Salade Grecque
Socrate
et Tsipras, géant et espoir grecs. Le premier, mort en 399 av. J.C. fut l’un
des grands Hommes de l’antiquité hellène, et est considéré comme l’un des pères
fondateurs de la philosophie. Le second, leader du parti d’extrême gauche Syrisa,
est l’espoir d’une partie de la population grec, surtout les jeunes. A noter
qu’il fait aussi très peur au reste de la population (au contraire de Socrate...).
Ayant
déjà visités des sites antiques il y a quelques années (pour Charpi le prof, ça
viendra), on a décidé cette fois-ci de nous concentrer sur la Grèce actuelle. On
en parle tellement depuis un ou deux ans en France et en Europe qu’on voulait y
tâter d’un peu plus près. Comme pour nos « analyses » des autres
pays, cet article est le résultat d’observations et de discussions avec les
locaux en seulement quelques jours, et n’est donc pas parole d’évangile ! Amis
grecs (Charlie, Colin ?) ou connaisseurs du pays, si vous souhaitez y
mettre votre grain de sel, allez-y.
On
pensait à l’origine passer par Athènes pour comprendre un peu plus le cœur du
mouvement… mais avec Tour et Détours on ne sait jamais où l’on dormira le
lendemain. On savait juste qu’on devait être à Istanbul le 11 juillet, donc
cela a abrégé de fait notre séjour grec. En une semaine on a néanmoins eu le
temps d’observer le pays, et de rencontrer des locaux afin de comprendre un peu
ce qu’il s’y passe.
A
première vue, en arrivant d’Albanie, on voit peu de différence par rapport à ce
à quoi on s’attendait. Que ce soit à Corfou, île touristique de la côte
Adriatique, à Ioannina et aux Météores dans les terres, ou à Thessaloniki, je
n’ai pas noté de grosses différences par rapport à mon passage il y a cinq ans.
Des bars pleins, des centres commerciaux
qui m’ont l’air en bonnes formes : du savoir-vivre et de la routine
capitaliste, tout va bien !
En
fouinant un peu plus, on observe quand-même aux coins des rues pas mal de
personnes fouillant dans les poubelles, mais on en voit aussi de plus en plus
en France, et après le Kosovo et l’Albanie, on s’y est malheureusement
habitués. On s’est également aperçus de coupes budgétaires en constatant que
toutes les lignes ferroviaires et de bus entre la Grèce et l’internationale
avaient été arrêtées (ce qui nous a pas aidé). En arrivant à Thessaloniki, on
nous dit que le métro qui devait être terminé en 2013 ne le sera pas avant cinq
ans…
Le grec fait un peu la moue en ce moment... |
Dans
cette grande ville, la deuxième du pays avec son million d’habitants, on a
enfin pu rencontrer et discuter avec des autochtones. Et ils étaient assez
concernés par la question. De toute façon ici tout le monde parle politique. Un
peu comme lors des deux derniers mois avant l’élection présidentielle française
mais là ça dure depuis deux ans.
On
était hébergé chez Lia, qui nous a présenté à ses amis, notamment Lisa, une des
leaders des anarchistes de Thessaloniki. Extrême dans ses actions mais
raisonnée dans ses arguments, les discussions ont été assez instructives. Déjà,
ça ne les amuse pas trop de savoir qu’en France, un parti fait peur à ses
citoyens en prétextant que voter pour le parti adverse les mènera vers une
situation identique à la Grèce. Je m’arrête là sur la politique française sinon
ça va déraper^^
Ils
sont néanmoins conscients qu’il y a eu des abus dans la gestion de leur pays et
qu’un retour à la normale pour certains grecs est dans l’ordre des choses.
Selon eux, une grande partie d’entre eux a trois voitures, deux maisons... Ce
serait un retour à une certaine mesure matérialiste qu’auraient apprécié leurs
antiques philosophes. Ils en rigolent mais apparemment il n’est pas évident
pour eux de savoir qui compose le gouvernement actuel tant il change souvent,
résultat des dernières élections du 17 juin qui a mis au pouvoir une coalition
droite-gauche (soit les mêmes leaders qu’avant la crise…).
Comme
on vous le disait, on ne voit pas vraiment de conséquences matérielles
flagrantes. Il n’y a effectivement « que » 15% de chômage (contre 25%
en Espagne et 10% en France), le pays semble « au travail ». Mais le
pouvoir d’achat est de plus en plus bas. Le smic est à 300€, le salaire moyen à
600€ et la pinte de bière à grand minimum 3€, soit un pouvoir d’achat bien
inférieur à celui de notre pays. Oui, la pinte est une très bonne façon de
comparer les richesses ! Mais ça se vérifie aussi avec le prix des loyers,
quand nos amis nous ont parlé de leurs apparts (beaucoup, en conséquence,
habitent chez leurs parents). Un serveur gagne 20 € par jour, pas de quoi aller
bien loin. Et une grande partie des grecs s’est mise aux cigarettes roulées.
Grande différence avec l’Albanie où le paquet est très abordable… pour résumer
ce n’est pas la joie. Et l’optimisme n’est pas de vigueur (il serait plutôt de
rigueur).
En
effet selon eux, la crise se ressentira surtout dans un an ou deux. Principalement
pour les jeunes, dont 50 % sont au chômage ou vivent de petits boulots quand
ils en trouvent (Lia, notre hôte, était très peu optimiste pour en décrocher un
afin de payer ses études) ; et les ainés, dont la retraite vient de passer
en moyenne de 500 € à 300 €. Pour leurs retraités, ils font la différence entre
la campagne où la vie est moins chère et où nombreux sont les propriétaires
d’un jardin, et la ville où la vie est plus chère. Un exemple pour les mois à
venir, la gestion de l’eau potable (je ne sais pas si cela concerne seulement
Thessaloniki ou toute la Grèce) va être vendue à une société allemande ;
en conséquence son prix va augmenter de 80%. A force, ils vont probablement
ressentir une petite pression au niveau du porte-monnaie…
De
manière préventive, les retraités avaient déjà adoptés un sport national peu
coûteux : le Backgammon. Bon.
Perso,
j’ai ressenti quand-même une certaine tension sous-jacente, on le voit
notamment avec tous les graffitis qui parlent de la crise ou qui évoquent les
luttes anti-fascistes. Il y a bons nombres de flics dans les rues… J’ai
l’impression que ça pourrait assez vite repartir.
Thessaloniki |
J’en
reviens à Tsipras… pour l’instant il est sur la touche, hors concours. Il fait
peur à une bonne partie de l’Europe, pour Lisa l’anarchiste et ses potes, il
est trop conciliant. S’il parvient un jour aux commandes, il va falloir bosser
et bien bosser pour en arriver à la reconnaissance éternelle que connait Socrate.
D’ici là, de part chez nous, tâchons de nous poser les bonnes questions, et
surtout d’y répondre de manière adéquate… Pardon !! On les connait
déjà ? Mais pourquoi ne pas les mettre en place ?! Non ! Non !
Je vous l’ai dit, j’arrête là avec la politique française…
Le
frelon d’or : la
région des Météores, incroyable, de toute beauté comme dirait l’autre. Mère
Nature et son rejeton l’Homme réunis
pour nous offrir des paysages splendides.
La
pompe à vélo : la
chaleur. Faudrait quand même ne pas abuser, merci ! On frôle le 40 degrés
(à l’ombre) !
Le
fun : notre amie
d’une soirée à Thessaloniki, Vivi, qui se rappelait un mot ou une phrase en
français toutes les 15 minutes. Par ailleurs fort sympathique, elle commence
donc par « fenêtre ». Bon soit, son père a peut-être bossé pour Leroy
Merlin. Un moment après, au milieu de la discussion politique, « passé
composé ». Là on s’inquiète… et elle continue comme ça « putain de
merde » ou encore « la mer est pleine de poisson ». Merci Vivi
on s’est bien marré.
Benjo
POST SCRIPTUM
PS
pour ceux que ça intéresse, voici le lien qui donne un petit aperçu des
répercussions de la « crise » (si vous avez quelques économies à
placer)