15 déc. 2012


Centrale l’Asie ?!

Nous ne sommes pas restés longtemps dans cette région et c’est bien dommage. On aimerait donner du temps au temps et pouvoir s’installer confortablement dans les moufles du voyage et se faire acteur et observateur chaque jour que l’on passe sur cette bon Dieu de Terre mais à court de pouvoirs magiques on doit dealer avec les impératifs du monde moderne à savoir réceptionner l’amour de sa vie dans un coin qui est pourtant une des expressions les plus contemporaines du départ et de l’arrivée : un aéroport. Le rêve, quoi !^^
Bref je m’emballe. Revenons à notre besogne du jour, comprendre le concept d’Asie centrale. Ouais on a tous tâté de la géographie de papa. Place tes continents et tes capitales et tiens place moi l’Asie centrale. Merde c’est où que c’est l’Asie déjà. Bon l’Asie ça commence avec une partie de la Russie et ça se termine avec la Russie. Voilà c’est vachement simple. Bon tout le monde sait localiser l’Asie du sud-est. Pour l’Asie de l’ouest encore quelques hésitations. Les chercheurs qui cherchent on en a par contre, peu trouvent. Le grand Charles a parlé. Rideau.  Pour l’Asie centrale c’est pas une mince affaire en fait c’est la zone où l’on se trouvait il y a peu avec le Benj’.

Bukhara...

Je ne sais pas pour vous mais l’Asie centrale pour moi ça a bercé mon enfance. Je pensais contes et légendes. Terra incognita. Je me disais qu’il ya avait peut-être personne et que l’on pouvait se laisser aller au délire d’être un putain d’explorateur. Que nenni ! Ces régions ont une histoire et elle remonte à loin. Attendez, je ne vais pas vous la faire Pierre Bellemare. Juste vous donner quelques éléments (que vous connaissez peut-être déjà) pour que vous puissiez frimer dans les salons et soirées mondaines et surtout que vous n’hésitiez plus à prendre un billet à bord d’un bon vieux Tupolev ou Antonov afin de venir vous régaler dans ces régions coincées entre l’Europe, la Russie, le Moyen-Orient et la Chine. En tout cas d’un point de vue de la localisation, centrale nous parle un peu plus.  
C’est un pays de nomades. Quand je dis pays j’englobe les pays en stan du coin : Kazakhstan, Ouzbékistan, Kirghizstan, Tadjikistan, Afghanistan et Turkménistan. Bien sûr selon les régions, leurs configurations et leurs potentiels, les gens se sont sédentarisés plus ou moins rapidement. Aujourd’hui la tradition du nomadisme est palpable mais la sédentarisation est clairement le mode dominant. Pourtant à l’époque c’est bien le cheval et la yourte les deux piliers de la culture locale.
Et puis en plus d’un nomadisme choisit, ces régions centrales ont subit également de multiples invasions dans les quatre directions. Un va-et-vient quasi permanent rythmé par les aléas de l’histoire.

TUUUUUUTTT : mi-temps

Mesdames et messieurs, deux semaines après que Charpi ai débuté ce post, je prends le relais. Eh oui, nos chemins se sont séparés pour un temps, il est parti plus au Sud, je reste un peu plus longtemps au pays de Mao et sa clic.
Je vais tenter de finir son article, mais ce sera avec ma plume, fini l’angélisme, du concret ! (car le temps presse, je n’ai qu’un accès très restreint à mon blog en raison de la censure chinoise, donc faut que j’abrège l’écriture !).

Samarkand...

… Cette route de la soie existe depuis plus de deux millénaires, ce n’est pas Marco Polo qui l’a baptisé ! Le premier grand explorateur fut certainement Alexandre le Grand. Le macédonien arriva dans ces régions en 330 av. JC et resta trois ans dans la région. Il y fonda sa neuvième ville, Alexandreia Eskhate (Lointaine Alexandrie), épousa la fille du Roi des Sogdiens, un des derniers peuples à rendre les armes au Grand Alexandre. Mais ses conquêtes à l’est se terminaient… eh oui après c’est encore un autre empire, la Chine ! Pas évident.
Ces siècles ont vu différents peuples plus ou moins sédentaires se faire la guerre pour ces contrés de steppes et de hautes montagnes. Des alliances succédant aux trahisons pour dominer ces grandes étendues d’herbes. Mais petit à petit cela a engendré des échanges entre ces peuples, certains locaux, certains plus lointains. La route de la soie nait avec ses peuples locaux, mais aussi avec les chinois, les romains, les parthes et les kouchans.
Région centrale du plus grand continent du monde, elle fut la convoitise de tous les grands empires. Après les perses, les grecs, les kouchans, les chinois, les turcs assirent leur domination dans les pays-stan. Puis ce fut le tour de la religion musulmane et des arabes. Les chinois furent définitivement boutés de la région en 751 et perdirent beaucoup, notamment des experts dans la fabrication du papier et de la soie. Cela porta un coup terrible à la route de la soie car les pays de l’Ouest allaient pouvoir monter leurs propres commerces…
Puis ce fut au tour du fin diplomate mongol, Ghengis Khan. Il mit à sac la majorité des villes de l’Asie centrale, ne laissant que quelques monuments en place, estimant qu’ils valaient le coup d’être préservés. Puis Tamerlan, tout aussi bon diplomate, ravagea la région (et plus loin encore) et ramena un peu de culture turc. Encore un mélange…
Ces échanges virent aussi la naissance de nombreux artistes et hommes de sciences dont on parle tous les jours, notamment à l’école. Au IXème siècle, le mathématicien Al-Kharezmi a donné son nom aux algorithmes, puis un autre de ses traités appelé Al-Jebr est devenu algèbre en Europe. Un astronome, Al-Biruni, découvre 500 ans avant Copernic (mais après les égyptiens…) que la Terre tourne autour du soleil et évalue la distance de la Terre à la Lune à vingt kilomètres près. Pas mal ! Au Xème siècle, le Canon de la médecine d’Abu Ali Ibn-Sina, servit de manuel de base pour la médecine occidentale jusqu’au XVIIème siècle. Du beau monde quoi !
Enfin (en fait c’est pas franchement la fin, mais j’abrège sinon y’en a pour des pages à citer tous les conquérants du coin, même les bus y passent désormais), oui, enfin, nos cousins russes commencèrent à s’intéresser à la région avec les stars Tsars, à la fin du XIXème siècle.
Vous voyez un peu le bordel !!!
Aujourd’hui on a donc à faire à un territoire de nomades sédentarisés, originaires des quatre coins du continent. Des tensions existent encore, tous les trois-quatre ans par exemple, des heurts se produisent à la frontière ouzbek-kirghize entre ces deux peuples. En 2010, on compta des centaines de morts à Osh. Comme l’enclave vauclusienne dans le sud de la Drome, il y a ici aussi de nombreuses enclaves de pays-stan dans d’autres pays-stan. Ce qui montre l’absurdité du tracé somme toute assez récent des frontières, et ce qui ne facilite pas l’apaisement entre ces pays. Saupoudrez le tout de jalousies sur la richesse de sols en hydrocarbures et cela ajoute au cocktail (presque Molotov, qui parfois prend feu comme je le disais).

Vallee de l'Altai...

En traversant cette région, j’ai souvent l’impression de traverser un même pays, avec des peuples assez similaires, des langues assez voisines ou tout le monde se comprend plus ou moins. On parle une sorte de perse au Tadjikistan et dans une partie de l’Ouzbékistan, une sorte de turc au Turkménistan, le russe de partout, mais aussi le Kirghize, le kazakh, l’ouzbek, le pachtoune dans ces pays. Les faciès évoluent un peu au fil des kilomètres mais on peu distinguer des racines communes. Plutôt des têtes de turcs à l’ouest (Turkménistan), il y a de plus en plus d’asiatiques en allant à l’est (Kirghizstan). On remarque aussi que les migrations des derniers siècles ou décennies se sont faites avec moins de mélange. Cela se voit notamment au Kirghizstan où l’on distingue clairement les kirghizes « historiques », des kirghizes russes ou chinois.
Dans cette unité multiple, ou cette multitude d’unités je ne sais plus, on a passé un petit mois à bourlinguer. Passage express au Turkménistan, puis visites des villes historiques ouzbeks, Bukhara et Samarcande. Deux villes splendides, deux villes majeures de la route de la soie, que Ghengis Khan ou encore Tamerlan ont en partie préservé au vu de leurs richesses historiques et architecturales (avez-vous vu les photos sur facebook, ça parle…). En tout cas, un peu de tourisme ça fait pas de mal, même si le vent glacial nous a fait apprécier les intérieurs, notamment les salles de mariages ouzbeks. Vous pouvez voir sur cette vidéo de la fille du Président ouzbek Karimov, la beauté de la vieille ville de Bukhara (et non pas la beauté de la musique).
On retrouve aussi dans ces pays l’influence russe avec ces villes aux avenues larges-extrêmes, ce qui a pour seul avantage de fluidifier la circulation automobile. Et dans ces capitales (Tashkent, Bishkek, mais aussi Asghabat ou Astana que nous n’avons visité), le centre historique n’existe plus ou n’a jamais existé. Pour nous, petits européens habitués à nos vieux centres et leurs petites rues, on a du mal à s’y faire. On ressent surtout cette grosse patte soviétique qui plombe ces villes de toute la lourdeur de l’urbanisme impérialiste.
Ce tour en Asie centrale se termine, il a fait beau mais froid, froid mais beau. J’aimerais vraiment y revenir en été, notamment au Kirghizstan, pour profiter de ces steppes, de ces yourtes, de ces montagnes splendides, de ces chevaux racés… T’es d’accord Charpi ?

Le frelon d’or : la traversée de la vallée d’Alaï, dans un camtard kirghize, avant d’arrivée à la frontière chinoise, à Irketchan. A 3000 mètres d’altitude, deux heures dans ce camion à contempler ces paysages blancs immaculés, ces sommets à plus de 7000, ces wagons perdus into the wild, ce vide humain et cette force majestueuse de la nature. Et là, tu y rajoutes un bon Telegraph Road en live de Dire Straits, et tu voyages dans ton voyage. Un must.
La pompe à vélo : l’incroyable pollution au dessus de la capitale kirghize Bichkek. On a fait une rando d’une journée dans les montagnes environnantes et on a pu scruter avec peur ce nuage multicolor, dû à la circulation des véhicules, mais aussi aux industries, et aux chauffages individuels, majoritairement alimentés par du charbon mais aussi tout ce qui brule (bouses, pneus…). Alors pour la fin du pétrole sur Terre (prochainement), vous avez deux choix : le charbon/pneu ou les énergies renouvelables, faites votre choix camarades !
Le fun : la propension de certains kirghizes à chercher la castagne, c’en devient marrant. En tout cas faut mieux en rigoler, sinon tu t’embrouilles vite, notamment lors des intenses tractations avec les chauffeurs de taxi. En russo kirghize : « T’ES AU KIRGHIZSTAN ICI, C’EST MON PRIX ET TU FAIS PAS CHIER », gueulé par un gros local à dix centimètres de la figure. Franchement, drôle !

Charpi et Benjo

PS Musical de Charpi : Tears de Django et Grappelli
PS Musical de Benjo : Telegraph Road, de Dire Straits


3 commentaires:

  1. C'est bien top la visite de Bukhara style "Prince of Persia" dans la vidéo de la fille du Président (la fille du Président??!!, Jean Sarkozy c'est de la rigoulade à coté!)

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  2. Wouha wouha wouha, non ce n'est pas un chien kirghiz, c'est une manifestation d'admiration et d'enthousiasme : 1. pour ces photos qui absorbent le regard et la pensée, même sur un peit écran d'ordinateur (je peux imaginer l'effet réel, juste imaginer) 2. pour vos posts bien drôles, surtout le premier, avec vos pointes d'ironie qui nous font toujours sourire. J'imagine le Kirghiz avec sa ronde tête rouge à deux centimètres de toi et crier : "tu le veux mon poing dans ta gole"!!!!
    Aha trop drôle. La photo de la mère avec ses enfants, elle est magnifique, je trouve que le froid ça conserve la peau, lisse, pas un bouton, rien, wouhuuu. Je vais aller me faire une thermothérapie là-bas, option : "peau recyclée". bye

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  3. mon benj je viens darriver au laos ton post est magnifique surtout le premiere partie... voila cest envoye... donc comme dhab quelle fusion lequipe etait encoe plus fringante en deuxieme periode
    au fait le laos cest deja fini les vacances un laotien pour un europeen ou israelien tu vois le genre et je suis pas encore arrive en thailande he merde

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