26 févr. 2013


Kampuchea mon amour

La suite du Cambodge en images...


Quand on vous dit volley-ball, vous pensez Italie, Cuba ou encore Russie. Jamais au Cambodge. Et pourtant, ici c’est le sport populaire par excellence. Au couchant quand les températures deviennent clémentes, on gonfle la balle au compresseur. Parfois un groupe électrogène assure la lumière bien après la nuit tombée. Une fois je me souviens, j’étais perdu en rase campagne avec deux miss de voyage. On venait de casser notre tuktuk de location et notre pilote nous a laissé dans un village en attente d’une solution. Une bande de jeunes m’a invitée à une partie. Ils ont joué pour moi. Il faisait déjà bien sombre. Pas de groupe électrogène ici. Parmi les joueurs, certains sont très jeunes. Ils fument, boivent dur. L’alcoolisme fait des dégâts dans les couches pauvres. Autour du terrain, une partie du village est venu pour voir jouer un « blanc ». L’un d’eux me regarde fixement, il a une jambe en moins arrachée par une mine. Quand l’actualité vous dit Cambodge, c’est pour expliquer que le Cambodge a été (est) le pays comptant le plus de mines par habitant au monde.


Quelle vue !! Elle termine une longue procession à travers le temple qui m’a le plus affecté. Le Prasat preah vihear. Le guide du routard déconseille d’aller dans cette zone pour cause de guerre entre la Thaïlande et le Cambodge. C’est vrai il y a eu des échauffourées l’année dernière. Bilan 7 morts. 5km² de contentieux. Faut dire le sol est plein d’hydrocarbures. Le conflit est latent. Par contre côté cambodgien une guerre est en cours. Une guerre qui oppose les hommes aux arbres. Sur la photo, vous devez imaginer que les plaines que vous voyez étaient couvertes d’arbres il ya une trentaine d’années. Aujourd’hui le pays subit une déforestation massive et quasiment incontrôlée.


A Phnom Penh, le quartier du palais royal semble bien vide. Il l’est ; mais il y a quelques jours la ville a doublé sa population pour la crémation du roi Sihanouk. Mort depuis trois mois, son corps était en expo pour ceux et celles qui souhaitaient lui rendre hommage. Une immense pagode a été construite pendant ce délai (c’est le bâtiment que vous voyez au fond). Total de la facture 12 millions de dollars. Bref ce que j’aime dans cette photo, c’est le moine bouddhiste qui comme chaque matin part faire l’aumône, le vide en plein centre ville, la modernité en cours avec les travaux urbains et le passé colonial de la ville.


Les enfants sont formidables. Joueurs, rieurs, bagarreurs. Vous ne pouvez pas venir au Cambodge et les louper. C’est impossible. Vous n’entendrez jamais autant de « hello » dans votre vie et tant que vous répondez et rester près d’eux vous y aurez droit. Sortez votre appareil photo et là ça devient dément. En plus si vous le faites en nocturne, la simple lumière rouge les rendra complètement dingues. Je me souviens même d’un artiste en herbe. Avec le Benjo on vous le dit sans cesse. Ces gens-là que l’on croise avec des objectifs d’un mètre de long mais qui ne savent pas cadrer correctement. Et bien ce gamin de 7 ans, un reflex dans les mains et on avait le futur Robert Capa. Ces gamins du Cambodge sont instinctifs. Ils ont trois fois rien mais ils conduisent des vélos d’adulte à 3 ans, des motos à 8, servent les bières aux parents…


C’est le panneau de signalisation le plus répandu au Cambodge. Le multipartisme est autorisé. Mais comme souvent il y a la loi et l’esprit de la loi. Au Cambodge c’est clair, le parti qui compte c’est celui du premier ministre actuel, ancien khmer rouge repenti, une série de casserole couvert par le secret d’Etat, 10ème fortune mondiale, acquise au mérite, à la seule force du poignet vous vous en doutez. Un exemple pour la jeunesse. Propriétaire des stations d’essence du pays et d’entreprises de bois. Il soumet à de sévères taxes ceux qui coupent les bois protégés. La loi et l’esprit de la loi on vous dit. Bref son parti est celui du peuple. Ah ce que j’aime quand les grands de ce monde travaillent pour le peuple, se projette à leur image, on s’y croirait.

Charpi

12 févr. 2013


Le Meka du Deltong

Le Mékong, un de ces fleuves légendaires. Comme le Yang Tse Kiang et ses barrages, le Nil et ses temples, le Gange et ses vaches, le Mississipi et son blues, l’Amazone et sa forêt, ou encore l’Ardèche et ses canoës, il renferme histoires mythologiques et bien réelles. Et l’Histoire continue de s’écrire au fil de son flow.
Passant dans la région (je fais un actuellement un voyage en Asie), il ne fallait pas manquer ça. En bon touriste j’ai fait un tour organisé pendant quelques jours entre Vietnam et Cambodge, entre Saigon et Phnom Penh.
Prenant sa source au Tibet à plus de 5000 mètres d’altitude, il serpente sur 4800 kilomètres à travers six pays : la Chine, la Birmanie, le Laos, la Thaïlande, le Cambodge et enfin le Vietnam. Depuis ce pays, il rejoint la mer de Chine méridionale par neuf estuaires, les neuf dragons.
Le delta recouvre 55 000 km², soit un dixième de la France, et héberge presque vingt millions de vietnamiens, soit un tiers de la France. Il nourrit une grande partie du pays avec son sol très fertile, riche notamment des marrées qui peuvent remonter jusqu’à soixante kilomètres dans les terres, alluvionnant ces dernières. Le delta est d’ailleurs appelé le « grenier à riz du Vietnam ». Mais ses différentes chutes d’eau empêchent les navigateurs de relier le delta à la Chine, comme l’espéraient les français au XIXème siècle.
Il a de tout temps été prisé par les différents peuples de la région, en premier lieu les khmers et les Fou-nan, et des pièces de l’Empire Romain ont même été retrouvées. Les dernières décennies, des problèmes environnementaux se sont ajoutés aux éternelles tensions géopolitiques, et les hommes en pâtissent déjà. En effet, les chinois ont construits des barrages en amont dans la province du Yunnan provoquant une baisse du niveau du fleuve, ce qui est un gros problème pour un pays comme le Cambodge qui est ultra dépendant de ce fleuve pour nourrir ses habitants et développer son économie. Les dauphins et les lamantins du Mékong sont désormais en voie d’extinction comme beaucoup d’autres espèces… et ça ne va pas aller en s’arrangeant, l’Empire du Milieu comptant bien construire une douzaine de nouveaux barrages. Le Laos n’étant pas en reste, espérant devenir la « pile de l’Asie » avec tous ses barrages hydro-électriques.
Au-delà de la terre qu’il fertilise, des poissons qu’il offre, du commerce qu’il engendre, il est désormais visité par des groupes de foreigners en quête d’aventure exotique sur ses flots. J’en suis. Pendant ces quelques jours, j’ai pu voir en premier lieu les tunnels de Cu Chi, haut lieu de la résistance des Viet Congs face aux yankees de Saigon. Impressionnant de voir ces réseaux souterrains dissimulés au milieu de nulle part dans la jungle. Toute une vie s’était organisée entre terre et air, afin de coordonner les attaques sur la capitale et la reprise du sud capitaliste. Encore une fois je reste étonné de la force des viets : ils ne lâchent rien !

Notre guide, un excellent fou !

Ce n’était pas qu’une croisière de rêve, on a passé des heures dans les bus à sauter comme des puces à chaque traversée de canaux, à savoir environ tous les 300 mètres. Ça fait beaucoup et ça renforce le fessard. Ou l’anéantie. Vous l’aurez comprit on navigue entre terre et eau (désormais), à quelques mètres au dessus du niveau de la mer. Autour de nous les locaux s’affairent, leur vie s’organisant exclusivement autour de ce fleuve, et de ce qu’il leur offre. C’est le Mékong qui rythme la vie des hommes.
On est par exemple passé par un marché flottant. Comme son nom l’indique, les locaux passent de bateau en bateau pour faire leurs courses, souvent à bord d’une barque. Y’en a dans tous les sens, ça monte le fleuve, ça le redescend, ça double, ça grille les priorités… ils n’ont pas perdu leurs bonnes habitudes terrestres. Avec le temps, que se soit sur les routes ou les vagues, le moteur a très largement remplacé les jambes et les bras. Pour ce qui est des routes, les vietnamiens conduisent un peu au feeling comme dans tous les pays précédents, mais bien sûr ils ont leur petite touche nationale. A savoir qu’ici il y a beaucoup plus d’obstacles. Il faut donc slalomer entre les passants, les motobikes, les vélos… Et dans les campagnes, les gamins et les animaux. Mais ils conduisent plutôt lentement ce qui évite les accidents trop grave (car on voit des accrochages quasi tous les jours).

Trop grand pour rester debout...

Mais revenons à nos canaux.
Les gens vivent sur l’eau. Dans les villes, toutes les rives sont occupées par des maisons sur pilotis, rarement de la dernière génération. Des bons vieux piliers en bois, tout tordus, je me demande comment ils arrivent à encaisser les crues et marrées. Les murs de ces maisonnettes sont en taules ondulées ou en bambou et arbres du coin, le linge pend aux fenêtres, les gamins jouent sur le seuil avec peu, les chiens nous regardent passés, complètement blasés. Ils bronzent, easy.
On arrive à court de carburant, on fait une pause à la station service. Sur l’eau bien sûr, au beau milieu du fleuve. Il y a d’ailleurs de fortes chances que le commerce s’appelle Nguyen. Sérieux, un gars sur deux s’appelle Nguyen, incroyable. C’est un peu comme les Lee en Corée ou les Cissé dans le championnat de France de foot, faut de suite ajouter le prénom, et encore ça suffit rarement.
On croise peu de baigneurs. Il y en avait encore de nombreux il y a dix ou vingt ans mais cela devient dangereux. Avec la baisse de son niveau, les industries en amont et son utilisation comme poubelle géante, le fleuve est de plus en plus pollué. Beaucoup se lavent encore dedans, quasiment plus personne ne boit son eau. Désormais les locaux creusent presque tous un puits dans leur jardin, mais l’eau reste toujours un peu polluée et surtout le sol devient un véritable gruyère, sujet aux effondrements. Quelle sera la prochaine solution à court terme ?
Mais ce que j’ai préféré pendant ces quelques jours, c’a été les passages dans la jungle.
Après une virée en barque sur un affluent de sept-huit mètres de large bordé de cocotiers et palmiers, on pose les pieds dans une fabrique de coconut candy (bonbons à la noix de coco). Ici ils disent que les noix de coco ont des yeux et ne tombent jamais sur les têtes, dans le nord du pays ils disaient qu’elles ne tombent que sur ceux qui le méritent. Jusqu’ici tout va bien.
Après cet échauffement, on est parti le long d’un bras du fleuve, et sur deux trois kilomètres de marche, on a pu voir au moins une vingtaine de fruits différents. Si certains étaient plantés et suivis par l’homme, la plupart faisaient leur vie à l’abri des pressions de la rentabilité. Tous les vingt mètres le guide nous montrait une nouvelle espèce. J’en avais déjà gouté pas mal depuis trois semaines à travers les marchés du pays, et là ils étaient sur leurs branches. Le Dragon-fruit, la pomme étoilée, les différentes sortes de lychee, l’ananas, la mangue, le jack-fruit, le star-fruit, le Durian (qui pue mais qu’est très bon, comme les fromages en fait), la noix de coco et la banane bien sûr, et plein d’autres. Un régal !

Tranquillou babilou, marina les pieds dans le Mékong (ou presque, ou bientôt)

D’immenses rizières, des troupeaux de buffles, des temples bouddhistes mais aussi des églises et mosquées (un bon vieux Salaam ça fait plaisir), des forêts luxuriantes, des hordes de motobikes, des fermes piscicoles… et des bus à touristes. Voila ce qu’est le delta du Mékong. Pour les touristes ça va ça reste raisonnable. Et en même temps c’est marrant ces balades entre foreigners. Pendant trois jours je me suis retrouvé avec des argentins, américains, chinois, slovaques, allemands, saoudiens, australiens, coréens, vietnamiens, irlandais… un bain de Monde. Faudra quand-même dire aux GO que commencer les programmes des visites à 7h (donc se lever une heure avant) c’est un peu tôt pour des vacances, merde ! Surtout après le karaoké de la veille.
La balade sur l’eau se termine à Phnom Penh, capitale du Cambodge. Petit pays, plus pauvre mais plus cher… Ici les backpackers européens concurrencent les bus chinois. Mais seuls les vieux blancs se promènent dans la rue avec de belles et jeunes cambodgiennes. Quelque chose ne tourne pas rond. Un tour au musée de la prison S-21 : ça tournait encore moins rond à l’époque de Pol-Pot et ses Khmers Rouges… Mais sur les bords du fleuve, les jeunes jouent au foot, les parents nous promettent le meilleur prix pour un tour en tuk-tuk, et les anciens dansent par dizaines en rythme. Pas loin, devant le Palais Royal, des milliers de personnes se réunissent en hommage à l’ancien Roi Norodom Sihanouk, mort il y a trois mois, et inhumé le 4 février. Ambiance encens prières bouddhistes et pique-nique nocturne sur la pelouse.
Phnom Penh au Cambodge ?! Mais ce n’est pas loin d’Angkor, non ?!

Frelon d’or : Cette session dans la jungle du delta à profiter du distributeur (presque) gratis de fruits exotique en tout genre.
Pompe à vélo : Loin des centres villes et des plages à touristes, le Vietnam et encore plus le Cambodge sont sujets à de grandes inégalités. Dans ce dernier pays, le 4x4 dernière génération manque d’écraser les gamins trainant sans vêtements dans les rues…
Fun de la semaine : Le guide déglingo pendant ce séjour. Tout petit mais nerveux et avec une voix à la Johnny. Le genre de mec que tu écoutes quand il te parle. On voulait l’adopter avec nos potes de croisière.

Benjo

PS Musical de Benjo : I wish i knew how it feel to be free, de Nina Simone 
PS Musical de Charpi : Via continuum, de Ez3kiel

7 févr. 2013

Kampuchea

Prologue
Voila quelques jours que je suis entré au Cambodge et c’est difficile d’avoir un fil conducteur pour vous donner mes impressions. Ce pays est prenant, il vous ravage le cœur et la tête. Alors mieux qu’une écriture détruite par les dérives métaphysiques, voici une série de photos ; chacune étant accompagnée d’un petit texte. De quoi passer par toutes les émotions.


Sur la route au Cambodge, vous remarquerez souvent ces deux loustics. La motobike qui règne en maître ici, y compris dans les villes. La domination vietnamienne au siècle dernier n'y est pas étrangère. D'ailleurs c'est tellement prenant que je me suis laisé aller aux joies d'une petite 125 en attendant le Laos et le Vietnam. L'autre démon de la route ce sont ces camions ou minivans charges jusqu'à dégueuler de toute part. Sur la route de Kompomg Tom je me souviens de cette étrange conversation avec notre chauffeur de bus. Il roule comme un dératé klaxon enfonce en permanence des fois que les vélos aient une envie soudaine de mourir sous ses roues. Plus loin un accident, un camion vient de benner. Le chauffeur me regarde et dans un anglais approximatif me dit "routes mauvaises ici, pas bon pour conduite". No comment.



Il est 6h00, je pars courir le long du Mékong, ce fleuve mythique qui traverse l'Asie du sud-est de la Chine jusqu'au delta du Vietnam. Le soleil se lève, le spectacle est magnifique. Je m'arrête, le temps s'arrête. La musique coule lentement en moi. Juste derrière un petit muret. Deux femmes se réveillent. Elles dorment sous une tente au milieu des immondices et des rats. Sur le pont, qui enjambe le cours d'eau, le ballet des motobikes a commencé. Une journée de plus sur la Terre.








A cette époque de l'année, c'est l'hivernage. Sous les tropiques c'est une saison intermédiaire entre la saison des pluies et la saison sèche. Mais à Kompomg cham, il fait très chaud. C'est dimanche, les rues sont vides, la poussière est partout. On cherche un refuge. J'ai trouve le mien dans le hall de notre hôtel.
Une belle invitation à la méditation. La pause dans le voyage. Moment essentiel pour vaincre l'immobilité.









Ce matin, la journée avait bien commencé, j'ai parlé avec la fille que j'aime. J'ai bouclé mon visa vietnamiem et puis je suis arrivé à cette ancienne école que les Khmers rouges ont transformé en un centre de détention et de torture.
Le S-21 est maintenant un lieu de mémoire. Un lieu qui nous rappelle que des hommes ont décidé d'abandonner leur humanité en détruisant celle des autres. Pour moi le moment le plus dur a été cette salle ou l'on peut voir les biographies des têtes pensantes du régime. Un des paragraphes est consacré aux avocats (l'un d'eux : Jacques Verges, ami proche de Kamphan Sieu numéro 2 du régime) qui les ont défendus.
Non ! On ne peut pas les défendre.
Oui ! je suis pour la peine de mort.














Les moments heureux existent aussi et je suis très optimiste de nature. Le jeune m'a vu pas bien après la visite du musée. On s'est offert quelques parties de billard. Ici c'est la folie avec la "petang". Parait qu'au Laos c'est la même. Les "bienfaits de la colonisation"... Je ne sais pas si c'était dans le texte de loi. Bizarrement les cambodgiens parlent avec nostalgie de la période coloniale. C'était pour eux une des rares périodes de paix. La "pax francesca". Mince alors ! Les maliens apprécieront.

Charpi

5 févr. 2013


Thaï toi vite

Vous l'avez compris, c'est double ration de posts en ce moment. Il faut dire qu'avec le Benj' on s'assène plume sur plume. Je ne sais pas, les meilleurs ont toujours fonctionné par paire. Une coopétition en quelque sorte. Moi j'aime bien ça me permet d'être avec mon pote.
Alors un petit dernier sur les routes Thaï. Ne vous fiez pas au titre, il est ambigu. Je voulais faire un melting-pot de mes impressions, de mes rencontres et des bons plans ou mauvais pour ce pays qui reste é-pous-toufant à plusieurs égards. Un post utile j'espère pour toutes celles et ceux qui souhaitent venir ici.

Moi si je devais citer un endroit qui m'a bluffé et fait sauter un tant soit peu la braguette, je dirais Bangkok. C'est une ville détonante. C'est un passage quasi obligé au moins pour ceux qui arrivent par les airs. Gratter le vernis de la première impression, vous pouvez passer d'incroyables jours ici tant il y a à voir. La plupart des touristes avec qui j'ai parlé vivent dans des villes et c'est hallucinant l'image négative qu'ils avaient de Bangkok. « Ouais tu visites le wat pho, le wat phra kheo, à la rigueur le wat arun. Tu fais un tour sur les khlongs, tu fais du shopping et après ? What else ? ». Bah tu prends tes deux pieds et tu te perds, tu discutes avec des gens que tu croises, tu utilises tes sens. Tu restes un peu pour sentir vibrer tout ce bordel urbain. Certes pour une quinzaine, c'est pas évident de se dire tiens je vais aller en Thaïlande et rester à Bangkok. Quoique j'ai rencontré une meuf dont le frère est venu en Thaïlande l'année dernière avec l'idée d'aller un peu partout. Il est resté à Bangkok sans regrets.
J'espère qu'à force de nous lire vous avez pigé que les représentations sont comme un voile d'ignorance et elles nous empêchent souvent de nous transcender. Bien sûr la plage, les îles, les cocotiers. Mais sur une plage on s'emmerde et puis ici comme ailleurs j'ai rarement vu des gens se baigner encore moins nager. Si c'est pour bronzer pas la peine de partir aussi loin. On part en vacances et en voyage avec au moins un objectif commun : découvrir. A Bangkok vous allez en prendre plein la gueule. Autre argument pour me faire confiance, je déteste les ogres urbains. Ceux qui me connaissent le savent.

Ecrans géants, fils élécriques, traditions... Bangkok !

A Bangkok il y a des millions de personnes et beaucoup viennent des campagnes. La diversité des peuples, des attitudes et des modes de vie est phénoménale. En plus c'est vraiment une ville polycentre. Il y en a pour tous les goûts.
Petit tour d'horizon. Tu aimes l'ambiance backpacker, rue de la soif et tatoo à gogo. Alors Khao san est pour toi. Après tu peux aussi trouver des coins hyper tranquilles et sereins même dans ce secteur mais ça prend du temps. Accolé à Khao san au sud. C'est le quartier indo-chinois (elle est bonne celle là).  Un conseil : venez vous perdre ici au couchant et durant la nuit. De l'autre côté des rives, vous avez le Bangkok historique avec du thaï 100%. Par contre question transport c'est un peu tendu. Le BTS (métro aérien) et le subway ne viennent pas dans ces trois quartiers. Vous aurez à faire aux tuktuk, taximeters et bus. Optez pour les bus clairement. Quitte à manger du trafic jam autant le faire en conversant avec les locaux. Un truc rigolo : ici on fait même du business avec des tee-shirts « today no tuktuk, no massage » ou encore « no money, no honey ». Bref quand un truc qui vous tape sur le système devient un truc cool... Gangnam style.
Le secteur « shopping mall ». Pour vous mesdames et même pour les mecs, c'est intenable tant la tentation est forte. Si vous êtes branché shopping. Si vous doutez encore sur votre capacité à renouveler toute votre garde-robe, votre mobilier, votre électronique en payant un billet d'avion, ne doutez plus, chai possible. De Victory Monument à Silom en passant par Baiyoke, Pratunam, Pantip plaza, MBK et le Siam. Vous trouverez tout et pour pas cher. Et cerise sur le gâteau vous pourrez négocier. Ici le client est roi. Ça change de la France, je vous le dis. Les soldes c'est toute l'année. Certes il faut prendre le temps pour associer prix et qualité. Mais le rapport avec les commerçants est bon enfant. Pas du genre « aaah méééé maddaaammee, ici c'est Gucci pas une épicerie ». Ici toutes les marques sont rabaissées à ce qu'elles sont vraiment : de simples objets de consommation à durée limité. On achète tout et n'importe quoi à un prix dérisoire sans se soucier de LA marque. Quel pied-de-nez !! De même quand vous repartirez pensez à garder vos tickets d'achats afin de vous faire rembourser la T.V.A. de 7%, ça se fait à l'aéroport. Pour les détails vous chercherez par vous-même, je ne suis pas guide.
Si votre délire c'est l'animation nocturne, il faut se prendre au jeu de quelques quartiers dits « chauds ». Réputation sulfureuse : Sukhumvit, patpong, huai Kwang. Ces noms là vous les apprendrez très vite ils sont dans l'air en permanence. Zone des expat' pour le premier, vous trouvez aussi les bars gogo-girls, les parlours où sont pratiqués le massage thaï « full-body » ouais ouais j'ai bien dit « full ». Patpong a deux intérêts bien distincts un night bazar et pour les sportifs des cours de ping-pong sont disponibles, par contre ça se joue sans raquettes, vous verrez. Enfin Huai Kwang est un secteur de sortie genre night club. La fameuse RCA n'est pas loin. Une rue entière consacrée aux bars, musiques et boîtes. Ca vaut le détour. Ne serait-ce que pour voir comment les thaï s'amusent. J'ai fêté Noël là-dedans. Euh ouais ils fêtent aussi Noël (pour ceux qui pensent encore dur comme fer que c'est une fête chrétienne). 
Moi perso, y’a un quartier que j'aime bien. Je trouve qu'il regroupe tout et qu'il est fonctionnel pour les déplacements, c'est le secteur de Lumphini park. Y’a tout. Les marchés de secteur, les street-foods mais pas celles gavés de touristes, non là vous êtes avec les locaux. Le métro qui vous permet de rejoindre rapidement une grande partie de Bangkok y compris la gare de Hua Lampong (départ pour le sud par train) ou encore le terminal de Mochit 2 (départ pour le nord). Le parc. C'est bon un parc dans une ville ça permet aussi de voir les locaux dans un autre contexte. Je passais une partie de mes soirées là-bas avec des jeunes et des vieux à faire des exercices, du tai-chi, quelques passes de muay thai.

Un peu d'exercice ?

Et puis il y a quelques moment bien fun. Comme les cours d'aérobie avec des centaines de personne aux entrées. Un brin de femme sur une estrade, de la pop et c'est parti. Les bodybuilders thaï ont aussi leur coin. Pour 50 centimes d'euro tu te fais ta séance. Qui dit mieux ? J'étais au parc toujours pour six heures car à cette heure là il y a une espèce de rituel pour le roi. L'amour qu'ils ont pour ce roi c'est un truc de ouf malade du brésil qui chante. Le culte de la personnalité aux oubliettes. On le voit PARTOUT. Enfin près du Lumphini, il y a aussi un des deux stadiums pour les amateurs de muay Thaï. Ca coûte une blinde pour les touristes entre 25 et 50 euros (quand on sait qu'un repas coûte 1 euro). Bien sûr les locaux ne payent pas ce prix. Il y a des combats partout en Thaïlande. A vous de voir.
Un des trucs sympas à faire à Bangkok c'est de grimper tout en haut de le tour Baiyoke, vous ne pouvez pas la manquer c'est le plus haut bâtiment de la ville, et profiter de la vue. C'est un peu cher mais ça vaut le coup spécialement la nuit tombée.
A un moment vous aurez envie de changer d'horizon, de quitter l'effervescence urbaine. Là vous avez deux options le nord pour trekker et suivre les traces des cités historiques ou plonger au sens propre comme au figuré dans le sud.
Parlons un peu du sud. C'est plein de gens, faudra être prêt. Moi ce n’est pas trop mon délire, je n’apprécie pas ces ambiances. Dur de se distancier. Les prix s'envolent par rapport au reste du pays. Prenez le temps de bien choisir où vous voulez aller. Quelques astuces : en Thaïlande vous pouvez tout faire par vous-même spécialement les déplacements, il y a toujours un bus... toujours. Je suis convaincu qu'il y a un réseau parallèle pour aller dans le sud, un pour les toutous et un pour les locaux. Rendez-vous directement aux terminaux et acheter votre billet au guichet. Partez du principe que tout le monde travaille pour une agence.
Pour l'hébergement, pas la peine de réserver quatre mois à l'avance. Attendez d'arriver à destination. Par exemple vous voulez aller à kho phi phi, l'astuce c'est de regarder sur le comparatif hostelcombined (qui regroupe tous les opérateurs) une fois arrivé sur place et de réserver à partir d'internet, les hôtels proposent de sérieuses réduc' pour faire le plein c'est bien plus intéressant et surtout ça vous permet de checker votre hôtel directement histoire de voir si le produit correspond sur le net et localement comme ça pas de surprise. Vous aurez toujours une chambre.
Pour le sud, les destinations sont multiples. Tout dépend ce que vous recherchez, perso une part de tout ça m'a gavé pour l'autre il y avait Mag' avec moi, ça compte. Sachez que même à Phuket ou Ko Samui vous pouvez trouver des coins cool et beaux. Soyez indépendants et fonctionnez à l'envie. Plus jamais je ne me ferai avoir par le « c'est à faire ». Je vais bientôt passer au Vietnam et bah la baie d'Along, je vais la zapper certes c'est un mythe... oui ce n'est plus qu'un mythe !!. Y'a mieux ailleurs.

Si tu trouves pas tout ce que tu veux à Bangkok, c'est que tu n'y mets pas de la bonne volonté;

Pour ceux qui recherchent un contact un peu plus authentique et nature. Il y a le nord. Mais je ne connais pas. Peut-être plus tard et je pourrais vous envoyer quelques infos. En tout cas dans un rayon proche de Bangkok, j'ai bougé dans le parc Khao Yai il est classé à l'UNESCO. Superbe !! Campez à l'intérieur est le top pour se ressourcer. Pleins de singes, de cerfs, parfois des éléphants sauvages, tigres, ours, serpents et mygales. Cinq jours là-bas. Et ça envoyait. Évitez le week-end, les campings sont pleins de gens de Bangkok. Vous pouvez louez du matos pour dormir au sein du parc. Températures entre 12°c et 26°c. C'est de la moyenne montagne.
Certes il faut être chanceux pour voir les éléphants, je l'ai été. C'est autre chose d'en voir un à l'état sauvage. C'est si rare aujourd'hui. Partout en Thaïlande, vous serez tenté par des ballades en éléphants. Sachez que chaque possesseur d'une de ces bêtes s'est lancé dans le tourisme business. Au pays des éléphants, vous serez sur les dents de voir comment ils sont traités. Ne participez pas à ce massacre. Ceux qui sont allés en Amérique du sud on pu voir la même chose mais avec les chevaux. Choisissez un véritable centre de conservation quitte à payer le double. Peut-être ne pourrez-vous pas grimper sur sa tête mais au moins vous prendrez un bain avec lui, vous le promènerez avec une laisse (faut pas déconner)... et surtout vous apprendrez sur la bête. Au lieu de voir un édenté qui joue les pauvres en Lexus qui assène des coups de pics dans les pattes de sa bête pour qu'elle avance.
Revenons au parc, où une anglaise qui était là au même moment que moi a pu observer une famille d'ours lors d'une ballade. Par contre la politique des prix est scandaleuse. Les étrangers payent 10 fois plus que les locaux. Quand je pense que j'étais un des rares à entrer à pied. Ils m'ont même sucré ma gratte au passage pour ne pas faire de bruits et effrayer les bêtes. Vaste blague !! Les voitures ça ne fait pas de bruit, c'est bien connu. Sur place, ne manquez pas la « bat dance ». Ce n'est pas forcément le plus impressionnant mais c'est étonnant. Et en voyage on a besoin d'être étonné. 
Au nord de Bangkok, vous pouvez passer une journée à Ayuttaya. Certes ce n'est ni Tikal, ni le Machu picchu, ni Angkor wat, ni même Sukkutai mais ça vaut le coup. 1H30 en bus, et vous pouvez louer des vélos. Truc à la mode partout sur la planète dans les pays en mode écotourisme. On loue des vélos de merde à des touristes pendant que tous les locaux ont échangé leurs trotteuses contre des motorbike. Eco-tourisme. Personne ne vous a dit que éco c'est pour économie. Bwef au moment de votre arrivée dans la cité historique, ne vous précipitez pas sur les premiers temples venus. Les plus beaux se trouvent dans la nouvelle ville, un peu à l'écart. Pour les noms, regardez un plan de la ville, ils sont au sud-est proche l'un de l'autre. En plus ils sont moins chers que les autres.
Je pourrais parler de la Thaïlande pendant des heures. J'ai écrit ce post à l'instinct avec ce qui me venait à l'esprit. J'ai certainement oublié plein de choses. Sachez que j'avais beaucoup d'a priori sur la Thaïlande avant d'y venir. Je peux dire maintenant que j'y reviendrai sans problème. Car une des choses à découvrir c'est les thaïlandais eux-mêmes. C'est le pays le moins cher de la zone aussi bizarre que ça puisse paraître, mais j'ai la Chine, un peu du Laos et le Cambodge actuellement en comparaison et je confirme. Certes il faut éviter certains écueils (agences, rabatteurs, faux bons plans all-inclusive...).
Pour tout ceux et celles qui veulent d'autres news pratico-pratique, n'hésitez pas à consulter ma messagerie personnelle mathieu.charpillon@gmail.com; mon équipe et moi-même sommes à votre disposition pour vous rendre votre séjour inoubliable. Plusieurs formules sont proposées. Et surtout... surtout juste pour toi rien pour toi mon ami je peux te faire un bon prix pour que nous soyons heureux tous les deux. N'attends plus et Thaï toi vite pour venir goûter aux délices du Siam.

Le frelon d'or : Mes quinze jours avec Mag'... 
La pompe à vélo : Si vous allez à Kho Phi phi pour voir la plage de La Plage... vous vous êtes trompés de chemin. A la rigueur, revoyez le film, ça ne vous coûtera que deux heures d'ennui repas compris.
Le fun de la semaine : Une séance de sport dans le parc Lumphini. Autour de moi ça court, marche, papote. J'entends le doux son de la fonte. Et puis le haut-parleur annonce un truc en thaï que je ne comprends évidemment pas. Puis vient l'hymne du roi et le national. Je suis le seul en mouvement, à continuer alors que tout le monde, je dis bien tout le monde s'est arrêté en hommage au roi. A la fin un thaï, mort de rire en me voyant, m'a affranchi. C'est bluffant et c'est tous les jours dans tous les lieux publics. Je n’ai pas testé dans un « shopping mall ». A vous de jouer.

Charpi

PS Musical de Charpi : La fièvre, de NTM
PS Musical de Benjo : Arabesque n°1, de Claude Debussy