7 nov. 2012



Goozgooz wedding !

Samedi 3 novembre 2012. Tehran city.

10h00 : on se réveille avec quelques contractures. Tu parles, la veille on a tâté du cuir avec les locaux. On manquait de caisse. Et puis on boit, on fume (un peu de tout ^^), on mange beaucoup, on dort peu.

10h12 : On apprend qu’on est invité au mariage du frère du mari de la sœur de Fafa. Ouf !

10h15 : Panique à bord ! Pas de costume. Juste un vieux caleçon usé, une paire de basket, un jean. Pas super classe. Notre pays est quand même dans le top trois des fleurons de la mode. Merde on dépense une moyenne de 12 000 euros pour le mariage.

11h00 : Après un petit déj’, nous voilà a en quête d’habits pour la soirée. Mahdi a déjà dépoussiéré quelques fringues style Giorgio Armani mais va donc habiller 1m88 de Badouard.

13h00 – 18h00 : Avec Mahdi et Momo (Jean-Mahmoud) on passe d’une place à l’autre. Chez Momo on récupère une paire de pompes. Le Benj’ essaye un costume du dit Momo. Mais comment dire ce dernier fait un bon 48. Le Benj’ est resté bloqué au 42 de son enfance et ses cuisses de grenouille
font pâle figure dans le pantalon à pince. On envoie valser Maxim’. On passe à autre chose.
Autre lieu, autres mœurs. Le sud de Téhéran, on change d’ambiance, plus populaire. Un pote de Momo ; un peu plus grand, un peu plus fin. L’appart est sans dessus-dessous ; Les murs sont dépeints voire délabrés. Mais le gars est sympa, il nous paye un thé, un vrai avec les herbes et tout. Et puis le costume sied au Benj’. Après quelques essais on trouve le ton. Entre le geek ingé’ de chez Google, le business-man attaché-case et le beau gosse version cravate et tissu-veste gold on n’a pas hésité. Le tout est emballé dans une housse Hougo Boss (non il n’y pas de fautes)

Ok ?!

Dernier stop. Après une bonne dose de trafic-jam au son de crosstown trafic de Jimi, on arrive chez Hamed et Sara, amis de Fafa et Madhi. Hamed me laisse son costume. Très classe spécialement le gilet. Mais j’ai comme qui dirait les bouliches un peu à l’étroit. Je fais un 42, Hamed un 38. Résultat il va falloir bien gérer Lyne.

18h00 – 19h00 : De retour à la maison, on se fait beau, on s’apprête, on se maquille. Tout le monde envoie du lourd.

20h00 : On récupère les parents de Fafa. Puis départ, direction le lieu de la fête. Les filles, dans une voiture, avec le père. Les trois garçons dans le taxi. On traverse Téhéran encore et encore. La taille de cette ville !!

20h30 : Arrivée en bas d’un immeuble. Y’a de la grosse musique techno iranienne dance floor bien « dagalasse ».
On dirait un parking. Effectivement, c’est un parking souterrain, reconverti pour l’occasion. Bon y’a du beau linge Porsche Cayenne, dernier né de chez Toyota etc.
A l’accueil aussi ça envoie, que des filles ultra sexy toutes voiles dehors. La plupart sont des fakes. Tout est refait. De la petite jeunette à la vieille belle c’est un concours de bistouri auquel on assiste un peu médusés. On est les seuls étrangers. En cinq minutes toute l’assemblée sait qu’il y a deux français dans l’assistance. Mais je fais un peu plus illusion maintenant avec la barbe et les cheveux bruns.

20h45 : A peine arrivés, que le frère du marié nous emmène dans une salle au sous-sol. C’est ici qu’on boit. Ce qu’il faut savoir en Iran, c’est que chaque mariage a droit à sa descente de police. Comme l’alcool est prohibé, il faut s’organiser. D’où cette petite pièce underground. Les « schmidts » n’étant pas dupes il y a très, très souvent de la corruption pour faire en sorte que la fête continue.
Au sous-sol donc on croise tous les papas bons chics bons genres en train de se la donner grave. Et ça boit de la bière maison, du bon vieux aragh et ça fume. A part Fafa qui est descendue avec nous l’ambiance est virile.  Moi ça me fait doucement rire. Ce sont les mêmes qui vont te faire la morale et te mettre en avant le code de conduite qui se retrouvent déchirés comme des draps de pauvre.

Allez fais bisoux aalleeeezzzz

21h00 – 23h00 : Place à la danse. Enfin ce n’est pas vraiment dans la culture locale. Il y a bien quelques jolis mouvements traditionnels. Mais ça dure rarement. Faut dire que le DJ est particulièrement en forme pour nous offrir un florilège de kitsch. Tout le monde a l’air de se marrer. A la décharge du peuple iranien il faut bien se dire que tout ça se fait dans un contexte de suspicion permanente. Tous les moments de fête subissent la pression des bandes armées de l’Ayatollah.
Sur la piste c’est pas évident, évident. Les filles sont très attirantes mais faut pas toucher car le frère est là ou le mari ou le père parfois les trois en même temps. Un men’donné je me retrouve en charmante compagnie, la musique est cool. J’invite la meuf à danser et là je vois débouler un bonhomme (son mari NDLR) qui lui indique clairement de ne pas danser avec moi. Bon Ok . Résultat je me retrouve à trémousser mon derrière avec des mecs.
De temps en temps on redescend dans les limbes histoire de s’imbiber de bière. Une fois on a eu besoin d’extirper un peu de liquide. Je rappelle à nos lecteurs que je danse avec un 38 ; Double challenge pour la vessie.
On ne trouve pas les toilettes. Mahdi nous indique le lieu et là on se retrouve dans une salle annexe avec sauna, piscine chauffée, la totale. Il nous explique que, parfois, ils viennent avec Fafa nager ici. Ça ressemble de moins en moins à un parking souterrain.
La soirée avance, les musiques s’enchaînent. Faut pas traîner. Une Amanda Lear locale (mais qui habite aux Gratte-ciels à Villeurbanne !) me court après. C’est impressionnant elle doit avoir dans les 37-38 ans tout est faux de la tête aux pieds.  
Côté Benj’, il accroche avec une minette du cru qui d’entrée de jeu lui a présenté son frère. Merde.

On dirait que c'est Charpi le mari

23h00 : Tout s’arrête subitement. L’intendant annonce le gâteau. Il y a comme un rituel autour de ça. On danse chacun son tour avec le couteau. Puis on réserve le gâteau pour plus tard. Le DJ qui n’a pas trop comprit la tournure des événements remet du son qu’il recoupe aussi sec une fois que le gestionnaire lui explique que c’est l’heure de se remplir la panse.
Je me retrouve à table avec Amanda. Malheureusement pour moi tout a été refait sauf le cerveau. J’apprends qu’elle vit en France depuis 8 ans et qu’elle est revenue en Iran pour quelques jours histoire de se faire refaire le nez. Le prix du billet plus de la chirurgie restant largement inférieur à celui pratiqué au pays. P.A.S.S.I.O.N.N.A.N.T !! Je me dis bon le Benj’ va mieux s’en tirer. Que nenni ! Il est tombé sur une accro du shopping. Hé ouais ! C’est comme en France les filles les plus intéressantes elles sont déjà prises (sans jeu de mots). [La censure étant à son acmé dans ce pays, le comité de surveillance de TeD a décidé de laisser cette phrase hautement polémique].

23h45 : Repas expédié. Alors qu’en France ça dure des heures et des heures. En Iran on mange vite très vite. Pourtant y’avait quoi de prendre son temps : riz composés, brochette de poulet, cake à la viande, crudités, soupes…
La musique reprend pour quelques minutes. Les dernières danses, annonce Monsieur Loyal.
Quoi !? C’est une blague !? On commence tout juste à être chaud. Non c’est bien réel. Dangereux de faire durer plus longtemps, la police peut débarquer et couper court aux festivités.
Le DJ essaye tant bien que mal de la jouer en solo. Il nous balance Stromae « alors on danse ». Encore un paradoxe de plus. Alors on… stoppe tout. D’un coup, d’un seul. Et puis tout le monde s’active, on tourne les chaises, on dresse un écran et un projecteur, on allume le PC portable dernier cri. Avec le Benj’, on se dit bon on va se regarder un film, c’est ça de gagné. Pas du tout du tout. On a droit à un quart d’heure de clichés des mariés. Un festival de « je me la raconte grave ». Et je te pose au ski, devant la tour eiffel, devant un 4x4, poses de beau gosse, petite tenue légère. Bref du goozgooz too much à fond les ballons.

Comme au cine

00h00 : Happy end ? Presque. On apprend que la police est venue, histoire de…

00h20 : Dans la voiture, sur le retour, Fafa nous raconte un peu l’histoire de la famille (qui est aussi sa famille par alliance). Une partie vit aux USA ; Deux fois gagnants de la loterie nationale là-bas. Propriétaire de l’immeuble entier où nous étions. Bref quand les riches deviennent plus riches et les pauvres plus pauvres. Je ne vois pas en quoi c’est une crise (Coluche NDLR).

00h45 : On enlève nos costumes de pingouins. Mes « bouliches » renaissent. Benj’ qui a porté un 44 (il fait un bon 45) toute la soirée retrouve ses pieds.

1h00 : Pas trop fatigués. Je rappelle gentiment à Mahdi qui est le patron au backgammon. Score sans appel : cinq à zéro. Deux mars (quand vous doublez les points sur un seul jeu). Et dire que c’est lui qui nous apprit ce jeu.

1h30 : Au fait Mahdi : « sleep on it » (la nuit porte conseille).

Le frelon d’or de la soirée : l’ensemble de la soirée. Mahdi et Fafa nous avaient prévenus que ça serait chiant à mourir. Mais là tout le monde s’est marré. Je pense qu’ils étaient contents de nous voir faire un peu les déglingos.
Le fun de la soirée : Un petit vieux tout cramé par la gnôle locale, déchainé sur la piste de danse, à tenter de s’attraper une petite jeunette.
La pompe à vélo de la soirée : Le mari au moment du classique slow made in wedding. Tout le monde réclame un bisou. Sa meuf, splendide dans sa robe froufrou, lui tend ses lèvres. Lui il y va mais alors doucement comme si elle sentait l’ail. Le bisou est furtif, plein de gêne. Hé mec ! Come on ! Tu joues les Brad Pitt et tu lui offres ça… Dans mon île on dit il est plus Pitt que Brad. Pitt signifiant idiot.

CharpiPO

PS musical de Charpipo : Madame Reve, de M
PS musical de Benjo : گروه رادیو تهران, soit : All those these, de Rdio Tehran

1 commentaire:

  1. Chouette article ! Trop marrantes vos histoires de costumes ! Et oui, quand on fait le tour du monde on prévoit pas le costard dans le sac à dos ;)
    Jsuis en train d'écouter Madame rëve :) D'ailleurs M passe à la halle tony garnier en novembre 2013, c'est bien loin mais c'est tentant.
    Bonne continuation, des bisous !
    Tatiana

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