25 déc. 2012


Sur la route

Nous voici donc dans l’Empire du Milieu. Et le milieu commence loin de Pékin, à la frontière kirghize, à quelques milliers de kilomètres de la capitale. Un cinquième des habitants de la planète a un passeport chinois !
Il aurait été plus simple de prendre l’avion pour aller directement de Bishkek en Asie du sud-est, mais on préfère éviter. Dans une perspective environnementale déjà mais aussi pour voir l’évolution des paysages et des populations le long de cette route. Ce qui nous a fait quelques (longues, parfois) heures dans les transports kirghizes et chinois.
Nos dernières heures au Kirghizstan ont été superbes avec la traversée de la vallée de l’Alaï dans un bon vieux camtard local. Puis on a passé la frontière. On a commencé par nous obliger à prendre un bus complètement pourri (on voulait faire du stop) sur une piste qui l’était encore plus. Une dizaine d’heures pour faire 140 kilomètres, arrêt dans un check point dernière génération comprit…
Nous voici enfin, à 23h, à Kashgar, carrefour incontournable de la Route de la Soie, et rendez-vous des backpackers. Mais là, on ne croisera qu’un suisse (que je recroiserai par hasard dans trois autres villes toutes distantes de milliers de kilomètres).
Cette arrivée dans Kashgar a vraiment été un nouveau « choc culturel » pour moi. Les deux premiers ayant été l’arrivée dans le monde musulman à Mostar (Bosnie) et l’improbable Iran.
Dès l’entrée dans la ville, on constate la différence avec l’Asie Centrale : il y a de l’électricité, et pas qu’un peu ! Si, la veille encore, on marchait dans le noir dès la nuit tombée, ici les panneaux publicitaires et surtout les enseignes de magasins illuminent les rues. Pour les locaux, ces caractères ont une signification, pour nous ce sont de beaux dessins. On se réveille le premier matin, et devant nous une immense cours d’école avec des centaines d’enfants faisant leurs exercices matinaux au son de la belle musique impériale. Un nouveau pays !
On sent que Mao a eu un peu de mal à maitriser complètement ces peuples du Xinjiang, cette province du nord-ouest du pays. Lorsque l’on se promène dans les rues de Kashgar, on croise peu de chinois comme on l’entend en France, mais principalement des ouïghours, un peuple turcophone. Ils ont un faciès ressemblant aux peuples d’Asie centrale, c’est-à-dire un mélange mongol, perse, turc voire hindou… ils sont majoritairement musulmans sunnites, ont leur propre langue (turcophone là aussi) et écriture, qui ressemble à l’arabe mais qui n’en n’est pas. D’ailleurs, la majorité des enseignes ont la double écriture chinoise et ouïghour (ça ne nous a pas plus aidé faut dire). Et beaucoup d’anciens ne parlent pas le mandarin. Bon Mao n’a pas tout réussi mais il a quand-même une belle (et grande) statue à son effigie, levant le bras droit vers l’avenir. Les mauvaises langues disent qu’il hèle un taxi tellement il faut se battre pour en attraper un.
A errer dans les rues de Kashgar, on redécouvre un nouveau peuple (les ouïghours) intégrée dans une nouvelle civilisation (chinoise). Et on sent qu’il y a comme un décalage. La ville, comme la région, est très pauvre, malgré les belles lumières et des immeubles neufs. Beaucoup plus de mendiants que dans les pays précédents (et que dans le reste de la Chine que nous avons visité), un vieux centre qui tombe en désuétude, une hygiène qui laisse franchement à désirer… Etrangeté chinoise également, nous sommes sur le même fuseau horaire que la capitale, si bien qu’il fait à peine jour à 11h du matin. On a bien l’impression que Pékin a classé les ouïghours comme peuple de seconde zone…

Un occidental qui a voyagé pendant cinq mois dans le pays, nous annonce « ne comptez pas être comprit par les chinois ». Et effectivement, on va vite se rendre compte qu’il ne faut pas y compter. Faut essayer certes, mais il faut surtout avoir la requête déjà écrite en mandarin sur un bout de papier. Même la langue des signes est différente. Pourtant on l’avait bossé depuis des mois, mais ici c’est une autre histoire, rien, z, on recommence à zéro comme dirait Edith. On a pu expérimenter cela une première fois au resto… quelle galère ! Même avec les dessins sur le menu, on n’est pas arrivés à se faire comprendre. Résultat, on s’est retrouvés avec des plats pour sept ! Bon, comme on est généreux dans l’effort, qu’on ne voulait pas laisser une mauvaise impression et que c’était bon, on a mangé pour six. On manquait d’entrainement. Devant nous, à la même table, ils ont eu le temps d’enchainer trois services. Je reviendrai dans un autre post sur leur façon de manger. Peu ragoutant.
A Kashgar, nous avons aussi parcouru l’immense bazar, qui grouille de monde, et le marché aux animaux, un des plus grands d’Asie. Ça fourmille de monde et de bestiaux (yaks, chameaux, chevaux, ânes, moutons, chèvres, un suisse aussi,…), ça jacte, ça henni, ça marchande, ça braie, ça rigole, ça sert des paluches en échangeant des biftons. Une ambiance virile mais correcte (ou presque, ça castagne encore un peu).
Tout ça c’était avant l’drame, se rendre à l’évidence : il n’y a plus de place couchettes dans les trains dans les cinq jours à venir. On doit prendre un premier train pour Urumqi, environ mille bornes et 30h ; et un second pour Chengdu dans le centre sud du pays, environ deux milles bornes et 50h… on va avoir mal au c*l à passer ce temps assis ! Que nenni grand Dieu, plus de place assise ! Ce sera debout pour 80h avec une pause d’une demi-journée pour dormir à Urumqi.
Déjà, en Asie Centrale, chaque déplacement était une aventure, mais ça n’a rien de comparable avec ces quatre jours à traverser presque les deux-tiers du pays. On voulait voir du pays, on a été servi ; on voulait rencontrer du local, on a eu de la promiscuité comme jamais. Mais que c’était bon !

Kasghar, pays ouighour

D’entrée à la gare, la sécu nous soutire nos supers couteaux ouïghours achetés au bazar… rrrrhhhhh, j’ai que ça à faire moi de braquer le conducteur du quotidien Kashgar – Urumqi ! On est presque les derniers à embarquer, on nous presse gentiment de grimper quand une intendante reçoit un message sur le talkie. Et là elle se met à nous hurler dessus et à la dizaine de passagers encore à l’extérieur. Une morceau d’hystérique, y’a vraiment pas d’autres mots, on dirait un coach de lutte sur le bord du tatamis qui gueule ses encouragements à son poulain dans une salle où l’on ne s’entend plus. Mais là on l’entend y’a pas de souci et surtout le train est déjà blindé, on ne peut pas rentrer plus vite bordel ! Etrangeté chinoise là aussi, tout le monde la ferme… vraiment bizarre, on est les seuls étonnés. Un remède contre l’amour comme dirait l’autre. Je reviendrai aussi sur ces pratiques étranges dans un autre post. Peu entrainant.
Et nous voila dans les wagons. Enfin plutôt entre deux wagons, là où l’on est rentré, car on ne peut pas avancer. En fait ils vendent les places couchettes, les places assises, puis blindent le train au max en vendant des tickets à prix réduit pour le reste de l’espace. On est loin des réglementations françaises type ERP. Le long du trajet, on enchaine les positions debout, assis, mais pas couchés, impossible. On va rester lors de ce premier voyage dans cet entre-wagon, coin fumeur et non chauffé. Super ! On va néanmoins arrivé à faire notre place en se calant sur des sacs de charbon et de citrouille. Pas le mieux pour le postérieur, je ne vous le conseille pas. Certains moments, je compte, on est une dizaine dans trois mètres carré. Quand je vous disais qu’on avait gouté à une certaine promiscuité avec le local…
Evidemment on est les deux seuls occidentaux du train. On est un peu des bêtes de foire, tout le monde nous regarde, scrute chacun de nos gestes (ce qu’on mange, ce qu’on écrit, ce qu’on dit, ce qu’on lit etc.). On est les uns sur les autres, donc on s’aide plutôt que l’on s’énerve, ça rapproche en plus de l’être déjà. Of course personne ne parle un mot d’anglais. On arrive toujours à communiquer un peu, notamment par la musique. On sort nos deux guitares, on se crée un petit mètre carré pour nous placer et hop on enquille les accords. Le spectacle est pour eux mais pour nous aussi, à voir toutes ces ganaches fixées sur nos instruments et nos voix. Fou.

Faut faire sa place dans le train...
 
Avec ma taille et ma face d’étranger, je fais peur aux gamins. Trop marrant ! La première seconde ils se demandent ce que c’est que ce grand truc, puis se refugient dans les bras ou les jambes de leurs parents. Une fois bien au chaud, ils jettent de nouveau un coup d’œil. S’ils croisent mon regard, ils se cachent encore plus et certains pleurent. Les plus grands s’y font et deviennent des potes, les petits s’y font rarement. L’ogre Gloups sans le déguisement^^
Les heures passent lentement, tout comme les intendants qui tentent de pousser leurs chariots en évitant de nous écraser au passage. On mange presque tous des pates (les noodles chinoises), petit à petit on s’endort les uns sur les autres. Bah non en fait on ne s’endort pas, c’est pas possible. Comment faites-vous chers médecins pour enchainer plus de 24h ?

Heureux d’être arrivés à la première étape, on se repose quelques heures avant d’enchainer sur la seconde. Avec notre mini expérience, on se la joue tactique et on ne se laisse pas faire, pas moyen de se retrouver entre deux wagons. Chanceux, on rencontre un jeune qui parle anglais, il sera un bon compagnon de voyage, et nous donnera des tuyaux de voyageurs. Comme manger au resto le soir afin de pouvoir dormir sur la chaise. Je m’assoupie, j’allonge mes jambes sous la table, le gars d’en face racle gracieusement sa gorge, et dépose son beau crachat sur ma godasse… classe, merci Gabert (oui ici tout le monde s’appelle Gabert, ça évite les erreurs). Je reviendrai aussi sur cette habitude du crachat. Peu attirant, et surtout vraiment dégueulasse ! Ma foi, ce resto-dodo ce n’était pas le Hilton mais on a sombré quelques instants, très précieux à ce moment là du périple.
Encore de la guitare, des gamins qui après nous avoir apprivoisé jouent avec nous, des paysages qui évoluent vers plus de vert,… on arrive bientôt à Chengdu, capitale du Sichuan.
Les chinois sont habitués à ces voyages, c’est un peu comme les départs au bled mais tous serrés dans un train. Ils s’y font, ont leur petite organisation de nomade, et s’adaptent à ce foutoir ambulant.
Perso j’ai détesté mais surtout adoré. Détesté car on est réduit à se comporter comme des bêtes, on touche terre, il n’y a plus aucune dignité (je vous épargne certains détails), les flics et personnels sont humiliants envers les passagers, et les gens laissent faire tout ça. J’y reviendrai aussi, peu accueillant. En plus c’est physiquement épuisant, on attend que les heures s’égrènent… ma foi. Mais j’ai adoré car on s’est prit un bain de Chine authentique. On s’est retrouvés à partager leur quotidien de voyageur, on était au même niveau qu’eux. Il y avait un vrai échange, et tout cela sans parler ou presque. On voulait voir du local eh bien on a été servis !
(Pour l’étape suivante entre Chengdu et Kunming, 18h, on a pu prendre des « couchettes ») Yeah !!

Seance musicale dans le resto


Frelon d’or : Alors perso je me suis fait un petit délire dans ces trains. Je me suis amusé à faire quelques allers-retours dans des wagons, avec la musique Paper Planes, de Mia (du film Slumdog Millionaire), dans les oreilles. Sérieux, je me croyais dans le film, avec ces personnes à enjamber, ces visages mix asiatiques, et leurs regards. Fatigués, souriants ou interloqués à ma vue, couchés les uns sur les autres… une ambiance incroyable et la musique qui tabasse ! Paon Paon Paon Paon !
Pompe à vélo : Choix difficile entre les raclements de gorges, les gueulantes normalisées, et leur façon de manger…
Fun : Pendant que Charpi discutait gentiment avec un jeune prosélyte musulman, je me retrouvais à jouer les interprètes ouïghours / anglais avec une demi-douzaine de gars, à l’aide du Lonely Planet. J’étais assis sur une banquette, cerné par ces adolescents assis et debout, à quelques centimètres de ma tête, et tous avec des faces de Jacouille la Fripouille ! Mêmes teints, mêmes coupes de cheveux et détail non négligeable, les chicos dégueus, tous à me poser pleins des questions. Franchement c’était trop bon. « Tu t’es espongé dans la vinasse ? »

Benjo

PS pas musical : Les félicitations à Charpi qui a continué la route pendant plusieurs jours entre Chine, Laos et Thaïlande ! Champion !
PS Musical de Benjo : Paper planes, de Mia
PS Musical de Charpi : Get Ready, de The Temptations


15 déc. 2012

Back sur le net (pour qq minutes) : Deux articles a la suite pour la fin de l'Asie centrale. Bonne lecture.

Alors le Kirghizstan en hiver…

Le Kirghizstan, c’est beau… bon on se casse ?! Voilà ce que j’ai en tête avant d’écrire ce mail. Je pourrais rallonger et vous en mettre des tartines sur le nomadisme, la géographie et l’histoire assez récente de ce pays en tant que tel. Mais vous serez certainement assez curieux pour aller faire un tour dans une encyclopédie et sur le net afin de vous familiariser avec ce lieu complètement méconnu. La preuve par quatre pouvez-vous me le situer sur une carte du monde vierge, me citer la capitale, me décrire la recette du kumiz ou encore la taille des talons des meufs du coin ? Ah ! Ah !
Bref on ne sait rien de rien sur ce pays et pourtant il n’est pas petit (la moitié de la France).
Pour vous aider je vous glisse quelques petites recommandations pour ceux et celles qui auraient l’envie furieuse de quitter un hiver pour un autre et de se la jouer au grand Khan qui retourne dans sa steppe natale.

Avec les frenchies Aurel et Ralph

PARTIE 1 CE QU’IL NE FAUT PAS FAIRE (comprenait ce qu’il faut faire mais pas trop)
1° Venir en hiver : ça meule, partout de la neige. Ya même une vallée coincée entre deux cols à plus de 3000 où la température est tombée à moins 55° l’année dernière.
2° Renvoyer ses affaires « grand froid » la veille de l’arrivée et se faire la traversée du pays en simple basket ouvertes aux quatre vents (glacial ici).
3° Prendre une chaussette made in Korea pensant que ça compensera une bonne paire de godasses.
4° Boire l’eau du robinet. Certes consommable mais le pays a été la poubelle nucléaire pour les russes pendant de nombreuses années.
5° Faire son visa chinois à Bishkek (la capitale, du coup !). Faisable mais tellement cher. On te fait ramasser la savonnette plusieurs fois avant de valider. 
6° Etre végétarien. Amis de la verdure bonne chance. Tu peux mais ils aiment mettre de la viande partout. En plus en hiver on trouve souvent du cheval dans la soupe. Sympa. Paraît que ça réchauffe et a des vertus aphrodisiaques.
7° Pas paner un seul mot de russe. Pas évident de trouver une langue commune pour converser.
8° Sortir dans Bishkek quand la ville s’est transformée en une immense patinoire urbaine et que les feux urbains ne fonctionnent plus. Ah Vladimir Ilitch tu nous manques (voir partie 2 petit 1).
9° Draguer une fille Kirghiz sans être sûr de la marier. Une institution ici et quand on a passeport français on est assuré d’attirer les convoitises. Le problème c’est que la séduction ne se fait jamais sans intérêts.

Sary Tash, sur la route de la Chine


PARTIE 2 CE QU’IL FAUT FAIRE (comprenez ce qu’il ne faut pas trop faire)
1° Visite de site nucléaire et autres lieux made in URSS. En ville et ailleurs dans le pays il est très difficile de louper une statue de Lénine, une effigie ou une de ces célèbres citations comme « l’Etat c’est le communisme et l’électricité ».
2° Tester les minibus locaux avec verglas et chauffeur déluré. Souvent des troupeaux de moutons ou de chevaux traversent les voies. Les conducteurs ne comprennent toujours pas que le concept de klaxon est ignoré du monde animal. Surtout quand celui-ci a décidé d’imposer son rythme. Il serait plus prudent de ralentir… de ralentir. Ralentis !! C…..d !! Ah bah trop tard et encore un trente-huit tonnes renversé sur le bas-côté.
3° Sortir par moins 10° spécialement quand le soleil se couche.
4° tester le patin à glace sans patins dans les rues de la capitale.
5° Parler russe avec un fort accent de Komarad et dire un da guttural à chaque question posée.
6° Essayer de déterminer le début et la fin des villes soviétiques. Même les plus petites s’étalent et s’étalent sur des kilomètres. Tu me diras c’est pratique vu la taille des avenues on peut facile y rentrer quatre voies de voitures, une pour les bus, un aller-retour pour les vélos et une voie patinoire pour les piétons. Easy !
7° Si vous êtes malade, les prescriptions locales sont simples (véridique !). Pour des maux d’estomac et turista : boire de la vodka et du sel pendant 24h sans rien d’autre. Pour la prise de poids ajouter à votre régime alimentaire de la vodka avec de la bière. Pour une otite prenez un coton imbibé de sérum physiologique local à savoir vodka.
8° Expliquer les nouvelles règles des visas aux policiers qui vous arrêtent dans la rue en spécifiant bien que votre passeport a été retenu par l’ambassade chinoise (voir partie 1 petit 5).
9° S’asseoir sur un banc, cinq minutes avec toi à regarder les filles tant qu’y en a. Les plus belles filles du monde en tout cas au moins sur le podium mondial. Faciès asiatique et classe russe.
10° Quand vous êtes lassés, le marché d’Och c’est pas mal. La voie principale est complètement défoncée ainsi que de nombreuses maisons dans le quartier. Il ya deux ans la ville a connu des émeutes terribles entre ouzbèks et kirghiz (problèmes de frontières).

Le bazar d'Osh, ravage par la guerre.

Le frelon d’or : le pays est somptueux certes il vaut mieux venir en été pour profiter des nombreux treks de ouf malade qui déchirent. Mais la magnificence des montagnes. La brume sur les lacs et les chevaux qui percent à travers. Les couleurs. Bref pour un contemplatif comme moi c’est le cœur.
Le fun de la semaine : Benjo qui a testé la station de ski internationale de Karakol en tête. Des installations made in Ménuires et un tour du propriétaire effectué en une demi-journée. Néanmoins le cadre est époustouflant et on est seul sur les pistes. 
La pompe à vélo : la furieuse manie des kirghiz à vouloir se mettre sur la gueule. Ils aiment la castagne et ça se sent au degré d’alcool qu’ils ont imbibé. Encore hier soir de retour d’une partie coinche, trois jeunes trous du cru raides comme des pinces lassés ont gentiment essayé de nous bousculer. Bon on était six dont deux doubles-mètres (enfin quasi). Ils doutent de rien les gonz’…

Charpi

PS Musical de Charpi : Fragile dreams, d’Anathema
PS Musical de Benjo : Jolene, de Dolly Parton

Centrale l’Asie ?!

Nous ne sommes pas restés longtemps dans cette région et c’est bien dommage. On aimerait donner du temps au temps et pouvoir s’installer confortablement dans les moufles du voyage et se faire acteur et observateur chaque jour que l’on passe sur cette bon Dieu de Terre mais à court de pouvoirs magiques on doit dealer avec les impératifs du monde moderne à savoir réceptionner l’amour de sa vie dans un coin qui est pourtant une des expressions les plus contemporaines du départ et de l’arrivée : un aéroport. Le rêve, quoi !^^
Bref je m’emballe. Revenons à notre besogne du jour, comprendre le concept d’Asie centrale. Ouais on a tous tâté de la géographie de papa. Place tes continents et tes capitales et tiens place moi l’Asie centrale. Merde c’est où que c’est l’Asie déjà. Bon l’Asie ça commence avec une partie de la Russie et ça se termine avec la Russie. Voilà c’est vachement simple. Bon tout le monde sait localiser l’Asie du sud-est. Pour l’Asie de l’ouest encore quelques hésitations. Les chercheurs qui cherchent on en a par contre, peu trouvent. Le grand Charles a parlé. Rideau.  Pour l’Asie centrale c’est pas une mince affaire en fait c’est la zone où l’on se trouvait il y a peu avec le Benj’.

Bukhara...

Je ne sais pas pour vous mais l’Asie centrale pour moi ça a bercé mon enfance. Je pensais contes et légendes. Terra incognita. Je me disais qu’il ya avait peut-être personne et que l’on pouvait se laisser aller au délire d’être un putain d’explorateur. Que nenni ! Ces régions ont une histoire et elle remonte à loin. Attendez, je ne vais pas vous la faire Pierre Bellemare. Juste vous donner quelques éléments (que vous connaissez peut-être déjà) pour que vous puissiez frimer dans les salons et soirées mondaines et surtout que vous n’hésitiez plus à prendre un billet à bord d’un bon vieux Tupolev ou Antonov afin de venir vous régaler dans ces régions coincées entre l’Europe, la Russie, le Moyen-Orient et la Chine. En tout cas d’un point de vue de la localisation, centrale nous parle un peu plus.  
C’est un pays de nomades. Quand je dis pays j’englobe les pays en stan du coin : Kazakhstan, Ouzbékistan, Kirghizstan, Tadjikistan, Afghanistan et Turkménistan. Bien sûr selon les régions, leurs configurations et leurs potentiels, les gens se sont sédentarisés plus ou moins rapidement. Aujourd’hui la tradition du nomadisme est palpable mais la sédentarisation est clairement le mode dominant. Pourtant à l’époque c’est bien le cheval et la yourte les deux piliers de la culture locale.
Et puis en plus d’un nomadisme choisit, ces régions centrales ont subit également de multiples invasions dans les quatre directions. Un va-et-vient quasi permanent rythmé par les aléas de l’histoire.

TUUUUUUTTT : mi-temps

Mesdames et messieurs, deux semaines après que Charpi ai débuté ce post, je prends le relais. Eh oui, nos chemins se sont séparés pour un temps, il est parti plus au Sud, je reste un peu plus longtemps au pays de Mao et sa clic.
Je vais tenter de finir son article, mais ce sera avec ma plume, fini l’angélisme, du concret ! (car le temps presse, je n’ai qu’un accès très restreint à mon blog en raison de la censure chinoise, donc faut que j’abrège l’écriture !).

Samarkand...

… Cette route de la soie existe depuis plus de deux millénaires, ce n’est pas Marco Polo qui l’a baptisé ! Le premier grand explorateur fut certainement Alexandre le Grand. Le macédonien arriva dans ces régions en 330 av. JC et resta trois ans dans la région. Il y fonda sa neuvième ville, Alexandreia Eskhate (Lointaine Alexandrie), épousa la fille du Roi des Sogdiens, un des derniers peuples à rendre les armes au Grand Alexandre. Mais ses conquêtes à l’est se terminaient… eh oui après c’est encore un autre empire, la Chine ! Pas évident.
Ces siècles ont vu différents peuples plus ou moins sédentaires se faire la guerre pour ces contrés de steppes et de hautes montagnes. Des alliances succédant aux trahisons pour dominer ces grandes étendues d’herbes. Mais petit à petit cela a engendré des échanges entre ces peuples, certains locaux, certains plus lointains. La route de la soie nait avec ses peuples locaux, mais aussi avec les chinois, les romains, les parthes et les kouchans.
Région centrale du plus grand continent du monde, elle fut la convoitise de tous les grands empires. Après les perses, les grecs, les kouchans, les chinois, les turcs assirent leur domination dans les pays-stan. Puis ce fut le tour de la religion musulmane et des arabes. Les chinois furent définitivement boutés de la région en 751 et perdirent beaucoup, notamment des experts dans la fabrication du papier et de la soie. Cela porta un coup terrible à la route de la soie car les pays de l’Ouest allaient pouvoir monter leurs propres commerces…
Puis ce fut au tour du fin diplomate mongol, Ghengis Khan. Il mit à sac la majorité des villes de l’Asie centrale, ne laissant que quelques monuments en place, estimant qu’ils valaient le coup d’être préservés. Puis Tamerlan, tout aussi bon diplomate, ravagea la région (et plus loin encore) et ramena un peu de culture turc. Encore un mélange…
Ces échanges virent aussi la naissance de nombreux artistes et hommes de sciences dont on parle tous les jours, notamment à l’école. Au IXème siècle, le mathématicien Al-Kharezmi a donné son nom aux algorithmes, puis un autre de ses traités appelé Al-Jebr est devenu algèbre en Europe. Un astronome, Al-Biruni, découvre 500 ans avant Copernic (mais après les égyptiens…) que la Terre tourne autour du soleil et évalue la distance de la Terre à la Lune à vingt kilomètres près. Pas mal ! Au Xème siècle, le Canon de la médecine d’Abu Ali Ibn-Sina, servit de manuel de base pour la médecine occidentale jusqu’au XVIIème siècle. Du beau monde quoi !
Enfin (en fait c’est pas franchement la fin, mais j’abrège sinon y’en a pour des pages à citer tous les conquérants du coin, même les bus y passent désormais), oui, enfin, nos cousins russes commencèrent à s’intéresser à la région avec les stars Tsars, à la fin du XIXème siècle.
Vous voyez un peu le bordel !!!
Aujourd’hui on a donc à faire à un territoire de nomades sédentarisés, originaires des quatre coins du continent. Des tensions existent encore, tous les trois-quatre ans par exemple, des heurts se produisent à la frontière ouzbek-kirghize entre ces deux peuples. En 2010, on compta des centaines de morts à Osh. Comme l’enclave vauclusienne dans le sud de la Drome, il y a ici aussi de nombreuses enclaves de pays-stan dans d’autres pays-stan. Ce qui montre l’absurdité du tracé somme toute assez récent des frontières, et ce qui ne facilite pas l’apaisement entre ces pays. Saupoudrez le tout de jalousies sur la richesse de sols en hydrocarbures et cela ajoute au cocktail (presque Molotov, qui parfois prend feu comme je le disais).

Vallee de l'Altai...

En traversant cette région, j’ai souvent l’impression de traverser un même pays, avec des peuples assez similaires, des langues assez voisines ou tout le monde se comprend plus ou moins. On parle une sorte de perse au Tadjikistan et dans une partie de l’Ouzbékistan, une sorte de turc au Turkménistan, le russe de partout, mais aussi le Kirghize, le kazakh, l’ouzbek, le pachtoune dans ces pays. Les faciès évoluent un peu au fil des kilomètres mais on peu distinguer des racines communes. Plutôt des têtes de turcs à l’ouest (Turkménistan), il y a de plus en plus d’asiatiques en allant à l’est (Kirghizstan). On remarque aussi que les migrations des derniers siècles ou décennies se sont faites avec moins de mélange. Cela se voit notamment au Kirghizstan où l’on distingue clairement les kirghizes « historiques », des kirghizes russes ou chinois.
Dans cette unité multiple, ou cette multitude d’unités je ne sais plus, on a passé un petit mois à bourlinguer. Passage express au Turkménistan, puis visites des villes historiques ouzbeks, Bukhara et Samarcande. Deux villes splendides, deux villes majeures de la route de la soie, que Ghengis Khan ou encore Tamerlan ont en partie préservé au vu de leurs richesses historiques et architecturales (avez-vous vu les photos sur facebook, ça parle…). En tout cas, un peu de tourisme ça fait pas de mal, même si le vent glacial nous a fait apprécier les intérieurs, notamment les salles de mariages ouzbeks. Vous pouvez voir sur cette vidéo de la fille du Président ouzbek Karimov, la beauté de la vieille ville de Bukhara (et non pas la beauté de la musique).
On retrouve aussi dans ces pays l’influence russe avec ces villes aux avenues larges-extrêmes, ce qui a pour seul avantage de fluidifier la circulation automobile. Et dans ces capitales (Tashkent, Bishkek, mais aussi Asghabat ou Astana que nous n’avons visité), le centre historique n’existe plus ou n’a jamais existé. Pour nous, petits européens habitués à nos vieux centres et leurs petites rues, on a du mal à s’y faire. On ressent surtout cette grosse patte soviétique qui plombe ces villes de toute la lourdeur de l’urbanisme impérialiste.
Ce tour en Asie centrale se termine, il a fait beau mais froid, froid mais beau. J’aimerais vraiment y revenir en été, notamment au Kirghizstan, pour profiter de ces steppes, de ces yourtes, de ces montagnes splendides, de ces chevaux racés… T’es d’accord Charpi ?

Le frelon d’or : la traversée de la vallée d’Alaï, dans un camtard kirghize, avant d’arrivée à la frontière chinoise, à Irketchan. A 3000 mètres d’altitude, deux heures dans ce camion à contempler ces paysages blancs immaculés, ces sommets à plus de 7000, ces wagons perdus into the wild, ce vide humain et cette force majestueuse de la nature. Et là, tu y rajoutes un bon Telegraph Road en live de Dire Straits, et tu voyages dans ton voyage. Un must.
La pompe à vélo : l’incroyable pollution au dessus de la capitale kirghize Bichkek. On a fait une rando d’une journée dans les montagnes environnantes et on a pu scruter avec peur ce nuage multicolor, dû à la circulation des véhicules, mais aussi aux industries, et aux chauffages individuels, majoritairement alimentés par du charbon mais aussi tout ce qui brule (bouses, pneus…). Alors pour la fin du pétrole sur Terre (prochainement), vous avez deux choix : le charbon/pneu ou les énergies renouvelables, faites votre choix camarades !
Le fun : la propension de certains kirghizes à chercher la castagne, c’en devient marrant. En tout cas faut mieux en rigoler, sinon tu t’embrouilles vite, notamment lors des intenses tractations avec les chauffeurs de taxi. En russo kirghize : « T’ES AU KIRGHIZSTAN ICI, C’EST MON PRIX ET TU FAIS PAS CHIER », gueulé par un gros local à dix centimètres de la figure. Franchement, drôle !

Charpi et Benjo

PS Musical de Charpi : Tears de Django et Grappelli
PS Musical de Benjo : Telegraph Road, de Dire Straits


1 déc. 2012

24h chrono… au Turkménistan 

On a passé 24h au Turkménistan et c’est déjà pas mal. On a voulu abréger au maximum mais on n’a pu faire mieux. En regardant la carte avant de partir on pensait qu’il serait compliqué de rentrer et rester en Iran, mais l’Asie Centrale semblait folklorique et accueillante. Que nenni ! Et en premier lieu le Turkménistan. Pour commencer, on a fait trois allers-retours à l’ambassade de Tehran, attendus en tout environ 8h devant la porte, et notre entrée a été retardée de deux semaines car il y a avait une grande fête nationale (les frontières ont été fermées aux étrangers pendant trois semaines). 
En quelques mots, le pays est un Etat policier, avec un nouveau dictateur, euh Présityran pardon, Berdymoukhamedov, qui est à peine plus smooth que son prédécesseur Niazov. Passage quasi obligatoire sur la route de la soie, la région a été traversée par des peuples de toute l’Asie depuis des millénaires, et qui sont désormais sédentarisés. Aussi grand que la France, mais couvert essentiellement de désert, il n’y a que cinq millions d’habitants. Le pays est riche, dispose de grandes ressources énergétiques, mais les politiques pensent plutôt à monter des projets mégalomaniaques plutôt que d’investir dans l’éducation ou le social. La capitale Ashgabat est l’exemple parfait de l’excentricité des dirigeants : outre le style urbanistique soviétique, on peut y voir des énormes bâtiments à la gloire des Présidents, du marbre de partout, des immenses arches, coupoles… presque le Vieux-Lyon. 
Et ces dirigeants n’aiment pas les étrangers ! On a eu le droit à un visa de transit de cinq jours et c’est vrai qu’une fois sur place, on n’a pas trop envie de s’éterniser. Le problème c’est que l’on a ressenti que la débilité des dirigeants semble déteindre sur certains locaux. On a aussi rencontré des touristes qui ont fort apprécié le contact avec les turkmènes, mais la majorité se sont quand même sentis oppressés par l’Etat, et de facto, par certains habitants, qui eux aussi prennent les étrangers pour des pompes à fric. En fait il faudrait rester au minimum une semaine pour apprécier le pays et les gens mais ils ne nous en laissent pas le choix. Sur ces entrefaites, nous voici à la frontière irano-turkmène de Sarakhs. 

C’est parti, nous sommes le 11 novembre, à 13h. Après une heure et demie d’attente côté iranien, on traverse le no man’s land en bus. Et première escroquerie : on paye cinq fois plus cher que les locaux. Oui ici c’est la loi, tout est plus cher pour les étrangers, il y a chaque fois double tarif. Deuxième couche à la frontière, 12 $ de frais d’entrée (en plus du visa). Charpi détends toi, j’ai pas envie de passer la nuit au poste… j’ai ouïe dire que le flic local n’est pas des plus compréhensif. Une petite dizaine de personnes contrôle nos passeports ! Zetes pas un peu paranos non ?! 
15h, on sort côté turkmène. Des militaires s’amusent à faire des départs arrêtés dans la poussière avec une bagnole qui passe la frontière. Ok, l’Iran c’est bien fini. « Taxi taxi ! », « euh oui salaam aleykum cher ami tout d’abord ». Pour rejoindre Mary, la prochaine grande ville, le seul moyen c’est le taxi. C’est parti pour quinze minutes de marchandage. Ils commencent à 80 $, on s’en sort pour 33 $. Toujours trop mais c’est un bon échauffement. 
Et là c’est parti pour presque trois heures de rally, un peu à l’iranienne, mais sur un nid de poule géant. Pas trente mètres sans faire un bond. Probablement pour alléger la voiture et aller plus vite, le pilote a cru bon enlever toutes les ceintures de sécurité… on apprendra plus tard que dans cette région du monde, ils pensent que la voiture pourrait prendre feu instantanément s’il y avait un accident, donc ils ont peur d’être coincés. No comment. Des champs de cotons un peu de partout, des femmes sans voile, des habits colorés… on a bien traversé une frontière. 
18h30. On arrive de nuit à Mary, après avoir bien balisé sur la conduite de nuit. Charpi a encore marqué le cuir. Le pilote en joue et se marre avec ses chicos en or. Ah oui, en Asie Centrale la majorité des habitants (hommes et femmes) ont plusieurs sinon toutes les dents en or. N’ayant pas confiance en leurs banques, ils investissent dans la dentition dorée. Après les nez refaits en Iran, les ratiches en or des pays ‘Stan ! Comme tous les taxis depuis des mois, il ne connait pas le coin et sa ville, donc on tourne pour trouver un hôtel à un prix raisonnable. Au prix turkmène ça passe, mais pour nous c’est minimum 40 $ chacun. 
20h. Les taxi nous h(arc)èlent de partout à des prix exorbitants pour nous emmener au prochain hôtel. Puis un gars nous approche et nous sort trois mots d’anglais. Coooool. Il nous embarque à un prix presque normal à l’hôtel mais celui-ci est plus cher que prévu. On passe près d’un « disco », une boite de nuit. Les filles en mini jupe et talons aiguilles, couleurs scintillantes, maquillages à la truelle… même Tona notre ami ne peut dire si ce sont des pro ou pas. Ca fout les jetons quand même. Bon, il a l’air sympa le Tona… « On peut dormir chez toi ? ». Il hésite un peu et nous dit qu’il va voir ça, « don’t worry ». 

Qui c'est qui va encore se faire enfumer ?

21h. On parcoure la charmante bourgade de Mary. Eclairage minimum, grandes avenues, monuments gigantesques et moches… c’est à peu près l’image que j’avais de l’ex-URSS. On s’arrête sur une petite place, entre quatre immeubles défraichis, sous le seul lampadaire du quartier. On attend qu’il aille voir son plan logement. Cinq minutes, dix, vingt, trente… des gars traînent à gauche à droite, ça circule, on a un peu l’impression  d’être aux Minguettes du Turkménistan (pardon Elo il est jolie ton quartier), et sans la lumière. On fait pas plus les marioles que ça, mais on ne peut pas se barrer on ne sait pas où l’on est, pas de plan B, on n’a pas vraiment le choix… au cas où, on prend une photo du passeport du gars. Charpi s’avère extrêmement rassurant : « t’en fais pas j’ai le schlass dans la poche ». 
22h. On pose les affaires chez son plan logement. Une mama toutes de couleurs vêtues, ça nous rassure un peu, même si elle est peu bavarde. Peut-on lui faire confiance à ce Tona ? Lui-même nous a dit plusieurs fois de ne pas faire confiance aux turkmènes. Et toi alors tu viens d’où ? Faut dire aussi que le plan Visa Pakistan nous a un peu refroidis sur la confiance à donner aux généreux inconnus. Chat échaudé craint l’eau froide…
22h30. Après 20 minutes à rouler dans les quartiers glauques de la ville, on arrive à une gargote pour manger. Que des hommes, un barbeuc’, une salle de billards, des jeunes (coupes et fringues seventies) fumant la shisha et jouant aux jeux vidéos, un trou entre quatre planches faisant office de local technique. Oui, on n’est pas chez Bocuse. Mais on mange plutôt bien dans la yourte où Beyonce se trémousse dans le petit écran. Choc des cultures. De la viande (on ne mange presque que ça dans ces pays) et une bière alcoolisée. Oui monsieur, de l’alcool en vente libre ! 
23h30. Bon allez on file. Deux fois plus cher que prévu. « M’enfin Tona, on t’a dit qu’on est secs, qu’on a presque pas de cash et qu’il est impossible de retirer dans ta ville ! ». Il semble confus mais on ne sait pas trop si ça fait parti de son « plan ». Euh oui, nous aussi on devient parano. En tout cas on commence à être vraiment à court de liquide… 
Minuit. On va coucher, au moins on n’est pas trop mal installés. Mais on n’est pas des plus rassurés sur la suite des opérations. Va-t-on devoir payer deux fois plus la chambre, va-t-il nous demander encore de l’argent pour service rendu à la nation, ou je ne sais quoi…? Demain, aura-t-on assez d’argent pour arriver à Bukhara en Ouzbekistan ? Quoi qu’il en soit ça va se jouer à peu. 

Bonne nuit... ca va bien se passer

6h30. Driiiiiiinnngg. Il vient nous chercher (sympa le mec quand-même), nous demande vingt de plus pour la chambre mais on n’a pas, donc on paie pas. Il donne de sa poche dix à la mama, on comprend vraiment pas son plan ! 
7h. Il nous trouve une marchroutka (mini mni-bus) pour Turkmenabat vers la frontière ouzbek, à prix raisonnable. C’est le moment crucial, va-t-il nous demander le pognon que l’on a besoin pour sortir de ce pays, s’est-on encore fait rouler ? Et là, au top, il nous serre la paluche, nous souhaite la bonne-aventure… Dieu lui rendra dit-il. Oui, là on veut bien, on va en parler à qui de droit. On est donc tombé sur un mec hyper sympa, généreux, qui nous a tiré d’une bonne galère au milieu de cette ville de far-west (ou plutôt far-east). Merki mon turkmène ! 
8h30. On embarque avec cinq autres mecs. Trois heures de désert, ça secoue ça secoue mais on arrive entier à Turkménabat. Le stade, un portrait du Président jouant au foot ; l’hippodrome, il fait du cheval ; une mosquée, il prie… multi-polyvalent le gars ! Un peu comme la doublette Khomeni – Khameni en Iran, mais au moins lui il sourit. Ou comment un peuple se fait biiiip mais avec le sourire. Il y a aussi dans cette ville un concours de taille de paraboles. Parfois, on voit à peine les immeubles cachés derrière. Midi. Faut prendre un dernier taxi pour la frontière. On passe de 20 $ à 8 $. Mais c’est trop, on sait qu’il nous arnaque. En grand seigneur, Charpi se sert lui-même dans la boite à gant, on ne paiera donc que 6 $. 
12h30. Jusqu’ici ça roule… et ça roule. Il nous faut faire du change. Y’a quelqu’un ? Et là comme par enchantement une mamie débarque, toute en couleurs, sourire en or, un sac à main remplis de billets. Il nous reste 10 € et 15 $ pour arriver à Bukhara. Faut aussi dire qu’on économise sur la bouffe… Les douaniers sont allés manger, on en profite pour faire connaissance avec des ouzbeks, qui ont l’air tout de suite plus détendus que leurs voisins turkmènes. Echange de mets, de la guitare pour adoucir les mœurs et on se sent tout de suite mieux, même sans parler les mêmes langues. 
14h. Les turkmènes passent encore une demie heure à regarder nos passeports, noter des numéros, passer des coups de fils. Bordel, on veut se barrer de votre pays, ça aussi ça vous dérange ? 
15h. A dix secondes près on rattrape nos potes diplomates australiens croisés juste avant. Ils ont une marchroutka pour Bukhara. C’est bon, on a de quoi relier la ville !! Yeaaahhh c’était pas gagné. Un temps glacial, une auberge austère, mais Megy la Suissesse, avec qui on va passer une semaine entre cette ville et Samarkand. 

C'est bon : la frontiere ouzbeke !

24h et six langues parlées : farsi, turque (oui on y revient un peu, cok guzel), turkmène, russe, anglais et français… 
24h et six monnaies utilisées : les tomans et rials iraniens, les manats turkmènes, les dollars, les euros et les soms ouzbeks… 
What else ? Voila, le Turkménistan c’est fini ! Après une première journée dans le doute et le stress, la seconde s’est enchainée à merveille. On aurait aimé mieux connaitre ce pays, sa culture, sa population, mais comme je l’ai déjà dit, on n’a pas vraiment le choix. 

Le frelon d’or : ce pays de fous, tout simplement, une traversée un peu hors de l’espace temps. 
La pompe à vélo : ce pays de fous, une mini Corée du Nord pour nous et de nombreux touristes ayant traversé le Turkménistan. 
Le fun : nos gueules dans la voiture sous le lampadaire. Mais sur le moment on ne faisait pas les fiérots.

Benjo 

PS musical de Benjo : Trash tongue talker, de Jack White 
PS musical de Charpi : L’aimant, d’IAM

24 nov. 2012


Il était une fois…

Le centre du monde. Les anciens l’appelaient ainsi. Ils venaient de traverser l’un des berceaux de la civilisation. L’Iran, le pays des aryens. Patronyme dévoyée par la folie de quelque uns au cours du 20ème siècle.
La nuit était tombée depuis plusieurs heures et pourtant la chaleur étouffante régnait partout dans la ville. L’air marin du golfe persique tout proche n’y changeait rien. Les sols alentours étaient nus. La salinité des terrains rendait difficile les cultures. Les rues de Bandar Abbas étaient sales, l’odeur des déchets remontait aux narines de Xerxès. Il trainait une vilaine grippe depuis qu’ils avaient quittés Yazd avec Darius. Voilà plusieurs jours qu’il voulait laisser quelques traces écrites de leur périple à travers l’ancienne Perse. Il aurait bien aimé transcrire toutes ses idées dans la langue originelle des iraniens : le cunéiforme, mais il ne connaissait ni cette dernière ni l’alphabet actuel hérité de la domination arabe.
Avec Darius, il avait trouvé refuge dans un hôtel local climatisé à l’excès comme tous les endroits ici. Ils attendaient leur train pour remonter sur Téhéran et rejoindre leurs amis. Xerxès avait du temps. Du temps pour se souvenir… Esfahan…Shiraz…Yazd… les îles du golfe persique (Hormoz et Qeshm).

Il fallait bien quitter Téhéran un jour. Darius et Xerxès avaient pris le mode de transport le plus économique et aussi le plus fantasque pour deux jeunes avides de rencontres. A bord du train, la nuit ne fut pas des plus agréables. La peur du déraillement était sans cesse présente. Au petit matin, la fatigue ne les cloua pas pour se lancer dans une visite effrénée d’un des joyaux de la Perse antique, Esfahan. Ville plus que millénaire, considérée comme une des plus belles cités du monde islamique. La place principale, l’Imam square est un ancien terrain dédié aux matchs de Polo. Aujourd’hui elle est bordée par l’Ali Qapu palace, la mosquée de l’Imam et son dôme aux mosaïques bleues qui rappellent qu’elle est réservée aux hommes. Plus loin la mosquée Sheikh Khaneh Sonnati contraste avec son dôme et ses mosaïques marron. Elle n’est plus utilisée ; elle était réservée aux femmes.
La place est immense. Les soirs, particulièrement pour la fin de semaine (jeudi et vendredi), les gens pique-niquent. On entend les conversations monter, Les lumières habillent les bâtiments. Ces derniers offrent leur meilleur profil aux yeux de tous.

Si-o-se bridge, Esfahan. Rivière à sec pour la construction du métro

Plus tard Darius et Xerxès se perdirent dans les tréfonds du Bazar. Revivant le passé glorieux des routes de la soie à travers les anciens caravansérails. Ces places centrales incrustées dans le bazar pour accueillir les chameliers et leurs montures. Stocker les marchandises avant leur vente.
Encore deux édifices incroyables de par leur esthétique : La Mosquée de Jameh, la plus grande d’Iran. 800 ans d’âge et un ravissement pour les amateurs d’architecture et de sculpture en stuc. Sorte de plâtre composite. Le temps chaud et sec permet aux œuvres de résister au temps.
Sur le retour, Darius et Xerxès prirent le temps du thé avec des ouvriers au milieu de la cour de la Mosquée d’Hakim. La plus vieille d’Esfahan. Personne à part eux. Ils ne parlaient pas Farsi mais ils se firent comprendre aisément quand une envie des plus pressantes se fit sentir au niveau du bas-ventre. Ici la brique est le matériau utilisé pour toutes les constructions.
Ils passèrent trois jours merveilleux et plein de surprises à Esfahan. Leur hôte, Javad, était de l’espèce des couillons (apparu en même temps que l’humanité elle-même). Ce qui leur allait parfaitement. Il leur fit goûter au folklore local à travers une soirée virile. Il avait mille histoires à propos des 800 invités qu’il avait déjà logés.
Avant de quitter la ville, ils profitèrent des vélos mis à disposition gratuitement par les autorités. Du carton-pâte monté sur roue qui offraient l’opportunité de se remplir les poumons de cet air si particulier des villes iraniennes. Un mélange de méthane et de CO2 dosé à souhait. Quand la mort vous va si bien, ne pensez plus au lendemain.
Plus au sud, vers le cœur de l’ancienne Perse. Shiraz et la cité antique de Persépolis (Takht-e Jamshid). Les deux villes se ressemblent. Perchées à environ 1600m sur des hauts plateaux semi-désertiques. Même passé glorieux, même population, environ deux millions d’âmes. Des montagnes jeunes de type alpin se dressent tout autour. Les voitures stressantes ont remplacé la douceur lancinante des dromadaires. Maryam et Albi ont accueillit Darius et Xerxès dans une période difficile pour eux mais leur hospitalité n’avait d’égale que la splendeur de Persépolis.

Tombe royale (petit modèle) à Persepolis

Cette ancienne cité symbole de la gloire des Achéménides. Un des hauts lieux de pèlerinage du zoroastrianisme, la religion historique des iraniens. Darius et Xerxès ignoraient quasiment tout de cette culture avant de se rendre sur le site antique. Ils apprirent que beaucoup des iraniens ne soutiennent pas le gouvernement actuel car il est héritier des arabo-musulmans qui ont conquis la Perse à partir du 7ème siècle. Tout les sépare, la langue, la religion, l’écriture. Les aléas de l’histoire les ont confrontés. Aujourd’hui ce passé est idéalisé, revendiqué et sert de base aux contestations anti-régime. Pourtant la religion zoroastrianiste compte moins de 200 000 adeptes dans le monde. En Iran le centre le plus actif est à Yazd. Plus tard dans la journée, Darius et Xerxès devaient apprendre l’origine de leurs propres noms ! Illustres rois de l’époque Achéménide. Ils eurent droit à des funérailles somptueuses et leurs tombeaux furent érigés dans la roche. Splendides édifices qui rappellent Petra en Jordanie. Un temple du soleil se situe juste en face des tombes des rois. Ces temples faisaient partie intégrante du zoroastrianisme. Les croyants devaient prier Ahura Mazda en direction de la lumière. La seule que les anciens contrôlaient était le feu. Des temples furent créés pour garder le feu éternellement.

Un bon' ap' à Shiraz

Le séjour de Darius et Xerxès à Shiraz leur offrit l’opportunité de rencontres folkloriques. La jeune Maryam, actrice révélée avec le film Blanche-neige où elle interprète la méchante qui demande à son miroir « miroir mon beau miroir qui a le plus beau nez de la création ».  Son mari Albi, talonneur moderne, vif et racé, dur sur l’homme (surtout sur la secrétaire), habile de ses mains que Maryam dit incroyablement baladeuses. Un jour, Xerxès eut un moment de doute quand il se retrouva seul avec un autochtone arrogant. Pro-gouvernemental, il transpirait la haine par tous ses pores. Une seule valeur prenait forme dans son discours : l’argent.
Il était temps de changer d’air.
Yazd est renommée pour être une des plus vieilles cités au monde. Située sur les hauts plateaux désertiques, elle est balayée régulièrement par les tourbillons de sable qui soufflent du désert voisin et lui rappelle la dureté des lieux pour l’Homme. Pourtant Darius et Xerxès connaissaient le passé glorieux de la ville situé sur les routes de la soie. Leur illustre ancêtre Marco Polo avait décrit le vieux centre comme l’une des merveilles de ce monde. Et Allah sait que Marco il en a vu des bordels… euh des bazars.
A leur arrivée, Darius et Xerxès ont retrouvés leurs amis de Téhéran descendus spécialement pour le week-end saint. L’ambiance prenait une toute autre saveur avec Grogol, Sohrab, Mahdi et Farzaneh. Ce fut deux jours hors du temps. Yazd est un magnifique voyage temporel baigné de mysticisme. La vieille ville est un exemple d’adaptation aux contraintes de l’environnement. Les maisons étaient  (sont) construites avec un mélange de paille et d’argile afin de maintenir la fraîcheur intérieur. Nombreuses sont les structures souterraines qui servent de refuge au moment des grandes chaleurs. Des mini-patios où serpentent des canaux encore usités. Maintenir des températures raisonnables était un leitmotiv si puissant à l’époque que la ville de Yazd est connu pour sa forêt de Badgirs. Des tours captant la moindre brise d’air. Le fonctionnement est basé sur les pressions atmosphériques. L’air chaud est capté, se refroidissant dans la structure, il se fait plus lourd et donc chute à l’intérieur alimentant les différentes pièces raccordées à la tour principale. Un système complètement naturel de climatisation.  
Darius et Xerxès étaient également très surpris par la sobriété extérieure qui contrastait avec le luxe et l’opulence des intérieurs. Des miroirs partout y compris dans les chambres à coucher aux quatre coins. Xerxès a bien essayé d’y voir des pratiques liées à la chaire. Grogol ne lui a guère laissé loisir d’exercer ses talents de bouffon. Le travail du verre ainsi que les bassins étaient des marques de richesse.  
L’eau, dans ces milieux, décide de l’implantation des hommes. Trouver de l’eau dans les déserts est chose aisée pour celui qui sait manier une pelle. De nombreux oasis sont visibles dans les alentours de Yazd. Tous ont un système d’irrigation traditionnel appelé Qanat. Le fonctionnement est déterminé par la gravité.
Les journées étaient riches d’enseignement pour Darius et Xerxès surtout auprès de leurs amis, véritables puits de science. Mais la chaleur mettait les corps à rude épreuve. Après de longues heures passées à parcourir la ville, les soirées étaient consacrées au perfectionnement de l’art du Backgammon.

Petit-déj local

Une fois, Darius, terrassé par la fatigue et une mauvaise fièvre, avait du renoncer à participer à des festivités chez des amis de Grogol et Sohrab. Xerxès fut de nouveau frappé par l’hospitalité spontanée et sans autre intention que de satisfaire et de prendre soin de l’invité. Il lui fut impossible de fournir la moindre aide. Ses hôtes la refusant à chaque fois.              Il interrogea les locaux sur ces traditions. On lui répondit que c’était comme ça. Au cours de la soirée, Xerxès était affable, la marée basse guettait son gosier. On lui apporta de l’eau sans qu’il n’ait même formulé une demande. On lui dit qu’en Iran, l’hôte doit deviner les souhaits de ses invités avant même qu’ils les aient exprimés. Xerxès tenait enfin une bonne occasion de prouver la duperie. Voilà des jours qu’il souhaitait des filles et de l’or dans un bol (pratique encore très courante dans certains mariages ; spécialement dans le sud où la famille du marié apporte un bol d’or à la future femme). Néanmoins, la soirée fut un ravissement pour les papilles : du poulet fesenjun sauce grenade et noix, des dattes confites, du riz au safran et aux raisins, des confits d’aubergines épicées. Les mignardises accompagnant le thé parachevaient ce festin. De retour à notre chaumière, l’entrée dans le domaine des songes se fit au son des trompettes nasales de Darius livré à Morphée depuis des lustres.
Tôt le lendemain, toute la troupe d’amis s’enfonça un peu plus dans le désert en direction de la cité sainte des zoroastrianistes : Chak chak. Il y avait plusieurs jours que Xerxès avait réclamé du désert à son compagnon de voyage. Le voilà qu’il était dans ce territoire de, et pour, solitaires. On est seul dans le désert et pourtant on ne l’est pas. Un désert est rempli d’énergie, de forces qui se développent à des niveaux incommensurables. On vient dans le désert pour essayer de capter ces choses là. C’est dans le désert qu’on devient croyant et connecté avec l’ensemble de l’univers. C’est l’histoire d’une poussière qui vibre, vibre jusqu’à exploser et donner un souffle vital à une matière encore inerte.
Sur la route Xerxès ne doutait plus. Les trois grandes religions monothéistes étaient nées dans des zones désertiques. Dans le désert on ne peut que croire à l’existence du monde car il y a de la place pour ça. Ici rien n’est saturé. Les éléments fusionnent harmonieusement. L’humain faut partie d’un espace-temps qu’il ne cherche pas à contrôler ; Il veut simplement pouvoir en toucher sa substantielle moelle pour ne serait-ce qu’un instant s’améliorer.
Le site de Chak chak s’inscrivait dans cette vision. La légende veut qu’une princesse perse ait fuit les persécutions arabes. Elle eut trouvé ce site à flanc de montagne pour y installer un lieu saint. Ici cohabitent la terre, l’eau, le feu, l’air et le cinquième élément (sauf qu’il a plutôt du poil aux pattes et une bonne beubar dans ce film). Un moment magique. Au pied du site, une caravane des temps modernes s’installe pour la nuit. Des barbares venus des forêts humides de Germanie. Pas de carpettes persiennes ni de dromadaires ici mais plutôt du combi BMW et mercedes-benz high-tech équipés avec les dernières gazinières à la mode. Des teutons au pays des aryens. Grinçante symbolique. Une espèce de retour aux sources (ouh ! c’est limite ça). Le Désert et sa spiritualité.
Notre retour sur Yazd nous a fait goûter aux caprices climatiques de ce territoire si particulier qui souffle le chaud mais aussi le froid la nuit venue.
Le jour suivant, Darius et Xerxès devaient végéter seuls dans la ville de Yazd alors prise dans une fine tempête de sable. Leurs amis étaient remontés sur Téhéran. Eux avaient décidé de redescendre dans le sud, près du Golfe Persique.
Trois heures qu’il essayait de trouver le sommeil mais l’insoutenable odeur de pétrole l’en empêchait. Son nez le faisait souffrir. Il avait de la fièvre. A son tour il tombait malade. Le trajet en bus fut une fois de plus une corvée tant pour les corps que pour les nerfs.
L’arrivée à Bandar Abbas rappela à Xerxès la première fois qu’il posa le sol sur son île guadeloupéenne. Une chaleur d’Hammam l’enveloppait. Soudain un avion passe, un mig 28, de cap sud. Vers la Syrie se dirent-ils ? Personne ne sait et tout le monde sait. Le gouvernement iranien supporte la clique de Bachar. A quand l’envoi du champignon 235 ?
La venue de nos deux compagnons dans l’extrême sud bouillonnant de l’Iran était motivée par l’attrait de deux îles au large des côtes perses : Hormoz et Qeshm.
Au petit matin, le soleil était déjà haut. Leurs visages étaient harcelés par l’astre mais la fraîcheur de la brise rendit la traversée plus agréable. Sur le bateau qui les emmenait sur Hormoz, ils firent la connaissance du seul scientifique de l’île. En poste ici en tant que géologue et océanographe. Ce fut une véritable chance pour eux. Il possédait une voiture et leur proposa de faire un tour sur l’île. Quelle découverte ! Une merveille géologique que cet ancien comptoir portugais. Un ensemble de couleurs ahurissant. Néanmoins la vie était rude ici. Six mille âmes réduites à une seule activité, la pêche. Darius et Xerxès étaient frappés par la désolation ambiante comme si le souffle de l’apocalypse été déjà passé ici.  L’interprète des pierres qui les accompagnait leur fit découvrir des noms autant exotiques et variés : lemonite, riolite, pyrite, soufre… Plus tard ils devaient rejoindre l’ancien complexe portugais et voir deux curieux édifices : une église enterré et construite en corail pour filtrer l’humidité ainsi qu’une citerne du même bâti où régnait une chaleur de hammam. Une contenance impressionnante. Les quelques jours de pluie assuraient de l’eau pour le reste de l’année où les températures atteignent 50°c. L’eau de pluie était filtrée par la construction en corail. La simplicité des génies, encore une fois.

Chaleurs persiques, mais shorts interdits

Le lendemain Darius et Xerxès se rendirent sur Qeshm. Plus grande, plus active du moins la ville du même nom où les bateaux venus du continent débarquent son lot de curieux. Mais le temps semble s’être arrêté également. De nombreux projets de construction à visée touristique restent inertes, à l’abandon. Passés la ville principale. Le désert et rien que le désert interrompu par les traversées de dromadaires. Quelques villages cassent le vide sablonneux et rocheux qui les entoure. Parfois au détour d’une rue, une femme avec un long niqab coloré et un curieux masque coloré en forme de bec d’aigle qui recouvre le visage. Habit traditionnel dans le sud.
Lors de leur séjour sur cette île, Darius et Xerxès ont pu rencontrer des gens venus comme eux de contrées lointaines : camerounais, philippins, ouzbèks. Tous avaient immigrés dans la Dubaï voisine en quête d’une vie meilleure. Tous attendaient de nouveau le renouvellement de leur visa pour y retourner. Pour certains c’est le paradis pour d’autres une nécessité. Pour Darius et Xerxès c’était l’occasion de toucher du doigt et de vivre pour quelques instants l’histoire de ces migrants que l’on voit en permanence au journal de 20 heures. Le jour d’après ils partagèrent une journée à travers l’île avec l’un d’entre eux, Sami. Il a quitté Douala depuis deux ans, il rêve de devenir footballeur. Il n’aime pas Dubaï. Il nous explique que certaines des filles de l’hôtel attendent aussi une nouvelle autorisation de travail afin d’exercer un vieux métier, un très vieux métier.
Pendant une journée, néanmoins, ils oublièrent tout et se laissèrent subjuguer par les mille trésors de Qeshm. Des canyons creusés par l’eau et la force des vents à la plus grande grotte de sel du monde. En chemin ils burent pour la première fois de leur vie l’eau pure d’un puits, partagèrent des dattes et des noix avec une famille sur les hauteurs de Laft. Ce village aux confins de l’île proche de la mangrove. Célèbre pour ses fabriques de bateaux traditionnels en bois. Ils goutèrent aux délices d’un bain dans le golfe persique. Au loin des tortues osaient parfois sortirent la tête. Plus tard ils devaient traverser la mangrove, observer des pêcheurs de crevette dans leurs manœuvres. Xerxès eut même un moment de nostalgie quand il découvrit que les locaux aimaient à s’adonner aux dominos. Une journée chaude qui se terminait par un des plus beaux couchers de soleil, les badgirs de Laft apportaient maintenant la fraîcheur pour la nuit. Darius et Xerxès devaient passer une journée de plus à Bandar-Abbas avant de retrouver d’anciens compagnons : Paykan, Saba Seipa et Peugeot 206. 
Ils étaient maintenant à bord du train qu’ils les ramèneraient à la capitale. La traversée des steppes désertiques au coucher était une invitation à la rêverie. Alors Xerxès rêvait que ce pays puisse resplendir de nouveau. Faire oublier ses paradoxes actuels qui nourrissent chaque jour l’actualité des médias du monde entier. Un pays qui subit un embargo international dont les premières victimes sont les populations les plus pauvres. Un paradoxe pensa-t-il quand on sait que l’Iran est la 18ème puissance économique mondiale et qu’il possède les 2èmes stocks de pétrole et de gaz du monde entre autres. Une culture multimillénaire. Un peuple parmi les plus brillants et hospitaliers du monde moderne. Des nez et des seins refaits à chaque coin de rue. Que demande le peuple si ce n’est des vacances pour venir en Iran…

Le fun de la semaine : Les histoires de Javad, notre hôte à Esfahan. Ses déboires avec notamment deux allemands : un néonazi et un journaliste. Le premier était une espèce de morceau de vandale à la recherche d’une iranienne. Le second est l’auteur d’un article sur l’Iran moderne avec comme témoin privilégié Javad. Ce dernier ne s’est pas méfié quand le journaliste lui a envoyé le lien (en allemand de l’article qui était paru dans le Zeitung). Tout a commencé à se noircir quand Javad a réussi à se faire traduire l’article en question. Rien que le titre « nous ne sommes pas tous comme ces putains de mollahs » juste en dessous une photo de Javad avec sa moto. Javad a commencé à paniquer réellement quand l’intelligence service iranienne a appelé chez lui, le priant de venir au poste. Heureusement pour lui un ami d’un ami d’un ami de son oncle était en cheville avec le chef de la police à Téhéran. Les choses se sont tassées. Enfin manière de dire…
La pompe à vélo : On est à Shiraz en train de se balader avec le Benj’ quand un local nous aborde. Au bout de quelques minutes il devient un peu lourd. Benj’ préfère rentrer au Couch, moi je voulais visiter une mosquée pas loin mais le mec me colle aux basques et il parle, il commence à être hyper méprisant, insulte la France, parle que d’argent et me reproche d’être une espèce d’impie qui met le souk dans son pays. Bref mauvais délire surtout qu’il allait à la même mosquée que moi. Dans ces cas là il vaut mieux prendre une bonne bouffée d’oxygène et se dire que des mosquées on en verra d’autres. Comme quoi, il y a aussi quelques fanatiques…
Le frelon d’or : De loin, les deux jours à Qeshm avec notre taxi-driver, un morceau de couillon et Sami le camerounais. Deux journées inoubliables. Si vous avez l’occasion de passer dans le coin prenez le temps d’un stop.   

Charpi

PS musical de Charpipo : Blue drag, de Django Reinhardt (oui messieurs dames, le Charpi se manouchise :-)
PS musical de Benjo : Freely, de Devendra Banhart

23 nov. 2012



Test. Il y a un problème pour les abonnés du blog, on va essayer de le corriger. Entre temps, venez voir le blog plutôt que d'attendre les mails... désolé. D'ailleurs si quelqu'un si connait en Blogspot, il est bienvenu pour nous aider :-)

14 nov. 2012


L’interro de TeD

For english readers, go below !

Mesdames et messieurs bonsoir, ladies and gentlemen, salam.
Voila quelques temps qu’on se ballade par monts et par vaux. Déjà onze pays et certains nous lisent encore. Vous nous avez bien suivis ? C’est sûr ? Non parce que cette fois-ci c’est à vous de bosser ! On en a marre de cette paperasse, de ces ordis turcs et farsi où l’on ne comprend rien aux claviers.
On vous a donc réuni vingt questions sur ces premiers mois de voyage pour savoir si vous êtes bien présents.
Mais rassurez-vous, pour vous, le jeu en vaut la chandelle ! Eh oui, les cinq premiers à nous répondre correctement auront le droit de nous donner un gage, une mission, une connerie à faire.
Deux règles :
-      On a écrit les cinq premiers, mais c’est pour le principe. Déjà, bonne chance pour répondre aux questions, mais ne vous en faites pas on sera indulgents sur certaines. On choisira peut-être des gages ou missions qu’on trouve sympa, comme ça, à notre bon vouloir. Oui, c’est unfair mais c’est comme ça.
-     Les gages irréalisables (gravir l’Everest), et salasses (…) seront refusés par le comité de censure de TeD. Restez raisonnables (vous l’aurez compris, cela ne s’adresse qu’à quelques uns).
Pour jouer, renvoyer un mail à touretdetours2012@gmail.com Attention il peut y avoir plusieurs réponses par question.
On vous communiquera les réponses, les résultats et les missions dans un prochain post.
A vos marques, Prêt, Feu, Cartouche !

  1. Quel est le leader religieux de l’Iran aujourd’hui ?
A.      L’Ayatollah Khomeni
B.      L’Ayatollah Gros Minet
C.      L’Ayatollah Khameni
D.      L’Ayatollah tes conneries

  1. Quelle est la capitale de la Turquie ?
A.      Trabzonspor
B.      Istanbul
C.      Ankara
D.      Cluses

Добавьте подпись

  1. Que signifie l’expression « Eh oh, on n’est pas au Kosovo là ! » ?
A.      Calme ta joie
B.      Range ta chambre
C.      Réponse C
D.      Aucune de ces réponses, on n’est plus trop sûr après notre passage

  1. A quelle altitude se situe le Mont Damavand (Iran) ?
A.      4810 m
B.      8848 m
C.      86 m
D.      5671 m

  1. Quelles sont les couleurs du drapeau croate ?
A.      Rouge et rouge
B.      Pourpre et bordeaux
C.      Blanc, rouge et bleu
D.      Jaune, violet, guimauve, azur, noir, gris

  1. Quelle est la dernière voiture à la mode en Iran ?
A.      La Peugeot Divist-o-Shish (Deux-cent six)
B.      La Samand Paykan
C.      Le pouss-pouss
D.      La Saba Saipa

  1. Quelle est la chanteuse française ultra à la mode dans tous les pays que nous avons traversé ?
A.      Zazie
B.      Rika Zaraï
C.      Zaz
D.      Zizou

  1. Quelle est la principale particularité de Mostar, en Bosnie-Herzégovine ?
A.      Ces kebaps sont connus à travers toute l’ex-Yougoslavie
B.      Un pont relie depuis des siècles l’Orient musulman et l’Occident Chrétien
C.      Les avis de décès sont affichés dans la rue, chaque communauté ayant sa couleur d’affiche
D.      Son centre est classé par l’Unesco

  1. Quel le nom de notre fidèle mascotte ?
A.      86 forever
B.      La Vache qui rit
C.      La Bestiole
D.      The Beast

  1. Ceci n’est pas une question : citez les noms de 5 personnes avec qui l’on a voyagé
-         

  1. Quels pays avons-nous traversé ?
-         

  1. Qu’est-ce qui est plus fort qu’un turc ?
A.      Deux turcs
B.      Une armée de grecs, bien que cela dépende des époques et des batailles
C.      Des kurdes qui ont de la suite dans les idées
D.      Un gouvernement qui se fout de chacun de ces turcs

  1. A côté d’un pilote iranien, Sebastien Loeb est :
A.      Un joueur de Backgammon
B.      Un agent de La Poste (avec tout le respect dévolu à cette profession bien sûr, cliquez ici)
C.      Un pilote de Kart
D.      Le copilote

  1. Quel est le nom du héros albanais, que l’on trouve notamment sur son fier destrier sur la place centrale de Tirana ?
A.      Carlsberg
B.      Loric Cana
C.      Ravensburger
D.      Skanderberg

  1. Quels sont les deux pays (sur cinq) du conseil de sécurité de l’ONU qui n’ont toujours pas reconnu la souveraineté du Kosovo ?
A.      La Chine et la Grande-Bretagne
B.      Les USA et la Grande-Bretagne
C.      La Chine et la Russie
D.      La France et les USA

  1. Mange-t-on du jambon en Turquie et en Iran ?
A.      Non car ce sont des pays à forte majorité musulmane
B.      Oui, pourquoi pas ?!
C.      Oui car le jambon n’est pas fait qu’à base de porc
D.      C’est quoi cette question ?!

So easy !

  1. Combien y a-t-il d’heure de différence entre Lyon 7 et Tehran ?
A.      2 h
B.      2 h 30
C.      3 h
D.      3 h 30

  1. Dans quel sens s’écrit le farsi ?
A.      Dans le sens des aiguilles d’une montre
B.      De gauche à droite
C.      De droite à gauche
D.      De haut en bas

  1. D’où vient l’expression « Va te faire voir chez les grecs » ?
A.      J’en sais rien !
B.      Cela fait référence à un passé fort fort lointain et à des pratiques répandues aujourd’hui dans le monde entier (à l’époque aussi d’ailleurs)
C.      Car le pays est très beau, vraiment
D.      Car les grecs adorent regarder les étrangers qui viennent s’y faire voir

  1. « çok güzel » qui signifie « très bien », c’est :
A.      De l’albanais
B.      Du farsi
C.      Du bosnien
D.      Du turc

Pour vous faire gagner une minute, faites copier/coller des numéros des questions ci-dessous et inscrivez simplement les lettres des réponses :

Nom :
1 :
2 :
3 :
4 :
5 :
6 :
7 :
8 :
9 :
10 :
11 :
12 :
13 :
14 :
15 :
16 :
17 :
18 :
19 :
20 :
21 :


In English !
Hello dear friends that we have met all around Europe and middle-east ! This time you should understand our post. And it’s a good one for you because you’ll be able to give us a mission or any bullshit you want us to do these next months in our world trip.
So answer the ten questions and if you’re good enough (and fast) you’ll get the right to kick our ass in any way you want. But it has to be realistic and no dirty (those concerned will recognize, you bastards)^^.
OK, let’s go guys, these questions are either interesting, or crap or useless. Dig in !


  1. Who is blond in the team ?
A.      Benjo
B.      the little beast
C.      the guitar
D.      Charpi

  1. What is the capital of Switzerland ? (we know there is no point)
A.      Peja
B.      San Francisco
C.      Bern
D.      Ankara

I didn't cheat, dast nazadam

 3. How old are we ?
A.      29/30
B.      26/27
C.      33/34
D.      15/16

 4. What are our backpacks colors ?
A.      Blue and blue
B.      Red and yellow
C.      Black and grey
D.      Black and blue

 5. What is the food speciality (or almost) in the last 10 countries we have crossed ?
A.      Kebab
B.      Kebab
C.      Kebab
D.      Kebab

 6. What is the French name of our small cow ?
A.      La vache qui rit
B.      La Bestiole
C.      86 cow
D.      I have no clue

 7. Do you remember our real names ?
A.      Jean-François and Jean-Baptiste
B.      Benjamin et Mathieu
C.      Joker and Joker
D.      Binjamen et Matthieu

8. Who is the new French President ?
A.      Jean-Mahmoud
B.      Jean Sarkozy
C.      François Hollande
D.      Napoleon

9. What means the Iranian/english verb “to goozgooz” ?
A.      To cheat
B.      To show off
C.      To fart
D.      To touch

 10. We look too much French because :
A.      We are the best cooks you ever met
B.      We are so romantic
C.      We have the nicest language ever
D.      We show off too much

To help you, just copy the ten numbers with your answers and sent it to touretdetours2012@gmail.com, results soon online.
1.
2.
3.
4.
5.
6.
7.
8.
9.
10.

SEEEEE YOOOUUUUU