Last but not least
Me voila en Indonésie, depuis belle lurette déjà. Et je ne vous ai rien
raconté ! Comme je n’ai rien écrit sur mon passage dans la cité-Etat de
Singapour. Il est temps d’y remédier.
L’Indonésie, surtout. Un pays et des gens qui sont encore arrivés à me
surprendre, à éveiller ma curiosité, à presque me faire repartir à zéro. J’ai prit
le ferry de Singapour la futuriste jusqu’à l’île de Batam, à seulement quelques
kilomètres. Et là le monde change, il n’est plus le même. D’un monde occidental
déjà vu, on passe à un nouvel horizon de découvertes, d’un micro-Etat sans
désordre ni chewing-gum (!), on passe à un archipel joyeusement bordélique et
salement sale, de quelques îles, on passe à dix-sept mille.
J’accoste donc sur cette île, Batam, afin d’y prendre le bateau pour la
grande Sumatra. Sur ma route se trouvera ensuite Java la volcanique avant
d’attendre mon objectif du mois, Bali. Au petit port d’attache, je croise
quelques touristes venu passer la journée sur l’île, venu faire des emplettes
dans des centres commerciaux très bons marchés. Après cela plus personne, en
tout cas plus aucun visage pale. En une semaine je n’aurais croisé qu’un couple
de blond, au loin dans un resto. J’ai pu donc me baigner un peu dans la culture
locale (ainsi que dans ses eaux). En fait je ne pense pas m’être imprégné
totalement de ce qui fait l’âme indonésienne en si peu de temps, mais j’ai tout
de même partagé quelques bons moments authentiques de la vie locale. Si je n’ai
pas chassé des bêtes tropicales ni dormi avec des Orang-outan, je suis allé au
karaoké, j’ai squatté LE pont de chaque ville avec ses centaines d’autochtones,
j’ai partagé quelques longues heures de rallye avec les Carlos Sainz locaux.
Avec l’Indonésie, je bascule dans le plus grand pays musulman du monde,
plus de deux cent millions de pratiquants. Si l’Etat n’a pas de religion
officielle, tout le monde doit néanmoins avoir une religion sur son passeport,
parmi ces six : musulman donc, mais aussi catho, protestant, bouddhiste,
hindou et confucianiste. Et puis c’est tout. Pas de juif, pas de zoroastrien,
pas d’orthodoxe. Et ça a l’air de bien fonctionner ainsi. Ce mix prouve encore
que les religions n’ont vraiment aucune incidence sur l’accueil, la générosité
et l’ouverture d’esprit. Ou alors dans le bon sens. Et c’est bien
l’interprétation qui en est faite par les élites qui corrompt les pauvres gens.
A Sumatra j’ai logé chez Loleetha et ses deux gosses, elle portait le voile à
l’extérieur, de son propre chef évidemment, mais pas à la maison, même en la
présence d’un étranger. Dans les lieux publics, elle disait se sentir plus en
sécurité, moins sous le regard des hommes. Le voile lui apporte respect et
considération. Malgré cette « barrière » qui nous est peu familière,
nous européens, Loleetha et ses autres amies étaient tout aussi pinces sans
rires, sensibles au sort des autres et au taquet sur l’interprétation endiablé
de Price Tag de Jessie J. dans le karaoké du mall de Palembang Center. Et ça
c’est pas donné à tout le monde !
Wesh gros ! |
Sans transition, je crains qu’à mon retour mon statut de grande vedette
me manque. Car ici je suis un Bule (prononcer boulé), un Blanc. Pendant
cette semaine et la suivante, les occidentaux ne se sont pas fait légions, nous
étions donc tous des bêtes curieuses aux yeux des indo. Le must reste la
blonde, mais le grand barbu est assez populaire également. La visite du musée
de Palembang à Sumatra a été particulièrement amusante, car avec une Loleetha,
on tombait au même moment que la visite d’un lycée… la foire ! Tel Alain
Deloin à ses plus belles heures, je me suis retrouvé sous une nuée de Mister !
Mister !, de serrage de paluche à la Chirac, de photos Enrico à la Hollande avec les
demoiselles du coin. Les quinze minutes dans ce musée m’ont fait comprendre
beaucoup sur les pétages de plomb des stars… quelques minutes c’est drôle,
toute une vie c’est un non catégorique. Tout ça pour dire que quand on se
reverra n’hésitez pas à me prendre en photo ou à lancer des Mister !
Mister ! C’est plaisant et flatteur^^. D’ailleurs c’est drôle, certains
s’adressent aux femmes aussi par Mister, ne sachant pas vraiment ce que ça veut
dire, sachant seulement que les Bule
comprennent.
Salaaaaaaam |
Me balader dans des lieux sans touriste (car il n’y a franchement rien
à voir parfois) m’a permit d’apprécier à sa juste valeur l’hospitalité
indonésienne. Ici nous ne sommes pas de simples distributeurs sur pattes mais
bien des êtres humains avec qui l’on peut échanger, même sans comprendre nos
langues respectives. Le voyageur est source de curiosité, de sourires
bienfaisants. C’est donc surtout le cas à Sumatra ou à Java ouest, mais même
dans les spots à touristes, comme Bali l’hindou, on retrouve des gens très
accueillants. Bien sûr, quelques businessmen locaux sont peu aimables à la vue
de tous ces dollars et euros, mais même ici, on retrouve sourires et bonnes
attentions. En se frayant un chemin dans les vertes vallées de Bali, malgré des
conditions de travail pas toujours respectueuses de l’OIT, les gens sont très
souvent souriants (et quels sourires, chères balinaises), à sortir un petit Halo ou à demander d’où l’on vient.
Serait-ce à dire que l’indonésien est génétiquement sympa ? Non, certes,
mais alors comme expliquer que ça ne marche pas ainsi dans tous les pays ?
Avec mes potes de l'armee de Sumatra |
En même temps de quoi auraient-ils à se plaindre ? Bon d’accord,
ils ne roulent pas sur l’or, ne sont pas prêts de faire un tour du monde,
mangent du riz trois fois par jours, ne connaissent pas le pain aux noix ni la
tartiflette, mais quel beau pays ! Notamment l’île de Java, couverte de
volcans magnifiques. J’en ai grimpouilllé quatre (du verbe grimpouiller, ou
« faire une petite grimpette »), les deux premiers étaient étonnants,
sulfureux, perchés. Mais les deux suivants, autour du Bromo puis l’Ijen… J’en
ai pris plein les yeux ! Dans mon top cinq des sites naturels sur cette
année de voyage. Arriver de nuit permet d’apprécier encore plus le lieu. La
nuit noire laisse place aux premières lueurs, à l’aube, le voile nuageux se
lève, les formes apparaissent, les premiers rayons du soleil offrent à nos yeux
toute la splendeur de Dame Nature. Le scénario a en plus offert du suspense à
chaque fois : grand brouillard la première nuit, pluie la seconde… et
juste au bon moment, l’éclaircie. Au Bromo, une véritable carte postale et un
paysage lunaire devant les orbites ; à Ijen, les feux bleus de souffre du
fond du cratère, et le business de cet or volcanique ! Si vous allez faire
un tour à Bali, prenez trois jours et faites un détour.
A Ijen, on suit donc le business du souffre, utilisé notamment pour les
produits de beauté ou les médocs. Tout au long de la journée, tout au long de
l’année, les travailleurs javanais extraient la précieuse substance jaune du
fond du cratère pour l’acheminer dans la vallée, à plus de trois heures de
marches. C’est un « spectacle » assez incroyable. Arrivés à une heure
du matin sur place, certains bossaient déjà, à extraire le souffre du sol, la
grande majorité sans foulard, sans parler de masque. Ils en prennent plein les
bronches toute la journée, alors que nous étouffions au bout de quelques
secondes dans ces nuages denses de fumées. Après avoir donc ramassé ou détruit
à la barre à mine le souffre fraichement solidifié (en provenance des abymes),
les javanais en prennent entre 50 et 80 kilos sur les épaules, remontent le
cratère pendant une bonne heure, puis dévalent les pentes du volcan jusqu’à la
pesée pendant une autre heure, et il faut encore continuer… beaucoup d’entres
eux font ce boulot herculéen en tongues !
Pour 800 roupies le kilo, soit
environ sept centimes d’euros. Ils font deux allers-retours par jour, soit une
dizaine d’euros la journée. Malgré cela, beaucoup sont souriants en nous
croisant, mais n’hésitent pas à nous demander un biscuit. J’entends dire qu’ils
meurent jeunes en raison de l’inhalation incessante et sans protection de ces
fumées, mais d’autres rapportent qu’ils ont une forme physique exceptionnelle
qui les maintient en bonne santé pour une longue vie. Je n’ai pas trouvé la
réponse, mais j’ai rarement vu des porteurs au-delà de la quarantaine d’années.
Ce volcan n’est qu’un exemple des difficultés que rencontre le pays en termes
de développement, de respect des droits de l’Homme et de protection de
l’environnement. Un pays où l’on pille les ressources de Bornéo, de Sumatra, de
Sulawesi, de Papouasie pour satisfaire Java, l’île capitale.
BON DE DLA !!!!!! Je me
relis et la terre tremble ! De Dieu, un tremblement de terre, juste
quelques secondes mais ça secoue ça secoue !!!! Ma voisine de bungalow me
demande s’il y a un système d’alerte tsunami…
Au centre du cratere de l'Ijen, l'extraction du souffre |
L’Indonésie est immense, plus de dix-sept milles îles comme je vous le
disais, je n’en n’ai vu que quelques unes : Batam la surréaliste et ses
courses de motos en pleine nuit en centre ville ; Sumatra et ses
chauffards tous plus déglingos les uns que les autres mais qui arrivent à
s’éviter ; Java et ses paysages majestueux ; Bali l’hindou
hétéroclites ; Gili Gili les îles sans moteur…
Le Frelon d’or : J’en aurais une ribambelle mais je vais
choisir les potes croisés. Ça a d’abord été Nick l’anglais à Singapour. Comme
ce francophone-francophile le disait tout le temps « on n’est pas les plus
malheureux » ! C’est vrai mon gars. Il disait aussi sans arrêt
« jamais le jambon, jamais » mais ça j’ai toujours pas saisi. De
bonnes bringues, de bonnes discussions, de belles visites dans cette ville
vraiment étonnante. Merci mon rosbeef, ça a été parfait !
Puis j’ai retrouvé mes deux blondes, mes deux gamines, mes deux moustaches
girls, mes deux « bebom », à savoir Clem’ et Tif Touf. A Bali, et on
y est encore d’ailleurs. Des bonnes rigolades, des bringues d’anniversaires,
des chasses à la tortue, des coups de soleils… Bali balo quoi ! Merci
aussi les meufs, ça fait du bien d’être à la maison à l’autre bout du monde.
La pompe à vélo : Quelle est cette drôle d’odeur ? Ah,
j’ai bien l’impression que ça sent l’écurie…
THE moustache girls |
Le fun : Les filles voulaient que j’écrive sur elles.
Bien sûr c’était prévu ! Mais elles ont crû bon me donner des idées, voila
donc un petit mix de leurs propositions.
« Alors les filles, que
voulez-vous que je dise sur vous ? » :
« Tu pourrais écrire un hymne à notre beautééé, tu pourrais écrire
des poèmes sur notre douceur, notre gentillesse, notre approche des animaux par
exemple (!) ooooohhhhh les bébés je veux ramener un petit cochon à la
maison ».
« Grâce à nous t’as arrêté de te faire bouffer par les moustiques.
Grâce à nous tu as recommencé à vivre, tu as retrouvé le goût de la vie, tu as
retrouvé l’appétit, et tu vas reprendre des kilos vite fait bien
fait ! ».
« Je t’ai donné des cours d’apnée ».
« Tu pourras dire qu’on est les filles les plus cool de la terre,
les plus incroyables que t’as rencontré. Tu peux écrire qu’on t’a sauvé, en
fait tu devais venir nous voir en Australie mais t’es pas venu, pas à cause du
visa mais parce que t’étais tout déprimé, au sommet du gouffre (!), et nous
dans notre grande bonté on est venues sauver ta life tu vois, ok ?! ».
« Tu peux dire qu’on est tes muses par exemple, que tout ce que
t’as écrit sur le blog c’était inspiré par nous, que t’as jamais rencontré des
filles aussi sexy ».
« Que cette amitié forgée depuis quelques années déjà ne s’est que
renforcée par ces retrouvailles à l’autre bout du monde, bon tu te démerdes tu
brodes un truc comme d’hab’ ».
« Par contre si tu parles
de mon accent texan je te casse en quinze, mais tu peux parler de celui de
Tiphaine - Qu’est-ce qu’il a mon anglais ? - Rien il est parfait, tu
parleras de son anglais parfait ? »
« On est awesome ».
« Aaahhhhhh il est train de
nous enregistreeeer, il me met au bout, je suis sur la brèèèèèche ».
Rires et re-rires. Merci les filles pour ces quelques pistes de
réflexions, j’en ai prit bonne note.
Benjo
PS Musical de Benjo : I can see clearly now, de Jimmy Cliff
PS Musical de Charpi : Est-ce que c’est ça, de M