Il était une fois…
Le centre du monde. Les anciens
l’appelaient ainsi. Ils venaient de traverser l’un des berceaux de la
civilisation. L’Iran, le pays des aryens. Patronyme dévoyée par la folie de
quelque uns au cours du 20ème siècle.
La nuit était tombée depuis
plusieurs heures et pourtant la chaleur étouffante régnait partout dans la
ville. L’air marin du golfe persique tout proche n’y changeait rien. Les sols
alentours étaient nus. La salinité des terrains rendait difficile les cultures.
Les rues de Bandar Abbas étaient sales, l’odeur des déchets remontait aux
narines de Xerxès. Il trainait une vilaine grippe depuis qu’ils avaient quittés
Yazd avec Darius. Voilà plusieurs jours qu’il voulait laisser quelques traces
écrites de leur périple à travers l’ancienne Perse. Il aurait bien aimé
transcrire toutes ses idées dans la langue originelle des iraniens : le
cunéiforme, mais il ne connaissait ni cette dernière ni l’alphabet actuel
hérité de la domination arabe.
Avec Darius, il avait trouvé
refuge dans un hôtel local climatisé à l’excès comme tous les endroits ici. Ils
attendaient leur train pour remonter sur Téhéran et rejoindre leurs amis.
Xerxès avait du temps. Du temps pour se souvenir… Esfahan…Shiraz…Yazd… les îles
du golfe persique (Hormoz et Qeshm).
Il fallait bien quitter Téhéran
un jour. Darius et Xerxès avaient pris le mode de transport le plus économique
et aussi le plus fantasque pour deux jeunes avides de rencontres. A bord du
train, la nuit ne fut pas des plus agréables. La peur du déraillement était
sans cesse présente. Au petit matin, la fatigue ne les cloua pas pour se lancer
dans une visite effrénée d’un des joyaux de la Perse antique, Esfahan. Ville
plus que millénaire, considérée comme une des plus belles cités du monde
islamique. La place principale, l’Imam square est un ancien terrain dédié aux
matchs de Polo. Aujourd’hui elle est bordée par l’Ali Qapu palace, la mosquée
de l’Imam et son dôme aux mosaïques bleues qui rappellent qu’elle est réservée
aux hommes. Plus loin la mosquée Sheikh Khaneh Sonnati contraste avec son dôme
et ses mosaïques marron. Elle n’est plus utilisée ; elle était réservée
aux femmes.
La place est immense. Les soirs,
particulièrement pour la fin de semaine (jeudi et vendredi), les gens pique-niquent.
On entend les conversations monter, Les lumières habillent les bâtiments. Ces
derniers offrent leur meilleur profil aux yeux de tous.
Si-o-se bridge, Esfahan. Rivière à sec pour la construction du métro |
Plus tard Darius et Xerxès se
perdirent dans les tréfonds du Bazar. Revivant le passé glorieux des routes de
la soie à travers les anciens caravansérails. Ces places centrales incrustées
dans le bazar pour accueillir les chameliers et leurs montures. Stocker les
marchandises avant leur vente.
Encore deux édifices incroyables
de par leur esthétique : La Mosquée de Jameh, la plus grande d’Iran. 800
ans d’âge et un ravissement pour les amateurs d’architecture et de sculpture en
stuc. Sorte de plâtre composite. Le temps chaud et sec permet aux œuvres de
résister au temps.
Sur le retour, Darius et Xerxès
prirent le temps du thé avec des ouvriers au milieu de la cour de la Mosquée
d’Hakim. La plus vieille d’Esfahan. Personne à part eux. Ils ne parlaient pas
Farsi mais ils se firent comprendre aisément quand une envie des plus
pressantes se fit sentir au niveau du bas-ventre. Ici la brique est le matériau
utilisé pour toutes les constructions.
Ils passèrent trois jours
merveilleux et plein de surprises à Esfahan. Leur hôte, Javad, était de
l’espèce des couillons (apparu en même temps que l’humanité elle-même). Ce qui
leur allait parfaitement. Il leur fit goûter au folklore local à travers une
soirée virile. Il avait mille histoires à propos des 800 invités qu’il avait
déjà logés.
Avant de quitter la ville, ils
profitèrent des vélos mis à disposition gratuitement par les autorités. Du
carton-pâte monté sur roue qui offraient l’opportunité de se remplir les
poumons de cet air si particulier des villes iraniennes. Un mélange de méthane
et de CO2 dosé à souhait. Quand la mort vous va si bien, ne pensez plus au
lendemain.
Plus au sud, vers le cœur de
l’ancienne Perse. Shiraz et la cité antique de Persépolis (Takht-e Jamshid).
Les deux villes se ressemblent. Perchées à environ 1600m sur des hauts plateaux
semi-désertiques. Même passé glorieux, même population, environ deux millions
d’âmes. Des montagnes jeunes de type alpin se dressent tout autour. Les
voitures stressantes ont remplacé la douceur lancinante des dromadaires. Maryam
et Albi ont accueillit Darius et Xerxès dans une période difficile pour eux
mais leur hospitalité n’avait d’égale que la splendeur de Persépolis.
Tombe royale (petit modèle) à Persepolis |
Cette ancienne cité symbole de la
gloire des Achéménides. Un des hauts lieux de pèlerinage du zoroastrianisme, la
religion historique des iraniens. Darius et Xerxès ignoraient quasiment tout de
cette culture avant de se rendre sur le site antique. Ils apprirent que
beaucoup des iraniens ne soutiennent pas le gouvernement actuel car il est
héritier des arabo-musulmans qui ont conquis la Perse à partir du 7ème
siècle. Tout les sépare, la langue, la religion, l’écriture. Les aléas de
l’histoire les ont confrontés. Aujourd’hui ce passé est idéalisé, revendiqué et
sert de base aux contestations anti-régime. Pourtant la religion
zoroastrianiste compte moins de 200 000 adeptes dans le monde. En Iran le
centre le plus actif est à Yazd. Plus tard dans la journée, Darius et Xerxès
devaient apprendre l’origine de leurs propres noms ! Illustres rois de
l’époque Achéménide. Ils eurent droit à des funérailles somptueuses et leurs
tombeaux furent érigés dans la roche. Splendides édifices qui rappellent Petra
en Jordanie. Un temple du soleil se situe juste en face des tombes des rois.
Ces temples faisaient partie intégrante du zoroastrianisme. Les croyants
devaient prier Ahura Mazda en direction de la lumière. La seule que les anciens
contrôlaient était le feu. Des temples furent créés pour garder le feu
éternellement.
Un bon' ap' à Shiraz |
Le séjour de Darius et Xerxès à
Shiraz leur offrit l’opportunité de rencontres folkloriques. La jeune Maryam,
actrice révélée avec le film Blanche-neige où elle interprète la méchante qui
demande à son miroir « miroir mon beau miroir qui a le plus beau nez de la
création ». Son mari Albi,
talonneur moderne, vif et racé, dur sur l’homme (surtout sur la secrétaire),
habile de ses mains que Maryam dit incroyablement baladeuses. Un jour, Xerxès
eut un moment de doute quand il se retrouva seul avec un autochtone arrogant.
Pro-gouvernemental, il transpirait la haine par tous ses pores. Une seule
valeur prenait forme dans son discours : l’argent.
Il était temps de changer d’air.
Yazd est renommée pour être une
des plus vieilles cités au monde. Située sur les hauts plateaux désertiques,
elle est balayée régulièrement par les tourbillons de sable qui soufflent du
désert voisin et lui rappelle la dureté des lieux pour l’Homme. Pourtant Darius
et Xerxès connaissaient le passé glorieux de la ville situé sur les routes de
la soie. Leur illustre ancêtre Marco Polo avait décrit le vieux centre comme
l’une des merveilles de ce monde. Et Allah sait que Marco il en a vu des
bordels… euh des bazars.
A leur arrivée, Darius et Xerxès
ont retrouvés leurs amis de Téhéran descendus spécialement pour le week-end
saint. L’ambiance prenait une toute autre saveur avec Grogol, Sohrab, Mahdi et
Farzaneh. Ce fut deux jours hors du temps. Yazd est un magnifique voyage
temporel baigné de mysticisme. La vieille ville est un exemple d’adaptation aux
contraintes de l’environnement. Les maisons étaient (sont) construites avec un mélange de paille
et d’argile afin de maintenir la fraîcheur intérieur. Nombreuses sont les
structures souterraines qui servent de refuge au moment des grandes chaleurs.
Des mini-patios où serpentent des canaux encore usités. Maintenir des
températures raisonnables était un leitmotiv si puissant à l’époque que la
ville de Yazd est connu pour sa forêt de Badgirs.
Des tours captant la moindre brise d’air. Le fonctionnement est basé sur les
pressions atmosphériques. L’air chaud est capté, se refroidissant dans la
structure, il se fait plus lourd et donc chute à l’intérieur alimentant les différentes
pièces raccordées à la tour principale. Un système complètement naturel de
climatisation.
Darius et Xerxès étaient
également très surpris par la sobriété extérieure qui contrastait avec le luxe
et l’opulence des intérieurs. Des miroirs partout y compris dans les chambres à
coucher aux quatre coins. Xerxès a bien essayé d’y voir des pratiques liées à
la chaire. Grogol ne lui a guère laissé loisir d’exercer ses talents de
bouffon. Le travail du verre ainsi que les bassins étaient des marques de richesse.
L’eau, dans ces milieux, décide
de l’implantation des hommes. Trouver de l’eau dans les déserts est chose aisée
pour celui qui sait manier une pelle. De nombreux oasis sont visibles dans les
alentours de Yazd. Tous ont un système d’irrigation traditionnel appelé Qanat. Le fonctionnement est déterminé
par la gravité.
Les journées étaient riches
d’enseignement pour Darius et Xerxès surtout auprès de leurs amis, véritables
puits de science. Mais la chaleur mettait les corps à rude épreuve. Après de
longues heures passées à parcourir la ville, les soirées étaient consacrées au
perfectionnement de l’art du Backgammon.
Petit-déj local |
Une fois, Darius, terrassé par la
fatigue et une mauvaise fièvre, avait du renoncer à participer à des festivités
chez des amis de Grogol et Sohrab. Xerxès fut de nouveau frappé par
l’hospitalité spontanée et sans autre intention que de satisfaire et de prendre
soin de l’invité. Il lui fut impossible de fournir la moindre aide. Ses hôtes
la refusant à chaque fois. Il
interrogea les locaux sur ces traditions. On lui répondit que c’était comme ça.
Au cours de la soirée, Xerxès était affable, la marée basse guettait son
gosier. On lui apporta de l’eau sans qu’il n’ait même formulé une demande. On
lui dit qu’en Iran, l’hôte doit deviner les souhaits de ses invités avant même
qu’ils les aient exprimés. Xerxès tenait enfin une bonne occasion de prouver la
duperie. Voilà des jours qu’il souhaitait des filles et de l’or dans un bol
(pratique encore très courante dans certains mariages ; spécialement dans
le sud où la famille du marié apporte un bol d’or à la future femme). Néanmoins,
la soirée fut un ravissement pour les papilles : du poulet fesenjun sauce grenade et noix, des
dattes confites, du riz au safran et aux raisins, des confits d’aubergines
épicées. Les mignardises accompagnant le thé parachevaient ce festin. De retour
à notre chaumière, l’entrée dans le domaine des songes se fit au son des
trompettes nasales de Darius livré à Morphée depuis des lustres.
Tôt le lendemain, toute la troupe
d’amis s’enfonça un peu plus dans le désert en direction de la cité sainte des
zoroastrianistes : Chak chak. Il y avait plusieurs jours que Xerxès avait
réclamé du désert à son compagnon de voyage. Le voilà qu’il était dans ce
territoire de, et pour, solitaires. On est seul dans le désert et pourtant on
ne l’est pas. Un désert est rempli d’énergie, de forces qui se développent à
des niveaux incommensurables. On vient dans le désert pour essayer de capter
ces choses là. C’est dans le désert qu’on devient croyant et connecté avec
l’ensemble de l’univers. C’est l’histoire d’une poussière qui vibre, vibre
jusqu’à exploser et donner un souffle vital à une matière encore inerte.
Sur la route Xerxès ne doutait
plus. Les trois grandes religions monothéistes étaient nées dans des zones
désertiques. Dans le désert on ne peut que croire à l’existence du monde car il
y a de la place pour ça. Ici rien n’est saturé. Les éléments fusionnent
harmonieusement. L’humain faut partie d’un espace-temps qu’il ne cherche pas à
contrôler ; Il veut simplement pouvoir en toucher sa substantielle moelle
pour ne serait-ce qu’un instant s’améliorer.
Le site de Chak chak s’inscrivait
dans cette vision. La légende veut qu’une princesse perse ait fuit les
persécutions arabes. Elle eut trouvé ce site à flanc de montagne pour y
installer un lieu saint. Ici cohabitent la terre, l’eau, le feu, l’air et le
cinquième élément (sauf qu’il a plutôt du poil aux pattes et une bonne beubar dans ce film). Un moment magique.
Au pied du site, une caravane des temps modernes s’installe pour la nuit. Des
barbares venus des forêts humides de Germanie. Pas de carpettes persiennes ni
de dromadaires ici mais plutôt du combi BMW et mercedes-benz high-tech équipés
avec les dernières gazinières à la mode. Des teutons au pays des aryens.
Grinçante symbolique. Une espèce de retour aux sources (ouh ! c’est limite
ça). Le Désert et sa spiritualité.
Notre retour sur Yazd nous a fait
goûter aux caprices climatiques de ce territoire si particulier qui souffle le
chaud mais aussi le froid la nuit venue.
Le jour suivant, Darius et Xerxès
devaient végéter seuls dans la ville de Yazd alors prise dans une fine tempête
de sable. Leurs amis étaient remontés sur Téhéran. Eux avaient décidé de
redescendre dans le sud, près du Golfe Persique.
Trois heures qu’il essayait de
trouver le sommeil mais l’insoutenable odeur de pétrole l’en empêchait. Son nez
le faisait souffrir. Il avait de la fièvre. A son tour il tombait malade. Le
trajet en bus fut une fois de plus une corvée tant pour les corps que pour les
nerfs.
L’arrivée à Bandar Abbas rappela
à Xerxès la première fois qu’il posa le sol sur son île guadeloupéenne. Une
chaleur d’Hammam l’enveloppait. Soudain un avion passe, un mig 28, de cap sud.
Vers la Syrie se dirent-ils ? Personne ne sait et tout le monde sait. Le
gouvernement iranien supporte la clique de Bachar. A quand l’envoi du
champignon 235 ?
La venue de nos deux compagnons
dans l’extrême sud bouillonnant de l’Iran était motivée par l’attrait de deux
îles au large des côtes perses : Hormoz et Qeshm.
Au petit matin, le soleil était
déjà haut. Leurs visages étaient harcelés par l’astre mais la fraîcheur de la
brise rendit la traversée plus agréable. Sur le bateau qui les emmenait sur
Hormoz, ils firent la connaissance du seul scientifique de l’île. En poste ici
en tant que géologue et océanographe. Ce fut une véritable chance pour eux. Il
possédait une voiture et leur proposa de faire un tour sur l’île. Quelle
découverte ! Une merveille géologique que cet ancien comptoir portugais.
Un ensemble de couleurs ahurissant. Néanmoins la vie était rude ici. Six mille
âmes réduites à une seule activité, la pêche. Darius et Xerxès étaient frappés
par la désolation ambiante comme si le souffle de l’apocalypse été déjà passé
ici. L’interprète des pierres qui les
accompagnait leur fit découvrir des noms autant exotiques et variés :
lemonite, riolite, pyrite, soufre… Plus tard ils devaient rejoindre l’ancien
complexe portugais et voir deux curieux édifices : une église enterré et
construite en corail pour filtrer l’humidité ainsi qu’une citerne du même bâti
où régnait une chaleur de hammam. Une contenance impressionnante. Les quelques
jours de pluie assuraient de l’eau pour le reste de l’année où les températures
atteignent 50°c. L’eau de pluie était filtrée par la construction en corail. La
simplicité des génies, encore une fois.
Chaleurs persiques, mais shorts interdits |
Le lendemain Darius et Xerxès se
rendirent sur Qeshm. Plus grande, plus active du moins la ville du même nom où
les bateaux venus du continent débarquent son lot de curieux. Mais le temps
semble s’être arrêté également. De nombreux projets de construction à visée
touristique restent inertes, à l’abandon. Passés la ville principale. Le désert
et rien que le désert interrompu par les traversées de dromadaires. Quelques
villages cassent le vide sablonneux et rocheux qui les entoure. Parfois au
détour d’une rue, une femme avec un long niqab
coloré et un curieux masque coloré en forme de bec d’aigle qui recouvre le
visage. Habit traditionnel dans le sud.
Lors de leur séjour sur cette
île, Darius et Xerxès ont pu rencontrer des gens venus comme eux de contrées
lointaines : camerounais, philippins, ouzbèks. Tous avaient immigrés dans
la Dubaï voisine en quête d’une vie meilleure. Tous attendaient de nouveau le
renouvellement de leur visa pour y retourner. Pour certains c’est le paradis
pour d’autres une nécessité. Pour Darius et Xerxès c’était l’occasion de
toucher du doigt et de vivre pour quelques instants l’histoire de ces migrants
que l’on voit en permanence au journal de 20 heures. Le jour d’après ils
partagèrent une journée à travers l’île avec l’un d’entre eux, Sami. Il a
quitté Douala depuis deux ans, il rêve de devenir footballeur. Il n’aime pas
Dubaï. Il nous explique que certaines des filles de l’hôtel attendent aussi une
nouvelle autorisation de travail afin d’exercer un vieux métier, un très vieux
métier.
Pendant une journée, néanmoins, ils
oublièrent tout et se laissèrent subjuguer par les mille trésors de Qeshm. Des
canyons creusés par l’eau et la force des vents à la plus grande grotte de sel
du monde. En chemin ils burent pour la première fois de leur vie l’eau pure
d’un puits, partagèrent des dattes et des noix avec une famille sur les
hauteurs de Laft. Ce village aux confins de l’île proche de la mangrove.
Célèbre pour ses fabriques de bateaux traditionnels en bois. Ils goutèrent aux
délices d’un bain dans le golfe persique. Au loin des tortues osaient parfois
sortirent la tête. Plus tard ils devaient traverser la mangrove, observer des
pêcheurs de crevette dans leurs manœuvres. Xerxès eut même un moment de
nostalgie quand il découvrit que les locaux aimaient à s’adonner aux dominos.
Une journée chaude qui se terminait par un des plus beaux couchers de soleil,
les badgirs de Laft apportaient
maintenant la fraîcheur pour la nuit. Darius et Xerxès devaient passer une
journée de plus à Bandar-Abbas avant de retrouver d’anciens compagnons :
Paykan, Saba Seipa et Peugeot 206.
Ils étaient maintenant à bord du
train qu’ils les ramèneraient à la capitale. La traversée des steppes
désertiques au coucher était une invitation à la rêverie. Alors Xerxès rêvait
que ce pays puisse resplendir de nouveau. Faire oublier ses paradoxes actuels
qui nourrissent chaque jour l’actualité des médias du monde entier. Un pays qui
subit un embargo international dont les premières victimes sont les populations
les plus pauvres. Un paradoxe pensa-t-il quand on sait que l’Iran est la 18ème
puissance économique mondiale et qu’il possède les 2èmes stocks de
pétrole et de gaz du monde entre autres. Une culture multimillénaire. Un peuple
parmi les plus brillants et hospitaliers du monde moderne. Des nez et des seins
refaits à chaque coin de rue. Que demande le peuple si ce n’est des vacances
pour venir en Iran…
Le fun de la semaine :
Les histoires de Javad, notre hôte à Esfahan. Ses déboires avec notamment deux
allemands : un néonazi et un journaliste. Le premier était une espèce de
morceau de vandale à la recherche d’une iranienne. Le second est l’auteur d’un
article sur l’Iran moderne avec comme témoin privilégié Javad. Ce dernier ne
s’est pas méfié quand le journaliste lui a envoyé le lien (en allemand de l’article
qui était paru dans le Zeitung). Tout a commencé à se noircir quand Javad a
réussi à se faire traduire l’article en question. Rien que le titre « nous
ne sommes pas tous comme ces putains de mollahs » juste en dessous une
photo de Javad avec sa moto. Javad a commencé à paniquer réellement quand
l’intelligence service iranienne a appelé chez lui, le priant de venir au
poste. Heureusement pour lui un ami d’un ami d’un ami de son oncle était en
cheville avec le chef de la police à Téhéran. Les choses se sont tassées. Enfin
manière de dire…
La pompe à vélo : On
est à Shiraz en train de se balader avec le Benj’ quand un local nous aborde.
Au bout de quelques minutes il devient un peu lourd. Benj’ préfère rentrer au
Couch, moi je voulais visiter une mosquée pas loin mais le mec me colle aux
basques et il parle, il commence à être hyper méprisant, insulte la France,
parle que d’argent et me reproche d’être une espèce d’impie qui met le souk
dans son pays. Bref mauvais délire surtout qu’il allait à la même mosquée que
moi. Dans ces cas là il vaut mieux prendre une bonne bouffée d’oxygène et se
dire que des mosquées on en verra d’autres. Comme quoi, il y a aussi quelques
fanatiques…
Le frelon d’or : De
loin, les deux jours à Qeshm avec notre taxi-driver, un morceau de couillon et
Sami le camerounais. Deux journées inoubliables. Si vous avez l’occasion de
passer dans le coin prenez le temps d’un stop.
Charpi
PS musical de Charpipo : Blue drag, de Django Reinhardt (oui messieurs dames, le Charpi se manouchise :-)
PS musical de Benjo : Freely, de Devendra Banhart