8 mai 2013


A bout de souffle

Ennzzzoooooo !!!!
Lors de mon passage en Thaïlande, j’ai découvert un peu par hasard le monde de l’apnée, et ça m’avait vraiment prit au corps. En route pour la Malaisie, on me conseillait alors de passer sur l’île de Tioman, à l’Est de la péninsule, apparemment le seul endroit où pratiquer la discipline. Un instructeur passé par l’école d’apnée de Koh Tao et une tenancière de bungalow folle du monde sous-marin, Pete et Stella, au Swiss Cottage de Tioman Island, voila l’objectif. Je vais vous parler un peu de ce séjour et de cette discipline.
L’apnée (freediving ou apnea en anglais), tout le monde connait en France grâce au Grand Bleu de Luc Besson, avec Jacques et Enzo, un film hommage à Jacques Mayol, sympa mais qui a un peu vieillit faut bien l’admettre. Heureusement Jean Reno était encore au top à cette époque. On peut faire de l’apnée pour les performances, en temps et profondeur, mais aussi pour profiter pleinement du snorkeling (regarder les poissons avec son tuba, en surface ou quelques mètres dessous). Tant que j’étais avec des pro, j’ai pu tester quelques performances, mais ça m’a permit surtout d’acquérir les bases pour être à l’aise dans ce nouveau milieu.

Tioman est une charmante île, élue plus belle du monde dans les années 1970 et faisant encore partie du top dix parait-il. Quels sont les critères ? Les belles plages, la jungle, les fonds sous-marins plutôt préservés, les cascades, les autochtones détendus et accueillants, un tourisme peu offensif ? Je ne sais pas, peut être un peu de tout cela. J’ai passé du bon temps à Koh Tao, mais ce n’est pas vraiment la Thaïlande, c’est Touristland. Ici on est vraiment en Malaisie, la majorité des instructeurs (et des gens !) sont locaux, les restos sont remplis de malais, il n’y a pas de beach party dans tous les sens, pas de concours de beau gosse surfeurs australiens. On est au pays quoi !

Franchement, rien à redire

Morceau de terre déjà évoqué par les commerçants arabes il y a deux millénaires, elle a vu les français débarquer à la fin du XIXème. Enfin, UN français, Marie David de Merena, un général sous Louis-Philippe. Voulant devenir roi d’une île (après tout pourquoi pas, chacun sa passion), il choisit Tioman. Faisant comme chez lui et se considérant roi il importa des animaux, des plantes, vendit des malais en esclaves à Madagascar (c’est pourquoi il y en a là-bas de nos jours)… A l’aise le gars ! Et ceci durant une quinzaine d’années avant qu’il ne disparaisse, parait-il tué par un serpent lors d’une chasse dans la jungle.
La forêt, bien préservée, doit effectivement occuper 99% de la surface de l’île. Quelques balades, même de deux trois heures, suffisent pour que l’on ne veuille s’y perdre. Une humidité à s’y noyer, des bruits tous plus étranges les uns que les autres, des singes, et insectes gros comme trois doigts, des varans tout mignons de presque deux mètres, et des plantes qui te grattent pendant des jours ! La jung’ quoi ! A part ça il y a donc quelques villages repartis tout au long de la côte, avec une route (qui ne fait pas le tour de l’île, forêt oblige), quelques bungalows, magasins et restos autour, puis la plage. Et pis c’est tout. La mer, et ses coraux, abimés voire morts le long des plages, mais de toutes les couleurs sur les petits îlots au large.
Parti pour rester trois-quatre jours, puis prolongeant toutes les deux nuitées, le séjour dura en fait trois petites semaines. Une nouvelle fois, des vacances dans le voyage. En dehors de quelques petites aventures au milieu de la jungle, quelques bringues, de la cuisine et du benchmark de restos locaux, j’ai donc passé mon séjour sur une plage de cinq cents mètres, avec ma cabane à une extrémité et le Swiss Cottage de l’autre où je retrouvais Pete l’instructeur canado-hollandais et Stella la tenancière malaise (et un peu suisse quand-même).
Ayant fait une formation de débutant à Koh Tao, j’ai donc poursuivi les cours, pour descendre jusqu’à trente mètres, le long d’une ligne. Après ces quelques jours de formation, ça n’a rien d’extraordinaire, c’est le lot de presque tous les étudiants. Et toi aussi cher lecteur si tu t’y mets demain !

Coucou c'est bibi !

Et pour en arriver là, on nous explique comment fonctionne notre corps sous l’eau, comment il réagi lorsqu’il est en manque d’oxygène, et on apprend simplement quelques techniques de relaxation-respiration, souvent empruntées au Yoga.
Lorsque l’on immerge notre visage sous l’eau, nous nous transformons en mammifère marin (enfin presque) et nous en acquérons les reflexes. Notre physiologie évolue afin de nous aider dans ce nouvel élément.

Tout d’abord la bradycardie, le ralentissement du rythme du cœur. A chaque battement nous consommons de l’oxygène donc celui-ci, en ralentissant automatiquement, réduit la perte d’O2. C’est pour cela qu’il faut garder son calme sous l’eau, ne pas faire battre son cœur trop vite. De plus, la profondeur, ainsi que la différence de température entre l’air et l’eau, déclenche le refoulement du sang des membres inférieurs et supérieurs vers les reins, le cœur et le cerveau, là où il y a vraiment besoin d’oxygène. Enfin la contraction de la rate permet, lorsqu’elle est compressée par la pression (quand elle ne fait plus que 20% de son volume, à partir d’une trentaine de mètres), d’augmenter le taux d’hémoglobine, donc d’oxygène, dans le sang.
Bon déjà, en sachant tout cela, on est rassuré. On n’est pas seuls, notre corps bosse pour nous, notre physiologie évolue par elle-même. Ensuite on apprend qu’au bout d’un moment (presque quatre minutes en statique pour moi), que ce soit sous l’eau ou sur terre, notre corps a des contractions thoraciques. Phénomène très étrange au début et qui peut vraiment inquiéter si on ne sait de quoi il s’agit. On se dit qu’il y a un problème. Ces contractions sont en fait là pour nous aider à tenir davantage, il faut les apprivoiser, les aimer, autrement on stress et on craque. Au début lentes (une toute les 3-4 secondes), elles se font plus rapides au bout de quelques dizaines pour enfin imprimer un vrai tempo, en plus du rythme cardiaque.
Conscient que ces contractions sont naturelles, cela déstresse aussi et on peut prolonger le séjour. Pour autant, si j’en ai des dizaines en statique, je n’en n’ai eu que quelques unes en mouvement à plusieurs mètres sous l’eau et ça reste peu agréable, on veut de l’air ! Et en gigotant dans les fonds je ne tenais pas bien plus d’une minute trente.  Pour l’instant. Je n’ai pas trop poussé...
Avec la connaissance des contractions et des réflexes de mammifères, nous voila bien armés, et tout cela sans rien faire !

Un "bat-fish"

Mais pour rester un peu plus longtemps sans ouvrir la bouche, il faut faire quelques exercices d’échauffement. Il existe de nombreuses techniques selon le type d’entrainement, le type d’apnée, sur terre ou sous l’eau, en statique ou en mouvement. L’objectif étant d’inhaler le maximum d’oxygène, et pour ce faire, il faut essayer d’élargir le volume de ses poumons. Comme pour les chanteurs. Une technique consiste à remplir d’abord le ventre, puis la cage thoracique, puis la poitrine, et un dernier petit coup avec les épaules (oui oui). Et même à l’extrême on peut inspirer encore un brin avec une technique de succion appelé « packing ». La façon d’expirer est aussi importante, lente et contrôlée. Cette technique de respiration convient pour les descentes en profondeur et le snorkeling quelques mètres sous l’eau, en mouvement. Pour l’apnée, on se concentre sur le ventre et la poitrine.
Combinez cela à un temps précis d’échauffement, un nombre précis de respirations, entrecoupées d’autres simples, de récupérations, et vous êtes fins prêts !
Vous remarquerez que je ne vous donne pas toutes les recettes car faire ça sous l’eau s’avère quand-même un tout petit peu dangereux, surtout si l’on est seul et qu’il n’y a personne à côté avec un minimum d’expérience. En fait, comme la plongée en bouteille, ce n’est absolument pas dangereux si l’on fait ça dans les règles. Mais il est par exemple interdit de pratiquer cette discipline seul, notamment quand on veut taper du record. Ce que j’ai évidemment cherché à faire le premier jour à Koh Tao, ce qui m’a valu une « samba » comme ils disent, à savoir une sorte d’évanouissement. Au bout de trois minutes de statique, c’est-à-dire en surface mais corps et tête sous l’eau, l’instructeur à côté de moi commençait à contrôler mon attention en me serrant les poignets par exemple. Je devais faire de même pour lui signifier ma conscience, mais au bout d’un moment je n’ai plus répondu. Le problème c’est que l’on ne se rend pas vraiment compte lorsque l’on perd (un peu, c’est pas méchant) conscience. Je me suis alors retrouvé en plein rêve, c’était trop bien, il n’y avait pas le long couloir et la lumière blanche heureusement, mais j’étais bien. Mais je me suis senti encore mieux lorsque l’instructeur Greg m’a réveillé. Ma foi, depuis je pousse moins dans le mental, mais je suis content de l’avoir vécu car maintenant je sais que je n’ai pas envie de rêver de nouveau ! Quand on push comme on dit, les lèvres deviennent bleues, puis la tête… là ça commence à sentir le roussi.
Ah oui, si vous faites du snorkeling pour regarder les petits poissons à quelques mètres de profondeurs, ne gardez pas les poumons pleins car l’air vous fera remonter à la surface, telle une bouée. Il faut expirer une bonne quantité d’air ce qui nous aide à rester au fond, mais on perd en temps. Phénomène étrange aussi, lorsque l’on arrive au point de flottabilité, à une dizaine de mètres. Au dessus, on remonte automatiquement à la surface, en dessous, on chute vers les abimes…

N'oublions pas que l'on est au milieu de la jungle quand-même


Connaitre tout ça m’a permit surtout de profiter des fonds marins de Tioman. Selon moi moins riche en coraux que sur Tanote Bay à Koh Tao, mais j’ai quand-même pu voir des bonnes tortues, des bons requins (deux mètres grand max), pleins de bestioles bizarres et surtout on est vraiment peinard. Pas grand monde. Parfois quelques plongeurs en bouteille et c’est vraiment marrant d’être avec eux par cinq dix mètres de fond. Tricheurs.
Comme je le disais dans un autre post, je ne suis pas forcement marin comme gars. Plutôt terrien. Dans les premiers temps, les sensations ne sont pas très bonnes car je ne me connais pas bien, je ne connais pas mes reflexes physiologiques. Ça fait un peu peur. Et le stress fait vite perdre de l’oxygène « non je ne vais pas y arriver, il me manque de l’air, faut que je respire… ».
L’idée, que l’on soit sous l’eau, en statique ou sur terre, est vraiment d’être calme, d’avoir des pensées positives, ne pas stresser, ne pas penser au temps qui défile. Aussi, ne pas perdre d’énergie dans des mouvements inutiles. Quand on sait que l’on peut rester plusieurs minutes en statique, cela rassure aussi lorsqu’on se retrouve dans les profondeurs. Un petit coup de stress ? « T’en fais pas c’est dans la tête tu sais que tu peux tenir bien plus longtemps ». Et ça repart.
Au bout d’une semaine ou deux, je suis arrivé à plus me détendre et à totalement apprécié le temps passé à cinq ou dix mètres, à observer les fonds pendant un petit moment. Plus on se calme, plus on fait confiance dans l’élément qui nous entoure et plus on oublie le monde extérieur. Il n’y alors qu’à profiter de ce grand bain, se laisser aller… what else ?!

Stella la tenancière suisso-malaise et Pete le pro-apnéiste canado-hollandais

Le frelon d’or de la semaine. Simplement d’avoir passé ces journées à Tioman avec une bonne équipe, Ada, Stella la malaise, Alice sa maman la suisse, Pete le vieux prof^^, tous les malais du Swiss Cattage et d’ailleurs, les touristes qui allaient et venaient et nous qui restions, les chats, les poissons, les requins, les tortues… une ambiance de village. Ça n’a pas toujours été le cas durant ce trip, mais sur cette île, j’ai privilégié l’étape à la distance, la rencontre à la visite, la nonchalance à l’empressement… comme dirait Patrick Manoukian dans son livre « Le temps du voyage » (merci BB).
La pompe à vélo de la semaine. Franchement rien de spécial ! Le seul souci c’est mon oreille droite. J’arrive bien à évacuer la pression en descendant dans les profondeurs mais après coup je reste à moitié bouché… énervant.
Le fun de la semaine. En Malaisie je suis un Egg-Burger ! En effet, c’est la traduction de Benjo ! Alors du coup je me suis gouté, et j’ai été plutôt désappointé. Franchement c’était da-ga-lasse, tout plein de ketchup et de mayo, gras comme jamais, pain en carton, sans gout… pas moi quoi ! Mais ça m’a fait connaitre dans l’île, enfin surtout au resto-cantine, où la patronne se faisait un plaisir de gueuler mon prénom-egg-burger à chaque fois que je passais dans les parages.

Benjo

PS Musical de Benjo : Crosstown Traffic, de Jimi Hendrix
PS Musical de Charpi : Respectable, des Rolling Stones

4 commentaires:

  1. trop chouette cet article ! Avec toutes ces infos on a l'impression de tout avoir pour être des apnéistes niveau avancé ...faut juste se lancer ! ^^
    Le prof, il est tout tatoué ou il porte une combinaison sur la photo ?
    Tati

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    1. ok c'est bien ce qu'il me semblait, je viens de voir les coutures, c'est bien une combinaison.

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  2. Si tu veux bien, tu m'apprendras tes techniques, j'aimerais vraiment qu'on puisse plonger en apnée à l'occasion dans je ne sais quelle mer exotique... Où même en méditerranée!

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  3. Bon les gars, après un tel article, moi je vous attend dans les caraïbes : plongée, voile, apnée...

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