20 juil. 2012


Salade Grecque

Socrate et Tsipras, géant et espoir grecs. Le premier, mort en 399 av. J.C. fut l’un des grands Hommes de l’antiquité hellène, et est considéré comme l’un des pères fondateurs de la philosophie. Le second, leader du parti d’extrême gauche Syrisa, est l’espoir d’une partie de la population grec, surtout les jeunes. A noter qu’il fait aussi très peur au reste de la population (au contraire de Socrate...).
Ayant déjà visités des sites antiques il y a quelques années (pour Charpi le prof, ça viendra), on a décidé cette fois-ci de nous concentrer sur la Grèce actuelle. On en parle tellement depuis un ou deux ans en France et en Europe qu’on voulait y tâter d’un peu plus près. Comme pour nos « analyses » des autres pays, cet article est le résultat d’observations et de discussions avec les locaux en seulement quelques jours, et n’est donc pas parole d’évangile ! Amis grecs (Charlie, Colin ?) ou connaisseurs du pays, si vous souhaitez y mettre votre grain de sel, allez-y.
On pensait à l’origine passer par Athènes pour comprendre un peu plus le cœur du mouvement… mais avec Tour et Détours on ne sait jamais où l’on dormira le lendemain. On savait juste qu’on devait être à Istanbul le 11 juillet, donc cela a abrégé de fait notre séjour grec. En une semaine on a néanmoins eu le temps d’observer le pays, et de rencontrer des locaux afin de comprendre un peu ce qu’il s’y passe.
A première vue, en arrivant d’Albanie, on voit peu de différence par rapport à ce à quoi on s’attendait. Que ce soit à Corfou, île touristique de la côte Adriatique, à Ioannina et aux Météores dans les terres, ou à Thessaloniki, je n’ai pas noté de grosses différences par rapport à mon passage il y a cinq ans.  Des bars pleins, des centres commerciaux qui m’ont l’air en bonnes formes : du savoir-vivre et de la routine capitaliste, tout va bien !
En fouinant un peu plus, on observe quand-même aux coins des rues pas mal de personnes fouillant dans les poubelles, mais on en voit aussi de plus en plus en France, et après le Kosovo et l’Albanie, on s’y est malheureusement habitués. On s’est également aperçus de coupes budgétaires en constatant que toutes les lignes ferroviaires et de bus entre la Grèce et l’internationale avaient été arrêtées (ce qui nous a pas aidé). En arrivant à Thessaloniki, on nous dit que le métro qui devait être terminé en 2013 ne le sera pas avant cinq ans…

Le grec fait un peu la moue en ce moment...

Dans cette grande ville, la deuxième du pays avec son million d’habitants, on a enfin pu rencontrer et discuter avec des autochtones. Et ils étaient assez concernés par la question. De toute façon ici tout le monde parle politique. Un peu comme lors des deux derniers mois avant l’élection présidentielle française mais là ça dure depuis deux ans.
On était hébergé chez Lia, qui nous a présenté à ses amis, notamment Lisa, une des leaders des anarchistes de Thessaloniki. Extrême dans ses actions mais raisonnée dans ses arguments, les discussions ont été assez instructives. Déjà, ça ne les amuse pas trop de savoir qu’en France, un parti fait peur à ses citoyens en prétextant que voter pour le parti adverse les mènera vers une situation identique à la Grèce. Je m’arrête là sur la politique française sinon ça va déraper^^
Ils sont néanmoins conscients qu’il y a eu des abus dans la gestion de leur pays et qu’un retour à la normale pour certains grecs est dans l’ordre des choses. Selon eux, une grande partie d’entre eux a trois voitures, deux maisons... Ce serait un retour à une certaine mesure matérialiste qu’auraient apprécié leurs antiques philosophes. Ils en rigolent mais apparemment il n’est pas évident pour eux de savoir qui compose le gouvernement actuel tant il change souvent, résultat des dernières élections du 17 juin qui a mis au pouvoir une coalition droite-gauche (soit les mêmes leaders qu’avant la crise…).
Comme on vous le disait, on ne voit pas vraiment de conséquences matérielles flagrantes. Il n’y a effectivement « que » 15% de chômage (contre 25% en Espagne et 10% en France), le pays semble « au travail ». Mais le pouvoir d’achat est de plus en plus bas. Le smic est à 300€, le salaire moyen à 600€ et la pinte de bière à grand minimum 3€, soit un pouvoir d’achat bien inférieur à celui de notre pays. Oui, la pinte est une très bonne façon de comparer les richesses ! Mais ça se vérifie aussi avec le prix des loyers, quand nos amis nous ont parlé de leurs apparts (beaucoup, en conséquence, habitent chez leurs parents). Un serveur gagne 20 € par jour, pas de quoi aller bien loin. Et une grande partie des grecs s’est mise aux cigarettes roulées. Grande différence avec l’Albanie où le paquet est très abordable… pour résumer ce n’est pas la joie. Et l’optimisme n’est pas de vigueur (il serait plutôt de rigueur).
En effet selon eux, la crise se ressentira surtout dans un an ou deux. Principalement pour les jeunes, dont 50 % sont au chômage ou vivent de petits boulots quand ils en trouvent (Lia, notre hôte, était très peu optimiste pour en décrocher un afin de payer ses études) ; et les ainés, dont la retraite vient de passer en moyenne de 500 € à 300 €. Pour leurs retraités, ils font la différence entre la campagne où la vie est moins chère et où nombreux sont les propriétaires d’un jardin, et la ville où la vie est plus chère. Un exemple pour les mois à venir, la gestion de l’eau potable (je ne sais pas si cela concerne seulement Thessaloniki ou toute la Grèce) va être vendue à une société allemande ; en conséquence son prix va augmenter de 80%. A force, ils vont probablement ressentir une petite pression au niveau du porte-monnaie…
De manière préventive, les retraités avaient déjà adoptés un sport national peu coûteux : le Backgammon. Bon.
Perso, j’ai ressenti quand-même une certaine tension sous-jacente, on le voit notamment avec tous les graffitis qui parlent de la crise ou qui évoquent les luttes anti-fascistes. Il y a bons nombres de flics dans les rues… J’ai l’impression que ça pourrait assez vite repartir.

Thessaloniki

J’en reviens à Tsipras… pour l’instant il est sur la touche, hors concours. Il fait peur à une bonne partie de l’Europe, pour Lisa l’anarchiste et ses potes, il est trop conciliant. S’il parvient un jour aux commandes, il va falloir bosser et bien bosser pour en arriver à la reconnaissance éternelle que connait Socrate. D’ici là, de part chez nous, tâchons de nous poser les bonnes questions, et surtout d’y répondre de manière adéquate… Pardon !! On les connait déjà ? Mais pourquoi ne pas les mettre en place ?! Non ! Non ! Je vous l’ai dit, j’arrête là avec la politique française…

Le frelon d’or : la région des Météores, incroyable, de toute beauté comme dirait l’autre. Mère Nature et  son rejeton l’Homme réunis pour nous offrir des paysages splendides.
La pompe à vélo : la chaleur. Faudrait quand même ne pas abuser, merci ! On frôle le 40 degrés (à l’ombre) !  
Le fun : notre amie d’une soirée à Thessaloniki, Vivi, qui se rappelait un mot ou une phrase en français toutes les 15 minutes. Par ailleurs fort sympathique, elle commence donc par « fenêtre ». Bon soit, son père a peut-être bossé pour Leroy Merlin. Un moment après, au milieu de la discussion politique, « passé composé ». Là on s’inquiète… et elle continue comme ça « putain de merde » ou encore « la mer est pleine de poisson ». Merci Vivi on s’est bien marré.

Benjo

POST SCRIPTUM
PS pour ceux que ça intéresse, voici le lien qui donne un petit aperçu des répercussions de la « crise » (si vous avez quelques économies à placer) 

12 juil. 2012


Petit précis à l’attention des non anglophones en voyage hors de l’empire francophone.

Mercredi 11 juillet 2012, dans le bus entre Thessaloniki d’Istanbul (Turquie).

« Tout le monde parle anglais aujourd’hui ». Qui n’a pas entendu cette affirmation ? Ce fait établit par qui ? On ne sait pas et que l’on prend comme un coup de bambou derrière la tête nous pauvres français qui sommes soi-disant des peintres dans la langue de Shakespeare (rien que le nom j’ai mis dix minutes à trouver l’orthographe). Et là je vous parle des représentations des étrangers (non anglophones pour la plupart). Pour eux le fait est entendu : les français ne savent pas parler anglais ou alors ne veulent pas. C’est vrai que personnellement j’oscille souvent entre les deux.
Alors pourquoi ces appréhensions ? J’ai une théorie un peu fumeuse là-dessus mais bon je vous la livre et puis vous serez bien libre de m’amender. Il y a quelques années, j’avais déjà écrit un magnifique post anti-english dans la pure tradition franchouillarde mangeur de grenouilles que je suis. Et j’avoue que je n’avais pas été tendre.
Mes a priori étaient (sont ?) nombreux. D’abord cette sensation étrange d’être toujours en classe face à mon prof quand j’essayais désespérément de sortir des sons audibles. La peur qui me prend de ne pas avoir prononcé le « the » correctement et ces fichus « r » et « h » aspiré. Peur d’être noté : « ouais bah y’a encore du boulot, Charpillon … on dirait un ruminant (véridique). Segundo, je suis un latin, les langues germaniques ça n’est pas ma tasse de thé.  Quand je vois avec quel plaisir j’ai appris l’espagnol et avec quelle boulimie j’ai envie de me lancer dans l’apprentissage de l’italien et du portugais. Je suis également effrayé par l’imposition d’une seule langue véhiculaire à travers le monde. Pour moi c’est pure hérésie. Résultat d’une domination historique des nations anglaises puis américaines sur le monde à travers leur puissance commerciale (et donc marketing) et le développement d’internet. Ah si la France avait internationalisé son minitel… .

Parfois on se comprend (avec Majda, Sue et Ryan à Saravejo)

Cet état de fait induit de curieuse manifestation comme les fois où nous arrivons dans les auberges de jeunesse et où les occupants nous enchaînent direct dans un bon vieux anglais (ou américain, écossais, australien, canadien) des familles ne se rendant même plus compte que peut-être, éventuellement, les 6,6 milliards de terriens non anglophones ne les comprennent pas. Ces moments me rappellent les poteaux télégraphiques au Kosovo et en Albanie : beaucoup de fils et de connections mais pas sûr que le courant passe.
Quand nous leur demandons « how do you say… » et qu’à la fin de la définition on se regarde avec le Benj’ les yeux hagards en se disant « c’était quoi notre question déjà ? ». Parfois c’est l’inverse. Étonnamment nous employons des mots quelques peu savants que les anglophones ont du mal à définir. Et à nous de continuer avec un brin de sarcasme « but speak in english my man ». Enfin quand arrive le soir et où chacun a donné de sa personne pour comprendre l’autre, à ce moment là il ne fait pas bon ménage de ne pas être bilingue, j’ai l’impression d’être une poule découvrant un couteau.
En tout cas j’ai quelque peu revu mes positions sur la nécessité de maîtriser un tant soi peu l’anglais et le bonheur de pouvoir converser avec son prochain à l’aide de cette langue. Enfin quand je dis converser je ne parle pas de philosophie orientale ; ces discussions sont avant tout des demandes afin de satisfaire mes besoins les plus primaires.  Il n’empêche que depuis maintenant un bon mois et demi nous avons bien rigolé grâce à l’anglais. Cela devrait durer. Et moi quand je me marre, je suis prêt à tous les sacrifices. 
De même, nous rencontrons des personnes anglophones absolument délicieuses qui prennent le temps, nous encouragent, parfois s’excusent de ne savoir parler que l’anglais et sont admiratives de rencontrer d’autres peuplades qui maîtrisent plus ou moins d’autres langages et notamment le leur. Nombreuses ont été (sont) les fois où je ponctue un splendide monologue dans une construction linguistique très personnelle (quasi ex-nihilo)  par le fameux « you understand what i mean ? ». Et à l’autre de me répondre « no, please say it again » (d’un ton sec qui n’est pas sans te rappeler le prof du début). Ça me désappointe. De temps en temps c’est le plus tendre « so so » ou « not too much », ça me frustre.

Parfois on comprend mieux la Bestiole qu'Hannah...

Et puis, parfois, des fulgurances. Résultat d’un total abandon de soi où l’irrationnel prend le pas sur la raison, les tripes sur le cerveau. Où enfin l’autre me dit « yes, yes i understand ». Quand la langue est au service d’émotions partagées et permettent la rencontre entre émetteur et récepteur sans friture sur la ligne, ça me ravi. Ma tour d’ivoire… euh de Babel s’efface quelque peu.
Bref nous avions envie de vous offrir quelques lignes, florilège de situations auxquelles nous avons été confrontées ; qui se sont transformées en malentendu (essentiellement du à notre accent anglais en carton). J’espère qu’elles vous feront bien sourire et, qui sait, vous aideront plus tard à survivre en zone british.

Mardi 19 juin 2012, Sarajevo. Une partie d’échecs avec Ryan, australien.
Pour ceux qui ne connaissent pas le jeu, ça ne vous parlera pas trop mais sachez qu’il y a un mouvement de pièce qui s’appellent « une fourchette ». En anglais « fourchette » se dit « fork ». Ryan vient de réaliser ce coup. Voici le dialogue.
MAT « ooooh what a move !! Nice !! A fork !! “
RYAN “ what ?!!” (avec un regard interrogateur)
MAT continuant « a fork !! a fork !! » se mettant à mimer avec sa main une fourchette avec un mouvement en direction d’un Ryan de plus en plus perplexe voire angoissé.
RYAN « but what’s the hell you want to f**k me ??”.
Conclusion : A cause de mon accent so French, Ryan pensait que je lui proposais une partie de plaisir entendant f**k au lieu de fork. Sorry Ryan.

Mercredi 20 juin 2012, Sarajevo. Une discussion à propos d’Atlanta (USA) avec Sue, étatsunienne.
J’étais en train d’expliquer à Sue qu’Atlanta était le plus grand aéroport (hub) du monde et que c’est aussi pour ça qu’ils ont eu les JO à la place d’Athènes en 1996. C’était le centenaire des JO de l’ère moderne. Et donc je termine mon explication quand Sue me demande de quelle ville je parle.
Alors je ne sais pas si vous vous rappelez le film la cité de la peur quand Chabat et Lauby ont ce curieux échange à propos d’un « serial killer ». L’un et l’autre prononçant les mêmes mots mais n’arrivant pas à se comprendre. C’est ce qui s’est passé ici. Voici le dialogue.
MAT finissant son explication « yeah yeah it’s true, Atlanta, amazing, isn’t it ?”
SUE “euuh sorry I didn’t understand, which town you told me ?”
MAT “Atlanta”
SUE “What ?”
A ce moment de la conversation, Benjo intervient, pensant que son accent serait meilleur que le mien (ce qu’il est soi dit au passage)
BENJO « Atlanta, USA, Atlanta »
SUE toujours dans le vague cherchant désespérément à comprendre
MAT et BENJO « Atlanta, you don’t know ? »
SUE enfin touchée par la grâce « Oh yeak Attllllantttaaaaa » (prononcé Atleunta).
No comment…
Ce genre de situation s’est répétée plusieurs fois. Il est curieux de voir que les plus grands moments d’incompréhension se jouent avec des mots qui s’écrivent quasiment pareils mais qui se prononcent bien différemment.

Dimanche 1 juillet 2012. Conversation avec Annette, propriétaire irlandaise d’un hôtel à Saranda (Albanie).
Annette m’expliquait le fonctionnement de l’auberge, les différentes règles quand je lui posai cette question qui lui paru ‘achement bizarre.
MAT « do you have some sheet for my bed »
ANNETTE “What ?!!!! you want some shit for your bed”
Effectivement quand un français demande des draps et qu’une irlandaise comprend qu’il veut des excréments pour son lit ça peut choquer.

Trop de connexions tuent la connexion

Le même jour, un peu plus tard (j’étais en grande forme). Conversation avec Daniel, australien.
Nous parlions de nos différents projets pour la journée à venir.
DANIEL « have you anything planned ? »
MAT “how about going to the beach ?”
DANIEL mort de rire “oh yeah you offen go and see the bitch ?
MAT, n’ayant pas compris que mon accent venait encore de me tromper, je continue gaiement « yeah, moreover since i came back from guadeloupe, i didn’t have the time to go to the beaches. I hope to have a fun and spend good time here »
DANIEL au bord de la syncope, met fin au massacre en m’expliquant la différence de prononciation pour beach (plage) et bitch (péripatéticienne).

Jeudi 5 juillet 2012. Conversation avec Hannah sur l’île de Corfou (Grèce), texane à propos d’un concert au Delaware (USA).
Il y a quelques années, nous partîmes aux USA avec Benjo et nous vîmes un concert au combien historique au sein de l’université du Delaware d’un Rappeur du nom de T-Pain. Nous voulions partager cette expérience inoubliable avec Hannah.
BENJO «  a big concert, crowded with T-Pain, you know ? “
HANNAH “never heard”
BENJO “amazing, he seemed well-known, he was a good rapper”
HANNAH interloquée “A good raper ??!!!
BENJO de continuer “Yeah yeah all girls shouted, a very good rapper”
HANNAH ne comprenant plus rien nous demanda où on voulait en venir.
Nous comprîmes quelques secondes plus tard. Nous avions simplement traduit « rappeur » en « rapper » ce qui est juste ; néanmoins notre accent français nous a conduit à dire « raper » avec le sens de violeur (to rape = violer). Vous voyez l’idée… « toutes les filles hurlaient, c’était un très bon violeur… »

Vendredi 6 juillet 2012. Conversation avec Hannah à propos de son départ de l’île le lendemain.
Il était tard, nous avions passé une grosse journée à parcourir l’île sous une chaleur innommable. Et quand la fatigue vous tient, les efforts de compréhension sont d’autant plus difficiles que les fous rires vifs.
MAT « At what time do you catch your boat ? »
HANNAH explosant de rire “What ? »
MAT naïf « euh can you explain to me why you’re laughing, i made a joke ?”
HANNAH répondant “ Yope, you have just said to me “at what time do i catch my butt ?”
Effectivement demander à une fille à quelle heure elle attrape son c*l n’est pas une accroche très très sensuelle.

Dimanche 8 juillet 2012. Conversation avec le patron de l’hôtel où nous logeons à Kalambaka (région des météores) en Grèce.
Après une série de questions usuelles sur les horaires de bus, le meilleur chemin pour rejoindre les météores,… Je formule une demande disons… particulière.
MAT « Do you know a good price to have a fun tonight ? »
LE PATRON “huh ? what ?... “
BENJO “mais Charpi mais qu’est-ce que tu racontes ? »
MAT ne comprenant pas pourquoi les deux n’avaient pas compris une question aussi simple, je la repose mais cette fois avec le bon mot : « do you know a good place to have a fun tonight ? ». Le patron a certainement du être très surpris que je lui demande le prix (au lieu d’un endroit) pour prendre du plaisir.

POST SCRIPTUM

PS spécial : merci mon Benj de m’aider à survivre et progresser. Comme il me dit souvent “beer or not to beer this is the question, by Shake-the-beer”.
PS merci à tous les étrangers non anglophones qui nous font croire que nous sommes des dieux en anglais, en italien, en espagnol et en allemand.
PS merci aux anglophones de nous faire tant rire quand on leur apprend à dire « merci beaucoup » et qu’ils le prononcent « merci beau-cul »
PS merci à tous ceux que l’on rencontre de bien vouloir se livrer (pour notre plus grand plaisir) à l’apprentissage de l’argot version stéphanoise.
PS musical: Rare earth – get ready (original song from Temptations) et la Danza – Santana brothers.

Sur ce je vais y mettre la viande dans le torchon. Le plum’ m’appelle et la Morphée n’aime pas quand on la faisande.


7 juil. 2012

Particularités albanaises

Au départ de ce voyage, en filant vers l’Est, nous voulions passer par ce pays, Shqipëria, comme ils disent ici. Perso, lorsque j’évoquais la région des Balkans ces dernières années, je pensais assez rapidement aux images de guerre, c’est LE premier cliché pour la région. On pouvait y ajouter le tourisme en Croatie, la Slovénie bien intégrée à l’Europe, un peu d’accordéon tzigane et Novak Djokovic pour la Serbie. On a déjà pu se faire une idée nouvelle en traversant la Bosnie et le Kosovo.
Mais l’Albanie ? Vous en avez déjà entendu parler ? Bon, oui bien sûr, pour certains. En tout cas ce n’était pas mon cas ni celui de Charpi. C’était pour moi un obscur espace entre l’Adriatique, la Grèce et l’ex-Yougoslavie, avec de temps en temps des matchs de foot qui se disputaient à Tirana, la capitale…

Après une petite dizaine de jour passé là-bas (oui, ce n’est jamais assez…), on a pu se forger une première idée du pays. Déjà, après la frontière entre le Kosovo à l’Albanie, on tombe sur une autoroute toute fraîche ! Fou, un pays riche ! Non, quand-même pas. Mais moins pauvre que le Kosovo c’est sûr. Pays sous le joug soviétique jusqu’en 1991, l’Albanie a plongé dans le bain du capitalisme, sans en prendre tous les bons côtés. On retrouve, comme dans de nombreux « pays en développement », certains secteurs plus florissants que d’autres : les banques, les compagnies pétrolières, et la vente de grosses cylindrées tenant le haut du pavé. On rassure les entrepreneurs étrangers, le pays est encore assez loin du standard européen de richesse, vous pouvez encore vous faire beaucoup d’argent sur leurs dos !
Le secteur BTP semble aussi relativement performant. En arrivant à Tirana, comme dans le Sud un peu plus touristique, on remarque énormément d’immeubles en cours de construction. Il y a seulement les murs porteurs et les étages… Parfois, un seul étage est terminé et occupé. Dans certains quartiers, les trois-quarts des immeubles sont ainsi. Et sur de nombreuses maisons, les toits ne sont pas terminés. C’en est étonnant, et comme d’autres questionnements, on a eu du mal à trouver une réponse précise. Pour les toits en construction, est-ce que les albanais ne paient pas de taxes foncières s’ils ne sont pas terminés, comme cela se fait dans certains pays ?... En tout cas cela donne des paysages urbains et semi-urbains assez originaux, tels les Lego de notre jeunesse (et parfois, certains Lego s’écroulent sur eux-mêmes…).

Un BTP florissant... trop ?

De même, Tirana ne possédant que 10 000 âmes en 1910 et prêt d’1 million aujourd’hui, il a fallu construire vite. Et donc parfois de manière anarchique. Autour d’une grande place où trône sur son fier destrier Skanderberg, de grandes avenues à la mode communiste découpent la ville en parts de gâteau, accélérant de fait l’étalement urbain.
Petite aparté culturelle concernant Skanderberg, héros du pays, Général du XVè siècle qui a repoussé les Ottomans de nombreux mois durant. Aux amateurs de prouesse militaire (les intéressés se reconnaitront), on vous conseille d’étudier un peu la vie de celui qui a été considéré comme l’un des quatre plus grands généraux de tous les temps par Napoléon.

De manière générale^^, les albanais semblent être un peuple très fier de leur histoire, fier d’avoir atteint l’indépendance en 1912 suite à des siècles d’occupations de différents peuples (vénitiens, ottomans, grecs, slaves…). On a pu vérifier ce trait de caractère en arrivant la semaine anniversaire de l’annexion par les Grecs de la région de çameria, des milliers et des milliers d’inscriptions « I love çameria » fleurissant sur les bus, murs, monuments de tout le pays, rappelant l’amour des albanais à ce territoire qui autrefois leur appartenait et était peuplé à 90% d’albanais. Autant vous dire qu’ici le grec est également mal vu.
L’italien, par contre, a la côte, les échanges ayant été très nombreux entre les deux pays au fil des siècles, et des centaines de milliers d’albanais vivent toujours de l’autre côté de l’Adriatique. Nombreux sont les italiens à passer de l’autre côté pour des vacances à petit prix. La présence italienne se remarque aussi par la mode Dolce Gabanna. On s’y habille de la tête au pied tout en profitant des vertus culinaires d’une bonne pizza. L’expresso teinté de gelato est également entré dans les habitudes albanaises.
L’Albanais apprécie également l’allemand. Cela s’est vérifié lors de la demi-finale de l’Euro entre les deux pays. Centre de Tirana, une rue piétonne transformée en mini festival de la bière de Munich : des tables de partout (pleines bien sûr, des milliers de personnes), des cevapi et autres spécialités culinaires à base de viande, de la bière qui coule à flot et une ambiance de fous !! Très peu d’allemands et d’italiens mais ça gueulait comme sur le marché de Ménilmontant aux heures de pointes ! Et tout ça dans la bonne ambiance (bien qu’un tiers des albanais parie de l’argent sur les matchs de foot). On aurait vraiment aimé voir un match avec l’équipe d’Albanie !!

En traversant le pays en direction du sud, on est tombé sur cette curieuse tradition albanaise (a priori, non ancestrale) qui consiste à arroser le bitume et autres surfaces bétonnées. On a tenté de résoudre l’énigme, de passer à la questionnette l’autochtone mais notre niveau d’albanais n’a jamais permis de laver toutes nos interrogations. Autre activité florissante également, le LAVAZH (de voitures). Il y en a de partout. Les vendeurs et réparateurs de klaxons doivent également avoir une belle vie. On a lu quelque part que les albanais « aiment le son » du klaxon. Bon, en tout cas on entend qu’on file vers le sud…

Décollage imminent

Par contre, et là on ne déconne plus : l’environnement !! Aie aie aie, quelle pollution, c’est incroyable. Ils ont beau avoir d’autres préoccupations plus basiques, ça fait vraiment mal au cœur de voir ces décharges à ciel ouvert, ces vaches broutant dans les sacs poubelles, des détritus en continus sur les bords de routes, chemins et sentiers, et constamment, des gens jetant leurs détritus par terre. Le pays, sa côte notamment, est aussi beau que la Croatie ou certains secteurs de notre Côte d’Azur, les villages sont magnifiques, perchés au dessus de la mer, mais tout est ravagé. C’est un désastre écologique.
Déjà que chez les occidentaux on dénigre l’urgence écologique, alors ici… quoi ? l’éco quoi ?... Bon, je ne suis pas du genre à juger les gens, surtout ceux qui ont plus de difficultés matériels, mais là, pas (ou peu) d’excuse ! On a passé quelques jours avec une américaine, Hannah, qui est venu à Tirana pour donner des cours sur la protection de l’environnement avec un projet étranger, c’est bien, mais les moyens sont vraiment insuffisants. Au-delà des moyens c’est une éducation de base qui s’est perdue, et étrangement, même les personnes âgées semblent peu soucieuses de leur territoire… C’est beau de voir ces paysages mais déprimant de voir comme ils sont traités…
Une pointe d’espoir tout de même à notre sortie d’Albanie, la rencontre avec un jeune du cru choqué par toute cette pollution, ne comprenant pas lui-même l’indifférence de ces compatriotes. Espérons que les programmes éducatifs apporteront la sensibilisation nécessaire.

Bon ap'

Ce bref portrait de l’Albanie peut sembler parfois peu attractif. Arrivant avec nos grands yeux d’enfants occidentaux, c’est ce que l’on observe en premier. Cependant, il y a beaucoup de belles choses à voir et à apprécier. On a rencontré des gens vraiment sympas, généreux et toujours souriants quand il fallait aider un étranger paumé comme nous l’étions souvent. Et si l’on sortait quelques mots d’albanais, on devenait des amis et ça rigolait franchement.
Certains sites sont assez splendides, tels les villes de Berat et de Gyrokaster, le site de Butrint (ces derniers étant inscrits à l’Unesco), ou encore (et surtout ?) les magnifiques Siri i kalter (Blue Springs), véritable bain de fraicheur dans un Sud de plus en plus chaud (des photos sur facebook « touret detours »).
Le Frelon d’or : ces Blue Springs vers Saranda.
La Pompe à vélo : la dégradation à vue d’œil de cette petite planète.
Le fun : les approximations linguistiques et incompréhensions qui en découlent (Charpi nous prépare un beau post là-dessus)

Benjo

POST SCRIPTUM :
PS : un grand merci à Besnik, notre hôte de Tirana, ami de Veton le Kosovar. Et un grand bonjour à Hannah, Sofia, Anneth, Daniel, Ira, Viola et Laura (qui ont peu de chances de lire ce post car ne parlant pas ou peu français…) !
PS musical 1 : « On the road again » de Canned Heat
PS musical 2 : « On the road again » de Bernard Lavilliers
PS musical 3 : « On the road again » de Willie Nelson
PS musical 4 : « On the road again » de Katie Melua (reprise de Canned Heat)