22 juin 2013


Last but not least

Me voila en Indonésie, depuis belle lurette déjà. Et je ne vous ai rien raconté ! Comme je n’ai rien écrit sur mon passage dans la cité-Etat de Singapour. Il est temps d’y remédier.
L’Indonésie, surtout. Un pays et des gens qui sont encore arrivés à me surprendre, à éveiller ma curiosité, à presque me faire repartir à zéro. J’ai prit le ferry de Singapour la futuriste jusqu’à l’île de Batam, à seulement quelques kilomètres. Et là le monde change, il n’est plus le même. D’un monde occidental déjà vu, on passe à un nouvel horizon de découvertes, d’un micro-Etat sans désordre ni chewing-gum (!), on passe à un archipel joyeusement bordélique et salement sale, de quelques îles, on passe à dix-sept mille.
J’accoste donc sur cette île, Batam, afin d’y prendre le bateau pour la grande Sumatra. Sur ma route se trouvera ensuite Java la volcanique avant d’attendre mon objectif du mois, Bali. Au petit port d’attache, je croise quelques touristes venu passer la journée sur l’île, venu faire des emplettes dans des centres commerciaux très bons marchés. Après cela plus personne, en tout cas plus aucun visage pale. En une semaine je n’aurais croisé qu’un couple de blond, au loin dans un resto. J’ai pu donc me baigner un peu dans la culture locale (ainsi que dans ses eaux). En fait je ne pense pas m’être imprégné totalement de ce qui fait l’âme indonésienne en si peu de temps, mais j’ai tout de même partagé quelques bons moments authentiques de la vie locale. Si je n’ai pas chassé des bêtes tropicales ni dormi avec des Orang-outan, je suis allé au karaoké, j’ai squatté LE pont de chaque ville avec ses centaines d’autochtones, j’ai partagé quelques longues heures de rallye avec les Carlos Sainz locaux. 

Le squattage sur pont, activite tres indonesienne

Avec l’Indonésie, je bascule dans le plus grand pays musulman du monde, plus de deux cent millions de pratiquants. Si l’Etat n’a pas de religion officielle, tout le monde doit néanmoins avoir une religion sur son passeport, parmi ces six : musulman donc, mais aussi catho, protestant, bouddhiste, hindou et confucianiste. Et puis c’est tout. Pas de juif, pas de zoroastrien, pas d’orthodoxe. Et ça a l’air de bien fonctionner ainsi. Ce mix prouve encore que les religions n’ont vraiment aucune incidence sur l’accueil, la générosité et l’ouverture d’esprit. Ou alors dans le bon sens. Et c’est bien l’interprétation qui en est faite par les élites qui corrompt les pauvres gens. A Sumatra j’ai logé chez Loleetha et ses deux gosses, elle portait le voile à l’extérieur, de son propre chef évidemment, mais pas à la maison, même en la présence d’un étranger. Dans les lieux publics, elle disait se sentir plus en sécurité, moins sous le regard des hommes. Le voile lui apporte respect et considération. Malgré cette « barrière » qui nous est peu familière, nous européens, Loleetha et ses autres amies étaient tout aussi pinces sans rires, sensibles au sort des autres et au taquet sur l’interprétation endiablé de Price Tag de Jessie J. dans le karaoké du mall de Palembang Center. Et ça c’est pas donné à tout le monde !

Wesh gros !

 Sans transition, je crains qu’à mon retour mon statut de grande vedette me manque. Car ici je suis un Bule (prononcer boulé), un Blanc. Pendant cette semaine et la suivante, les occidentaux ne se sont pas fait légions, nous étions donc tous des bêtes curieuses aux yeux des indo. Le must reste la blonde, mais le grand barbu est assez populaire également. La visite du musée de Palembang à Sumatra a été particulièrement amusante, car avec une Loleetha, on tombait au même moment que la visite d’un lycée… la foire ! Tel Alain Deloin à ses plus belles heures, je me suis retrouvé sous une nuée de Mister ! Mister !, de serrage de paluche à la Chirac, de photos Enrico à la Hollande avec les demoiselles du coin. Les quinze minutes dans ce musée m’ont fait comprendre beaucoup sur les pétages de plomb des stars… quelques minutes c’est drôle, toute une vie c’est un non catégorique. Tout ça pour dire que quand on se reverra n’hésitez pas à me prendre en photo ou à lancer des Mister ! Mister ! C’est plaisant et flatteur^^. D’ailleurs c’est drôle, certains s’adressent aux femmes aussi par Mister, ne sachant pas vraiment ce que ça veut dire, sachant seulement que les Bule comprennent.

Salaaaaaaam

Me balader dans des lieux sans touriste (car il n’y a franchement rien à voir parfois) m’a permit d’apprécier à sa juste valeur l’hospitalité indonésienne. Ici nous ne sommes pas de simples distributeurs sur pattes mais bien des êtres humains avec qui l’on peut échanger, même sans comprendre nos langues respectives. Le voyageur est source de curiosité, de sourires bienfaisants. C’est donc surtout le cas à Sumatra ou à Java ouest, mais même dans les spots à touristes, comme Bali l’hindou, on retrouve des gens très accueillants. Bien sûr, quelques businessmen locaux sont peu aimables à la vue de tous ces dollars et euros, mais même ici, on retrouve sourires et bonnes attentions. En se frayant un chemin dans les vertes vallées de Bali, malgré des conditions de travail pas toujours respectueuses de l’OIT, les gens sont très souvent souriants (et quels sourires, chères balinaises), à sortir un petit Halo ou à demander d’où l’on vient. Serait-ce à dire que l’indonésien est génétiquement sympa ? Non, certes, mais alors comme expliquer que ça ne marche pas ainsi dans tous les pays ?


Avec mes potes de l'armee de Sumatra
 
En même temps de quoi auraient-ils à se plaindre ? Bon d’accord, ils ne roulent pas sur l’or, ne sont pas prêts de faire un tour du monde, mangent du riz trois fois par jours, ne connaissent pas le pain aux noix ni la tartiflette, mais quel beau pays ! Notamment l’île de Java, couverte de volcans magnifiques. J’en ai grimpouilllé quatre (du verbe grimpouiller, ou « faire une petite grimpette »), les deux premiers étaient étonnants, sulfureux, perchés. Mais les deux suivants, autour du Bromo puis l’Ijen… J’en ai pris plein les yeux ! Dans mon top cinq des sites naturels sur cette année de voyage. Arriver de nuit permet d’apprécier encore plus le lieu. La nuit noire laisse place aux premières lueurs, à l’aube, le voile nuageux se lève, les formes apparaissent, les premiers rayons du soleil offrent à nos yeux toute la splendeur de Dame Nature. Le scénario a en plus offert du suspense à chaque fois : grand brouillard la première nuit, pluie la seconde… et juste au bon moment, l’éclaircie. Au Bromo, une véritable carte postale et un paysage lunaire devant les orbites ; à Ijen, les feux bleus de souffre du fond du cratère, et le business de cet or volcanique ! Si vous allez faire un tour à Bali, prenez trois jours et faites un détour.

 
Y'a rien la ? Le Bromo (le petit a gauche qui fume) et ses volcans voisins

A Ijen, on suit donc le business du souffre, utilisé notamment pour les produits de beauté ou les médocs. Tout au long de la journée, tout au long de l’année, les travailleurs javanais extraient la précieuse substance jaune du fond du cratère pour l’acheminer dans la vallée, à plus de trois heures de marches. C’est un « spectacle » assez incroyable. Arrivés à une heure du matin sur place, certains bossaient déjà, à extraire le souffre du sol, la grande majorité sans foulard, sans parler de masque. Ils en prennent plein les bronches toute la journée, alors que nous étouffions au bout de quelques secondes dans ces nuages denses de fumées. Après avoir donc ramassé ou détruit à la barre à mine le souffre fraichement solidifié (en provenance des abymes), les javanais en prennent entre 50 et 80 kilos sur les épaules, remontent le cratère pendant une bonne heure, puis dévalent les pentes du volcan jusqu’à la pesée pendant une autre heure, et il faut encore continuer… beaucoup d’entres eux font ce boulot herculéen en tongues ! 
Pour 800 roupies le kilo, soit environ sept centimes d’euros. Ils font deux allers-retours par jour, soit une dizaine d’euros la journée. Malgré cela, beaucoup sont souriants en nous croisant, mais n’hésitent pas à nous demander un biscuit. J’entends dire qu’ils meurent jeunes en raison de l’inhalation incessante et sans protection de ces fumées, mais d’autres rapportent qu’ils ont une forme physique exceptionnelle qui les maintient en bonne santé pour une longue vie. Je n’ai pas trouvé la réponse, mais j’ai rarement vu des porteurs au-delà de la quarantaine d’années. Ce volcan n’est qu’un exemple des difficultés que rencontre le pays en termes de développement, de respect des droits de l’Homme et de protection de l’environnement. Un pays où l’on pille les ressources de Bornéo, de Sumatra, de Sulawesi, de Papouasie pour satisfaire Java, l’île capitale.
BON DE DLA !!!!!! Je me relis et la terre tremble ! De Dieu, un tremblement de terre, juste quelques secondes mais ça secoue ça secoue !!!! Ma voisine de bungalow me demande s’il y a un système d’alerte tsunami… 

Au centre du cratere de l'Ijen, l'extraction du souffre

L’Indonésie est immense, plus de dix-sept milles îles comme je vous le disais, je n’en n’ai vu que quelques unes : Batam la surréaliste et ses courses de motos en pleine nuit en centre ville ; Sumatra et ses chauffards tous plus déglingos les uns que les autres mais qui arrivent à s’éviter ; Java et ses paysages majestueux ; Bali l’hindou hétéroclites ; Gili Gili les îles sans moteur…

Le Frelon d’or : J’en aurais une ribambelle mais je vais choisir les potes croisés. Ça a d’abord été Nick l’anglais à Singapour. Comme ce francophone-francophile le disait tout le temps « on n’est pas les plus malheureux » ! C’est vrai mon gars. Il disait aussi sans arrêt « jamais le jambon, jamais » mais ça j’ai toujours pas saisi. De bonnes bringues, de bonnes discussions, de belles visites dans cette ville vraiment étonnante. Merci mon rosbeef, ça a été parfait !
Puis j’ai retrouvé mes deux blondes, mes deux gamines, mes deux moustaches girls, mes deux « bebom », à savoir Clem’ et Tif Touf. A Bali, et on y est encore d’ailleurs. Des bonnes rigolades, des bringues d’anniversaires, des chasses à la tortue, des coups de soleils… Bali balo quoi ! Merci aussi les meufs, ça fait du bien d’être à la maison à l’autre bout du monde.
La pompe à vélo : Quelle est cette drôle d’odeur ? Ah, j’ai bien l’impression que ça sent l’écurie…  

THE moustache girls
 
Le fun : Les filles voulaient que j’écrive sur elles. Bien sûr c’était prévu ! Mais elles ont crû bon me donner des idées, voila donc un petit mix de leurs propositions.
« Alors les filles, que voulez-vous que je dise sur vous ? » :
« Tu pourrais écrire un hymne à notre beautééé, tu pourrais écrire des poèmes sur notre douceur, notre gentillesse, notre approche des animaux par exemple (!) ooooohhhhh les bébés je veux ramener un petit cochon à la maison ».
« Grâce à nous t’as arrêté de te faire bouffer par les moustiques. Grâce à nous tu as recommencé à vivre, tu as retrouvé le goût de la vie, tu as retrouvé l’appétit, et tu vas reprendre des kilos vite fait bien fait ! ».
« Je t’ai donné des cours d’apnée ».
« Tu pourras dire qu’on est les filles les plus cool de la terre, les plus incroyables que t’as rencontré. Tu peux écrire qu’on t’a sauvé, en fait tu devais venir nous voir en Australie mais t’es pas venu, pas à cause du visa mais parce que t’étais tout déprimé, au sommet du gouffre (!), et nous dans notre grande bonté on est venues sauver ta life tu vois, ok ?! ».
« Tu peux dire qu’on est tes muses par exemple, que tout ce que t’as écrit sur le blog c’était inspiré par nous, que t’as jamais rencontré des filles aussi sexy ».
« Que cette amitié forgée depuis quelques années déjà ne s’est que renforcée par ces retrouvailles à l’autre bout du monde, bon tu te démerdes tu brodes un truc comme d’hab’ ».
 « Par contre si tu parles de mon accent texan je te casse en quinze, mais tu peux parler de celui de Tiphaine - Qu’est-ce qu’il a mon anglais ? - Rien il est parfait, tu parleras de son anglais parfait ? »
« On est awesome ».
 « Aaahhhhhh il est train de nous enregistreeeer, il me met au bout, je suis sur la brèèèèèche ».
Rires et re-rires. Merci les filles pour ces quelques pistes de réflexions, j’en ai prit bonne note.

Benjo

PS Musical de Benjo : I can see clearly now, de Jimmy Cliff
PS Musical de Charpi : Est-ce que c’est ça, de M

1 commentaire:

  1. Quand tu dis qu'ils ne connaissent pas la tartiflette, c'est une blague oui?

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