Une pige en Cambodie ?
Autant on a bossé avant de partir, autant maintenant
on regarde les autres. Et perso je m’y fais bien. Faudrait trouver une astuce
pour que cela devienne un vrai boulot (de regarder les autres bosser). Enfin
bref, ici les trois-quarts de la population ne travaillent pas dans le
tertiaire, au contraire plus de 80% vivent à la campagne et presque autant bossent
dans le secteur primaire. C’est donc bien différent de par chez nous. Voila donc
devant vos yeux ébahis un florilège de métiers observés au Cambodge ou de
métiers qui pourraient exister. Au-delà de présenter ces jobs, cela permet de
dresser un petit portrait du pays, via une autre porte d’entrée. D’ailleurs, je
parle du Cambodge mais j’ai bien l’impression que cela concerne également un
peu les autres pays du sud-est asiatique.
Pays abritant Angkor et ses magnifiques temples, le
touriste pullule et les boulots s’y rapportant se sont multipliés en quelques
années. En voici quelques uns.
Le must du top : les Tuktuk drivers. Ils sont les stars du pays à défiler de partout
avec leurs vieilles motos et leurs remorques aux allures de calèches, à l’affut
du moindre foreigner. « Tuktuk
mister, lady ? Maybe for tomorrow ? ». Ils sont tous sympas et
souriants, n’essaient pas toujours de t’arnaquer mais préfèrent les touristes
chinois qui ne marchandent presque pas. A la nuit tombée on les voit souvent
dormir dans leur remorque, ou dans un hamac accroché à leur deux-roues. Au cas
où un client aurait besoin d’eux. Pour un peu moins cher, on peut aussi prendre
une moto, seul ou à deux, mais évitez de monter à six comme le font certains
locaux. Métier complémentaire et indispensable, les garagistes et autres
bricoleurs en tout genre, que l’on trouve de partout. Ne vous en faites pas
vous ne serez jamais en panne bien longtemps dans ce pays.
Les masseurs. A Siem Reap, ville voisine de l’immense
région d’Angkor, on ne peut échapper aux foot
massages et aux fish massages.
Pour le premier et pour 3$ on se fait masser les pieds pendant une demi-heure
(par des jeunes masseurs qui gagnent quelques dollars par jour pour payer leurs
études) ; pour le second ce sont les mêmes conditions mais les poissons
font le boulot (eux ne sont pas payés sinon par nos peaux mortes). C’est
horrible au début, trop chatouillant. Donc la recette c’est de se mettre à
penser à autre chose, à parler de n’importe quoi comme des derniers propos
choisis de JF Copé, du cours de l’avoine au marché de Chicago ou de la très
bonne forme de l’ASSE. Ensuite ça va mieux.
Les commerçants à touristes. De types divers. En ville
les commerces sont fixes, remplis d’emplettes… à touristes. Mais bon, nous on
ne rentre pas demain du coup on ne remplit rien, sinon des livres par exemple.
Et tous sont faux, de pales copies. Mais à 80% moins cher on ne mégote pas trop
longtemps et on fait le plein. A un foreigner
tenant un fake bookstore, je lui
demandais si ce n’était pas un peu risqué ce genre de commerce : « non
non pas du tout ici c’est autorisé ». Bon. Sinon, devant les lieux
touristiques le commerçant est mobile et vous suit gentiment en disant dans un
bon anglais « buy for me buy for me ».
Il a tout son commerce sur son vélo, ou a sa grande sacoche, et s’aide de son
cou et de ses bras pour faire devanture.
Les restaurateurs. On mange assez bien au Cambodge,
bien que cela soit moins diversifié qu’au Vietnam et en Thaïlande. S’il y a
marqué 5$ sur la carte ne pas hésiter à demander 2,5$ en général ça passe.
Point non négligeable pour des touristes français en perdition culinaire depuis
quelques mois (même si ça va mieux dernièrement), les carrioles de crêpes
Nutella-bananes. Un régal.
Les mini-vendeurs. Parfois on est doucement hélés par
des personnes encore plus petites que les cambodgiens ! Si si, leurs
enfants. Eh oui, ici tous ne vont pas à l’école, beaucoup semblent bien
démerdards dès tout petit et quand leurs parents bossent au resto à côté, ils
se baladent dans les temples, jouent entre eux mais en profitent aussi pour
vendre des cartes postales ou proposer leurs services pour faire guide-aventure
dans la jungle.
Hôteliers. Il en abonde également dans les zones à foreigners. Multi-polyvalents et
relativement efficaces, ils assurent tout, de la lessive senteur barbecue (ça devait
être l’étendoir qui était mal placé) à la réservation de bus dans l’une des dix
compagnies qui assure le même itinéraire. On a pu observer, comme pour d’autres
services à touristes, que de nombreux sont tenus par des étrangers. Mais les
salariés sont bels et biens des locaux, avec le salaire qui va avec, environ
150$ par mois (même ordre d’idée pour les Tuktuk drivers par exemple). Parfois
certains enchainent deux boulots pour doubler le salaire et s’autoriser
quelques rêves (une nouvelle moto, une maison, un voyage).
Plutôt caché dans nos contrées, le plus vieux métier
du monde s’affiche ouvertement ici. Toujours à Siem Reap, j’ai vu plusieurs foreigners embarquer des demoiselles
après discussion du prix, comme ça, juste devant notre fish-massage. Et encore… Ce qui est vraiment dégoutant est de voir
ces vieux blancs se promener avec ces filles… Pour certaines on doute vraiment
de leur âge. C’est surtout le cas à la capitale, Phnom Penh (et encore plus sur
le front de mer à Sihanoukville).
Les poissons préfèrent certains... |
C’était donc la rubrique « job à touristes ».
Mais on peut aussi croiser ce genre de travailleurs.
Les gars dans les rizières (comment on dit ?). 70%
de la population vit de l’agriculture et la grande majorité dans la culture du
riz. Après les ravages causés par les années de guerre, l’agriculture se
restructure et la production est moins dans le dur. En bus, Tuktuk, moto, on ne
peut manquer ces rizières et ces cambodgiens penchés sur leur plants.
Les maçons. La construction est un autre pilier de
l’économie. Dans la capitale, les gratte-ciels poussent comme des champignons
mais pas un n’est terminé, espérons qu’ils le soient un jour et que tout le
pognon ne revienne pas (que) dans les poches des promoteurs et politiques. Plus
original, les maçons à maisons sur pilotis. C’en est cafi ici, le long des
rivières bien sûr mais parfois aussi à des dizaines de kilomètres, au milieu
des forêts. On a du mal à imaginer les eaux inonder ces lointaines contrées,
mais ici la saison des pluies ne fait pas semblant. Si vous avez besoin d’une
maison sur pilotis, n’hésitez pas à contacter des maçons du coin, ils m’ont
l’air aguerris.
Les arboriculteurs. Toujours plein de bons fruits ici,
comme dans le delta du Mékong, c’est la régalade.
Les métiers d’eau. Nous ne sommes pas allés sur la
côte cambodgienne, mais dans les terres aussi, l’eau a son importance
économique. Avec ses poissons évidemment, le Mékong (et ses nombreux affluents)
étant le fleuve abritant parait-il le plus grand nombre d’espèces de poissons
au monde. Et ici aussi, les marchés flottants font lois dans certaines régions.
Les concessionnaires motos. Evidemment pour répondre à
la demande, l’offre doit suivre. Et elle suit, il y a des magasins de partout,
du neuf et un peu d’occasion. Mais ça reste un peu chéro, surtout pour des foreigners. On cherchait des motobikes à
acheter avec Charpi, c’était sympa, on était accueilli avec des bières (y’a pas
un souci là ?) et des grands sourires, mais à la fin c’est la même que dans
une concession Peugeot ou BMW c’est trop cher, même si ce sont loin d’être
tous des esc(r)ot^^. On a donc trouvé par petites annonces et connaissance de
connaissance.
Les chiffonniers. Il n’y a pas ou très peu de
ramassage des ordures ici. Et comme de partout, Saint-Plastique fait des
ravages, il en traine ainsi de partout, les gens ne sachant pas toujours à quoi
sert une poubelle. Et même s’ils le savent, il n’est pas évident d’en trouver
une. Donc, avant d’enterrer et/ou bruler les déchets qui ne sont pas au milieu
des champs et rivières, des locaux fouinent et ramassent ce qui les intéresse, principalement
des bouteilles en plastique, afin qu’elles soient recyclées. Saisissant de voir
à deux pas de la Pub-Street de Siem
Reap un père et ses deux fils de huit-dix ans, chacun sur leurs vélos, à
transporter leurs sacs en plastique remplis de déchets tout juste collectés.
Car si tout le monde semble avoir un emploi (même les
enfants, c’est dire), la pauvreté est bien présente. Surtout, les inégalités
sont frappantes, et à mes yeux, bien plus qu’au Vietnam. On croise dans la même
rue une Lamborghini ronflante et un gars réparant des vélos et dormant sur
place.
Garagiste-soudeur, un métier du présent et d'avenir |
Mais, pays singuliers, le Cambodge et ses voisins
semblent s’être penchés sur d’autres branches de l’économie, ou alors,
devraient y penser. Il me semble qu’il y a de quoi faire. Voyez plutôt.
Chorégraphes chanteurs. Comme dans le reste de
l’Extrême Orient et apparemment dans le reste du monde, le phénomène Gangnam
Style fait des ravages notamment auprès des tous jeunes. Longeant le lac proche
d’Angkor Wat, on voit un gamin jouant dans l’eau, avec les reflets du soleil,
une vraie carte postale. « Oh comme c’est mignon ce bout d’chou ». En
ce rapprochant avec notre pilote de tuktuk, on se rend compte qu’il chevauche
sa monture imaginaire au rythme du Psy, on est mort de rire. Le lendemain,
trois gamins à l’arrière d’un autre tuktuk chantent à tue-tête « sexy laaaady ».
Avec les vieux chinois qui se déhanchaient sur ce rythme sur les places
publiques, le père de mon couchsurfeur Long à Hanoi qui était au taquet sur la
chorégraphie… Ça fait beaucoup et j’en passe. Et ils se débrouillent tous très
bien, tout comme au karaoké ! Y’a un potentiel à ce niveau là, ça se voit
(pour certains au karaoké c’est sincère).
Réalisateurs et autres métiers du cinéma. Si au
Vietnam le cinéma semblait un peu plus diversifié, au Cambodge (et encore plus
en Chine) on ne voit que des films de Jackie Chan ! On le voit de partout,
ou alors c’est un enchainement de coïncidences extrêmement suspect. En même
temps les autres films sont de qualité cinématographique très aléatoire. Pour
être gentil. Mais les locaux semblent adorer.
Démineurs. En tout cas c’est que semblent indiquer
nombres de t-shirt à touristes « Cambodia : danger – mines ». Et
ce n’est pas forcément faux, de nombreuses zones étant toujours interdites.
Profs de chinois pour tuktuk drivers. Tous les pilotes de tuktuk parlant chinois sont
probablement pleins aux as. En effet comme je vous le disais le chinois ne
marchande jamais ou est très mauvais, donc ce sont les clients les plus
recherchés. Mais ne parlant ni khmer ni anglais, ils cherchent n’importe quel
driver parlant chinois et sont très généreux à leurs égards. Et en plus ils
donnent double dose de pourboire. En fait prof de chinois ne rapportera pas
grand-chose mais si les locaux venaient à apprendre la langue, c’est le jackpot
assuré.
Flics anticorruption. S’il est institutionnalisé au
plus haut niveau de l’Etat-dictature, les policiers de provinces semblent bien se
servir également, notamment auprès des tuktuk
drivers (encore eux) comme nous le signalait Socheat, pilote et
Couchsurfer. Le seul souci en bossant dans l’anticorruption c’est que tu ne vas
pas te faire beaucoup de collègues.
Nounou. Il y aurait surement de quoi faire sachant que
40% de la population a moins de 16 ans. Mais ces enfants, s’ils ne vont pas à
l’école, semblent s’éduquer par eux-mêmes, dans les rues, les temples ou les
champs…
Beng Mealea, près d'Angkor, ici les enfants se débrouillent seuls |
Sensibilisateur à
l’environnement. Combien avons-nous croisé de gamins balançant leurs sacs
plastiques parterre avec leurs parents les laissant faire. Le résultat se voit
en regardant autour de soi : de partout, des déchets, où que l’on soit.
Espérons qu’un jour l’Etat mette quelques moyens, très peu suffiraient pour
sensibiliser, c’est si simple.
Ingénieur fils téléphoniques et électriques. Alors là
c’est LE job d’avenir. Mais quel foutoir géant ! Au-delà de l’aspect
esthétique dont on fait abstraction rapidement (on essaie néanmoins tous d’en
tirer des photos originales), comment font-ils pour s’y retrouver ? Il y a
parfois une centaine de fils sur le même poteau, partant dans tous les sens.
Régulièrement t’as des coupures de courant dans une maison, un quartier ou une
ville, tu ne sais pas trop pourquoi. Ce n’est certainement pas la seule raison
mais il y a quand-même peut-être quelque chose à gratter de ce côté.
Je vois que vous hésitez encore, mais ne vous en
faites pas, quelque soit le boulot que vous choisissiez, ce sera avec une bonne
équipe de potes, car au Cambodge tout le monde est détendu, de bonne humeur
avec un bon gros smile tout naturel.
Et ça, ça fait zizir.
Le
frelon d’or : la semaine à Angkor, à visiter ces temples
millénaires, pour certains perdus au milieu de la jungle et recouverts d’arbres
séculaires. On croise des singes, on vie avec les bruits de la foret… Ça m’a
rappelé un beau voyage dans le Chiapas mexicain où l’aventure était la même à
Yaxchilan ou Bonampak. Ici le programme ressemblait à ça : visite le
matin, sieste dans les temples puis coucher de soleil au sommet d’un autre, avant
un petit repas local et le choix drastique du soir : fish massage ou foot massage
? Les poissons ont souvent remporté le match.
La
pompe à vélo : ces vieux foreigners avec ces belles et (trop) jeunes
cambodgiennes.
Le
fun : l’acquisition de nos Honda Win 110 pour aller
cabosser les routes du Cambodge et du Laos.
Benjo
PS Musical de Charpi : Papa was a rolling stone, de The Temptations
Coucou, c est jean pierre et liliane, on s est vu a Paksan et on avait passe une soiree bien sympa avec vous. J espere que tout continue pour le mieux. J aime bien vos commentaires et votre humour sur votre periple je regarderai de plus pres quand on sera rentre,
RépondreSupprimerPour nous c est quasiment fini, on vous souhaite de belles aventures et n oubliez pas de passer nous voir si vous venez dans notre coin en Aveyron. Amicalement, jp.
http://declicsargentiques.wordpress.com/
Bonjour a vous !
SupprimerOui c'etait une belle rencontre, qui nous a donne de belles perspectives pour l'avenir... Mat' est aujourd'hui dans le nord du Laos, je viens d'arriver en Birmanie, c'est grandiose ! allez-y si ce n'est pas deja fait. A bientot a Lyon, Guadeloupe, Larzac ou ailleurs !
Bonne route
Benjo