22 juin 2013


Last but not least

Me voila en Indonésie, depuis belle lurette déjà. Et je ne vous ai rien raconté ! Comme je n’ai rien écrit sur mon passage dans la cité-Etat de Singapour. Il est temps d’y remédier.
L’Indonésie, surtout. Un pays et des gens qui sont encore arrivés à me surprendre, à éveiller ma curiosité, à presque me faire repartir à zéro. J’ai prit le ferry de Singapour la futuriste jusqu’à l’île de Batam, à seulement quelques kilomètres. Et là le monde change, il n’est plus le même. D’un monde occidental déjà vu, on passe à un nouvel horizon de découvertes, d’un micro-Etat sans désordre ni chewing-gum (!), on passe à un archipel joyeusement bordélique et salement sale, de quelques îles, on passe à dix-sept mille.
J’accoste donc sur cette île, Batam, afin d’y prendre le bateau pour la grande Sumatra. Sur ma route se trouvera ensuite Java la volcanique avant d’attendre mon objectif du mois, Bali. Au petit port d’attache, je croise quelques touristes venu passer la journée sur l’île, venu faire des emplettes dans des centres commerciaux très bons marchés. Après cela plus personne, en tout cas plus aucun visage pale. En une semaine je n’aurais croisé qu’un couple de blond, au loin dans un resto. J’ai pu donc me baigner un peu dans la culture locale (ainsi que dans ses eaux). En fait je ne pense pas m’être imprégné totalement de ce qui fait l’âme indonésienne en si peu de temps, mais j’ai tout de même partagé quelques bons moments authentiques de la vie locale. Si je n’ai pas chassé des bêtes tropicales ni dormi avec des Orang-outan, je suis allé au karaoké, j’ai squatté LE pont de chaque ville avec ses centaines d’autochtones, j’ai partagé quelques longues heures de rallye avec les Carlos Sainz locaux. 

Le squattage sur pont, activite tres indonesienne

Avec l’Indonésie, je bascule dans le plus grand pays musulman du monde, plus de deux cent millions de pratiquants. Si l’Etat n’a pas de religion officielle, tout le monde doit néanmoins avoir une religion sur son passeport, parmi ces six : musulman donc, mais aussi catho, protestant, bouddhiste, hindou et confucianiste. Et puis c’est tout. Pas de juif, pas de zoroastrien, pas d’orthodoxe. Et ça a l’air de bien fonctionner ainsi. Ce mix prouve encore que les religions n’ont vraiment aucune incidence sur l’accueil, la générosité et l’ouverture d’esprit. Ou alors dans le bon sens. Et c’est bien l’interprétation qui en est faite par les élites qui corrompt les pauvres gens. A Sumatra j’ai logé chez Loleetha et ses deux gosses, elle portait le voile à l’extérieur, de son propre chef évidemment, mais pas à la maison, même en la présence d’un étranger. Dans les lieux publics, elle disait se sentir plus en sécurité, moins sous le regard des hommes. Le voile lui apporte respect et considération. Malgré cette « barrière » qui nous est peu familière, nous européens, Loleetha et ses autres amies étaient tout aussi pinces sans rires, sensibles au sort des autres et au taquet sur l’interprétation endiablé de Price Tag de Jessie J. dans le karaoké du mall de Palembang Center. Et ça c’est pas donné à tout le monde !

Wesh gros !

 Sans transition, je crains qu’à mon retour mon statut de grande vedette me manque. Car ici je suis un Bule (prononcer boulé), un Blanc. Pendant cette semaine et la suivante, les occidentaux ne se sont pas fait légions, nous étions donc tous des bêtes curieuses aux yeux des indo. Le must reste la blonde, mais le grand barbu est assez populaire également. La visite du musée de Palembang à Sumatra a été particulièrement amusante, car avec une Loleetha, on tombait au même moment que la visite d’un lycée… la foire ! Tel Alain Deloin à ses plus belles heures, je me suis retrouvé sous une nuée de Mister ! Mister !, de serrage de paluche à la Chirac, de photos Enrico à la Hollande avec les demoiselles du coin. Les quinze minutes dans ce musée m’ont fait comprendre beaucoup sur les pétages de plomb des stars… quelques minutes c’est drôle, toute une vie c’est un non catégorique. Tout ça pour dire que quand on se reverra n’hésitez pas à me prendre en photo ou à lancer des Mister ! Mister ! C’est plaisant et flatteur^^. D’ailleurs c’est drôle, certains s’adressent aux femmes aussi par Mister, ne sachant pas vraiment ce que ça veut dire, sachant seulement que les Bule comprennent.

Salaaaaaaam

Me balader dans des lieux sans touriste (car il n’y a franchement rien à voir parfois) m’a permit d’apprécier à sa juste valeur l’hospitalité indonésienne. Ici nous ne sommes pas de simples distributeurs sur pattes mais bien des êtres humains avec qui l’on peut échanger, même sans comprendre nos langues respectives. Le voyageur est source de curiosité, de sourires bienfaisants. C’est donc surtout le cas à Sumatra ou à Java ouest, mais même dans les spots à touristes, comme Bali l’hindou, on retrouve des gens très accueillants. Bien sûr, quelques businessmen locaux sont peu aimables à la vue de tous ces dollars et euros, mais même ici, on retrouve sourires et bonnes attentions. En se frayant un chemin dans les vertes vallées de Bali, malgré des conditions de travail pas toujours respectueuses de l’OIT, les gens sont très souvent souriants (et quels sourires, chères balinaises), à sortir un petit Halo ou à demander d’où l’on vient. Serait-ce à dire que l’indonésien est génétiquement sympa ? Non, certes, mais alors comme expliquer que ça ne marche pas ainsi dans tous les pays ?


Avec mes potes de l'armee de Sumatra
 
En même temps de quoi auraient-ils à se plaindre ? Bon d’accord, ils ne roulent pas sur l’or, ne sont pas prêts de faire un tour du monde, mangent du riz trois fois par jours, ne connaissent pas le pain aux noix ni la tartiflette, mais quel beau pays ! Notamment l’île de Java, couverte de volcans magnifiques. J’en ai grimpouilllé quatre (du verbe grimpouiller, ou « faire une petite grimpette »), les deux premiers étaient étonnants, sulfureux, perchés. Mais les deux suivants, autour du Bromo puis l’Ijen… J’en ai pris plein les yeux ! Dans mon top cinq des sites naturels sur cette année de voyage. Arriver de nuit permet d’apprécier encore plus le lieu. La nuit noire laisse place aux premières lueurs, à l’aube, le voile nuageux se lève, les formes apparaissent, les premiers rayons du soleil offrent à nos yeux toute la splendeur de Dame Nature. Le scénario a en plus offert du suspense à chaque fois : grand brouillard la première nuit, pluie la seconde… et juste au bon moment, l’éclaircie. Au Bromo, une véritable carte postale et un paysage lunaire devant les orbites ; à Ijen, les feux bleus de souffre du fond du cratère, et le business de cet or volcanique ! Si vous allez faire un tour à Bali, prenez trois jours et faites un détour.

 
Y'a rien la ? Le Bromo (le petit a gauche qui fume) et ses volcans voisins

A Ijen, on suit donc le business du souffre, utilisé notamment pour les produits de beauté ou les médocs. Tout au long de la journée, tout au long de l’année, les travailleurs javanais extraient la précieuse substance jaune du fond du cratère pour l’acheminer dans la vallée, à plus de trois heures de marches. C’est un « spectacle » assez incroyable. Arrivés à une heure du matin sur place, certains bossaient déjà, à extraire le souffre du sol, la grande majorité sans foulard, sans parler de masque. Ils en prennent plein les bronches toute la journée, alors que nous étouffions au bout de quelques secondes dans ces nuages denses de fumées. Après avoir donc ramassé ou détruit à la barre à mine le souffre fraichement solidifié (en provenance des abymes), les javanais en prennent entre 50 et 80 kilos sur les épaules, remontent le cratère pendant une bonne heure, puis dévalent les pentes du volcan jusqu’à la pesée pendant une autre heure, et il faut encore continuer… beaucoup d’entres eux font ce boulot herculéen en tongues ! 
Pour 800 roupies le kilo, soit environ sept centimes d’euros. Ils font deux allers-retours par jour, soit une dizaine d’euros la journée. Malgré cela, beaucoup sont souriants en nous croisant, mais n’hésitent pas à nous demander un biscuit. J’entends dire qu’ils meurent jeunes en raison de l’inhalation incessante et sans protection de ces fumées, mais d’autres rapportent qu’ils ont une forme physique exceptionnelle qui les maintient en bonne santé pour une longue vie. Je n’ai pas trouvé la réponse, mais j’ai rarement vu des porteurs au-delà de la quarantaine d’années. Ce volcan n’est qu’un exemple des difficultés que rencontre le pays en termes de développement, de respect des droits de l’Homme et de protection de l’environnement. Un pays où l’on pille les ressources de Bornéo, de Sumatra, de Sulawesi, de Papouasie pour satisfaire Java, l’île capitale.
BON DE DLA !!!!!! Je me relis et la terre tremble ! De Dieu, un tremblement de terre, juste quelques secondes mais ça secoue ça secoue !!!! Ma voisine de bungalow me demande s’il y a un système d’alerte tsunami… 

Au centre du cratere de l'Ijen, l'extraction du souffre

L’Indonésie est immense, plus de dix-sept milles îles comme je vous le disais, je n’en n’ai vu que quelques unes : Batam la surréaliste et ses courses de motos en pleine nuit en centre ville ; Sumatra et ses chauffards tous plus déglingos les uns que les autres mais qui arrivent à s’éviter ; Java et ses paysages majestueux ; Bali l’hindou hétéroclites ; Gili Gili les îles sans moteur…

Le Frelon d’or : J’en aurais une ribambelle mais je vais choisir les potes croisés. Ça a d’abord été Nick l’anglais à Singapour. Comme ce francophone-francophile le disait tout le temps « on n’est pas les plus malheureux » ! C’est vrai mon gars. Il disait aussi sans arrêt « jamais le jambon, jamais » mais ça j’ai toujours pas saisi. De bonnes bringues, de bonnes discussions, de belles visites dans cette ville vraiment étonnante. Merci mon rosbeef, ça a été parfait !
Puis j’ai retrouvé mes deux blondes, mes deux gamines, mes deux moustaches girls, mes deux « bebom », à savoir Clem’ et Tif Touf. A Bali, et on y est encore d’ailleurs. Des bonnes rigolades, des bringues d’anniversaires, des chasses à la tortue, des coups de soleils… Bali balo quoi ! Merci aussi les meufs, ça fait du bien d’être à la maison à l’autre bout du monde.
La pompe à vélo : Quelle est cette drôle d’odeur ? Ah, j’ai bien l’impression que ça sent l’écurie…  

THE moustache girls
 
Le fun : Les filles voulaient que j’écrive sur elles. Bien sûr c’était prévu ! Mais elles ont crû bon me donner des idées, voila donc un petit mix de leurs propositions.
« Alors les filles, que voulez-vous que je dise sur vous ? » :
« Tu pourrais écrire un hymne à notre beautééé, tu pourrais écrire des poèmes sur notre douceur, notre gentillesse, notre approche des animaux par exemple (!) ooooohhhhh les bébés je veux ramener un petit cochon à la maison ».
« Grâce à nous t’as arrêté de te faire bouffer par les moustiques. Grâce à nous tu as recommencé à vivre, tu as retrouvé le goût de la vie, tu as retrouvé l’appétit, et tu vas reprendre des kilos vite fait bien fait ! ».
« Je t’ai donné des cours d’apnée ».
« Tu pourras dire qu’on est les filles les plus cool de la terre, les plus incroyables que t’as rencontré. Tu peux écrire qu’on t’a sauvé, en fait tu devais venir nous voir en Australie mais t’es pas venu, pas à cause du visa mais parce que t’étais tout déprimé, au sommet du gouffre (!), et nous dans notre grande bonté on est venues sauver ta life tu vois, ok ?! ».
« Tu peux dire qu’on est tes muses par exemple, que tout ce que t’as écrit sur le blog c’était inspiré par nous, que t’as jamais rencontré des filles aussi sexy ».
« Que cette amitié forgée depuis quelques années déjà ne s’est que renforcée par ces retrouvailles à l’autre bout du monde, bon tu te démerdes tu brodes un truc comme d’hab’ ».
 « Par contre si tu parles de mon accent texan je te casse en quinze, mais tu peux parler de celui de Tiphaine - Qu’est-ce qu’il a mon anglais ? - Rien il est parfait, tu parleras de son anglais parfait ? »
« On est awesome ».
 « Aaahhhhhh il est train de nous enregistreeeer, il me met au bout, je suis sur la brèèèèèche ».
Rires et re-rires. Merci les filles pour ces quelques pistes de réflexions, j’en ai prit bonne note.

Benjo

PS Musical de Benjo : I can see clearly now, de Jimmy Cliff
PS Musical de Charpi : Est-ce que c’est ça, de M

14 juin 2013

La rubrique des surfeurs de canap’

Hier j’ai fait ma première séance de surf à la Brice de Nice. Un peu le même style, excepté la capillarité. Benji de Bali. Mais avant de surfer sur la vague, avec le Charpi on a surfé sur des canapés. Des sofas italiens, bosniens, grecs, turcs, iraniens, ouzbeks, kirghizes, chinois, vietnamiens, birmans, thaïs, malaisiens et indonésiens.
Au début des années 2000 est apparu un site internet, Couchsurfing.org, une sorte de réseau social pour rencontrer et/ou dormir chez le local. Tout ce tintouin, qui nous vaut un article aujourd’hui, a commencé quelques années plus tôt quand un des fondateurs du site, Casey Fenton, de passage en Islande, contacta une liste d’étudiants de Reykjavik, en leur demandant de l’héberger dans l’espoir de rencontrer des habitants de la région. Surprit par le grand nombre de réponses positives, il se dit alors qu’un autre mode de voyage était alors possible…
Le concept est assez simple, je vous explique ça vite fait. Par exemple, vous pensez passer dans quelques jours ou semaines par Boukhara, charmante bourgade d’Ouzbékistan. Certains choisissent Charleville-Mézières, d’autres Boukhara, c’est un choix. Sur ce, vous vous connectez au site, vous marquer le nom de cette ville, et apparaissent alors les personnes susceptibles de vous accueillir pour la nuit, pour un verre, ou pour ce qui lui chante. Aucune obligation de loger, c’est au bon vouloir de l’hôte. Mesdemoiselles, vous craignez que ce bel homme en photo ait un brin l’esprit tordu ? Ce n’est pas forcément faux mais vous pouvez également étudier son « profil » où il se présente et surtout où l’on trouve les commentaires des personnes ayant rencontré ce fameux bel homme. Vous en savez donc un peu plus sur lui… Et puis c’est tout ! Vous vous arrangez avec cette personne pour le rendez-vous à votre arrivée dans sa ville et en voiture Simone !

Ancona, italie, premier surf culinaire

Le site fonctionne très bien, de mieux en mieux. Pour plusieurs raisons surement : c’est l’époque des réseaux sociaux où les rencontres se font sur la toile ; les difficultés économiques relancent la solidarité entre les gens, entre les peuples, on est prêt à aider son voisin ; et peut-être un retour aux bases, avec la tradition perdue de l’accueil, de l’échange, de la rencontre, tout cela sans relation pécuniaire.
J’évoque deux raisons principales dans les bienfaits du CS : l’aspect financier et la rencontre avec les locaux. Mais vous pouvez rapidement annuler le côté pécuniaire, car avec Charpi, la plupart du temps on essayait de leur rendre la monnaie de la pièce si je puis dire, en les invitant aux restos par exemple. Mais ce n’est pas évident car la plupart veulent nous inviter encore et encore ! Bande de malpolis ! Et en plus si on insiste, ils s’offusquent car inviter fait parti de leur tradition. Soit.
La vertu unique est en fait la rencontre avec les autochtones, et donc l’appréhension de leur culture, de leur quotidien. Des autochtones souvent un peu occidentalisés car ils parlent anglais pour la majorité d’entre eux. La transition entre nos deux mondes est alors facilitée. On apprend beaucoup plus sur un peuple en quelques heures avec une Lia grec, un Arash iranien, une Qing chinoise, un Long vietnamien ou une Stella malaise qu’en plusieurs jours dans un hôtel. Remarquez, parfois cela fait beaucoup de bien de retrouver le confort et la culture occidentale dans une bonne auberge de jeunesse. Car l’ouzbek ne comprend pas toujours nos blagues !
Ce voyage nous a permit de surfer, et au retour, à notre tour nous accueillerons les surfeurs (bon, première étape, il me faut un appart’). En rencontrant tous ces gens si semblables et si différents, je me suis rendu compte que pour beaucoup d’entre eux, accueillir leur permet de voyager. Par procuration. Surtout dans ces pays moins riches ou mal vu des occidentaux. Soit il est difficile de sortir de leur pays, ils n’ont pas encore l’argent, ou ils attendent le moment opportun, quoi qu’il en soit ils emmagasinent du rêve (oui oui c’est nous le rêve) et préparent leur voyage. L’exemple le plus criant étant l’Iran, pays où il est très difficile d’avoir un visa pour l’étranger, excepté quelques pays comme la Turquie ou la Malaisie.

La clic des iraniens

Mais il est parfois compliqué de recevoir pour eux. C’est interdit en Birmanie, du coup les expat’ prennent le relais. En Iran, ce n’est pas vraiment conseillé… Javal d’Ispahan en a fait la mauvaise expérience et est passé très prêt de la correctionnelle. Parfois c’est la famille qui bloque. Buse d’Ankara nous a alors accueillit lorsque ses parents étaient partis dans le sud, sans rien leur dire… L’envie de cotoyer de l’étranger était trop grande.
Une grande partie des hôtes sont prit entre leur pays et l’occident, entre leurs racines et une envie d’ailleurs. Ils ne savent plus quoi faire, partir ou rester ? Ils sont partagés, ne se retrouvent pas totalement dans les deux univers. Ce même Javal, à force de rencontrer des occidentaux, était devenu très différent de ses amis iraniens. Rahima en Ouzbékistan (à Boukhara justement) nous disait qu’elle souhaitait clairement vivre ailleurs. Qing à Chengdu en Chine est assez mal vue dans son pays car à 30 ans elle n’est toujours pas mariée, car elle a quitté son boulot,… Elle n’est plus dans le moule. Ada est tentée par l’Occident mais subit la pression de sa famille (et de la religion) pour rester à Kunming au chevet de ses proches, notamment car elle est fille unique. Elle part quand-même, mais est toujours prise dans un étau…
La rencontre avec les locaux apporte beaucoup pour comprendre le pays, même si on ne devient pas des ethnologues confirmés en une semaine. Elle nous apprend par exemple à manger tel l’autochtone ! Parfois on leur apporte quelques recettes à la française, mais souvent on profite de leur cuisine locale. Les petits déj’ turcs, le coucou iranien, la langue de canard chinois, le Pho Bo vietnamien, les noodles malaises, le tempe indonésien… que ce soit avec les couverts, les baguettes ou les doigts, l’important c’est le goût.

Un mariage ouzbèke, grâce à notre hôte Rahima

Ces rencontres nous auront permit également de bringuer à la locale. On a fréquenté des soirées vraiment atypiques, difficiles à trouver en logeant dans une auberge de jeunesse. Ça a commencé en Italie avec une soirée folk au milieu de la cambrousse puis ça s’est enchainé un peu dans tous les styles. La soirée classe au IF d’Ankara, la gay-party à Ispahan, les soirées bœufs musicaux en Iran, les mariages perses et ouzbeks, les karaokés en Chine et Indonésie, la boite surréaliste de Yangon en Birmanie ou encore la Full Moon Party de Kho Phangan en Thaïlande. Pour cette soirée, je ne connaissais personne, mais je voulais y aller. Et je me suis rappelé au bon souvenir du CS. Grâce au site j’ai pu donner rendez-vous à six autres surfeurs afin de bouger jusqu’au bout de la nuit… Un beau mix brésilien, finnois, indien, hollandais et français.
En parlant de mix, ça m’est arrivé aussi de loger chez l’expat’, un gars qui n’a donc pas grand-chose à voir avec la culture locale, mais ce n’est pas toujours important, l’essentiel étant l’accueil à bras ouvert. Un californien en Birmanie, une colocation de nigérian-yéménite à Kuala Lumpur, Malaisie, un rosbeef à Singapour.
Mais ce site est un peu limité, donc on a improvisé. Par exemple en Cappadoce turque, on a fait du CouhHôtel, un nouveau concept consistant à s’incruster de nuit dans une chambre d’hôtel d’autres voyageurs. Pour pas un rond bien sûr. A Téhéran, on a fini par virer notre logeuse, notre Grogol nationale, qui nous a laissé les clés de l’appart alors qu’elle rendait visite aux grenouilles. Un peu la même chose à Yangon ou le Cali-birman est parti avant moi…

Bringue CS pour la Full Moon Party de Koh Phangan

Si un jour vous prend l’idée de voyager hors des sentiers battus, tentez l’expérience. Encore plus si vous allez en Iran ou en Indonésie, là-bas il est vraiment aisé de trouver des hôtes. Il n’est d’ailleurs pas nécessaire d’aller à l’autre bout de la Terre. Pourquoi ne pas surfer sur les canapés de France ?
Mais le CS n’est pas indispensable, il nous est par exemple arrivé de rester chez des gens sans passer par le site : chez Agron au Kosovo, avec Stella en Malaisie, chez Nick l’anglais à Singapour etc.
Parfois pour un verre, un jour ou nuit, l’expérience CouchSurfing peut aussi durer plus de deux mois. Ça a (quasiment, chut) toujours été trop court. Et miracle de la solidarité voire de la fraternité humaine, il est toujours né une confiance aveugle entre nous tous. Un simple « bonjour, bienvenu » et c’est parti ! A quand cette confiance mutuelle entre les peuples, au-delà que par l’entrefaite d’un site internet…


Le Frelon d’or : Impossible de trouver un frelon d’or. Toutes les expériences sont belles, différentes et enrichissantes. Ces moments partagés m’auront en tout cas permit de comprendre que l’essentiel dans un voyage, au-delà des beaux paysages et des sites historiques, c’est bien la rencontre.
La pompe à vélo : malheureusement, le site est rattrapé par son succès. Désormais, beaucoup s’en servent comme simple plate-forme de rencontre, un peu plus qu’amicales (loin de nous l’idée avec Charpi bien sûr). Fort dommageable, mais cela n’enlève rien à l’essentiel.
Le fun : Probablement Javal l’iranien d’Ispahan. Nous n’y sommes restés que quatre jours mais il en profité pour nous raconter toutes les conneries possibles et imaginables, fort de son expérience d’hôte, un petit millier de voyageurs à son actif. Une auberge mais à domicile. On dormait tous au sous-sol dans une grande salle couverte de tapis, et il nous relatait ces histoires de logeur : héberger un nazi convaincu ; faire la Une d’un grand quotidien allemand en fustigeant les Ayatollah, être invité le lendemain par la police secrète, et être sauvé (c’est vraiment le mot) par un ami d’un oncle ; avoir un surfer qui abuse des drogues et qui est proche d’y passer ; héberger le plus fou des turcs, le « No Issue » man… Désormais il se débrouille pas trop mal dans une bonne dizaine de langues et il peut se faire inviter dans tous les pays du monde. Bien vu !

Benjo

PS Musical de Benjo : All is full of love, de Bjork

PS Musical de Charpi : Dancing girl, de Terry Callier

4 juin 2013

Nos meilleurs compagnons

Voila fort fort longtemps qu’avec Charpi nous avions entreprit l’écriture de cet article sur nos meilleurs compagnons. Puis il est resté au fond d’un placard. Le voila de nouveau sur la place publique, actualisé.
Depuis… un an qu’on bourlingue à gauche à droite, on s’est fait quelques amis bien fidèles, ils ne nous lâchent pas ou que très rarement. Eh oui, depuis le départ, on est franchement de mèche avec nos tongues et nos paréos.


Prêt pour un post mode ?

Concernant les tongues, l’utilisation reste somme toute assez basique. La seule option activée fut celle de tapette à moustiques albanais, dans un moment de détresse et d’énervement (une bonne vingtaine en une nuit, les murs s’en souviennent…). On en profite de ces flip-flaps, on les rabote au max, on soigne notre bronzage pédestre. A part lors des caillantes centre-asiatiques qui ne nous ont pas permit de faire les vas-nu-pieds, elles nous ont été plus que fidèles, bien qu’il ait fallu faire appel à certains remplaçants, certaines étant épuisées par ce voyage bien trop long pour leur petite épaisseur. Personnellement je ne compte pas féliciter Décathlon ayant été déçu du rapport qualité prix, au contraire je tiens à rendre hommage à la tongue birmane, véritable institution au pays de la Dame, ces petites tongues noires avec une sorte de revêtement velours des plus agréables au toucher. En Thaïlande, les expatriés birmans savaient que j’étais passé dans leur pays quand ils voyaient mes nu-pieds.

Les paréos nous permettent de nous faire de nouveaux amis

Pour les paréos, encore plus fidèles, c’est tout autre chose. Une foultitude d’options, la multi-polyvalence est leur marque de fabrique. Mag nous les a expédié tout droit des îles (plus précisément de Gwadaloupie) dont ils sont originaires. Enfin, quand je dis « dont ils sont originaires », il est marqué Made in Indonesia… mais t’en fais pas Mag, personne le saura. Ils ne nous lâchent pas, comme vous avez pu le remarquer sur certaines photos. Alors, ces utilisations ?

Salut Socrate, bien mangé ce matin ?

1.   A la caribéenne, attaché autour du cou et couvrant le corps. Charpi en est un ardent promoteur. En bonus, peut s’utiliser comme toge dans un amphithéâtre gréco-romain.
2.      A la tahitienne, autour de la taille. Option que je privilégie.
3.      En cheich, comme là-bas. Selon le besoin, laisser plus ou moins d’allonge sur les bras et les épaules pour éviter les coups de soleil.
4.   A la Ninja, comme disait notre hôte stambouliote Ayhan (en évoquant ces charmants nikabs noirs). C’est-à-dire couverture de tout le visage sauf les yeux, pour contrer les insectes volants et les tempêtes de sable.
5.      (Inch’) Allah ça ne va pas nous servir : bras en écharpe ou garrot.
6.      Utilisation plus rare mais tout aussi efficace : la bride à bestiaux. Penser dans un premier temps à trouver un bestiau.

Bestiau de Cappadoce

7.  Le paréo de confort : appui-tête pour une nuit en bus ou protège-fessard. On peut reprocher alors un certain manque de volume, notamment pour l’utilisation coussin.
8.    Toujours en option confort, comme écharpe bien sûr, bien utile pour les longues marches d’hiver au Kirghizstan ou en Chine occidentale.

Une longue marche au Kirghizstan, ça fatigue

9.  Evidemment, en couverture d’appoint, quand un air un peu trop frais nous titille l’épiderme.
10. Pour un mariage ouzbek, peut servir à faire danser la locale, tel le torero et sa proie, Charpi étant le fier dépositaire de cette vieille tradition du monde nomade.

Bukhara night...

11. A la plage : serviette, mais aussi protège le duvet du sable.
12. Finement travaillée, peut se transformer en sac en bandoulière, utile notamment pour le transport de bouteille d’eau.
13. En Indonésie, permet de passer presque inaperçu au milieu de tous ces locaux qui veulent prendre une photo avec un blanc-bec.

Incognito que je suis, incognito

14. Repère visuel efficace. Discrètement vêtus de jaune et orange, on se retrouve facilement au milieu de toutes ces couleurs parfois un peu tristounettes.

Vous le constatez vous-même, une foultitude d’emplois.
Pas rassasiés de nos paréos jaune et orange, notre fournisseuse officielle nous en offert deux autres pour Noël, un violet pour le Charpi, un rose pour moi-même. Et là j’ai envie de te remercier (ou pas) cher Mag. Certes, bon point, mon écharpe se marie désormais très bien avec ma guitare de voyage. Cependant. Autant quand on trainait ensemble avec Charpi on passait pour des prétendants au mariage pour tous, autant maintenant avec cette écharpe je n’ai même plus besoin de lui !

A votre santé

J’ai notamment fait forte impression à la Shwedagon Paya de Yangon à mon arrivée en Birmanie, le principal lieu de pèlerinage du pays. Etant en short, il me fallait quelque chose pour recouvrir mes guiboles, tradition religieuse oblige. Parfait j’ai mon paréo rose ! Ayant attiré les regards pendant les quelques heures que je passais là-bas, je ne comprenais pas vraiment ce soudain attrait pour ma personne. J’apprenais un peu plus tard que le rose est la couleur des bonzesses en Birmanie… Mag, en Birmanie les bonzes portent l’orange. Je vais m’y tenir si tu n’y vois point d’inconvénient.

Le paréo, facilitateur de rencontres (zamicales bien sûr)

Benjo

PS : ne pas oublier parfois de les passer à la lessive (au pire, au savon d’hôtel glauque). En effet, lorsque, pensant bien faire, on a prêté nos meilleurs compagnons (deux-trois fois, pas plu), on a parfois été repris sur la forte « personnalité » qu’on leur avait transmise.
PS Musical de Benjo : Can’t you hear me knoking, des Rolling Stones
PS Musical de Charpi : Iron hand, de Dire Straits