29 avr. 2013

Les îles

Thaïlande côté jungle ou côté plage. J’ai choisi plage. Deux petites semaines sur les îles du Golfe de Thaïlande, entre Koh Phangan la bringueuse et Koh Tao la plongeuse. En trois temps plus un. Trois tops plus un flop. S’il y a des locaux de partout, je n’en n’ai vraiment rencontré que le dernier jour, et ils ne m’ont pas laissé la meilleure impression…
La Thaïlande pour les touristes.

Première étape, bringue à Kho Phangan.
Tous les mois lorsque la belle lune montre son plus clair visage, de tendres fous venus d’occident se concentrent sur cette île pour se dandiner aux rythmes des sound systems sur la longue et belle plage de Haad Rin. Je ne sais pas vraiment quand et comment est né ce rituel mensuel, pourquoi ici, mais ça fonctionne. Des dizaines de milliers (parait-il, j’ai pas compté) de jeunes se déhanchent toute la nuit à en oublier qu’ils sont en Thaïlande.
Une britannique me fait fort justement remarquer en début de soirée « ah tiens c’est la pleine lune »… MAIS TU M’ETONNES ! C’est un peu l’idée en fait.
C’est une bringue pour occidentaux, servie par des locaux. Le concept fonctionnant tellement bien, les soirées se sont multipliées, avec les noms originaux qui vont avec : la Full Moon Party donc, mais aussi la Half Moon Party, la Jungle Party, la Shiva Moon Party etc.
Et quand je dis « servie par des locaux », faut s’entendre, disons des non-occidentaux. Car en fait une bonne partie voire plus de la moitié des employés sont birmans. En effet, eux y trouvent l’emploi qu’ils n’ont pas dans leur pays, et les thaïs y trouvent des employés avec un salaire deux fois moins élevé.
Le premier jour, j’arrive à l’hôtel avec mon tee-shirt de touriste de Birmanie et bim les gars m’enchaînent en birman. Avec les quelques mots appris là-bas, mon soutien à la Dame, j’étais leur pote pendant tout le séjour passé avec eux. Encore mieux, ils arrivaient à comprendre quand je leur sortais mes quelques mots en birman ce qui n’était pas toujours le cas au pays. Excédés par leurs conditions de travail (payés 120 € par mois soit deux fois moins que les thaïs), ils planifiaient de faire une grève… Pas sûr que le droit et les patrons soient aussi flexibles qu’en France.

Party time !

J’avais ouïe dire pas mal de choses négatives sur ces fêtes : dangereuses, mauvaises musiques, mieux ailleurs… Certes la musique n’était pas grandiose, il y a toujours mieux ailleurs, mais à part ça, avec une sacrée équipe de Couchsurfeurs internationaux, j’ai passé trois supers soirées (oui parce que la journée on dort). Je n’ai pas vu une embrouille et assez peu de personnes mal en point malgré l’intensité festive, mais apparemment un mec s’est quand-même fait shooter quelque part sur la plage durant la nuit. Oups.
Original, on constate que l’on n’est pas en Europe quand à 4h du mat’, je vois quelques gamins de cinq six ans faire des châteaux de sable au milieu des bringueurs. Où sont les parents ? Ça n’a pas l’air de soucier grand monde, surtout les enfants.

Deuxième étape, plongée à Koh Tao.
Petite île de sept kilomètres sur trois au nord de Koh Phangan, cet îlot est le paradis des néo-plongeurs en bouteille. Inhabitée jusqu’en 1947, l’île risque de ne plus l’être de nouveau d’ici quelques décennies. J’exagère peu. Encore plus que sa grande sœur fêtarde, Koh Tao regroupe bien plus d’occidentaux que de locaux, des birmans pour beaucoup. Généralement, un proprio thaï, des manageurs et instructeurs occidentaux et des petites mains du coin.
La réglementation thaïe ne semble pas avoir atteint les côtes de cette île paradisiaque. Presque aucune de la quarantaine d’entreprise de plongée (comme tous les autres commerces) n’est enregistrée. Dès que les autorités du continent débarquent pour faire des contrôles, une première boite se fait choper, elle fait passer le mot aux collègues et l’île ferme pendant deux jours le temps que les inspecteurs reprennent le bateau. Si les scooters n’ont pas de casque (normal), ils n’ont pas de plaque non plus. Pas plus que les maisons n’ont d’autorisation ni d’adresse… malgré tout l’île est encore magnifique, préservée, ainsi que ces coraux même si cela semble tout de même évoluer.
Car si l’on pointe les côtés sombres du patelin, il y aurait de quoi faire. Par exemple, Koh Tao signifie « l’île aux tortues » car il y a quelques décennies, elle en était couverte, aujourd’hui il faut être plus que chanceux pour en apercevoir une. Et si l’on visite la belle décharge du centre de l’île, à peine cachée, ça fait un peu peur pour un si petit rocher…
Ces considérations durables (ou pas, du coup) ne m’ont néanmoins pas empêché de faire un peu de plongée en bouteille sur Tanote Bay, une adorable petite plage un peu à l’abris de tout, où sur la route d’accès on croise de bons gros pythons (ce qui a freiné mes ardeurs de mini-treks en tongues dans la jungle). A visiter ce splendide monde de Némo, j’ai retenu quelques leçons de mon instructeur Greg, des explications efficaces :
-          « Entre deux plongées il faut un moment de récupération, les intervalles de surface. Car il faut faire redescendre l’azote présent dans notre corps (que l’on inspire en grande quantité dans les bouteilles) avant de replonger. Il faut du temps ! C’est simple c’est comme après une cuite, il faut un peu de temps de récupération. Et plus tu bois (plonges profond et longtemps) plus tu auras besoin de temps de récupération surtout si tu prévois de reprendre une grosse cuite (profond et longtemps) ». Limpide.
-          « Concernant la Narcoze à l’azote, c’est la même chose. Avec la profondeur, à partir de 25 mètres, l’azote a un effet anesthésique, avec parfois des attitudes insensées, de l’anxiété ou une fausse sécurité. Comme l’alcool. » Ok. Je tiens à signaler ici que Greg ne boit pas d’alcool.

Partie de pèche

Troisième étape, apnée à Koh Tao.
Ce n’était absolument pas prévu, ça m’a mit dans la mouise pour les jours suivants (voire étape 4) mais ça a été le gros bonus du séjour, qui se déroulait déjà au mieux. Rien d’exceptionnel en soi, aller sous l’eau sans bouteille. Comme des poissons. Bon d’accord ce n’est pas complètement naturel. Mais avec quelques techniques de relaxation, de respiration, une meilleure connaissance des réactions de notre corps dans ces moments, on prend vite du plaisir. Et l’on monte dans les minutes comme l’on descend dans les profondeurs. Sawatdee Jean Reno come stai ?
Mon niveau de débutant ne me permet pas d’observer le monde sous-marin aussi bien qu’on peut le faire en bouteille. Mais les sensations sont incroyables quand on se retrouve dans les (petites) profondeurs, à profiter de la sensation d’apesanteur dans ce grand bleu, ce nouvel habitat, cette eau à 30°… On en profite car on a confiance dans les capacités de notre corps à gérer la situation. A essayer m’sieurs-dames !

Tanote Bay à Koh Tao. Personne ou presque de ce côté là de l'île...

Quatrième étape, retards Surat Thani.
Ayant traversé des pays qualifiés de louches par le gouvernement australien, ce dernier me demande de faire une radio des poumons pour savoir si je ne vais pas lancer une épidémie en éternuant à mon arrivée sur leurs terres. Rendez-vous est prit chez un doc agréé par ce même gouvernement de kangourous, à Phuket. Epris d’apnée, je décale mon arrivée sur la presqu’île, et je dois finalement arriver trois heures avant le rendez-vous. Je suis conscient des retards, mais je me dis que sur un trajet de dix heures (bateau plus bus), trois heures devraient suffire.
Trop optimiste bien sûr. Après quatre heures (oui quatre) à tourner dans cette non charmante bourgade de Surat Thani, passant de tuktuk en bus, de resto en agences, à être prit pour des jambons par tous les locaux qui gèrent l’acheminement des riches touristes que nous sommes, on commence à péter un plomb avec quelques autres collègues d’infortunes. Si seulement ils étaient honnêtes à nous dire la véritable heure d’arrivée (car ils le savent très bien depuis toutes ces années), à ne pas se décharger sur les autres sans arrêt. Bon, conscient que je vais rater le rendez-vous de deux bonnes heures, j’engage la conversation avec ma vitre de bus. Celle-ci, de qualité chinoise je présume, folle de mon avant-bras, se fissure à ma première touche. C’est gagné !
Les autres du bus ont beau me remercier, « je rêvais de faire ça bla bla bla », c’est moi qui me retrouve au poste avec une amende de 500 € sur la table. Quelle blague, pas moyen, ça en vaut 100 voire 150 tout au plus main d’œuvre comprise. L’ambassade ne m’aide pas trop tout comme les sites internet. Si seulement Carglass pouvait nous mettre les prix des vitres au lieu de nous saouler avec ses slogans débiles !
Conscient de ma faute, je leur explique très calmement (je suis redescendu dans les tours) que je veux payer le vrai prix, voire un plus pour la gêne occasionnée. Si je reste très diplomate avec mes compères policiers pacifiques, mon meilleur (ou pas) français reprend très vite le dessus dès que je sens une certaine animosité sertie d’extrême mauvaise foi à mon égard, tel Lambert Wilson dans Matrix, puissance dix. Quel plaisir d’évacuer la pression à tout va devant je ne sais combien de flics qui ne comprennent rien à mes dires. Bien que je les soupçonne d’avoir deviné la tenue de certaines de mes remarques.
Ok j’ai fait une boulette, qui ne se serait jamais produite dans un bus avec une vraie vitre soit dit en passant, je vais payer mais qu’on arrête de me mentir à tout va, à me menacer de prison, de procès d’une semaine (!), de je ne sais quoi c’est ridicule. Une parodie de police/justice où j’ai pour mission première de remplir les poches d’un peu tout le monde, du premier flic rencontré au grand (par les médailles, pas par la taille) dans son bureau et à la compagnie d’autobus.
Après quelques heures, je descends à 220 €. J’ai la haine mais y’a pas mort d’homme.
Allez ce n’est pas grave, quelques jours après je trouve ça presque marrant.
La Thaïlande pour les touristes. Un séjour plein.

Plage de Sairee, à Koh Tao. Comme dans tous les pays, les gens jouent au foot.

Le frelon d’or de la semaine. D’origine plus terrien que marin, j’ai découvert ce nouveau monde avec enthousiasme… à quand le réchauffement climatique afin que la Méditerranée arrive aux portes de Lyon, qu’on se fasse de bonnes sessions plongées ? Hein Manu ?!
La pompe à vélo de la semaine. Ce séjour au poste. Ce qui me déçoit surtout c’est que ce sont les seuls thaïs que j’ai vraiment rencontré. Sur les îles, je « conversais » avec des birmans, eux-mêmes sous-fifres des locaux. Le pays étant devenu une industrie à touristes, les relations ont évolué avec et l’on n’est plus du tout en Thaïlande mais à Touristland, et il faut donc casquer. Il y a assurément des locaux sympas, réellement accueillants mais je n’ai pas eu le plaisir d’en croiser beaucoup. Ma foi, en investissant le pays de la sorte les occidentaux l’ont cherché. On a trouvé !
Le fun de la semaine. Avec Greg l’instructeur de plongée en bouteille nous voila à dix douze mètres de fond, à observer les poissons et coraux tous plus fluo les uns que les autres. Magique. Puis au détour d’un rocher, que ne vois-je pas, une superbe meule type Vespa posée sur le sol. Intrigué par ce spécimen tout à fait original dans ces profondeurs, je me positionne et l’enfourche à la vitesse d’un astronaute en apesanteur. Je sens qu’en lançant les gaz je vais partir à toute berzingue, mais au moment où je m’apprête à poser la main gauche sur le guidon, une saleté de poisson me la niaque ! T’as raison je n’ai pas demandé la permission, tcho.

Benjo

PS Musical de Benjo : Around the world, de Daft Punk
PS Musical de Charpi : Turn the page, de Metallica

4 commentaires:

  1. Ouai de la plongée à Lyon, et de l'apnée, je suis pour! Mais bon ici, c'est vraiment le dérèglement climatique, et pas le réchauffement, le printemps n'est toujours pas arrivé. C'est pas comme ça qu'on va faire monter assez le niveau des océans pour caresser des murènes à la Guillotière. Mais bon, on y travaille. J'ai essayé de péter une vitre de bus ici en ton honneur mais elles sont trop solides.

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  2. Salut Benjo le "nerveux" ;-)
    Une vitre de bus, rien que ça !! la prochaine fois,essaye un mur lol !
    Petit message pour te remercier pour la carte. Mes parents ont lu quelques posts de votre blog. Voici les remarques :
    "Ils écrivent vraiment bien, c'est sympa à lire" (les deux parents),
    " il a fier allure Benjamin sur sa moto" (le papa),
    "dis lui de faire attention à sa santé, c'est dangereux de tomber malade là bas" (la maman évidemment !)
    Gros bisous et bonne route à tous les 2
    ps : on sera pour notre part aux USA pendant le mois de juin (petit tour de Los Angeles à San Francisco en passant par Las Vegas, le Grand Canyon...)

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    1. Merci pour les petits mots parentaux ! Et bonne route aux states, le bonjour à Dick Rivers si vous le croisez ;-)

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  3. Salut le Benjo ! C'est quoi la suite de ton programme ? Charpi rentre bientôt mais toi ?
    Tiens-moi au jus !
    Biz Cha

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