Kampuchea mon amour
La suite du Cambodge en images...
Quand on vous dit volley-ball,
vous pensez Italie, Cuba ou encore Russie. Jamais au Cambodge. Et pourtant, ici
c’est le sport populaire par excellence. Au couchant quand les températures
deviennent clémentes, on gonfle la balle au compresseur. Parfois un groupe
électrogène assure la lumière bien après la nuit tombée. Une fois je me
souviens, j’étais perdu en rase campagne avec deux miss de voyage. On venait de
casser notre tuktuk de location et notre pilote nous a laissé dans un village
en attente d’une solution. Une bande de jeunes m’a invitée à une partie. Ils
ont joué pour moi. Il faisait déjà bien sombre. Pas de groupe électrogène ici.
Parmi les joueurs, certains sont très jeunes. Ils fument, boivent dur.
L’alcoolisme fait des dégâts dans les couches pauvres. Autour du terrain, une
partie du village est venu pour voir jouer un « blanc ». L’un d’eux
me regarde fixement, il a une jambe en moins arrachée par une mine. Quand
l’actualité vous dit Cambodge, c’est pour expliquer que le Cambodge a été (est)
le pays comptant le plus de mines par habitant au monde.
Quelle vue !! Elle termine
une longue procession à travers le temple qui m’a le plus affecté. Le Prasat
preah vihear. Le guide du routard déconseille d’aller dans cette zone pour
cause de guerre entre la Thaïlande et le Cambodge. C’est vrai il y a eu des
échauffourées l’année dernière. Bilan 7 morts. 5km² de contentieux. Faut dire
le sol est plein d’hydrocarbures. Le conflit est latent. Par contre côté
cambodgien une guerre est en cours. Une guerre qui oppose les hommes aux
arbres. Sur la photo, vous devez imaginer que les plaines que vous voyez
étaient couvertes d’arbres il ya une trentaine d’années. Aujourd’hui le pays
subit une déforestation massive et quasiment incontrôlée.
A Phnom Penh, le quartier du
palais royal semble bien vide. Il l’est ; mais il y a quelques jours la ville
a doublé sa population pour la crémation du roi Sihanouk. Mort depuis trois
mois, son corps était en expo pour ceux et celles qui souhaitaient lui rendre
hommage. Une immense pagode a été construite pendant ce délai (c’est le
bâtiment que vous voyez au fond). Total de la facture 12 millions de dollars.
Bref ce que j’aime dans cette photo, c’est le moine bouddhiste qui comme chaque
matin part faire l’aumône, le vide en plein centre ville, la modernité en cours
avec les travaux urbains et le passé colonial de la ville.
Les enfants sont formidables.
Joueurs, rieurs, bagarreurs. Vous ne pouvez pas venir au Cambodge et les
louper. C’est impossible. Vous n’entendrez jamais autant de « hello »
dans votre vie et tant que vous répondez et rester près d’eux vous y aurez
droit. Sortez votre appareil photo et là ça devient dément. En plus si vous le
faites en nocturne, la simple lumière rouge les rendra complètement dingues. Je
me souviens même d’un artiste en herbe. Avec le Benjo on vous le dit sans
cesse. Ces gens-là que l’on croise avec des objectifs d’un mètre de long mais
qui ne savent pas cadrer correctement. Et bien ce gamin de 7 ans, un reflex
dans les mains et on avait le futur Robert Capa. Ces gamins du Cambodge sont
instinctifs. Ils ont trois fois rien mais ils conduisent des vélos d’adulte à 3
ans, des motos à 8, servent les bières aux parents…
C’est le panneau de signalisation
le plus répandu au Cambodge. Le multipartisme est autorisé. Mais comme souvent
il y a la loi et l’esprit de la loi. Au Cambodge c’est clair, le parti qui
compte c’est celui du premier ministre actuel, ancien khmer rouge repenti, une
série de casserole couvert par le secret d’Etat, 10ème fortune
mondiale, acquise au mérite, à la seule force du poignet vous vous en doutez.
Un exemple pour la jeunesse. Propriétaire des stations d’essence du pays et
d’entreprises de bois. Il soumet à de sévères taxes ceux qui coupent les bois
protégés. La loi et l’esprit de la loi on vous dit. Bref son parti est celui du
peuple. Ah ce que j’aime quand les grands de ce monde travaillent pour le peuple,
se projette à leur image, on s’y croirait.
Charpi
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