29 janv. 2013


Goooooooood morning Vietnam !

Titre facile me direz-vous mais parfois faut pas se prendre la tête. Surtout que je viens de me revoir ce film dans le train entre Da Nang (centre du Vietnam) et Ho Chi Minh City (HCMC ou Saigon, sud du Vietnam), et ça fait tout bizarre de le voir dans ce pays. Je n’étais pas là à l’époque mais simplement de voir ces ambiances de rues, ces paysages, ça rend joliment nostalgique avant d’en être sorti. J’ai aussi dans mon ordi Voyage au bout de l’enfer et Apocalypse now que je me réserve pour un peu plus tard.
Eh oui je regarde ces films car pour moi le Vietnam c’est l’occupation française, la baie d’Halong et la guerre US, et pis c’est tout. Ça fait beaucoup de conflits mais c’est ce qu’il me venait en tête avant de débarquer. J’ai passé un peu plus de trois semaines au pays, entre le froid du nord (Sapa, Hanoï, baie d’Halong), le temps parfait du centre (Hue, Hoi An) et le Sud chaud mais pas pire (Saigon, delta du Mékong).
Beaucoup de choses m’ont marqué, mais je ne compte pas vous ressortir l’intégralité de mes découvertes et humeurs ça serait un peu long. Je vais simplement vous donner les impressions du touriste que je suis (presque) redevenu, vous apporter quelques réponses à mes interrogations sur le passé tumultueux du pays et vous parler de nourriture, car ça c’est le top.
En passant la frontière depuis Hekou en Chine à Lao Cai, au Vietnam, on perçoit la différence instantanément. Je traverse un pont sur le Fleuve Rouge et le décor change : des motobikes surchargées de marchandises, des chapeaux coniques (le Non la, fait de palmier et bambou), une église, le retour de l’alphabet (presque) latin, des gamins, bœufs et poules au milieu des routes… Me concernant, un premier moto-taxi jusqu’à la gare de bus pour entrer de plein pied dans ce pays. Ça décoiffe.

Me voila donc redevenu (quasi) touriste. Ceci étant du avant tout au pays, qui en regorge. J’ai croisé plus de foreigners que les cinq derniers mois réunis. Par foreigners, comprenez blancs, et une dizaine de blacks aperçus depuis trois semaines, pas plus, pour les autres asiatiques ça compte pas -désolé. Donc pas vraiment moyen de se cacher, de passer pour un aventurier ; c’est cuit, je suis fondu dans la masse. En parlant avec des australiens ou israéliens (il n’y a que ça dans le nord-ouest) je me rends compte qu’il n’y a pas tant de voyageurs au long cours que ça… En Asie centrale, on ne croisait que des tourdumondistes, là je me sens bien seul. Qui dit foreigners dit business pour les locaux. Ça aussi ça change, on nous prend pour des walking ATM (distributeurs de billets ambulants), on nous affiche les plus beaux sourires mais… mais je n’suis plus habitué les gars ! Par la force des choses, je m’y refais bien. Si je suis de bonne humeur et si le vendeur est sympa je réponds avec un beau 22 bis voire de l’humour sincère, sinon je m’abstiens de toute riposte.

Minorité Hmong du nord-ouest, au marché de Bac Ha

Je fais donc un peu plus mon vacancier à suivre quelques tours organisés, à fréquenter les bars à blancs (pas le vin malheureusement, pas encore), et mon vietnamien reste assez pauvre car tout le monde répond en anglais. Je tiens à signaler ici que l’accent des locaux parlant en anglais est parfois vraiment poilant, on dirait un sketch des Inconnus. C’est un peu comme entendre l’accent québécois mais avec une belle pluvalue asiatique.
Certains touristes croisés se plaignent de locaux peu souriants. J’ai constaté tout le contraire. Certes beaucoup sont souriants dans l’espoir de te vendre un t-shirt I Love Vietnam, un banh bao (sorte de brioche vapeur fourrée ou non), ou un mini Bouddha en bambou, mais beaucoup d’autres le sont naturellement. Et même ces sourires attrapes-touristes sont beaux à voir, perso ça m’a plu.
Et là je transite subtilement vers la politique. Passer du sourire à la politique, pas évident me direz-vous, mais justement. A croiser tous ces visages jeunes et accueillants, on imagine mal la privation de liberté dont ils sont victimes. Comment afficher ces visages avec ce qu’ils endurent ? Certes, la pauvreté et la dureté de la vie à la campagne ou en ville est bien présente, on la voit, mais la gentillesse des gens semble prendre le dessus. Et j’ai ouïe dire que c’est encore mieux dans les pays voisins ! Pourquoi ai-je alors cette impression ? Peut-être suis-je de bonne humeur ce matin, ou alors c’était vraiment désagréable dans les pays précédents, mais je ne crois pas.
Au-delà de cette gentillesse, c’est peut-être aussi une force qui ressort de ces visages.
Eh oui le Vietnam, pays touristiques avec ces plages truffées de russes (pour ce qui est de Nha Trang), Halong Bay, sa nourriture et son architecture, est tout de même géré par une petite dictature communiste, un peu comme en Chine. Pas de parti d’opposition comme ça pas de souci. La censure est en partie présente, Facebook, Le Monde et d’autres sites sont parfois bloqués. Tû (prononcez To-ou, et désolé pour l’accent c’est un bordel y’en a une palanquée ici), réalisateur et pote pour quelques jours à Hoi An, est étroitement surveillé tout comme ses films, ses publications sur internet et dans les magazines. DJ à ses heures, il avait monté un film pour le fond de scène, avec des images d’émeutes, de manifs etc. Après un premier avertissement non reçu, il a été prié de plier les gaules, et de rentrer dans le rang sous peine de représailles sévères. Ça l’a calmé malheureusement, mais c’est bien compréhensible. Il m’expliquait que le gouvernement menait une politique de massification et essayait de tuer dans l’œuf toutes les initiatives individuelles. Pas moyen de s’affirmer individuellement, tout doit passer par une association ou un groupement de personnes. Même les pop-stars sont rarement en Une des journaux. Faut suivre la route dictée par le parti, que personne ne s’affirme, éviter les vagues. Cependant j’ai ouïe dire que le gouvernement commençait à lâcher du lest… pourvu que ça dure. Et contrairement à l’Iran par exemple, on ne les prend pas pour des terroristes, c’est déjà pas mal, merci pour eux.

Intermède live : par la fenêtre du train défilent des champs de riz jusqu’aux lointaines montagnes d’un côté et la mer de l’autre, et ça bosse à l’ancienne, avec le bœuf, la charrue et les mimines. Paysage de carte postale, mais pour les locaux c’est du quotidien.

Baie d'Halong

Comme je vous le disais, le Vietnam c’était pour moi les films américains et l’occupation française. Cette dernière a duré quasiment un siècle, s’est terminée à Dien Bien Phu en 1954, sous l’impulsion des Viet Minh, partisans de Ho Chi Minh. Le pays est alors divisé par le 17ème parallèle, avec les communistes au nord (Hanoï) et rapidement, au Sud (Saigon), les américains, qui débarquent pour enrayer la propagation de ces idées pernicieuses dans une région déjà bien trop rouge (« jaune » dirait OSS 117). J’espère ne faire trop de bévues historiques, j’ai un peu la pression vu le pédigrée soixante-huitard de certains lecteurs.
Je continue. Le bourbier vietnamien aura raison en 1973 des GI Yankee, qui rentreront à la maison (Sweet home Alabama) non sans offrir un dernier cadeau : 15 000 tonnes de bombes sur Hanoi, avant le nouvel an 73. Bonne année ! Sur ce, les Viet Cong (Vietnamiens Communistes) reprennent le Sud du pays et celui-ci est enfin réunifié en 1976. S’en suit une invasion rapide du Cambodge de Pol Pot et ses Khmers Rouge, pour calmer leurs vues sur le delta du Mékong. Ils en ont assez me direz-vous, eh bien non ! Ils doivent répondre à l’invasion chinoise dans le nord du pays, venu défendre Pol Pot. Et c’est là qu’on voit que le viet ne lâche rien ! Ils les ont vite renvoyé chez eux, comme ils les avaient déjà renvoyé après un millénaire d’occupation, avant l’an mil. Et c’était donc le moment 2000 ans d’histoire, avec Patrice Gelinet, tous les jours de 13h30 à 14h sur France Inter.
Avec ce passé tumultueux (ils ne sont officiellement plus en guerre en 1989 après l’évacuation du Cambodge), je me disais qu’il y aurait un certain ressentiment, une animosité envers les français ou américains. Que nenni grand diable bien au contraire. La France est appréciée aujourd’hui pour ce qu’elle a apporté en termes de culture, d’architecture, de nourriture, de modèle social. Pour les US, il y a toujours ce rêve américain qui fonctionne et qui attire. Mais surtout, les ricains sont appréciés car ils sont une puissance d’opposition à la Chine voisine, comme les français ont été un rempart à cette Chine pendant une longue période. Les vietnamiens ne peuvent pas les voir. Bon ils précisent : le gouvernement chinois et non les citoyens. Mais ils se reprennent souvent à deux fois pour le dire. Comme les français avec les ricains… mais là le malaise est plus profond. Plus d’un millénaire d’occupation les ont rendus sensibles au sujet. Aujourd’hui encore ils me disent tous que les chinois tentent d’imposer leur hégémonie sur l’Asie du Sud-est et ils n’en veulent pas. N’allez pas dire qu’au Vietnam on parle mandarin ou qu’on utilise les caractères chinois, sinon vous serez privé de karaoké !
Dans mes tentatives d’éclaircissement, j’ai été surprit de constater que ma génération ne connaissait quasiment rien aux dernières guerres, mélangeant même l’ordre d’apparition des occupants (« c’était qui en premier, les américains ou les français ? »). J’ai logé une petite semaine à Hanoï chez Long et sa famille. Les grands-parents étaient peu loquaces sur la présence française, malgré les médailles de guerre, quelques photos, et les casques de l’époque accrochés au porte-manteau. Le père, parlant un peu français, ne semblait pas vraiment intéressé par le sujet. De manière générale, les gens n’en parlent pas, même si j’amène le sujet avec grande finesse^^. Pour Mi, une guide Hmong très petite et très drôle du Nord-ouest, c’était pareil, le passé c’est le passé. Ce n’est pas tabou, « on n’oublie pas » me disent-ils, mais on n’en parle pas. Mais je reste très étonné de voir que les nouvelles générations s’y connaissent moins que moi dans l’histoire de leur pays… Attention les gars, quand on oublie, l’histoire tend à se répéter. En tout cas ces guerres semblent avoir laissées de plus grandes séquelles dans le monde occidental qu’ici. S’il y a encore quelques ressentiments cela semble être entre le Nord et le Sud. Un guide de Saigon au sud était clairement pro-américain, anti-coco et peu flatteur des vietnamiens du nord, peu friendly selon lui. Mais c’était bien le seul à penser ça sur tous les méridionaux rencontrés.
Dans le même ordre d’idée, très peu ont entendu parler de tous ces films américains bien qu’ils soient cités sur tous les t-shirts à touristes. Et à me promener dans la boue, le froid, le brouillard, la brume, la jungle du nord-ouest, j’ai pu imaginer un tout petit peu ce qu’a été cette galère, ce bourbier. « Putain de guerre, on était trop jeunes », « t’as raison Jimmy, fuck ».

Street food à Saigon, des mangosteen.... trop bon.

Allez, on arrête de deviser sur les armes à feu (un débat avec la NRA me paraitrait plus pétillant), la censure et les animosités entre les  peuples, parlons bien, parlons vrai, parlons goûts et saveurs.
Si vous vous souvenez bien, dans mon post sur la Chine, je me languissais d’un bon dessert à la française. Rrrrhhh… Comme l’a dit Charpi au pays du fromage et du vin, on est aussi les meilleurs pour les pâtisseries en tout genre. Eh bien là j’ai retrouvé un bout de France mes amis. Et ça réchauffe les papilles et l’estomac. Car au Vietnam on mange bien. Pays à touristes, on s’assoit pour les repas, on trouve de la nourriture de tous les horizons, et la cuisine locale est également très bonne et assez diversifiée. Ce qui n’était pas forcément le cas les six mois précédents.
Et avec Long j’ai été servi. Ce mec adore manger ainsi que ses amis. En fait à Hanoï je n’ai quasi rien visité, on n’a fait que manger. « Are you hungry ? » n’arrêtait-il pas de me répéter, il l’a même écrit sur ma guitare. Il m’avait aussi préparé une liste des mets locaux à découvrir, que je devais checker. Je n’ai pas pu tout remplir. Mais cette passion de la nourriture n’est pas propre à lui, j’ai l’impression que tout le monde mange un peu tout le temps ici. Comme les ricains, mais en plus petite quantité et avec des aliments plus sains. Et les occidentaux s’y mettent sans sourciller, notamment les voyageurs qui ont le mal culinaire du pays, qu’ils soient auparavant passés par l’Inde ou la Chine, deux pays où l’on ne mange pas trop mal.
Avant de me coucher le premier soir, et après avoir prit un ultime repas vers 23h, Long m’annonce « demain on se lève à 6h30, on va déjeuner avec les potes et on rentre se coucher. » J’ai du déclarer forfait pour fracture de fatigue, mais je me suis rattrapé par la suite je vous rassure. Voila comment on passait le temps : on mange un petit truc dans une gargotte du coin, on fait une petite demi-heure de motorbike pour trouver le spécialiste d’un nouveau plat, on l’enfile, on reprend le guidon et on enchaine. Parfois, sur un malentendu on visite un temple ou un marché si celui-ci se trouve sur la route du prochain street food. Comme je vous le disais on trouve au Vietnam quelques bons desserts : gâteaux au chocolat, crème brulées, glaces… je suis fier de ces traces françaises, du beau boulot les gras.
Mais, en se promenant dans les rues, il faut surtout prendre le temps de gouter aux spécialités locales. Au-delà du riz (il en existe plusieurs sortes bien sûr), la base est le Pho que l’on trouve un peu de partout, des noodles de riz, du bœuf (ou autre), quelques herbes ou soja, du piment, du gingembre etc. dans un bol de soupe, et c’est parti, avec les baguettes si t’es bon. Vous trouverez également les Banh Bao cités précédemment dont certains raffolent, mais c’est pas évident, ils faut arriver à les choper quand ils se promènent dans la rue sur leur carriole bricolée de bric et de broc. Quoi qu’il en soit il est impossible d’avoir faim dans ce pays, il y a des vendeurs de tout et n’importe quoi tous les trois mètres.
Pour citer quelques plats, je vous recommanderais les différents nems, les Pho de toutes les sortes et à toutes les sauces, les rouleaux de printemps, les cakes salés (aux crevettes par exemple), les « escargots », les œufs de canards, les hot pot… Pour les douceurs, les Chè, des soupes au lotus, banane, haricots noirs et autres ; les yaourts au riz fermentés, les gâteaux à la noix de coco, certains beignets,… Les fruits ne sont pas en reste avec en haut du podium la Mangosteen, le queen of fruit, délicieusement sucrée. Dans le delta du Mekong, il y a des dizaines de fruits exotiques différents que l’on trouve à porter de main en se promenant près des bras du tentaculaire fleuve. Excellent ! Et il parait que les cafés sont très bons, mais j’aime toujours pas.
Pour couronner le tout, Long, qui revenait de quatre mois passés à Montpellier avait ramené du nougat, des marrons glacés qu’il n’aimait pas quelle aubaine, de la confiture de marron, du calendos et son padre, médecin, s’était vu remettre quantité de bouteilles de vins par des patients voulant lui faire comprendre qu’ils aimeraient passer en priorité sur le billard. Avec une baguette et un pain au chocolat presque authentiques, je me suis fait une bonne remise à niveau.
Voila, au Vietnam on ne fait plus la guerre, on mange et on le fait bien.

Frelon d’or : Cette petite semaine passée avec la troupe de Long, à enchainer les tours en motobike, les restos, les tours en scooters, les street food, les tours en deux-roues, les repas à la maison… tout ça dans le joyeux décor bordélique d’Hanoï.
Pompe à vélo : comme dans la majorité des pays traversés jusqu’ici, la galère des locaux pour se procurer des visas pour les eldorados que sont l’Europe, l’Amérique du Nord ou l’Australie.
Fun de la semaine : ils sont très bons dans ce gouvernement. Ils ont tenté de passer une loi consistant à interdire aux personnes de moins de quarante kilos de conduire des scooters, prétextant qu’ils ne seraient pas assez forts physiquement. Beaucoup plus fort, pour les mêmes raisons, ils ont pensé faire une loi équivalente pour… les petits seins ! Si t’as une petite poitrine c’est que tu es faible, logique. J’imagine surtout les contrôles de police… « Bonjour madame, contrôle de vos papiers et de vos boobs, permettez que je tâte le matériel ». Un bon moyen d’attirer du monde dans la police en tout cas, fins recruteurs les chefs ! Et pour conduire les poids lourds, y’a des mensurations minimums pour les slibards des mecs ?

Benjo

PS Musical de Benjo : Against the wind, de Bob Seger & The Silver Bullet Band
PS Musical de Charpi : Primitive, de Roisin Murphy



23 janv. 2013


Bangkok choc 2 : sorties culinaires

Deuxième embardée dans l'univers thaï, version gourmet cette fois-ci. Il faut le dire en Thaïlande on se régale et pour vraiment pas cher. C'est tropical et comme souvent sous les tropiques les mélanges sucrés salés ont la part belle. La cuisine est aussi épicée peut-être pas autant qu'a Chengdu comme l'avait écrit précédemment Benjo mais tout de même. Et puis les fruits bien sûr : merveilles de la nature, couleurs, gouts, tout y est pour s'envoler.
Bref voila ce que je voulais vous dire sur la cuisine thaï. C'est complet, précis et concis.
Biiiiiiiippppppp. Allez je vais vous en mettre une couche de plus, quand même !
En Thaïlande, la base de l'alimentation c'est le riz sticky ou steamed comme ils disent. Il est très souvent couplé avec du poulet ou du poisson frit recouvert de deux centimètres de sel. On mange aussi de la saucisse grillée et ça j'avoue que ça fait plaisir après la série de pays en zone musulmane de remanger du porc décemment cuisiné. Le poisson et les fruits de mer faut surtout y tâter sur les cotes, dans les iles. Mais Bangkok, tu peux trouver ta vie. J'avoue que malgré ma nette préférence pour la nourriture maritime je ne me suis pas trop encore laissé tenter. Je suis en panne de cash depuis quelques jours et le poisson est toujours un peu plus cher, même ici.
Hormis la nourriture elle-même, c'est plutôt les lieux et la façon de manger des thaïs qui sont  intéressantes à découvrir. Comme souvent à l'étranger, le repas tel qu'on l'entend en France n'existe pas. Ici on mange tout le temps et partout. Deux raisons a cela : primo on trouve des shops un peu partout dans les rues, ce sont les fameuses "streets food" et segundo le prix bien sûr. Quand pour un euro vous pouvez manger un plat complet, vous avez une furieuse tendance à les multiplier tout au long de la journée.
Le mieux pour introduire à la gastronomie thaï c'est de partir dans ces lieux qui pour moi apportent plus sur la vie de la Thaïlande contemporaine qu'une quelconque ile paradisiaque qui doit sa renommée a un film (et toc).

Street food : bon ap'

Les "streets food". A Bangkok, il n'y pas de rue spécifique. Chaque avenue, rue, allée est potentiellement un espace pour que se développe une série de baraques à grillade, à soupe, à noodles ... Vous pouvez les trouver au pied des centres commerciaux, occupant tout l'espace du trottoir. Les odeurs ne vont pas vous quitter. Si vous vous balladez ça ne sent pas le pot d'échappement, ça sent la friture, la poisscaille, parfois les deux en même temps. Attention à la nausée. Moi j'aime. Je ne sais pas, ça ne s'explique pas.  Dans une street food, vous tâtez du thaï et de tous les horizons pas seulement de l'urbain natif. Des mecs et des nanas venus de la campagne. Tout ça se ressent dans l'ambiance particulière que créé les streets food. Familial et bon enfant. En France, vous pouvez retrouver ce genre d’atmosphère éventuellement dans le nord dans une baraque à frite (et je ne parle pas d'une fille). Qu'il fait bon de trainailler la nuit tombée dans ces rues un peu glauques mais où l’on se sent vivant parce que ça braille, parce que ça pue, parce que les chiens errants se mêlent aux chats qui se mêlent aux badauds et tout ça est enveloppé dans les odeurs de céleri, de riz, de soupe épicée ou de la traditionnelle salade de papaye. Alors bien sûr les ambiances sont différentes selon les quartiers. A Khao San par exemple vous aurez plus l'impression de vous baladez dans une rue de Manchester soir de match genre urine, bière et slung (argot). Pardon amis anglais. Dans le secteur de Siam où règne consumeror vous aurez droit à du haut talon aiguille et de la chemise vichy mocassins. Si vous voulez du thaï, il faut aller là où les touristes ne vont pas ou pas trop.
Un des ces endroit très prisés des thaïs ce sont les centres commerciaux. Alors je mets de côté l'aspect "temple de consommation", j'y reviendrai plus tard. Concentrons-nous sur la bouffe. Un des aspects les plus sympas de Bangkok est que chaque, je dis bien chaque, centre commercial possède en son sein un food center. Ce sont les endroits qui te proposent le meilleur rapport qualité/prix de tout le pays. Ils servent aux employés. C'est malin il faut les garder plein régime pour la vente. Mange bien et pas cher et tu seras heureux de travailler comme un nav'. L'avantage c'est que tout le monde en profite. En voila une idée qu'elle est bonne. Tu viens faire du shopping et tu peux manger juste à cote pour pas cher. Comme les prix sont bas tu te dis pourquoi pas consommer un peu plus... no comment. Affecting et marketing quel beau mariage de merde. A part ça j'avoue que c'est un super moyen de s'imprégner de la richesse de la nourriture thaïe. Les stands sont nombreux, vous créditez des coupons (valables une journée) ou une carte du centre commercial (valable trente jours) et vous vous présentez aux différentes officines qui vous aguichent la panse. Si vous avez crédité de trop, pas grave on vous remet la différence en cash en échange des coupons ou de la carte. Imparable. Tout le monde vient ici, des buveurs de lait aux séniles. Moi j'avoue que l'Emporium Center, dans le quartier de Thong Lor, a ma préférence et j'en ai fait ma cantine. La vue est sympa, sur un petit parc. Si vous venez en Thaïlande vous ne pourrez pas résister à la folie de dépenser, pensez à la pause déjeuner. Maintenant vous savez où aller.

Poiscailles ! Bon ap'

Les marchés. Depuis qu'on a quitté la France. On en a fait des kilomètres dans les bazars, les marchés de nuit, aux bestiaux, aux fringues, ceux du week-end... Bangkok n'échappe pas à la règle. Certains quartiers sont des marchés open-air permanents. Celui de Chatuchak dans le nord ne se tient que le week-end. Tout se vend ici du serpent au démonte-pneu (que d'allusions phalliques, c'est venu comme ça pardon). Et bien entendu il faut nourrir son monde. Là aussi vous pouvez trouver votre bonheur en vendeur de jus frais, en soupe de poisson, en brochette de crevette, de porc et de saucisses... Certains marchés sont uniquement alimentaires. Près de mon hôtel, il y en a chaque matin : faut pas être effrayé. La viande à même l'étalage avec les moumouches, le poisson dans un vulgaire cageot avec trois glaçons pour maintenir la fraicheur. Les premières réticences passées vous sautez dessus : une vingtaine de banane a cinquante centimes d'euros. Deux ananas bien sucrés pour trente centimes d'euros. Quelques aberrations, conneries mortifères du commercial mondial, vous trouverez aussi des fraises grosses comme mon poing et vide... de sens. Des pommes du Chili. Et je mets au défi quiconque de prendre la cagette et de me dire quelles sont les différences entre les pommes. Impressionnant, le conformisme va même jusqu’à toucher les fruits maintenant. Moi ça m’a fait un peu mal au cœur parce que question fruits ici ce n'est pas ce qui manque. Pas besoin de ces merdes enrobées de fond de teint. Côté légume me direz vous, on trouve un peu les mêmes que par chez nous mais la cuisson est différente. Les thaïs aiment manger le légume mariné, spécialement épicé et salé. Que ça soit le concombre, le céleri, l'asperge, les épinards, le chou ou les carottes. Dans les rues ils te vendent des petits sachets ou marinent la préparation. Ça sert aussi d'accompagnement pour le riz et la viande du jour.
Je ne suis pas trop fan, ça manque cruellement de raffinement et surtout, surtout tu craches du feu par tous les pores. En effet, un des aspects de la cuisine thaï est d'être épicée. Il faut se carrer dans l'oignon que pas épicé en thaï on dit mai phe (prononcer maie pe). Ça sauve une nuit, et du papier toilette. J'aime épicé mais il y a un point à ne pas dépasser. Au delà tu ne sens plus les autres aliments, tu perds les gouts pour un seul et unique. Je ne vois pas l'intérêt. Et il faut se méfier car quand un thaï te dit ça va ce n'est pas trop épicé tu peux être sûr que ça va l'être pour quelqu'un qui n’a pas l'habitude.
Bon pour éteindre le feu, tu as le choix aussi. La Thaïlande n'a pas échappé à la folie des smoothies. On trouve aussi les lassi (mix fruit-yoghourt). Les fruits pressés, faut bien leur expliquer trois ou quatre fois pour pas qu'ils te servent de la brique. A Khao San, ils te prennent tellement pour un con de blanc portefeuille sur pattes qu'ils annoncent fruits frais et ils te servent du jus en brique. De toute façon tu le vois direct au prix si c'est bidon ou pas et encore. Même dans les gargotes thaïes, je dois demander de ne pas mettre du sirop, du sucre et trois tonnes de glaces. Un des marchands dans une petite rue que j'adore a littéralement halluciné quand je lui disais d'enlever ça et ça. A la fin il m'a demande pourquoi je ne mangeais pas directement l'orange. Mais mec je veux avoir le choix ! Il n’a pas comprit.
Autre boisson très consommée et celle-là c'est le top : la noix de coco. Tu as tout là dedans : l'eau bien sûr, mais aussi la pulpe, du fer, du magnésium, du potassium, des acides gras, du zinc, du cuivre, du phosphore bref c'est un fruit très riche. Les vendeurs pullulent mais mon préféré c'est celui qui se trouve à l'une des entrées du marché du weekend de Chatuchak. Le mec est habillé comme Rambo dans la Mission sauf qu'il est thaï. Il hurle pour aguicher le client et quand il en tient un, il prend direct la coco, son hachoir et se met à pousser des cris a chaque fois qu'il coupe. Poilant.

Un peu moins glamour, mais quand même, Bon ap'

Côté alcool. C'est un peu le parent pauvre. Des bières. Trois reviennent souvent : la Chang, la meilleur dans le pire, la SingHa et la Leo (ils l'ont appelé comme ca suite au film "la plage" avec Leo justement). Non je déconne j'en sais rien mais une chose est sur elle est à l'image du film DAAAAAGGAAAALLLAAASSSSSSEEEEEEE. Un soir je suis sorti avec toute une troupe : deux anglais, un de ManU l'autre du Sud, un belge, deux chinois, un suédois, une taiwainaise et une anglaise. Bon on a gouté une espèce de tord-boyaux local (que j'avais déjà testé). Un mélange de whisky et de soda. Ici ils aiment ça surtout dans les couches populaires. C'est pas cher. Tout le monde y a gouté sauf moi et l'anglaise. Je me dis que les deux anglais et le belge vont quand même se rendre compte de la supercherie. Non du tout c'est à l'heure gout. Putain le mec il vient du pays ou on fait les meilleures bières du monde et il aime cette lavasse. Pour les anglais, que l'on sait de naissance alcoolique, passent encore. Résultat toute la tablée me fait la morale parce que je consomme une bière et pas un vrai truc de mec. Là je leur explique que je viens de Guadeloupe et que rien ne vaut un bon rhum agricole. Au même moment l'anglaise s'éclaire, me tape sur l'épaule et dit a tout le monde "voila ce que c'est un vrai mec". Elle est d'origine jamaïcaine. Le genre de meuf à vous faire aimer la perfide Albion. N'empêche après ça Mathieu 1 - reste du monde 0. Le belge insiste "ouais n'empêche on n'a pas de rhum ici alors boit". Mec on n'a pas d'alcool non plus... Ce fut une cool soirée que j'ai terminé à quatre plombes du mat’ avec l'anglais de ManU à gratter de la guitoune. Vive l'Angleterre !

Cote douceurs sucrées. Passe ton chemin si t'es français. De toute façon nous sommes les meilleurs et de très loin. Mais ils font des desserts plutôt curieux mélangeant des bananes légumes, des beans, du riz avec de la coco. Des espèces de gelée dont j'ai encore du mal à évaluer de quoi elles sont faites. Y’a les classiques glacées. Ils osent les crêpes parfois mais à l'eau et ils ne laissent pas reposer... du caoutchouc. Dans la rue ils te font des beignets, des donuts, des espèces de gaufres et puis il y a cette curieuse friture en forme d'ovalie et fourrée à la coco... ça pourrait ouais ça pourrait mais non c'est fadasse. Comme si le dessert leur servait d'extincteur après le plat principal. En fait c'est peut-être ça. Tout simplement. Alors que nous il sert justement à enflammer le repas, le sublimer. On ne doit jamais bâcler la conclusion, c'est la dernière impression que tu laisses.

Le frelon d'or : la variété de la cuisine thaï, la possibilité de manger partout, pas cher et toujours en super compagnie. A table, enfin à table, à côté d’un parc sur un tabouret ou une planche de bois, les thaïs sont tout heureux de voir des étrangers dans leur quotidien.
La pompe à velo : c'est lié indirectement à ce post. La démesure de certains vendeurs avec leur alcool whisky soda. Ils se peintent pour certains toute la journée. Au pays du bouddhisme, la voie du nirvana est de plus en plus parsemée d'éléphants roses. Tu me diras ici l'éléphant est sacrée comme la vache en Inde. Chez nous ça fait longtemps que la vache ne sert plus un whisky quand tu rentres vanné de ta journée de boulot (euh c’est limite ça encore une fois, mais on est d’accord, c’est en référence à l’Inde).
Le fun de la semaine : Une des marchandes chez qui je vais me remplir parle anglais. Ca permet de faire connaissance. Un soir je me pose, on discute en attendant ma commande. C'est tard. Elle me fait gouter à deux-trois trucs. Et là elle fait des yeux comme des billes en me voyant manger avec mes mains tout ce qu'elle me propose. "Première fois que je vois un étranger manger avec ses doigts, d'habitude ils vous faut une cuillère, une serviette, une assiette..." Moi de lui répondre "Tu sais je suis sûr de mes mains, de ta nourriture beaucoup moins". Encore une thaï qui voulait me cogner ^^. 

Charpi

PS Musical de Charpi : Express yourself, de Charles Wright
PS Musical de Benjo : Me and Bobby McGee, de Janis Joplin        

17 janv. 2013


Bangkok choc 1 : les transports

De longues semaines au placard à revitaliser ses forces. Pas sûr. Malade depuis plusieurs semaines je n’arrive pas à me dépatouiller d’un rhume et d’une toux. Tu vas au bout du monde tu croises mille dangers et mille façons de choper des merdes bactériologiques. Tu te vaccines, tu consommes du médoc comme du petit lait et c’est une simple sinusite qui te cloue.
Bwef comme vous le savez avec le Benjo on s’est quittés. Oh pas pour toujours mais cela nous permet le temps d’une parenthèse de vivre les choses différemment. Pas mal d’aventures depuis notre séparation pour lui comme pour moi. Dans ce post, pardon dans ces posts je vous emmène dans un voyage dans le temps via planète Bangkok, je danse le...
Pas évident d’évoquer l’ambiance d’une ville en quelques lignes. On écrit des livres, on réalise des docus et des memos. Je me demandais bien comment j’allais avancer. Je vais la jouer thématique. C’est décidé. Et puis comme beaucoup sont déjà venus sentir la modernité et la décadence de ce Léviathan urbain, j’attends avec impatience vos commentaires.
Un choc. Voila ce que fait Bangkok, elle martèle corps et esprit. On aime ou pas. Moi perso je déteste la ville. Je ne suis pas un urbain. Le béton ça n’a jamais et ça sera jamais mon kiffe. Par contre j’adore m’immerger dans ces ambiances pour en ressortir quelque chose à écrire. Finalement j’ai loupé un créneau. Quoique je le fais pour vous et pour moi après tout.
Faut bien commencer par une rubrique et c’est la première à laquelle j’ai été confronté quand je suis arrive du nord. Bim ! Mo chit 2 terminal nord 5h00 du mat. Les bus sont coooolllll ici, du moins les longues distances tous repeints, des graf'mobiles en quelque sorte. Certains ont des supermans, d’autres des constellations. Bwef on a l’impression d’être à la pointe du réseau. Sauf pour les bus urbains eux on sent clairement qu’ils ont gardé les couleurs et le confort seventies.
Pour les bus longues distances, surtout en cette haute saison, tu te retrouves parfois dans des bus entièrement composés de petits blancs comme toi. On parle anglais en Thaïlande ? Ah bon ! Les bus VIP comme ils les nomment. Alors je ne sais toujours pas mais j’ai la nette conviction qu’il y a carrément un réseau parallèle, voire même un complot. Comment ca se passe ? Tu arrives dans un terminal et là tu as une dizaine d’officines qui te proposent ton trajet mais toutes t’orientent vers celle portant la mention VIP. Je ne pense pas que ça soit grâce à mes frusques et mon sourire 22 bis que j’ai droit à ce sésame. Surtout que tu te rends vite compte que le tri se fait entre thaï et touristes. Impressionnant. Une fois dans le bus, c’est du classique : clim’ à fond (raison de ma maladie permanente), la télé avec des clips pop thaï et puis des incitatrices comprendre des miss sourires si peu sincères que t’en oublierais presque que tu es justement au pays du sourire. Le plus drôle c’est que le conditionnement est incroyable dans ces bus où tout est programmé, surtout ceux de nuit. La télé fonctionne jusqu’à 22h même si tout le monde a envie de dormir. Jai essayé d’être délicat mais au bout d’un moment tu abandonnes et tu regardes ça avec une envie de tout casser. A minuit annonce micro, les lumières se rallument : c’est la pause repas. La première fois tu descends hagard et tu suis la foule. La deuxième tu ronques et tu t’en steak. Ensuite, tu peux dormir jusqu’au petit matin avant d’enchainer cinq ou six connexions, on dispatche, personne n’a la même destination alors on regroupe avant d’éclater et ça dure, dure mais tu en rigoles à force. Et de voir tous ces touristes un peu paumés moi ça me suffit.


A Bangkok, les bus c’est autre chose. Je n’ai pas encore bien compris le système. Certains tu payes d’autres c’est gratis mais pour savoir qui est qui il faut être initié. Ils vont partout et sont peu chers. Pareils il y a de la clim’ mais y’a surtout du thaï, de l’authentique et ça c’est fun. Dans ces bus vous verrez toujours un couple : le chauffeur et la vendeuse de tickets avec une boite cylindrique. Elle te vend un ticket qu’elle aura déchiré préalablement cinq ou six fois. Encore aujourd’hui je me demande pourquoi.
Y'en a plus beaucoup des cyclistes... mais ils sourient !
Parfois à peine tu descends du bus et tu as un mec d’un mètre cinquante max qui se jette sur toi avec hello my friend, how are you ? where are you going ? i can help you ? Tu n’as pas répondu que déjà il a mis tes bagages sur son tuk tuk. Eh oui, la folie ces tuk tuk. Y’en a partout en ville mais surtout dans les zones où il y a du touriste. Le tuk tuk c’est folklorique mais c’est cher si tu veux aller où tu veux, dangereux et ça va plus vite. Tous les inconvénients et pourtant ils sont tout le temps pleins parce que une fois dedans c’est un voyage à lui tout seul. Les champions de l’arnaque déguisés en jolie package c’est eux. Ils ont d’incroyables histoires pour vous faire monter faire un tour. Alors le tour coûte environ un euro et prend deux à trois heures. C’est une arnaque pas chère. Près des sites que vous voulez visiter y’en a toujours un pour vous dire "non mais c’est fermé aujourd’hui, fête bouddhiste, ou c’est l’heure de la prière..." Je me suis fait avoir comme une bleusaille. Je sais qu’il faut vérifier, tu le sais merde qu’il faut aller à l’entrée du site et demander, croiser les sources. Mais tes là avec ta copine, c’est pas cher si tu vas où ils veulent, alors tu te dis bon après tout pourquoi pas.
Résultat tu visites des sites prévus dans le circuit mais tu fais aussi la tournée des tailleurs du coin (pour monsieur) et des bijouteries (pour madame). Les tailleurs indiens et les bijoutiers mi-juifs mi-chinois. Tous de mèche. Ils payent la gasoline aux tuktuks pour qu’ils leurs emmènent de la clientèle. C’est à mourir de rire. Chez le tailleur dès que je montrai un quelconque intérêt pour une coupe ou une couleur, le mec m’annonçait direct le prix et la réduc, pour toi mon ami rien que pour toi. Rien que pour moi tu me la ferais pas gratis ? Pas d’humour l’indien. Côté bijouterie c’est pas mal on se laisse tenter, comment en serait-il autrement. Je demande pour une boucle d’oreille or blanc 18 carats (pour à peu près 70 € la paire en France vous avez quelque chose). La vendeuse me regarde et avec son sourire légendaire me dit 12 000 bahts la boucle d’oreille (environ 300 €) pour une 14 carats. Bah voyons.

Apres ce coup fumeux, tu peux prendre les taximeters. Colorés eux aussi avec une dominante pour le rose. La aussi il y a quelques astuces pour pas se faire enfumer. Car c’est un combat régulier pour leur faire comprendre que taximeter signifie, deux points ouvrez les guillemets : « la course est décomptée par le meter ». C’est gavant parce que t’es blanc, le mec pense que t’es blindé. A force tu deviens méfiant et parano avec tout le monde. Maintenant je rentre dans le taxi je lui dis la destination et s’il ne lance pas le meter au bout de cinquante mètres je descends au prochain arrêt. Une fois je me rappelle j’en ai même fait criser un. Il faut quand-même rappeler que la Thaïlande est un pays majoritairement bouddhiste, les gens sont calmes et s’énerver est vu comme un déshonneur. Pas peu fier le Gabert. Ceux qui me connaissent savent à quel point j’ai un talent incomparable dans ce domaine malheureusement ça rapporte que dalle à part des emmerdes. Pas super pour croûter.
Nous voila partis avec ma belle, direction l’office d’immigration, on se prend un café dans un lolo. Le Gus nous le dit tout net, attention aux taxis parfois ils vous font passer par l’autoroute et vous payez soixante bahts en plus aux autoroutes, demandez lui de passer par le voie normale... Dix minutes après ca manque pas. Je le signale au taxi, gentiment avec classe et dignité^^. Boum le mec ressort des biftons de sa poche et se met à beugler en thaï. Je comprends rien à part que le mec voulait simplement nous faire gagner du temps. Un taxi honnête, avouez que ce n’est pas commun. Résultat, il faut parfois être bon perdant. On reste avec lui jusqu’au bout et on le paye rubis sur l’ongle. A la limite de m’excuser de pas pouvoir lui donner plus.
Le train est aussi une belle expérience. Nettement plus hygiénique que la chine (je ne vois pas comment on peut faire pire). Mais faut du temps. Parfois deux arrêts sur cent mètres. Ça roule dans la campagne, fenêtres ouvertes parfois tu manges des cendres d’un écobuage local. Mais c’est vraiment le moins cher et puis pour être au plus près des thaïs y’a pas mieux. Je l’ai testé de retour du Cambodge après avoir renouvelé mon visa et j’avoue que je n’ai pas été déçu. Des cambodgiens venus voir leur famille de l’autre côté, des joueurs ruinés par les casinos de Poipet (j’y reviendrai), quelques touristes, des vendeurs de saucisses et boulettes de viandes. Bref un petit monde.

Le vélo. Le quoi ? Ouais tu sais le truc qu’on loue aux touristes parce que ça fait cool de se rappeler qu’on a des jambes et qu’on peut se déplacer avec. A part ça t’en vois très très peu.
Non question deux roues, celui qui tient la dragée haute c’est le motorbike. Chaque thaï ou presque en a une et puis elles servent aussi de taxi au moment des embouteillages (c’est a dire tout le temps^^). Ce n’est pas plus cher (ça dépend de ta couleur de peau) et pratique. Débouler à 70km/h sans casque sur les avenues, c’est fun.
Tu as encore du choix. Eh ouais mec. Bangkok c’est quinze millions d’habitants peut être plus (ça fait longtemps que dans les villes comme Bangkok on a arrêté de recenser). La ville s’étend sur des kilomètres. Résultat tu as le métro, le BTS (métro aérien) et deux autres lignes de métro aérien spéciales pour l’aéroport. Rien qui fasse sauter une braguette, tu peux retrouver ça dans d’autres villes. Le plus marrant c’est à l’intérieur que ca se passe : surclimatisés, tv débile et hypnotisante, les usages avec Samsung, Iphone et autres tablettes. Spectacle délirant de l’individualisation systématique voulue par qui ? Par tout le monde ? Bref c’est froid, sans âme. Ça fout les jetons. Et pourtant, la Thaïlande est relativement tolérante en matière de mœurs. Quand tu prends le temps de regarder les gens dans le métro tu vois la variété, la couleur mais plus personne n’ose parler à personne excepté par procuration. C’est rassurant tu peux couper quand tu veux. Tout le monde peut jouer un peu à Dieu. Autre aspect qui fait flipper : avant d’entrer dans le métro tout le monde est aligné bien sagement, ça bouge pas même aux heures de pointe. Personne ne bouscule personne. C’est horrible ! Des automates. Au moins à Paris, la femme enceinte ne se sent jamais autant en vie une fois quelle a réussit à entrer dans le métro sans faire une fausse couche.
Partout tu peux voir des panneaux il est interdit de... et de... Tu oses même plus te moucher. Encore hier, j’avais soif. Soif merde ! Tellement vital. Pas d’eau alors je me sors un yaourt liquide juste devant un panneau : il est interdit de consommer et de boire sur les quais. Fais pas ci fais pas ça ou comment infantiliser en douceur.
Sur les quais des BTS, tu peux à certaines stations profiter d’immenses écrans avec comme tu t’en doutes des programmes éducatifs à propos de parfums, de vêtements, de tablettes, d’autres TV. J’adore ces pubs TV où l’on parle de TV. Ça tourne en rond, non ? Une qui est pas mal en ce moment à Bangkok : c’est un thaï jeune, beau, riche et avec une carte platinum et la pub te fais clairement comprendre qu’il emballe des miss grâce à sa carte. Putain mais mettez un vilain à la place s’il chope grâce à la puce magnétique !
Si tu as envie de changer d’air, tu peux toujours te faire une ballade sur les khlongs (canaux). Deux choix, tu loues un long-tail boat avec quelqu’un et tu t’arranges avec le pilote sur ce que tu veux voir. Second choix tu prends le bateau public. Très économique. Par contre n’oublies pas de prendre tes boules quies. Tu perds la moitié de ton audition en quelques minutes tellement le moteur est bruyant. Et t’as plutôt intérêt à être agile et rapide pour descendre sur les quais. Par contre c’est assez planant de voir la vie le long des canaux. Des vielles bicoques de bric et broc, des zones pour boxeurs thaï aguerris, des pécheurs, des espaces verts avec des thaï pratiquant les échecs chinois, des renoues, des cordylines, des crotons, ...  Bwef on se croirait presque à l’abri de la ville.
Finalement le meilleur transport pour découvrir l’âme d’une ville reste tes pieds. Mais ça sera pour une autre fois.

Le frelon d’or : Se poser dans n’importe lequel de ces transports pour une destination pas trop prévue à l’avance et engager la conversation ou simplement regarder défiler un morceau de la vie des gens.
La pompe à vélo : la clim’ et le comportement automatisé des gens dans les différents métros.
Le fun de la semaine : les gardiens aux portiques de sécurité du métro qui m’arrêtent dès que je me ballade avec la gratte alors que tout le monde passe. Au début inquiet que ça soit une kalachnikov, tout sourire quand je leur détruis gentiment un morceau célèbre.

Charpi

PS Musical de Charpi : Lenny, de Stevie Ray Vaughan
PS Musical de Benjo : Wafaring Stranger, de Emmylou Harris
PS littéraire de Charpi : La zone du dehors, d'Alain Damasio
PS littéraire de Benjo : (fake) Lonely Planet du Vietnam^^

5 janv. 2013

La Chine en vrac
Le post sans transition.

Allez, je m’y mets. Sans le Charpi, un peu moins de motiv’ pour écrire. Mais je sens que ça va venir en commençant à tapoter sur la machine.
Eh oui, on s’est séparé en bonne et due forme avec le binôme. Il a continué son périple sur les routes lessivées de la Chine, du Laos et de la Thaïlande pour rejoindre sa promise sous les cocotiers. Perso, je n’ai pas gaspillé un jour de visa en Chine, à savoir trente. Un mois en Chine c’est un peu comme un mois en Europe : c’est court. Je me suis donc cantonné à la route pour le sud-est asiatique, à savoir les provinces du Sichuan (capitale, Chengdu) et du Yunnan (Kunming).
Ce n’est donc qu’un aperçu, et comme c’est délicat de faire une analyse poussée à partir d’une visite partielle, je vais enchainer des paragraphes en vrac ! Ce qui m’a surprit, le quotidien des gens, la nourriture, les visites, le bouddhisme…  pleins de trucs, mais sans transition (ou presque). A vous de piocher infos et impressions comme bon vous semble (ce post est quelque peu long mais ça ne servait rien d’en faire deux, donc prenez votre temps, mais bossez quand-même un peu, vous êtes au boulot faudrait pas oublier^^). (Désolé c’est pas drôle).

Le point « Différent hihihi ».
Oui en Chine on est différents et ça se voit ! Dans certaines zones il y a très peu de foreigners comme on nous appelle ici. Certaines personnes n’en n’ont jamais vu. C’est surtout le cas dans le pays ouïghour (post précèdent) mais ça continue encore au centre du pays. Dans la plupart des endroits où je passe je suis le plus grand, et on me le fait souvent remarquer ; en plus avec la barbe, je passe encore moins inaperçu. Les regards de certaines personnes semblent dire « mais qu’es-ce que c’est que ce grand machin ?! ».
Phénomène intéressant, on nous prend souvent en photo, parfois en feintant, souvent en nous demandant. C’est marrant, je dois être sur des dizaines de photos QQ (le facebook local)… et les demoiselles sont souvent au taquet, avec leur rire hihihi, y’a de quoi prendre rapidement confiance^^. Un espagnol croisé dans le coin avait même accroché une pancarte « 10 yuan » (1,2 €) pour que les chinois prennent des photos avec lui et ça marchait super bien ! Je ne suis pas encore à sec, je n’ai pas osé.
Comme c’est le cas pour les asiatiques en Europe, j’ai bien essuyé quelques fucking foreigners (en mandarin). On va dire que ça fait parti du folklore local.

Mélange d'ancien et de moderne

Le point « je me ballade dans les rues et la campagne ».
Je n’ai pas vu la Chine de l’Est (Pekin, Shangai, Hong-Kong…), donc ma vision est restée assez campagnarde. Néanmoins, dans les grandes villes on croise des jeunes hommes habillés en manga japonais ou des filles en jupes dentelles affriolantes façon Barbie. Les coupes de cheveux sont quelque peu farfelues et de toutes les couleurs. Indéboulonnables de leurs Iphone, ce sont les jeunes des classes moyennes ou hautes. A côté de ça, dans les villes mais surtout les campagnes, les classes pauvres. Ils tirent les pousse-pousse (!), vendent trois oranges et quelques châtaignes (oui oui un produit typiquement ardéchois !), bêchent la terre à l’ancienne, et mendient pour certains.
Il y a une grande différence entre les habitants des villages, laissés à l’écart de la modernisation, et les habitants des villes, qui tentent de trouver leur bonheur matériel. Comme en France il y a quelques décennies, il y a actuellement un fort exode rural, mais à voir ces populations dans ces grandes villes, beaucoup restent encore au bord de la route. La pauvreté est encore plus visible dans les villes car on peut la comparer directement aux luxurieuses voitures et enseignes françaises ou italiennes. Comme on me l’expliquait, la protection sociale ne fonctionne pas très bien ici. Tu m’étonnes. En sont notamment victimes les personnes âgées, beaucoup errent dans les rues à vendre quelques broutilles. Voir des jeunes mendier n’est pas bien drôle, mais les vieux ce n’est pas mieux. Ils ont déjà galéré toute leur vie et se retrouvent au même point aujourd’hui…
J’ai été assez choqué par les relations entre ces classes. J’ai observé un vrai mépris entre le pauvre vendeur et le riche client (par ailleurs fort sympathique) qui ne dit jamais bonjour ni merci ni merde. Et le vendeur ne dit rien, il est à son service quoi qu’il en soit, c’est comme ça et puis c’est tout ! Communisme où es-tu ?
En se baladant dans le Yunnan, on rencontre d’autres peuples que les majoritaires Han. Ils ne sont pas déguisés en manga et Barbie mais portent leurs habits traditionnels, généralement forts colorés et leurs peaux affichent un teint plus bronzé. Des 56 minorités en Chine, 26 sont implantées au Yunnan : les Naxi, Bai, Dai, Hani... Langue, écriture, habit, tradition, musique, religion… chacun sont style ! Certaines nationalités ne comptent plus que deux milles personnes, d’autres en comptent encore plusieurs millions. Apparemment, le gouvernement chinois les laisse plutôt tranquille. Sauf certains comme les tibétains bien sûr, j’y reviendrai. Et les jeunes générations ont tendances à répondre aux sirènes des grandes métropoles… combien de décennies ces peuples vont-ils garder leurs différences ?

Habits traditionnels de minorités du Yunnan

Le point « famille je vous aime ».
Les relations à l’intérieur des familles semblent bien plus fortes ici qu’en Occident. On vit encore à deux ou trois générations sous le même toit et si possible on ne laisse personne sur le carreau. Mais cela entraîne des pressions sur les jeunes générations qui peuvent difficilement se défaire de la tradition et, par exemple, filer étudier et vivre à l’étranger. J’en ai croisé plusieurs dans ce cas, déchiré entre leurs désirs d’aventures et la pression de la tradition… Celle-ci étant accentué car les enfants sont souvent des garçons ou filles uniques, faute à la politique mise en place dans les années soixante-dix.
Généralement cette politique semble avoir été suivie, je n’ai rencontré que des enfants uniques. Les femmes étaient (sont, encore) opérées pour empêcher toute nouvelle naissance. Mais comme toute loi, elle a été débordée par les ailes. Il est possible de payer pour avoir un second enfant, mais le prix est exorbitant au vu de ce qu’ils gagnent. Au-delà de ça plusieurs voies possibles. Pour les classes pauvres, surtout dans les campagnes, les femmes ont continué à avoir des enfants mais seul le premier avait une identité officielle, le droit d’aller à l’école etc. Pour les classes moyennes, il y avait toujours la possibilité d’aller accoucher aux Etats-Unis, l’enfant revenant avec la double nationalité. Enfin pour les riches, un bon gros bifton sous la table et cette loi n’a jamais existé.
J’écris plus ou moins au passé mais c’est toujours en pratique. Seulement aujourd’hui, si les deux parents ont ni frère ni sœur, ils peuvent avoir deux enfants, wouhou c’est la fête à la maison !
Et quand les enfants sont là, c’est la course à l’éducation. En tout cas à partir des classes moyennes qui ont un avenir en dehors des rues et des champs. Avec des classes allant de quarante à soixante-dix élèves par classes (quelque soit l’âge), ils bossent comme des fous pour arriver dans les premiers et assurer leur avenir… D’après ce que j’en ai entendu, leur enfance et adolescence n’a pas l’air bien drôle, et est rythmée par cette course à la première place.

Pause live : bon allez, il est 20h30, je vais sortir dans les rues de Sapa (quel pays ?) me faire une petite street food, en frayant mon chemin au milieu du brouillard, des mama hmongs (ceci est un indice) et des motos barjots. Bon ap’ !
…Le lendemain matin. Après avoir mangé hier soir un barbecue street food, j’ai rencontré un couple d’israéliens, puis dans le bar avec ma Bière Larue, des équatoriens, australiens… je reprends l’écriture ce matin.

Près de Dali, Yunnan

Le point « où sont les feeeeeemmes ? ».
Ont-elles leur place dans ce pays ? A première vue oui, quand je les croise dans les rues, dans les villages, ou dans le métro, je ne les sens pas à l’écart ou comme population de seconde zone comme ça pouvait être un peu le cas en Iran. D’ailleurs étrangement, les femmes font des boulots de mecs, pompiste par exemple ou plus étonnant encore, bossent sur les chantiers à charrier les sacs de ciments, les brouettes et autres moellons. L’égalité des sexes vue par le communisme. Mesdames si ça vous tente…
Particularité de quelques minorités du Yunnan, certaines sont matriarcales. Même si cela tend à la disparition, les femmes dirigent ces communautés. Par exemple, elles ont un mari (jusque là tout va bien) mais on le droit de sortir de la maison familiale tous les soirs pour aller voir l’homme qui les tente, et le mari laisse faire, c’est la tradition ! Mesdames, encore une fois, si ça vous tente…
Au-delà de ça, la femme n’est pas du tout l’égale de l’homme. En tout cas dans la classe moyenne/haute que j’ai fréquenté. Encore plus qu’en occident, les employeurs ne leurs font pas confiance et elles sont embauchées après les hommes. A la sortie de fac d’Ada (une chinoise de Kunming), tous les mecs ont été rapidement embauchés… aucune fille. Dans les esprits, leurs places est encore à la maison. Et quelque soit la classe, les filles m’ont dit qu’en raison de la politique de l’enfant unique, leurs parents auraient préféré avoir un garçon. Pour les aider au travail, pour garder le nom du père etc.
Ce classement en seconde zone des femmes se voit également dans les grandes entreprises ou en politique ou leur nombre est proche de zéro, ce qui n’aide pas à la défense de leurs droits. Ada veut s’engager dans ce combat en Chine…
On m’a également parlé dans cette classe un peu huppée, de la grande pression sur les jeunes hommes, qui aujourd’hui, s’ils veulent trouver une femme, doivent d’abord avoir travail, voiture et maison perso. Il faut rentrer dans le moule, et le plus vite possible. On me dit que les jeunes se marient de plus en plus tôt, qu’il y a de moins en moins de célibataires… l’inverse de chez nous, cela étant toujours porté selon moi, par cette course à la réussite, tant au travail que dans la vie de famille. Nombreuses sont les filles rencontrées qui ne cherchent qu’un riche mari en priorité, et on verra bien après pour les sentiments. J’ai bien essayé de rajouter des zéros sur mon compte pour paraitre riche…

Toujours dans la rubrique seconde zone, le point « Tibet ».
On en parle beaucoup en Europe… moins ici ! A l’origine, on voulait y faire un tour avec Charpi, mais pour entrer dans la Province, il faut un permis spécial, être un groupe de minimum cinq de la même nationalité et être accompagné d’un guide qu’il faut évidemment rémunérer. C’est étrange on dirait qu’ils ont quelque chose à cacher. On n’a dit non. J’ai apprit là-bas que les tibétains ne vivaient pas que dans la province du Tibet mais aussi dans les provinces voisines comme au Sichuan et au Yunnan. Mais j’ai été prit de court…
Comme on peut s’y attendre, les autorités cachent tout ce qui se passe là-bas. Et c’est plus facile d’entourlouper le chinois moyen quand toutes les télévisions gratuites sont tenues par Pékin. Donc la très grande majorité des chinois soutient le gouvernement ou au mieux, n’a pas d’avis. Par contre ceux qui ont accès à des infos venant de l’étranger ou pour les bouddhistes tibétains, c’est une toute autre affaire. Quelques faits, simplement :
En en parlant dans un bus avec Ada, elle n’a pas voulu citer le nom du Dalai Lama mais m’a montré une photo. C’est en effet interdit de le citer et un ami a elle, alors qu’ils mangeaient tranquillou au resto, s’est fait embarquer au poste car un flic l’avait entendu citer le nom d’un maitre bouddhiste. Ça ne déconne pas… Et ce n’est qu’un amuse-bouche. Elle prend actuellement des cours de conduite avec un jeune qui vient de finir son servir militaire au Tibet. Celui-ci était tout fière de lui dire qu’ils avaient fait plusieurs descentes dans des temples ou villages, liquidant froidement religieux et habitants afin de terroriser les esprits rebelles. Ça parait assez fou mais je n’ai pas de raison de ne pas la croire. Il a même fait des vidéos, mais n’est pas bien enclin à les faire passer. Si ces films pouvaient sortir sur la voie publique…
Et les monastères bouddhistes tibétains sont étroitement surveillés par Pékin, surtout ceux fréquentés par les touristes. Les Maitres sont suivis, les écrits sont surveillés… mais discrètement bien sûr, en bon touriste étranger ou chinois tu ne vois rien.

Emei Shan, des milliers de drapeaux de prières tibétains

Le point « bouddhisme et ouverture ».
Et oui, encore une subtile transition, pas mal pour un post sans transition, non ?!
Je ne vais pas m’étaler sur cette religion, je ne m’y connais pas assez ou il y en aurait trop à dire. En tout cas, dans ces régions en bordure du Tibet, on croise beaucoup de religieux, et c’est quand-même assez étonnant de croiser des bonzes avec Iphone et appareil photo dernière technologie. Et j’ai été encore plus surpris quand je me suis retrouvé dans la maison de la plus grande Master de tout le bouddhisme tibétain (Zhuo De Ba Mu en chinois, réincarnation de Kurukulle), match de NBA sur l’écran géant du salon. Encore cet appel du monde moderne, confronté aux traditions. En tout cas à mes yeux, cela ne sonne pas trop faux, et j’ai apprécié voir les bonzes très souriants, avec les touristes ou entre eux. J’ai beaucoup entendu parler du power des grands maitres, des bonzes ou mêmes des simples pratiquants, mais il m’aurait fallu un peu plus de temps pour confronter cela à la réalité. Next time (comme on a l’habitude de dire avec Charpi).
Et cela attire, j’ai croisé quelques occidentaux venus en villégiature dans le coin, certains pour des stages de Kung-Fu dans des temples, d’autres pour découvrir ce monde, et qui s’y sont désormais établis. « Heureusement » mon visa n’était que d’un mois, sinon qui sait…

Le point « j’ai fait mon touriste quand-même ».
Sans transition aucune cette fois-ci. Ce pays est tellement immense, j’aurais aimé aller voir la Grande Muraille, la Cité Interdite, Shanghai, mon couz à Hong-Kong… mais j’en ai déjà vu pas mal. Des temples déjà, ils sont magnifiques et appellent parfois au recueillement comme peuvent le faire des petites chapelles paumées en France ou certaines mosquées en Turquie et Iran.
Avec Killian le catalan de Chengdu, on s’est fait un bon trail sur une des quatre montagnes bouddhiste de Chine, Emei Shan. Au top ! On a vu ensemble le Grand Bouddha de Leshan, le plus haut du monde, 71 mètres (et en plus il est assis), datant du IXème siècle, taillé en bord de rivière pour surveiller les crues incessantes de cette dernière. Point non négligeable : il affiche un sourire bienheureux, comme la majorité des Bouddhas. Ça change de certains dogmes et ça fait pas de mal.
On a aussi fait les touristes à rendre visite aux pandas de Chengdu, c’est croooo mignon. Ils passent leur journée à manger des bambous, cherchant la meilleure position pour ne pas trop forcer et s’en mettre plein la panse. De vrais branleurs. Alors là cher public excusez cette familiarité soudaine mais le mot s’y prête parfaitement. En effet, ils ne sont plus du tout motivés à chasser de la demoiselle panda ce qui pose un problème pour la survie de l’espèce. Ils leurs passent donc des films à caractère stimulant… mais je n’ai pas eu plus de détails sur les scénarios et acteurs de ces susdits films.
Enfin bref… Le Yunnan m’a vu passé dans les belles (et très touristiques) villes de Dali et Lijiang mais aussi les terraces de riz de Yuanyang (très brouillardeuses malheureusement), les Gorges du Saut du Tigre… Un beau pays quoi !

Live again. Allez, après une balade dans les environs de Sapa, toujours au milieu du brouillard, je reprends la plume. Par contre, le courant n’est pas encore revenu dans la ville, depuis hier soir.

Jianshui, Yunnan, et ses danseurs du soir

Le point « enchainement hétéroclite ».
Ce qui est sympa dans ce genre de voyage c’est l’enchainement des journées, où l’on passe du coq à l’âne puis au panda puis à je ne sais pas quel autre animal encore.
Par exemple l’autre jour, où dans l’aprèm j’allais faire du shopping dans les magasins de luxe français et italiens : Louis Vuitton en tête, suivi de près par Prada, Cartier, Dior et autres Hubo Goss. A 60 € le rouge à lèvres chez Coco Channel, j’ai remis mon investissement à plus tard. En soirée je me retrouvai dans un resto bouddhiste avec une famille chinoise et une femme bonze (une bonzesse ? non quand-même pas j’espère). Cela avant d’aller dans la maison de cette Maitre bouddhiste, malheureusement pour mes amis (et moi aussi) elle était malade nous n’avons donc pu la voir, mais j’ai passé la soirée avec tous ces religieux… singulier !
Autre exemple, l’enchainement de quelques soirées dans le Sichuan. Premier soir festival rock chinois avec Killian le catalan, bon dieu ça dépote. Mais ça n’applaudit pas… et de manière générale, les chinois et la musique ça fait souvent deux ; Le lendemain trek, et nuit à 2500 m sous la neige dans une bicoque au fin fond d’une montagne bouddhiste avec une vieille mama qui nous a fait un riz-œuf ; puis nuit plus tranquille au pied de cette montagne dans une auberge presque normal avec quand-même un singapourien qui faisait ses rituels religieux au milieu de la chambre ; et enfin le soir suivant à Chengdu pour l’inauguration d’un bar belge, le Via Via, où j’avais été invité. Quel plat de nouilles ! Mais c’est ça qu’c’est bon.

Transition capilotractée où du riz-œuf je passe au point « chinese food ».
J’ai bien mangé en Chine. Ici tout ce fait au wok, à la poêle, au barbecue, à l’eau, à l’huile mais rien au four malheureusement. En dehors des familles, on peut manger dans la rue ou dans les restaurants. Dans la rue, on s’assoit à une petite tablée et on jongle avec les baguettes pour manger des noodles ou du riz, accompagnés de légumes et viandes, des beignets, des dumplings (boulettes de pates fourrés aux légumes ou viandes), tout type de viande bizarre (on m’a fait mangé de la langue de canard avec toute la tube digestif tout ça tout ça, c’était plutôt étrange surtout la consistance).
La deuxième solution est de manger au resto. C’est sympa car on commande une dizaine de plats sur la table (tournante en général) et on pique avec les baguettes le plat qui passe devant soi. Spécialité de Chengdu, le Hot Pot, où chacun a son bouillon en ébullition devant soi, et où l’on y cuit tous les ingrédients présents sur la table. Une fondue chinoise comme on dit chez nous. A part les fines tranches de viande ou poisson, on retrouve du bambou et tous types de légumes, des champignons étranges, des tofus de toutes sortes, des dumplings, des sortes de gâteaux…
C’est convivial de partager les plats, on pioche un peu de partout, comme bon nous semble. A cela on ajoute une sauce bien épicée comme tous les plats en Chine. J’ai souvent demandé des plats non épicés, mais ça l’était quand-même ! Par pour eux… Oui parfois j’ai craché du feu.
Très bonne nourriture vous l’aurez compris, mais comme dans de nombreux pays, le hic intervient au dessert. Car il n’y en a pas. Ou alors des fruits. Ça commence à manquer je dois vous dire un bon vacherin, un gâteau au chocolat digne de ce nom, une tarte tatin toute chaude avec sa boule de vanille de Madagascar… je me fais du mal. J’ai quand-même pu déguster un très bon tiramisu et une crème brulée tout à fait acceptable au bar belge de Chengdu. Merci les belges. Anecdote marrante dans ce bar-resto, les serveuses n’étaient pas encore habituées à amener les plats les uns après les autres (comme en Europe) donc on s’est retrouvés avec les desserts en entrée, l’entrée deux minutes après et le plat principal à la suite.

Le point « Environnement » (car il en faut toujours un).
Eh oui il en fait un car les enfants de l’école de St-Priest nous on demandé de planter un arbre en Chine (car ça capte le CO2, pas sots les mioches) et de leur prouver que la pollution atmosphérique est plus forte qu’en France. Pour l’arbre, check ! Pour la pollution de l’air, c’est pas gagné car les villes où je suis passé ne sont pas si polluées que ça. Pas plus qu’en France. Cela étant notamment dû au fait que toute la moitié sud du pays n’a pas de chauffage central et que peu de particuliers ont leur propre chauffage. Moins de pollution certes mais ça meule ! Mais comme le rapportait Le Monde il y a peu, la pollution atmosphérique augmente très rapidement dans l’Empire du Milieu, jusqu’à provoquer la mort de plus de deux millions de personnes par an…
Bonne pratique non négligeable dans les provinces où je suis passé, tous les scooters roulent à l’électricité. Et ces éoliennes vues sur des kilomètres, dans le train entre Urumqi et Chengdu… Ça progresse les gars, ne vous arrêtez pas là surtout (gros hic, le pays a prévu de construire plus de cent réacteurs nucléaires et centrales à charbon dans les années à venir).
Malheureusement les citoyens, s’ils sont un peu plus disciplinés que dans d’autres pays traversés, jettent encore facilement tous leurs détritus dans la rue et la nature. Mais ça semble moins pollué qu’en Albanie par exemple car un des boulots les plus courus est celui de balayeur… Donc les gens cherchent rarement les poubelles. Néanmoins, les balayeurs passent rarement dans les rivières.
Il est hallucinant de voir aussi tous ces emballages plastiques dans les supermarchés. Chaque pomme, banane, parfois date, est mise sous cellophane. Etonnant cette attention donnée à l’hygiène quand on les voit cracher de partout même à table. Ca n’est pas un peu paradoxal ? Futur problème de santé à grande échelle, les antennes relais qui pullulent de partout et sans les cacher (comme chez nous), on les voit sur les écoles, sur les temples, ils s’en foutent. On ne va quand-même pas arrêter le progrès pour des considérations sanitaires.

Chengdu, pays du panda !

Le point « pas classe, voire pas classe du tout ».
J’en ai déjà un peu parlé mais les chinois ont des comportements assez choquants pour un tendre occidental comme moi. Déjà ça racle des gorges dans tous les coins de rues, dans les bus, certains restos… et ça lâche des gros crachats parfois juste devant toi sinon dessus. Bien sûr on peut cracher (discrètement) à table mais on ne se mouche pas. La parisienne Doriane en a fait l’expérience en se faisant virer d’un resto à Pékin !
Après ça, quand ils mangent ils en foutent de partout, sur la table, par terre, et sur le menton bien sûr… Même les charmantes damoiselles ne sont pas de tout reproche. Je généralise à peine et en tout cas le sluuurp pour boire sa soupe (à la Jacques Brel) est une des bases de la culture culinaire.
Dans un autre style, j’ai été étonné de la façon dont se parlent les gens (comme je l’ai dit plus haut). A cela s’ajoute une langue qui peut être très incisive, accentuée par des voix très dures et cassantes, et c’est encore surprenant quand ce sont des femmes. Les gens se gueulent dessus et c’est normal. Ils laissent encore plus faire quand c’est un uniforme qui intervient, cela étant peut être hérité de l’époque de la Révolution Culturelle ou les humiliations en public par les Gardes Rouges étaient courantes et où il ne fallait mieux pas se rebeller.
Ils restent également sans réactions dans les dortoirs quand des nouveaux arrivant allument les lumières, parlent normalement sans aucun effort de discrétion,… c’est vraiment particulier.
Toujours dans cette relation particulière entre les gens, ceux-ci se doublent sans scrupules dans les queues, sans discrétion aucune, jusqu’à se pousser et se tirer. En France on double aussi, mais au moins on fait ça discrètement ou avec classe, pas ici.
Et pour finir le point klaxonne. Ils en sont fous dans tous les pays traversés, mais la petite touche locale consiste à le faire sonner pendant environ trois secondes à la suite. Et c’est très long trois secondes quand tu commences à t’endormir dans un bus… Et surtout, personne ne dit rien, c’est normal.

Pour finir cet article en vrac, le point « bordel ».
Justement en Chine, les bordels c’est monnaie courante (souvent le premier étage des hôtels) et nombreux sont ceux qui semblent y avoir goutés ; Mao est généralement bien vu, la Révolution Culturelle n’ayant pas fait « que des mauvaises choses » ; Ils kiffent les karaokés (KTV), il y en a de partout et c’est franchement fun ; Ils dansent un peu de partout en groupe dans la rue ou sur les places, belle tradition qui tend à disparaitre avec les nouvelles générations ; Ils n’ont pas bien saisi le concept des fêtes de fin d’année : un grosse bringue pour Noël, et en famille pour le jour de l’an…

Le frelon d’or : la ville de Dali, dans le Yunnan, et cette bringue de Christmas dans les rues.
La pompe à vélo : ce mépris entre les gens, les classes,… qui ne gène personne.
Le fun : quand ils répondent au téléphone, ils disent une sorte de « Ouuaaaiiii » avec un bon vieil accent stéphanois, c’est vraiment trop bon. Je ne pouvais m’empêcher de répéter ce superbe « Ouuaaaiiii » ce qui m’a valu quelques regards interloqués.

Benjo

PS Musical de Benjo : China Girl, de David Bowie.
PS Musical de Charpi : Une femme seule, de IAM