A bout de souffle
Ennzzzoooooo !!!!
Lors de mon passage
en Thaïlande, j’ai découvert un peu par hasard le monde de l’apnée, et ça
m’avait vraiment prit au corps. En route pour la Malaisie, on me conseillait
alors de passer sur l’île de Tioman, à l’Est de la péninsule, apparemment le
seul endroit où pratiquer la discipline. Un instructeur passé par l’école
d’apnée de Koh Tao et une tenancière de bungalow folle du monde sous-marin,
Pete et Stella, au Swiss Cottage de Tioman Island, voila l’objectif. Je vais
vous parler un peu de ce séjour et de cette discipline.
L’apnée (freediving ou apnea en anglais), tout le monde connait en France grâce au Grand
Bleu de Luc Besson, avec Jacques et Enzo, un film hommage à Jacques Mayol, sympa
mais qui a un peu vieillit faut bien l’admettre. Heureusement Jean Reno était encore
au top à cette époque. On peut faire de l’apnée pour les performances, en temps
et profondeur, mais aussi pour profiter pleinement du snorkeling (regarder les poissons avec son tuba, en surface ou
quelques mètres dessous). Tant que j’étais avec des pro, j’ai pu tester
quelques performances, mais ça m’a permit surtout d’acquérir les bases pour
être à l’aise dans ce nouveau milieu.
Tioman est une
charmante île, élue plus belle du monde dans les années 1970 et faisant encore
partie du top dix parait-il. Quels sont les critères ? Les belles plages,
la jungle, les fonds sous-marins plutôt préservés, les cascades, les
autochtones détendus et accueillants, un tourisme peu offensif ? Je ne sais
pas, peut être un peu de tout cela. J’ai passé du bon temps à Koh Tao, mais ce
n’est pas vraiment la Thaïlande, c’est Touristland. Ici on est vraiment en
Malaisie, la majorité des instructeurs (et des gens !) sont locaux, les
restos sont remplis de malais, il n’y a pas de beach party dans tous les sens, pas de concours de beau gosse
surfeurs australiens. On est au pays quoi !
Franchement, rien à redire |
Morceau de terre
déjà évoqué par les commerçants arabes il y a deux millénaires, elle a vu les
français débarquer à la fin du XIXème. Enfin, UN français, Marie David de
Merena, un général sous Louis-Philippe. Voulant devenir roi d’une île (après
tout pourquoi pas, chacun sa passion), il choisit Tioman. Faisant comme chez
lui et se considérant roi il importa des animaux, des plantes, vendit des
malais en esclaves à Madagascar (c’est pourquoi il y en a là-bas de nos jours)…
A l’aise le gars ! Et ceci durant une quinzaine d’années avant qu’il ne disparaisse,
parait-il tué par un serpent lors d’une chasse dans la jungle.
La forêt, bien préservée,
doit effectivement occuper 99% de la surface de l’île. Quelques balades, même
de deux trois heures, suffisent pour que l’on ne veuille s’y perdre. Une
humidité à s’y noyer, des bruits tous plus étranges les uns que les autres, des
singes, et insectes gros comme trois doigts, des varans tout mignons de presque
deux mètres, et des plantes qui te grattent pendant des jours ! La jung’
quoi ! A part ça il y a donc quelques villages repartis tout au long de la
côte, avec une route (qui ne fait pas le tour de l’île, forêt oblige), quelques
bungalows, magasins et restos autour, puis la plage. Et pis c’est tout. La mer,
et ses coraux, abimés voire morts le long des plages, mais de toutes les
couleurs sur les petits îlots au large.
Parti pour rester
trois-quatre jours, puis prolongeant toutes les deux nuitées, le séjour dura en
fait trois petites semaines. Une nouvelle fois, des vacances dans le voyage. En
dehors de quelques petites aventures au milieu de la jungle, quelques bringues, de
la cuisine et du benchmark de restos locaux, j’ai donc passé mon séjour sur une
plage de cinq cents mètres, avec ma cabane à une extrémité et le Swiss Cottage
de l’autre où je retrouvais Pete l’instructeur canado-hollandais et Stella la
tenancière malaise (et un peu suisse quand-même).
Ayant fait une
formation de débutant à Koh Tao, j’ai donc poursuivi les cours, pour descendre
jusqu’à trente mètres, le long d’une ligne. Après ces quelques jours de
formation, ça n’a rien d’extraordinaire, c’est le lot de presque tous les
étudiants. Et toi aussi cher lecteur si tu t’y mets demain !
Coucou c'est bibi ! |
Et pour en arriver
là, on nous explique comment fonctionne notre corps sous l’eau, comment il
réagi lorsqu’il est en manque d’oxygène, et on apprend simplement quelques
techniques de relaxation-respiration, souvent empruntées au Yoga.
Lorsque l’on
immerge notre visage sous l’eau, nous nous transformons en mammifère marin
(enfin presque) et nous en acquérons les reflexes. Notre physiologie évolue
afin de nous aider dans ce nouvel élément.
Tout d’abord la
bradycardie, le ralentissement du rythme du cœur. A chaque battement nous
consommons de l’oxygène donc celui-ci, en ralentissant automatiquement, réduit
la perte d’O2. C’est pour cela qu’il faut garder son calme sous
l’eau, ne pas faire battre son cœur trop vite. De plus, la profondeur, ainsi
que la différence de température entre l’air et l’eau, déclenche le refoulement
du sang des membres inférieurs et supérieurs vers les reins, le cœur et le
cerveau, là où il y a vraiment besoin d’oxygène. Enfin la contraction de la
rate permet, lorsqu’elle est compressée par la pression (quand elle ne fait
plus que 20% de son volume, à partir d’une trentaine de mètres), d’augmenter le
taux d’hémoglobine, donc d’oxygène, dans le sang.
Bon déjà, en
sachant tout cela, on est rassuré. On n’est pas seuls, notre corps bosse pour
nous, notre physiologie évolue par elle-même. Ensuite on apprend qu’au bout
d’un moment (presque quatre minutes en statique pour moi), que ce soit sous
l’eau ou sur terre, notre corps a des contractions thoraciques. Phénomène très
étrange au début et qui peut vraiment inquiéter si on ne sait de quoi il
s’agit. On se dit qu’il y a un problème. Ces contractions sont en fait là pour
nous aider à tenir davantage, il faut les apprivoiser, les aimer, autrement on
stress et on craque. Au début lentes (une toute les 3-4 secondes), elles se
font plus rapides au bout de quelques dizaines pour enfin imprimer un vrai tempo,
en plus du rythme cardiaque.
Conscient que ces
contractions sont naturelles, cela déstresse aussi et on peut prolonger le
séjour. Pour autant, si j’en ai des dizaines en statique, je n’en n’ai eu que
quelques unes en mouvement à plusieurs mètres sous l’eau et ça reste peu
agréable, on veut de l’air ! Et en gigotant dans les fonds je ne tenais
pas bien plus d’une minute trente. Pour
l’instant. Je n’ai pas trop poussé...
Avec la
connaissance des contractions et des réflexes de mammifères, nous voila bien
armés, et tout cela sans rien faire !
Un "bat-fish" |
Mais pour rester un
peu plus longtemps sans ouvrir la bouche, il faut faire quelques exercices
d’échauffement. Il existe de nombreuses techniques selon le type
d’entrainement, le type d’apnée, sur terre ou sous l’eau, en statique ou en
mouvement. L’objectif étant d’inhaler le maximum d’oxygène, et pour ce faire, il
faut essayer d’élargir le volume de ses poumons. Comme pour les chanteurs. Une
technique consiste à remplir d’abord le ventre, puis la cage thoracique, puis
la poitrine, et un dernier petit coup avec les épaules (oui oui). Et même à
l’extrême on peut inspirer encore un brin avec une technique de succion appelé
« packing ». La façon d’expirer est aussi importante, lente et
contrôlée. Cette technique de respiration convient pour les descentes en
profondeur et le snorkeling quelques
mètres sous l’eau, en mouvement. Pour l’apnée, on se concentre sur le ventre et
la poitrine.
Combinez cela à un
temps précis d’échauffement, un nombre précis de respirations, entrecoupées
d’autres simples, de récupérations, et vous êtes fins prêts !
Vous remarquerez
que je ne vous donne pas toutes les recettes car faire ça sous l’eau s’avère
quand-même un tout petit peu dangereux, surtout si l’on est seul et qu’il n’y a
personne à côté avec un minimum d’expérience. En fait, comme la plongée en
bouteille, ce n’est absolument pas dangereux si l’on fait ça dans les règles. Mais
il est par exemple interdit de pratiquer cette discipline seul, notamment quand
on veut taper du record. Ce que j’ai évidemment cherché à faire le premier jour
à Koh Tao, ce qui m’a valu une « samba » comme ils disent, à savoir
une sorte d’évanouissement. Au bout de trois minutes de statique, c’est-à-dire en
surface mais corps et tête sous l’eau, l’instructeur à côté de moi commençait à
contrôler mon attention en me serrant les poignets par exemple. Je devais faire
de même pour lui signifier ma conscience, mais au bout d’un moment je n’ai plus
répondu. Le problème c’est que l’on ne se rend pas vraiment compte lorsque l’on
perd (un peu, c’est pas méchant) conscience. Je me suis alors retrouvé en plein
rêve, c’était trop bien, il n’y avait pas le long couloir et la lumière blanche
heureusement, mais j’étais bien. Mais je me suis senti encore mieux lorsque
l’instructeur Greg m’a réveillé. Ma foi, depuis je pousse moins dans le mental,
mais je suis content de l’avoir vécu car maintenant je sais que je n’ai pas
envie de rêver de nouveau ! Quand on push
comme on dit, les lèvres deviennent bleues, puis la tête… là ça commence à
sentir le roussi.
Ah oui, si vous
faites du snorkeling pour regarder
les petits poissons à quelques mètres de profondeurs, ne gardez pas les poumons
pleins car l’air vous fera remonter à la surface, telle une bouée. Il faut
expirer une bonne quantité d’air ce qui nous aide à rester au fond, mais on
perd en temps. Phénomène étrange aussi, lorsque l’on arrive au point de
flottabilité, à une dizaine de mètres. Au dessus, on remonte automatiquement à
la surface, en dessous, on chute vers les abimes…
N'oublions pas que l'on est au milieu de la jungle quand-même |
Connaitre tout ça
m’a permit surtout de profiter des fonds marins de Tioman. Selon moi moins
riche en coraux que sur Tanote Bay à Koh Tao, mais j’ai quand-même pu voir des
bonnes tortues, des bons requins (deux mètres grand max), pleins de bestioles
bizarres et surtout on est vraiment peinard. Pas grand monde. Parfois quelques
plongeurs en bouteille et c’est vraiment marrant d’être avec eux par cinq dix
mètres de fond. Tricheurs.
Comme je le disais
dans un autre post, je ne suis pas forcement marin comme gars. Plutôt terrien.
Dans les premiers temps, les sensations ne sont pas très bonnes car je ne me
connais pas bien, je ne connais pas mes reflexes physiologiques. Ça fait un peu
peur. Et le stress fait vite perdre de l’oxygène « non je ne vais pas y
arriver, il me manque de l’air, faut que je respire… ».
L’idée, que l’on
soit sous l’eau, en statique ou sur terre, est vraiment d’être calme, d’avoir
des pensées positives, ne pas stresser, ne pas penser au temps qui défile. Aussi,
ne pas perdre d’énergie dans des mouvements inutiles. Quand on sait que l’on
peut rester plusieurs minutes en statique, cela rassure aussi lorsqu’on se
retrouve dans les profondeurs. Un petit coup de stress ? « T’en fais
pas c’est dans la tête tu sais que tu peux tenir bien plus longtemps ». Et
ça repart.
Au bout d’une
semaine ou deux, je suis arrivé à plus me détendre et à totalement apprécié le
temps passé à cinq ou dix mètres, à observer les fonds pendant un petit moment.
Plus on se calme, plus on fait confiance dans l’élément qui nous entoure et
plus on oublie le monde extérieur. Il n’y alors qu’à profiter de ce grand bain,
se laisser aller… what else ?!
Stella la tenancière suisso-malaise et Pete le pro-apnéiste canado-hollandais |
Le frelon d’or de la semaine. Simplement d’avoir passé ces journées à Tioman avec une bonne équipe,
Ada, Stella la malaise, Alice sa maman la suisse, Pete le vieux prof^^, tous
les malais du Swiss Cattage et d’ailleurs, les touristes qui allaient et
venaient et nous qui restions, les chats, les poissons, les requins, les
tortues… une ambiance de village. Ça n’a pas toujours été le cas durant ce
trip, mais sur cette île, j’ai privilégié l’étape à la distance, la rencontre à
la visite, la nonchalance à l’empressement… comme dirait Patrick Manoukian dans
son livre « Le temps du voyage » (merci BB).
La pompe à vélo de la semaine. Franchement rien de spécial ! Le seul souci c’est mon oreille
droite. J’arrive bien à évacuer la pression en descendant dans les profondeurs
mais après coup je reste à moitié bouché… énervant.
Le fun de la semaine. En Malaisie je suis un Egg-Burger ! En effet, c’est la traduction
de Benjo ! Alors du coup je me suis gouté, et j’ai été plutôt désappointé.
Franchement c’était da-ga-lasse, tout plein de ketchup et de mayo, gras comme
jamais, pain en carton, sans gout… pas moi quoi ! Mais ça m’a fait
connaitre dans l’île, enfin surtout au resto-cantine, où la patronne se faisait
un plaisir de gueuler mon prénom-egg-burger à chaque fois que je passais dans
les parages.
Benjo
PS Musical de Benjo : Crosstown Traffic, de Jimi Hendrix
PS Musical de Charpi : Respectable, des Rolling Stones
trop chouette cet article ! Avec toutes ces infos on a l'impression de tout avoir pour être des apnéistes niveau avancé ...faut juste se lancer ! ^^
RépondreSupprimerLe prof, il est tout tatoué ou il porte une combinaison sur la photo ?
Tati
ok c'est bien ce qu'il me semblait, je viens de voir les coutures, c'est bien une combinaison.
SupprimerSi tu veux bien, tu m'apprendras tes techniques, j'aimerais vraiment qu'on puisse plonger en apnée à l'occasion dans je ne sais quelle mer exotique... Où même en méditerranée!
RépondreSupprimerBon les gars, après un tel article, moi je vous attend dans les caraïbes : plongée, voile, apnée...
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