29 juin 2012


Bosnie-Kosovo : anecdotes et impressions
Post Second (à lire donc après le post premier^^)

Préambule.
Je ne sais comment débuter ce post, Charpi me dit « Ecoute ce que je raconte à mes élèves pour leurs dissertations : je leur dis que c’est comme pour charmer une bonnamie : le plus difficile c’est l’intro. Ensuite il n’y a qu’à laisser couler, et la conclusion, eh bien en général vous savez où vous voulez en venir… non ?! ».

Bon, sur ces entrefaites... Après une première petite analyse de Charpi, je vais narrer contines et autres impressions suites au séjour parmi nos amis balkaniques.
Besoin primaire, la nourriture. « Mir » ou « dobro » (bonne) la nourriture en générale. Que ce soit en Bosnie ou au Kosovo, on retrouve quasiment à tous les repas de la viande de mouton ou bœuf (pas de porc ici). Notamment les « Cevapi », sortes de boulettes de viande que l’on retrouve dans les pays maghrébins. Grillés au barbecue, on en trouve dans les familles mais surtout dans les restos. Les repas sont souvent accompagnés du pain kebab que l’on connait en France, et de yaourt ou fromage frais. Très généreusement reçus lors de ces séjours, nous n’avons pu accéder à la catégorie de poids inférieure.
On a bien mangé, mais ne vous en faites pas on a bien bu aussi. Surtout devant les matchs de l’Euro que l’on continue de suivre avec assiduité. En effet, regarder un match de foot à l’étranger c’est tout de suite beaucoup plus prenant. Et c’est là qu’intervient notre première analyse. En effet, lors du quart de final France-Espagne, la majorité des kosovars soutenaient la France. Pourquoi ? Car l’Espagne est un des cinq pays de l’UE à ne pas avoir reconnu le pays, en raison du mauvais exemple que cela pourrait donner aux basques… La Grèce n’a pas reconnu le pays non plus, Chypre étant leur poil à gratter national. Si un match concernait la Russie ou la Chine, je pense que leurs adversaires auraient leurs voix, ces deux pays étant les seuls du conseil de sécurité de l’ONU à ne pas les avoir reconnus. Les kosovars n’aiment pas trop parler de politique, mais elle est présente partout.

Chaque ville des Balkans de ce nom a sa propre Bière

Oui c’est vrai, on regarde du foot même pendant notre tour du monde ! « Mais vous n’avez pas autre chose à faire non ?! » Certes… Au Kosovo, on s’est donc également permis de faire une virée à Priseren, à 1h30 de Pejä, notre ville d’attache. Très belle ville, peu détruite avec donc un centre ancien bien conservé et un château immense la surplombant. Nous avons pu apprécier lors de cette soirée un très bon concert d’un groupe à succès du coin, Blla Blla Blla. Groupe au combien emblématique du désir de nombreux jeunes à promouvoir la tolérance après ces guerres, les quatre musiciens étant presque tous issus de pays et religions différentes. Un bel exemple de mixité. Cependant j’ai ressenti (pour notre génération) une plus grande tolérance en Bosnie qu’au Kosovo, leurs histoires respectives pouvant expliquer ces impressions.
Au Kosovo, la question d’appartenance religieuse (et très souvent, nationale) explique encore beaucoup les rapports entre les gens. Les gens, mais aussi et surtout certaines institutions. Agron, notre guide-phénomène, souhaitait nous faire visiter le monastère orthodoxe de Pejä. « Protéger » par la KFOR (plus que par Dieu ?), l’entrée lui est interdite car il est kosovar-albanais. Nous, français, rentrons facilement sur présentation du passeport. Avant la guerre, il rentrait sans souci… mais apparemment, la surveillance s’est quand-même amoindrie depuis quelques temps. Espérons que la tolérance progresse chez tous les acteurs…
Les discussions sur la guerre reviennent assez régulièrement sur le tapis. Comme le disait Charpi, les jeunes de Bosnie essaient de passer à autre chose, malgré des relents de guerre bien présents. Outre les immeubles criblés de balles et abandonnés, Lamia et Majda nous disent qu’on leur rappelle tous les jours dans les programmes télés, les publicités, les chansons, mais aussi les indépendantistes du nord du pays (république serbe de Bosnie, Republika Srpska), qui ont dit être prêt à recourir aux armes si besoin. Au Kosovo, une partie du nord du pays (à majorité serbe) ne reconnait toujours pas l’indépendance de ce dernier. Avant 1999, Pejä, ville de 100 000 habitants, était composée à 30% de serbes, aujourd’hui, il n’y en quasiment plus…

Pejä, ville "nouvelle"

D’ailleurs, en parcourant Pejä, on remarque que la ville est assez « nouvelle ». En effet, 90% des bâtiments ont été brulés ! (beaucoup moins dans la majorité des autres villes). Agron, alors âgé de 15 ans, est parti en urgence à pied au Monténégro voisin avec quelques papiers, de l’argent et deux albums photos. A son retour, il n’y avait plus rien… Mais contrairement à la Bosnie, il n’y a quasiment plus d’immeuble abandonné ou portant des stigmates de ces années. Cela étant dû principalement à une diaspora très forte, 45% de la population. Celle-ci a permis une reconstruction très rapide du pays, parfois un peu à la hâte.
Bon, retournons au bar (faut quand-même pas déconner). Ceux de Sarajevo centre ou l’Exit bar de Pejä. Sur la route, la Mercedes dernier cri (« c’est moi qui ai le plus gros levier de vitesse ») croise la charrette trafiquée jusqu’au dernier bout de ficelle avec ses quatre passagers. Grandes inégalités (bien pire que par nos contrées) que l’on retrouve avec les nombreux gitans, surtout des moins de 8 ans, qui vendent et réclament quelques pièces. A Pristhina, une gamine se faisant renvoyée par une serveuse revient dix secondes plus tard avec un verre d’eau et le jette à l’intérieur du bar, puis saupoudre le tout de sable… scène quasi quotidienne… Puisqu’on boit un coup dans ce bar, n’oublions pas de signaler que l’on peut fumer à l’intérieur et que les balkaniques en profitent plus que de raison. Autrement dit, avec un paquet à 1,5€, malgré leurs petits salaires, ils en profitent largement !

Les loustics, Ryan et Sue in Mostar

Sortons de ces bars, allons faire un tour dans les montagnes kosovares, à quelques encablures de Pejä. Sortie dans les « caves » (grottes) avec les potes d’Agron. Une belle sortie, au frais. On nous dit bien sûr de ne rien jeter à l’intérieur. Par contre à l’extérieur… Malheureusement ici les décharges et détritus pullulent dans la nature. Après la grotte, nous allons prendre un bain dans la rivière du coin, un des jeunes place une bouteille sur un rocher et tente de la canarder avec des caillasses. Je lui demande « et après la bouteille, t’en fais quoi ? », pas vraiment de réponse… Mais personnellement, j’ai un peu du mal à leur imposer la vision occidentale après ce qu’ils ont vécu il y a peu. Je vais trouver un angle d’attaque diplomatique, ne vous en faites pas ^^
Dans la séquence « Global Warming », discussion avec le frère d’Albert, qui nous dit qu’il ne se rappelait pas de telles chaleurs il y a quelques décennies. Et cette hiver, il y avait deux mètres de neige dans les rues, la ville est restée complètement bloquée pendant trois semaines.
Allez hop, on va faire un tour en voiture avec des kosovars (« french car, crap but cheap and romantic » ok, why not !). On en vient à parler d’homosexualité, et là on est assez impressionnés par l’ignorance sur le sujet, bien que l’on ait à faire à des personnes ayant fais des études et ouvertes d’esprits : « je crois que c’est génétique non ?! », « ah bon, vous en connaissez, et ils sont normaux ? ». Ce n’est pas méchant mais c’est simplement qu’ils n’ont aucune connaissance du sujet, si ce n’est des on-dit… (néanmoins, ne généralisons pas, on n’a pas fait une étude Ipsos France 2 Médiapart).
Ma foi, je vais m’arrêter ici. Ou presque.
On a vraiment appréciés ces moments ici et on vous recommande vraiment d’aller vous faire votre propre opinion de ce que ce sont les Balkans d’aujourd’hui. Ne vous arrêtez pas sur des a priori et sur le JT de JP Pernaud^^
Comme Charpi, je remercie vraiment tous nos hôtes et guides. J’ai surtout une grande pensée pour ma Mémé, qui est à l’origine de toutes ces rencontres au Kosovo, et Albert qui perpétue sa générosité.

POST SCRIPTUM :
PS : Charpi m’ayant proclamé Rédacteur en Chef, je me permets de faire plus long que lui. Na !

28 juin 2012


Aux portes de l’Orient – portrait croisé Bosnie et Kosovo.
Post premier.

11 jours a travers l’ex-Yougoslavie et nous voulions commencer ces posts (car il y en aura 2 pour votre plus grand bonheur de lecteurs) par leur conclusion à savoir que l’on a plus apprit en quelques  jours immergés au sein des familles qui nous ont reçu que si on avait suivi a la lettre un parcours « lonely planet ».
Alors certes nous n’avons pas forcément vu d’immenses étendues sauvages, des paradis de verdure ou des panoramas à vous couper le souffle mais cela fut largement compenser par l’envie irrésistible d’ouverture des gens. Un besoin de parler aux étrangers. Cela devient d’autant plus simple que nous avions la volonté de confronter nos représentations aux réalités passées et actuelles.
Nos représentations ! Parlons-en ! J’avais une dizaine d’années quand la (les ?) guerre a éclaté en Yougoslavie, Benjo lui était beaucoup plus minot...^^ Et ma vision de cette partie du monde était  limitée aux images des medias et aux dires des profs. Bref jusqu’à notre passage à la frontière en direction de Mostar, je pensais que notre séjour se limiterait à ramper sur l’herbe pour éviter les tirs.
Autant vous dire qu’on est resté idiot seulement trois secondes, le temps pour nous de se rendre compte à quel point notre imagination peut nous jouer des tours et obscurcir notre esprit.
Certes la Bosnie-Herzégovine reste marquée par la guerre, les nombreux immeubles criblés de balles et les dizaines de tombes indiquant les morts de 1993-1994 sont là pour le rappeler, mais ce qui est surprenant c’est le mélange des genres (on l’évoquera aussi dans le 2ème post). En effet, à coté de ces derniers vous pouvez trouver des infrastructures « high tech »  avec toutes les marques qui vont bien.

Mostar, depuis le post des snipers

Il ne faut pas oublier que la Yougoslavie de Tito avait une économie relativement cohérente, l’éducation et la santé étaient quasiment gratuites pour tous. Elle avait un poids sur la scène internationale en tant qu’acteur prédominant dans le mouvement des non-alignés. Même après la mort de Tito (1980) les J.O. d’Hiver sont à Sarajevo en 1984, véritable catalyseur médiatique. Six ans avant le début de la guerre...
Alors il ne s’agit pas pour nous de vous expliquer la complexité hallucinante des tensions de cette région du monde qui va puiser ses fondements dans le panslavisme du XVème siècle (pour ceux que ca intéresse je recommande tout particulièrement la lecture de Benhamina Charpillov et ses 8 tomes) mais plutôt de mettre en perspective les impacts des évènements sur les sociétés bosniaques et kosovars actuelles.
Tout ce qui va suivre est le résultat de discussions avec les personnes que l’on a pu rencontrer en Bosnie et au Kosovo ainsi que la diaspora kosovar.
En rentrant en Bosnie et au Kosovo, nous avions la même question qui brulait nos lèvres “quels rapports entretiennent les gens avec leur passe récent?”. On retrouve certes des points communs chez les jeunes notamment : envie d’oublier, besoin de consommer, de voyager, de faire la fête bref pas différents de chez nous. Ils entretiennent des relations relativement apaisées avec les autres nationalités. Le choc des générations se fait sentir. Les rancœurs sont nettement plus vives pour ceux qui ont vécus les évènements. Pour les anciens la « Yougo-nostalgie » est une voie d’expression ; certains voyant inéluctable une réunification afin d’améliorer la situation socio-économique qui est guère brillante dans ces deux pays.

Sunset sur un Sarajevo en plein renouveau

Notons en premier lieu que l’implosion de la Yougoslavie a cassé les filières économiques et le tissu social existant rendant la tâche encore plus compliquée pour les nouvelles entités. Certains s’en sortant plutôt bien : Slovénie, Croatie et Monténégro. Pour la Bosnie et le Kosovo le score est sans appel : un taux de chômage autour de 40% (officiellement...), des investissements étrangers en net ralentissement, une économie souterraine très active, dérives criminelles. Les populations sont très jeunes : au Kosovo, par exemple, les moins de 30 ans représentent 65% des 2 millions d’habitants. A savoir que pendant près de 15 ans Slobodan Milosevic a interdit l’accès à l’école aux albanais (peuple majoritaire au Kosovo). De fait à la suite de ces réformes type « apartheid » ce sont 22 500 étudiants sur 23 000 qui durent quitter l’université de Pristina. Malgré le développement d’un enseignement parallèle, les conditions d’apprentissages restèrent précaires. Ces faits rapportés aux débouchés, ca laisse peu d’espoir pour le futur.
Certes les différences existent entre la Bosnie et le Kosovo. La Bosnie sort petit a petit du marasme dans lequel elle a été  laissée par les bombardements et l’indifférence de la communauté européenne. Depuis la fin des événements, le touriste est largement revenu à Mostar (la présence de ce site dans les guides pour la Croatie aidant), à Sarajevo les mutations urbaines sont rapides : BTP au taquet, consumérisme effréné, dynamisme de la jeunesse.

Priseren, Kosovo, concert de métal balkanique au pied de la Mosquée

Quant au Kosovo ce qui est frappant c’est le peu de traces de guerre. La réaction de l’Union a été plus vive cette fois-ci et les ONG furent très présentes pendant quelques années. Mais l’économie kosovare reste encore exsangue. Malgré des classements médiocres dans les statistiques économiques, La Bosnie et le Kosovo ont une vraie volonté de changement. Les deux pays frappent aux portes de l’Union (le Kosovo a déjà adopté l’euro !!). Beaucoup de gens sont polyglottes (ce qui facilite énormément les échanges).
Néanmoins les retards à l’allumage sont aggravés par la « crise » mondiale, le manque de confiance des sociétés occidentales dans l’avenir, les méfiances de ces dernières à l’égard d’une solidarité envers les plus démunis. De même les très grands écarts de richesse au sein des populations bosniaques et kosovars induisent des tensions (« hypermatérialisme », politique à outrance du « to be seen », un mélange de cynisme et d’utilitarisme) qui nuisent au bon fonctionnement des Etats (corruption à tous les étages).
Bref c’est un véritable bouillon économique, social et culturel auquel on a pu assister. Ça part dans tous les sens et très vite. Nous espérons sincèrement que ça ne finira pas dans le mur. Pour toutes ces personnes que nous avons rencontrées et appréciées avec qui nous avons pu partager leur vie le temps d’un séjour et qui ont toutes à cœur de donner du sens à leur existence exprimant de fait un fort désir de reconnaissance, merci !! Toutes ces personnes qui ont fait preuve envers nous d’une générosité et d’une hospitalité totalement désintéressées, merci !! Toutes ces personnes avec qui nous avons tant ris, merci !! Toutes ces personnes qui nous ont permis d’ouvrir nos horizons et de pouvoir être à notre tour des promoteurs pour ces contrées, merci !!

Mon rédacteur en chef m’interdisant plus de 4 pages pour ce post, je dois y m’être un terme. Soyez assurés qu’un deuxième suivra bientôt et vous plongera un peu plus dans les anecdotes et les situations cocasses que nous avons vécues au quotidien.

POST SCRIPTUM

PS 1 Merci à Lamia et Madja pour leur hospitalité « so finny » à Sarajevo.
PS 2 Un énorme merci à Albert et sa famille sans qui ce séjour exceptionnel au Kosovo n’aurait pu être possible.
PS 3 Merci à sa belle-famille de nous avoir accueillie, nourrie et guidée.
PS 4 Merci à Veton de nous avoir réceptionnés à Pristina après une nuit en carton dans un bus. Et d’avoir pu prolonger notre immersion chez les locaux, ici, à Tirana (Albanie) grâce à ses contacts.  
PS 5 And the last but not least. Thanks a lot Agron. Are you ok my man ? You were so crazy. The best guide in Pejä, Kosovo!! Don’t worry about that. You’re a very good driver and we’re waiting for your journey in France.  
PS 6 Culture générale : Mettre un peu de clarté dans l’utilisation et la signification des termes “bosniaques” et “bosniens”. Pour le peuple de Bosnie seul le terme de « Bosanac » est retenu pour désigner leur peuple et leur nationalité. Mais l’histoire veut qu’à l’étranger et notamment en Europe l’on entretienne encore l’emploi de bosniaque pour désigner un musulman slave de langue bosnienne n’habitant pas la Bosnie. Quant au terme de Bosnien il désigne la nationalité d’un habitant de Bosnie hors considération ethnique et religieuse. Bien entendu les confusions sont nombreuses et on a tendance à s’y perdre. Bonne chance !!

24 juin 2012


Le Charpi

En préambule, prenez bien conscience que Le Charpi est une espèce en voie de disparition. Alors prenez des notes et ne soyez pas surpris la prochaine fois que vous en croiserez un.
Ce sourire 22bis toujours pendu aux boucles d'oreilles, et élevé sur les contres-forts du Beaujolais (à Oingt-Oingt pour être précis), Le Charpi est à l’écoute de son corps et fonctionne à l’envie.
Il parle de son corps (des parties de son corps) à la troisième personne du singulier, tel Alain Deloin. « Ah, on entre dans une grotte là, ouuuuh y fait froid là tiens toi bien ma vessie… ça va bien se passer ». Et à son cerveau de répondre « T’en fais pas elle va tenir ». Ou bien « Ce n’est pas moi qui ai faim, c’est mon estomac qui crie pitance, il est en manque là, je n’y peux rien ! ».
En effet, tel le Falduto (essentiellement la branche de l’Olivier), Le Charpi a très souvent faim et soif. Il lui faut sa nourriture et boisson régulière sinon son corps le lui dit. Certes, il adopte une conduite bien utile à son métabolisme, mais elle est plus aisée à adopter sur un canapé chez soi, le supermarché et la fontaine de Badoit à deux pas. Bon ok, réveillons le village, creusons un puits, allons dépieuter le premier animal du coin, il faut sustenter Le Charpi. Il a ses calories, ses protéines, vitamines et autres glucides (lents et rapides, faut pas déconner), allons-y.


De part la promiscuité de notre voyage j’apprends, la nuit, à parler Le Charpi. A savoir une suite d’onomatopées et de bruits me rappelant ces petits toutous tout mignons. Plus surprenant, il utilise cette langue en période diurne, aux yeux (et oreilles) de tous. Il me disait il y a quelques jours « les bosniens me comprennent de plus en plus », c’est vrai que les langues bosniennes et pygmées sont assez proches. Il progresse.
Vous l’aurez vous-mêmes remarqué, Le Charpi écrit bien et voyage lui-même avec ses mots et son imaginaire. Autrement dit, il est le romancier de l’équipe. Jamais à court de métaphores, il a l’image qui correspond à sa pensée, même s’il devait exagérer un tantinet. Exagérer ? Non excusez-moi ce n’est vraiment pas son style. Seul sur son sofa, il voyage autant qu’au concert du groupe macédonien Blla Blla Blla, à Priseren, au fin fond du Kosovo. Et ça c’est beau !

Comme je vous le disait plus haut, Le Charpi fonctionne à l’envie. Un exemple ? Un jour avant le départ, il me dit « et pourquoi pas traverser l’Europe méridionale, puis repartir vers l’Ouest de l’Afrique, puis du Sénégal aller vers le Brésil ». Une envie comme ça, l’Afrique en été, et à un jour du départ, normal. Si le Charpi nous apprend ainsi la souplesse de l’esprit, il perfectionne également la souplesse du corps par ses exercices matinaux. Assouplissements et pétages de muscles. Quelque soit le lieu et l’heure du réveil. Cocasse parfois, quand le Charpi fait ses tractions en boxer dans un dortoir d’auberge de jeunesse... En bon élève, je tente de le suivre.
Bien connus de ses compères du Combi Boys, les expressions made in Charpi, tel « J’aime quand c’est le contexte qui fait la photo et non le contraire », ou encore « Parfois on va manger, on va regretter d’avoir eu faim ». Là aussi, en spectateur, tu voyages.
J’oubliais, Le Charpi est le chantre du romantisme à la française. Après une semaine de repérage à travers l’Italie, Le Charpi se rend compte que l’image du français est plutôt bien côté sur le marché mondial du romantisme, et que l’accent, sans que l’on ne sache trop pourquoi, en fait rêver certain(E)s. La France étant affublée de nombreux clichés, pas tous reluisant, Le Charpi s’efforce de mettre en avant ceux évoquant la passion et la sensibilité (et bien sûr, comme dit auparavant, Le Charpi n’exagère jamais). Je me permets à l’occasion de lui donner un coup de main lorsque l’on souhaite rendre ses plus belles heures de noblesses à la culture linguistique stéphanoise.


Il me dit parfois « avant de partir, tous mes amis m’ont dit ‘'Mais, Benjo, il te connait vraiment, il sait qui tu es ?'’ ». Parfois, je m’demande. Mais pas souvent. Car, au-delà de toutes ces caractéristiques, je retrouve mon sacré bouillon de culture qu’est Le Charpi, jumelé à une incessante envie de découverte. Et ça, ça dépasse largement toutes les fois où, en public, je me sens à la limite de la gène, à me dire « aie aie aie, est-ce qu’ils vont rigoler, Charpi, ça se dit pas ça, pas ici… ».

POST SCRIPTUM :
PS : pas de post scriptum.

18 juin 2012


 Cabottage en Hvratska

Nous voilà en Bosna i Hercegovina ! Mais d’abord, petit retour sur notre pays précèdent, Hrvatska. Nous y avons passé une dizaine de jour et on n’a pas été déçus. De Split, nous avons cabotés d’îles en îles jusqu’à Dubrovnik… pas mal du tout.
Après l’Italie, semblable en de nombreux points à la France, notamment par la langue latine, nous voici dans un pays où très peu de mots ont une racine commune et où certaines des lettres de l’alphabet  se prononcent différemment… A part quelques croates se souvenant d’un peu d’allemand (pour Charpi) ou italien (pour moi), nous voila obligés de parler anglais… ou la langue des signes.
Ce qui est étonnant en arrivant dans les premières auberges, c’est que les anglophones nous embrayent direct en anglais à une vitesse incroyable ne se préoccupant pas si l’on comprend ce qu’ils racontent, niant de fait nos origines franchouillardes (et quelque peu anti-anglaises). Il parait que la langue de Shakespeare est la langue du commerce international, je confirme qu’elle est aussi celle des voyageurs, en tout cas elle est celle que tout le monde emploie. Mais on vous rassure, on nous avait prévenu avant de partir. Simplement, il faudrait avertir les anglophones que tout le monde n’est pas (encore) fluent. Anyway… On s’y met petit à petit et ça revient, bientôt on parlera à bâtons rompus de géothermie et de la politique étrangère sud-africaine.
Le tourisme représentant 15% du PNB de la Croatie, tout est réfléchi pour y trouver confort et de quoi dépenser ses Kuna (monnaie locale). La moitié des maisons (sinon toutes à Polace, île de Mljet) proposent des chambres pour les touristes, et les plus belles filles attirent le chaland pour les « town tour ». Ayant le mental (comme vous l’aurez noté précédemment), nous avançons par nos propres moyens pour les différentes visites et recherches de logements.
Encore en rodage pour le Couchsurfing (nuit chez l’habitant), nous progressons d’auberges en « rooms » et quelques nuits sur la plage. Ces dernières sont courtes mais quel plaisir de se lever avec le soleil, avant l’arrivée des hordes de touristes. A refaire à l’occasion.

Plage de Zlati Rat

Le dalmate est de manière générale assez détendu, n’a pas l’air de trop forcer, nous rappelant notre Provence bien aimée. Doucement le matin pas trop vite l’après-midi.
Cette certaine nonchalance (qui n’est ni du désintérêt ni de la fainéantise) se retrouve notamment dans la confiance qui règne sur l’île de Mljet, la plus au sud, près de Dubrovnik. Beaucoup moins jet-set que ces voisines du nord, l’île est un petit havre de paix où l’autochtone fait confiance en son prochain et tout le monde suit. L’exemple de base est la location de vélo pour se promener sur l’île (ne pas confondre avec le camp disciplinaire de Brac). Il n’y a aucun document échangé, pas de cadenas, tu ramènes le vélo un peu quand tu veux, tu le poses où tu veux… Il est difficile de trouver ça de par nos contrées françaises. Il est heureux de noter que tout le monde se « plie » aisément à ce fonctionnement, il y a juste à montrer l’exemple et je pense qu’ensemble tout devient possible. Un cercle vertueux qu’il faudrait exporter… Le changement c’est maintenant.
En dehors de ça, cette île est magnifique, très calme avec deux lacs salés, un monastère bénédictin sur un rocher au centre d’un des lacs, Homère y a séjourné quelques années… Bon, on vous le dira souvent, mais à l’occasion, allez y faire un tour. Rajoutez-vous une dose de Dubrovnik et vous obtiendrez un cocktail attachant.

La Bestiole à Mjlet

Pourtant, nous étions peu enthousiastes à l’idée de visiter cette ville tant on nous avait annoncé sa surpopulation touristique. Mais, au détour de deux belges nous prenant en stop et s’y rendant, on s’est décidé à profiter de leur voiture (et de leur bon plan logement). En effet, la ville est très touristique, mais en choisissant bien ses horaires et ses lieux de visites, on peut vraiment en profiter. La vieille ville de Dubrovnik a reçu plus de 2000 bombes durant la guerre patriotique (comme ils appellent ici la guerre de l’ex-Yougoslavie) mais a été restaurée à l’identique. De manière générale, sur la côte dalmate, on ressent assez peu les stigmates de la guerre (contrairement à la Bosnie), si ce n’est lorsque les croates commencent à en parler. Quoi qu’il en soit, les remparts sont vraiment impressionnants, la vieille ville, ses ruelles, ses palais, son marbre et ses pierres blanches nous ramènent à une autre époque.
Le frelon d’or (ex « top de la semaine ») : Mjlet, j’y reviens… le contraste avec les autres îles très fréquentées renforce d’autant plus ce « top ». Un Vrai changement et de la sérénitude^^.
La pompe à vélo (ex « flop de la semaine ») : la pollution, notamment marine. La plage à touriste est relativement bien entretenue, mais dès qu’on s’éloigne… et ça sera bien pire plus tard dans le voyage.
Le fun : ici aussi l’Euro de foot a commencé, et le croate est passionné. Les jours de match de l’équipe nationale c’est grosse ambiance dans les rues, tout le monde est habillé et peinturluré de damiers rouge et blanc, avec quelques touches de bleu. Pour l’instant ils n’ont pas perdus donc ça sourit et chante à tue-tête, et ils enchainent Karlovacko sur Ojusko avec grande aisance. On espère voir un match des grecs en Grèce ! Un charmant allemand nous a sorti une subtile analyse de la situation geo-politico-sportive en Europe « déjà qu’on leur file tout notre pognon, ils pourraient laisser gagner les autres européens » (et il le pensait !).

Une horde de croates, soir de match...

A bientôt pour d’autres pays des Balkans

Benjo

POST SCRIPTUM (du Charpi)

PS MUSICAL : Pour la Gramine du 86. Ecoute zy donc « sun and rain » de Tenfold Loadstar.
AUTRE PAS MUSICAL : Pour notre Pierrot adore vas donc y écouter “Eminence front” de The Who
PS POUR VOUS TOUS : Tout va bien… 

12 juin 2012


Samedi 9 juin 2012 « Camp disciplinaire à Brac (Hrvatska) »

Bienvenue à Brac ! Lieu hautement touristique mais aussi tristement célèbre pour son camp de redressement pour esprits déviants.

Ici Dieu est bel et bien sur Terre. Enfin Dieu… plutôt le diable. Il fait la pluie et le beau temps mais pas que ça ; Il punit aussi et durement. Un ex de la légion étrangère reconverti en tortionnaire ou selon ses dires en créateur de mental. D’ailleurs il passe son temps à le ressasser « moi j’ai le mental. Et toi petit, bientôt, tu vas me supplier d’arrêter et c’est là que je commencerai ». Mais je vous supplie déjà monsieur ! Monsieur qui ?! Monsieur Benjo… Voilà vous savez qui il est. 
Pour savoir ce qu’il fait et comment je dois vous raconter ma 1ère journée (et dernière) au camp de Brac made in Benjo. Avant ça j’étais frêle, peu entrainé et peu enclin aux activités qui vous forgent un homme. Après 60km en VTT sur l’île avec un rationnement d’eau et de nourriture je suis devenu quelqu’un d’autre : un guerrier d’acier. Le soir mon instructeur me félicita d’avoir tenu bon face à l’adversité et m’offrit le privilège unique de dormir sur une planche de clous. Belle récompense, ils n’étaient pas rouillés.


La journée commença par une montée de 14km en direction du plateau ; heureusement le temps était clément mais le seul litre d’eau en notre possession descendit très vite. L’instructeur refusa d’en prendre plus et m’assena un vilain taquet en me rappelant que je pouvais toujours avaler ma salive. Cela aurait pu tourner au drame mais la chance était avec moi. En effet nous tombâmes sur un ensemble de gites servant à la restauration de touristes en ballade pour le mont Vidova Gora (notre destination). J’eu peur que l’instructeur déclina de remplir nos auges mais lui aussi avait le gosier à sec. Après cette brève mais néanmoins réconfortante étape nous poursuivîmes la montée jusqu’au sommet croisant de temps à autre des marcheurs anglophones ne se doutant à aucun moment qu’ils partageaient l’île avec Benjo le barjot pas rigolo.
En arrivant sur les hauteurs ce fut un des rares moments de partage et de communion avec mon sergent chef : un repas frugal. « Il faut que tu apprennes le manque pour apprécier le tout » me dit-il en me glissant une tranche de tomate et me jetant quelques miettes de pain telles des graines aux poules.
Heureusement la vue était splendide. Le plus haut sommet des îles Adriatiques à 780 mètres nous offrait différents horizons sur l’archipel dalmate, Bol et ses plages et surtout la mer toujours aussi immaculée et saisissante. 


Bref moment d’euphorie remis en cause par la décision unilatérale de l’instructeur Benjo de reprendre l’entraînement au plus vite. Le retour vers Bol (village de la côte) fut un long supplice sur une route caillouteuse à encaisser les brimades du sergent. Plusieurs fois j’ai manqué de dévisser. Perclus de crampes ^^, j’ai dû puiser dans mes ultimes ressources, oublier que j’étais un être humain pensant et raisonné, devenir une machine à pédaler sans but, envisager une mort douloureuse mais avec l’intime conviction d’avoir tout tenté. Finalement la renaissance eu lieu vers 17h00, les fesses en chou-fleur, où Benjo redevint Benjo et Mathieu Mathieu deux francs amis de nouveau sur le catamaran voguant vers leur nouvelle destination. Euh … Au fait Benj ? Où est-ce que l’on va ?

POST SCRIPTUM

PS 1 : Je tiens à préciser que j’ai terminé en tête. J’ai frôlé le mitard en ayant eu l’outrecuidance de dire à l’instructeur une phrase bien enlevée du genre « finalement ce qui compte c’est qui franchit la ligne en premier, je ne me rappelle pas que l’on se souvienne des seconds… »
PS 2 : En plus d’être le détenteur de la coupe des vices, Benjo m’impose une censure stricte. Ce qui veut dire que le mail ci-dessus est extrêmement romancé et ne reflète en rien la dure réalité de mon existence à ses côtés.
PS 3 Musical : Je n’écoute plus que the Survivor « eye of tiger »

 A bon entendeur s……  

7 juin 2012


Encora Ancona

Une « discothèque » de bateau-croisière, c’est le lieu hautement incongru d’où nous vous écrivons. C’est la folie à bord ! Papy carlito en monsieur loyal accompagné par roberto version synthétiseur et boîte à rythme. En bref une espèce d’arche de Noé du kitsch rempli de têtes blanches enivrées par le folklore italo-croate.
Il est nécessaire de vous expliquer un peu le contexte…  le comment du pourquoi nous nous retrouvons dans ce plat de nouilles.

Nous venons tout juste de terminer notre séjour en Italia. Notre dernière étape a été Ancona, certainement pas la plus charismatique des villes italiennes mais de loin celle qui va nous laisser le plus de souvenirs dans quelques semaines. En effet nous avons été accueillis par toute une troupe d’italiennes (5  pour être précis – excellent ratio filles/garçons !!). Aux débuts intimidants se sont succédé une série d’événements hauts en couleurs qui nous ont plongés dans l’ambiance locale.  Nous avons investi la cuisine comme chez Môman pour faire la cucina aux italiennes : crêpes  et cookies au menu. Succès garanti ! 

Chiara et Demetra, le golose
La soirée s’est poursuivie dans une maison de campagne mise à disposition par une commune près d’Ancona où était organisé un concert hors les murs. A peine arrivés que les musiciens remballaient le matos. Autant vous dire que le Benjo qui s’était mis sur son 31 pour suonare la guitarra n’allait pas sans laisser compter. Résultat ? Une fin de soirée psychédélique avec des personnages tous plus hallucinants les uns que les autres : une édentée de 60 berges au chant, un sénégalais aux percu, une métisse déglinguée en transe sur la piste, un australien tout droit sorti du bush avec une flûte de pan, un frenchy de saint-nizier d’Azergues (ouais Môssieur !) 10 ans d’Italie au compteur, le benjo avec une corde en moins et votre dévoué essayant désespérément avec son déhanché en carton de faire virevolter une ritale le tout arrosé de birra et vino blanco bello fresco. Une soirée italienne des plus clinquantes à deux coudées de l’Adriatique.
Les réjouissances ne devaient pas se terminer sans un petit « spécial » qui eu lieu sur le retour. Une de nos voitures (celle où se trouvait Benjo, une Fiat 500 « Hello Kitty » avec du rose tout partouteHHelh) se fit arrêter par les bandes armées du capital. Un simple contrôle d’identité qui tourna à la comédie potache genre Monty Python. En effet une des italiennes avait remplacé sa photo d’identité par une image de bob l’éponge. Je vous laisse imaginer la tête du gardien de la paix.

Après tant d’efforts à promouvoir la culture française en terre berlusconienne, nous avons bien mérité le repos du guerrier (en tout bien tout honneur). Direction une des plus belles plages de la côte où nous pouvons observer la beau gosse attitude d’Italia tout en oscillant entre baignade, frisbee et bains de soleil.
Cette première expérience chez des autochtones fut des plus réjouissantes. Alors merci à Chiara (notre logeuse, fan de baleines), à Sylvia (pour avoir joué les dictionnaires français-italien), à Francesca (avec qui j’ai pu pratiquer mon espagnol), à Demetra (pour nous avoir fait tant rire avec sa carte d’identité) et a Ilaria pour son sourire ilare… no comment.



Après ces deux jours improbables, nous revoilà en direct live du plat de nouilles du début en direction de notre seconde étape : Split en Croatie ( à pas confondre avec le Split du Mozambique)^^. Et je laisse la parole à mon benjo bien aimé.

Suite à un magnifique repli stratégique sur une table de croates, nous voila gavés de nourritures par des mamas italiennes croyant aider des gitanos de retour au pays (!). Quelques minutes plus tard, sur une magnifique interprétation de DJ Roberto au synté, nous valsons avec les croates, avant que « lasciate mi cantare » version boite à musique ++ raisonne dans toute la salle, avec nos voisins  napolitains gueulant à s’en couper la voix.

Bon sur ce, Cognacq-Jay, on ne sait toujours pas où l’on dort dans ce bateau. On hésite entre un canapé intérieur cuir avec 5000 Lux dans les yeux, ou le pont supérieur ouvert aux quatre vents et son bois vernis, cassage de dos garanti pour Charpi qui a voulu faire le malin à ne pas emmener de matelas !

Mais je vous rassure, on est gais comme des pinsons, le big smile 22 bis accroché à la barbichette.



POST SCRIPTUM :
PS : bonne chance Sylvia pour la traduction aux copines, c’est du badabeu bien de chez nous.
PS musical : « I’d love to change the world » de Ten Years After (qu’on avait vu en concert avec Charpi il y a quelques années), du blues-rock qui dépote.
PS (ou plutôt EELV) : allez on y croit les gars !
PS : désolé on prolonge mais on a du direct live boite à musique « Ti amo » d’Umberto Tozzi. Che bello questa canzona. Ça change de la Carlita Bruni entendu dans les rues d’Ancona enfin entendue il fallait bien tendre l’oreille…

5 juin 2012


Il balcone de Giulietta

Et voila, premier post !!
En direct d’un petit parc de Ravenna, à deux heures au sud de Venezia, avant d’aller sur Ancona sur la côte Adriatique et de prendre un bateau pour la Croatie. « Il n’fait pas chaud quand même» me dit à l’instant Charpi avec un petit accent qui me rappelle qu’on est bien entre français mangeurs de fromage. En effet, il pleuviote un tantinet. Pour l’instant on n’a pas à se plaindre du temps, il fait chaud mais pas trop, un peu nuageux juste comme il faut.


Et voila, c’est parti, on y est… Le départ s’est fait en douceur avec des visites à la famille et chez les amis alpins. Partir sans prendre l’avion permet d’apprécier un peu plus les distances et voir petit à petit évoluer les cultures, les populations, les langues… L’Italie, on connait déjà un peu, les italiens on les connait déjà un peu trop. Puis il y aura les Balkans, un peu moins latins, et on s’éloignera peu à peu de notre quotidien occidental, de nos habitudes (notamment alimentaires ! … euh c’est déjà fait plus de pain digne de ce nom).
Une des questions des premiers jours était : « allons-nous nous souvenir, dans quelques mois, de notre passage à Verona, Venezia, Ravenna, si ce n’est à travers les photos et écrits ? ». Je n’ai pas vraiment de réponse, je pense qu’il restera des impressions, quelques images gravées… On va en prendre pleins les yeux ! Mais bon, ça ne prend pas plus la tête que ça je vous rassure.

En quelques jours, on a déjà parlé (ou plutôt, baragouiner) l’anglais, l’italien, l’allemand, l’espagnol, le québécois (rien à voir !! pas d’anglicisme s’il vous plait, on ne rigole pas avec ça), on va bientôt moins faire les malins avec les croates… Dans la même veine, on a déjà évoqué clichés et autres expressions plus ou moins utiles. Ces discussions, c’est la base pour commencer à entrer en confiance avec son interlocuteur.
« Il ne manquait plus que l’orage tiens ! » s’exclame Charpi. Alors, oui, effectivement, on vient de se réfugier sous une maisonnette d’enfants dans le parc. Ca va, ce sont plus des ficelles que des cordes qu’il tombe…

En fait je ne me rends pas encore bien compte qu’on est parti pour un bon petit moment. Ca ne me parait pas si extraordinaire, ce n’est pas « LE rêve » comme l’évoque l’Alchimiste de Paolo Coelho. D’ailleurs, étrange, dans une des églises de Ravenne que nous avons visité aujourd’hui, on y retrouve sur des mosaïques du IVème siècle, le nom de Mechilsedec, le Roi que rencontre le jeune homme au début du livre de Paolo Coelho que je viens de (re)lire… Pour en revenir à notre voyage, on a plusieurs potes qui sont partis des mois et des mois, et ils en sont revenus bien entiers, donc ça ne parait pas si compliqué. Mais c’est vrai que ça va être dépaysant et oui, il est vrai, extraordinaire !



On a déjà vu pas mal de choses : de la grande foule de la Piazza San Marco aux ruelles de Venezia inexplorées par la foule ; des covoitureurs qui ont les mêmes envies de voyage aux maçons italiens qui nous prennent en stop à l’arrière de leurs camions ; des dernières étapes culinaires en France aux mets plus spartiates et irréguliers des voyageurs ; des mosaïques de Ravenna aux milliers de mots d’amour de la cour de Giulietta…

Le top de la semaine. Le balcon de Giulietta à Vérone. On retrouve dans l’allée amenant à la cour des milliers et des milliers de mots d’amour, des cœurs, des initiales et tutti quanti, et, dans la cour sous le balcon des cadenas sur tout ce qui peut s’accrocher. C’est beau de voir que tout le monde se retrouve dans cette légende, que cela passe les générations, qu’une histoire de 500 ans marque et inspire chacun. Tout ça pour une histoire de Montaigu, de Capulet et d’un petit balcon… un balcon ajouté en dans les années 1930 d’ailleurs (mais il faut pas le dire trop fort)…


Le flop de la semaine : la chambre d’hôtel qu’on a eu le plaisir de fréquenter une soirée à Venise : une escroquerie qu’on acceptera un peu plus à l’Est sur la carte mais là, pour un budget double de l’auberge du lendemain, on avait un évier à moitié par terre, un bois de lit en déconfiture qui tombait sur le lit, un sol sale (« on aurait dit des pieds » comme dirait Coluche) et un lit qui grinçait plus que du polystyrène. Mais ce n’est pas si grave on avait sommeil.

Le fun de la semaine : le stop à l’arrière du camion de maçon entre Milan et Bergame, deux bons italiens maçons dans une vieille carriole, promoteur de la philosophie des pilotes d’autoroutes « si si ça passe » et avec une façon de s’exprimer caricaturale : des grands gestes (et les mots choisis qui les accompagnes) et surtout un jeu dramatique digne des plus grands.
Ciao a tutti,
Benjo

En tout bien tout honneur, Benjo ouvre la saison par un post tout en subtilité. A dire vrai je n’aurais pas fait mieux. Il a bien cerné cette première semaine entre nos Alpes chéries et l’Italie où la transition culturelle se fait en douceur. J’ajouterai que la grande découverte pour moi est la promiscuité avec mon Benj au moment de la toilette, en tout bien tout honneur ^^. Rassurons immédiatement la famille du Benj et ma Mag bien aimée nous nous limitons à des échanges hautement philosophiques sur la meilleure pédicure à adopter pour les randos.

Un dernier mot avant de rendre l’antenne : indéniablement la barrière de la langue est un problème mais avec un peu d’élan et de culot on peut la franchir et s’offrir de nouvelles perspectives : quelques mots échangés avec des argentins et déjà ces derniers souhaitent nous revoir quand nous serons présents dans leur pays. « Il n’y a pas d’étrangers, uniquement des gens que nous n’avons pas encore rencontrés » (proverbe irlandais).
Charpi


POST SCRIPTUM :

PS musical : à (re)découvrir « Ola ou yé » du défunt Patrick Saint-Eloi qui apporte une belle justification (ou pas) à nos pérégrinations terrestres.

PS de Benjo : je décline toute responsabilité pour quelque faute d’orthographe qu’il puisse apparaître dans ces textes, Charpi étant prof de son Etat, c’est de son ressort.

PS 2 de Charpi : je suis prof en français et non de français, Philippe Meirieu appréciera