucou les loulous,

    Honte à moi, je n'ai même pas pris le temps de vous écrire depuis votre départ. Cela n'empêche que je pense très souvent à vous et que je lis votre blog avec application.
    Alors Benjo, tu noircis un peu les pages de ton cahier ou tu es toujours réfractaire à cette pratique.
    Quelle est la suite de vos aventures?
    Vous avez l'air de bien en profiter, en tout cas merci car on a l'impression d'y être.

    Des gros bisous.

    Elo Beuzzzzzzz

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    1. Salut la bzzzzzz
      T'en fais pas on sait qu'on vous a tous emmené avec nous. Quant à Benjo, il se découvre un nouveau talent (encore !!) il enchaîne les nuits d'écriture... ton carnet y a bien contribué. Prochaine étape on va se poser le long de la mer noire avant d'aller en Iran.
      embrasse ton homme sur les deux fesses.

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