Lao
Nombres de mes amis m’avaient parlé du Laos, et qu’en
termes positifs. C’était un peu The place
to go au sud-est asiatique, un pays encore vierge du consumérisme occidental
et des hordes de touristes. Ça s’est plus ou moins confirmé, le pays s’ouvrant
dernièrement à une vitesse effrénée aux devises touristiques mais où l’on
trouve encore des trésors de nature et « d’authenticité ».
Ayant acquis de splendides motos Honda Win 110 (dont
Charpi devraient nous parler prochainement), nous avons traversé le sud et le
centre du pays à une vitesse… euh, ouai bon déjà on l’a traversé et ça n’est
pas donné à tout le monde avec ces meules vietnamiennes acquises au Cambodge.
Nous sommes passés par les 4000 îles, avons fait une étape au plateau de
Boloven, à la grotte de Konglor, puis à Vientiane la capitale, Vang Vieng et
Luang Prabang, l’ancienne cité royale. Puis Charpi a continué sa route vers le
Nord et la France, et moi le Sud et la France aussi, un jour ou l’autre.
Entrant au sud du pays par le nord du Cambodge, nous
voila aux 4000 îles. On n’est pas au bord de la mer mais bien le long du Mékong
ce fleuve gigantesque. Des milliers d’îles donc, et surtout une pour les
touristes, Don Det. Mais puisqu’on est malins et que l’on a suivi des conseils
avisés, on est allés sur l’île voisine, Don Khon (il suffit de traverser le
pont comme dirait George B.). Autant sur la première on se croyait dans un
Ibiza local, autant sur la seconde on se retrouvait en terre presque inconnue.
J’abuse un peu mais cette île est très paisible. Le village vie au rythme du
soleil, lever tôt coucher tôt, rien ou presque entre 11h et 16h pour ne pas prendre
de risques face aux grandes chaleurs.
On est étonné du bordel organisé qu’il règne dans ce
village, et dans le pays d’ailleurs, peut-être plus encore qu’au Cambodge.
Concernant les animaux par exemple, il en traine de partout, des poules, des
vaches, des cochons… comment s’y retrouvent t-ils ? Ça n’a pas l’air de
trop les perturber. Pour les gosses c’est pareil, ça gambade dans tous les sens,
tu ne sais pas où ils habitent. Leurs parents semblent le savoir quand-même ça
rassure. Et dans ces pays les gamins se débrouillent très tôt tout seul. A cinq
ans ils pilotent un vélo taille adulte, à huit une motobike, à douze ils ont
déjà leurs trois frères et sœurs et les courses à l’arrière. A part ça ils
aident très tôt leurs parents sur les chantiers, dans les champs, pour gérer la
fratrie et les clients, la cuisine. Vraiment démerdards. Envoyez vos gamins en
stage ici s’ils sont ingérables, ils vont apprendre la vie, ce qui ne veut pas
dire qu’ils seront malheureux à en voir les locaux, bien au contraire.
Sur cette île et les voisines j’ai particulièrement
aimé deux moments. Déjà dès le premier soir, la partie de petang avec des laotiens rencontrés dans un troquet un peu plus tôt
dans la soirée. Après avoir sympathisé autour de leurs quelques mots d’anglais
(et surtout des fameuses Beerlao), ils nous invitent à un match international
France – Laos. Piqués au vif après la perte de la première manche (ça se joue
en 7 et non en 13 ils ne nous avaient pas prévenu), on s’est reprit pour
finalement gagner avec brio la partie deux manches à une. Eh oui les gars
faudrait pas oublier d’où vient ce jeu !
Mais surtout je garde en mémoire le coucher du soleil
au milieu de l’immense Mékong, à la frontière lao-cambodgienne, avec au loin
quelques un des derniers dauphins lamantins, un minuscule rocher où l’on
accoste avec notre pécheur du soir, et une baignade dans le fleuve, en
compagnie de quelques sympathiques foreigners. Une heure grandiose.
Aux 4000 îles |
Puis on a filé Lao, plus au nord.
Au guidon de nos grosses bécanes d’Easy Rider, on
dévale les routes à toute allure. Mais on est encore freinés, cette fois-ci par
nos cargaisons, à savoir des passagères d’origines parigo-cannoises, Sonia et
Alice, et leurs sacs. Par contre ce n’est pas le poids de leurs casques ni des permis
officiels du Laos qui nous ont retardé. Allez, on the road again.
Les motos tiennent et nous voila sur le Plateau de
Boloven. Pays du café et des cascades. Perso je ne suis toujours pas café
malgré les tentatives mais je suis toujours cascades. Comme un enfant dans l’eau
(ou devant le feu), je pourrais y passer des heures. On s’arrête dans les chutes
d’eau de Tad Champi, Tad Yuang puis Tad Lo. Toutes sont différentes, toutes
sont superbes. Plus ou moins hautes, avec un débit assez faible mais qui reste
très puissant lorsqu’on s’aventure dessous. Quelques sauts et surtout les
passages derrières les chutes d’eau… en plus il n’y a quasiment personne. What
else ?! (non toujours pas de café, merci George C.).
On parlait des mioches un peu plus tôt : les
cascades sont leur habitat, ils sont nés au sommet d’une chute d’eau ou de l’arbre
voisin. A 6-8 ans ils grimpent des arbres trempés le long des cascades, ils
sautent d’une douzaine de mètres en se moquant gentiment de mon hésitation, en
gros à chaque faux pas ils peuvent y passer. Mais ils n’y passent pas, vraiment
un autre monde…
Sur la route les villages du bout du monde défilent.
C’est souvent le même plan : une route avec tout le long des maisons, rarement
mitoyennes, et quelques voies perpendiculaires. Et il y a toujours de la vie,
que ce soit des gamins, des animaux, des scooters… au guidon, ne jamais perdre
sa concentration. Jamais Benjo, jamaaaiiiiis. Mais bon ce n’est pas bien grave,
on ne passe jamais trop de temps avant de trouver un garage, ou appelons plutôt
cela un lieu plein de cambouis et d’huile où des gars trafiquent les deux-roues
avec trois-quatre outils, le résultat n’étant pas toujours au rendez-vous.
C'est nous en tout petit en bas !! A Tad Yuang |
Puis on a filé Lao, plus au nord.
Laissant nos passagères filer l’aventure avec des
anglais (ahah bien fait^^), et après une journée à 450 bornes, un exploit digne
des plus grands explorateurs de ce monde, on arrive le lendemain matin à la
grotte Konglor. Un phénomène naturel exceptionnel. Une grotte longue de sept
kilomètres avec des ouvertures de chaque côté de la montagne. Et la rivière qui
la parcoure nous permet de la traverser en barque… superbe. A l’intérieur, la
largeur et la hauteur peuvent atteindre cent mètres. On se croirait parfois
dans Le Seigneur des anneaux, puis je me dis qu’une course poursuite en bateau
serait top pour un James Bond, et lorsque l’on voit apparaître au dessus de nos
yeux une sorte d’immense coupole de dizaines de mètres de haut et de large, je
me vois dans un Star Wars lors d’une bataille spatiale. Pour ton prochain film
George L. (et j’en ai fini avec les George). Sérieux, on s’y croit ! A côté
de ça, les stalactites et stalagmites magnifiquement mis en lumières par la
Région Rhône-Alpes ne me font plus grand-chose.
Lors de notre pause de l’autre côté de la grotte, on
s’est refait une partie de petang
contre des locaux. On arrive à sept « on a gagné c’est bon ? »,
« non c’est en vingt », ah ouai d’accord c’est vous qui voyez, c’est
pas ça qui va nous arrêter. Par contre plus tard on a perdu contre des
anglo-finois au billard, ce qui est extrêmement plus embarrassant.
Puis j’ai filé Lao, plus au nord.
Charpi attendant son visa chinois à la capitale tout
en y découvrant les soirées underground, j’allais passer quelques jours à Luang
Prabang, ancienne capitale royale. Et j’ai prit un petit coup de bambou. C’est
le problème quand tout le monde vous dit que c’est le plus bel endroit du pays
voire du monde. Effectivement c’est splendide mais le tourisme de masse gâche
un peu la quiétude bouddhiste laotienne. C’est encore pire à Vang Vieng, ville
de fête et de drogues, où les foreigners restent entre eux, à regarder la série
Friends qui passe toute la journée dans des dizaines de bars. Pourquoi ne pas
faire ça chez soi ? (néanmoins on s’est adapté, voir le frelon d’or). Je ne veux pas faire le
mec qu’est en communion avec les autochtones, qui rejette toute influence
occidentale, vraiment pas, mais bon là ça vire au ridicule. Par exemple à Luang
Prablang, les trois-quarts des touristes restent font des allers-retours dans
la rue centrale avec son marché centrale… à touristes, certes tout en couleurs,
mais dans la rue parallèle il y a le marché local, autrement plus dépaysant. Ou
ces jap’ (entre autres) qui posent leurs trépieds et flashent les bonzes à un
mètre de leurs têtes, lors de l’aumône matinale, le Tak Bat. Mais bande de
crétins irrespectueux ! Et c’est pas comme si c’était pas indiqué à tous
coins de rues de rester discret à ce moment là.
Par-dessus tout, je suis inquiet de constater le
changement que cela entraine dans le comportement des laotiens. Si dans le sud
ou dans d’autres endroits reculés, le contact semble sincère, ici on redevient
des walking ATM (distributeurs
ambulants). En parlant avec des expat’ français, ils nous disaient qu’en
l’espace de trois ans, cela avait énormément changé, et que ça n’allait pas
s’arranger, le tourisme étant appelé à se développer très fortement, passant
probablement de sept millions de visites dans les quelques années à venir,
contre deux millions en 2012.
Ma foi… Comme c’est triste. Au-delà de ça, et dès que
l’on sort un minimum des sentiers battus, cette cité royale est magnifique,
avec ces dizaines de temples, sa colline centrale le Phu Si d’où la vue est
superbe sur la ville, le Mékong (encore lui), les montagnes environnantes. Une
balade en petit bateau à moteur pour remonter le fleuve jusqu’aux grottes de
Pak Ou (pleines de centaines de statuettes de Bouddha), une baignade dans les
chutes de Tad Kuang Si… Sans se prendre la tête on peut aussi passer du très
bon temps dans cette ville et cette région.
Pétang aux grottes Konglor |
Et sans aller plus Lao, on rencontre beaucoup de
moines.
On en croise de partout, et il est assez facile de
parler avec eux. Dès que l’on montre un peu d’intérêt autre que photographique,
ce sont eux qui engagent les conversations. Il est notamment aisé de les
rencontrer en fin d’après-midi, après leurs chants-prières. La majorité de ceux
que l’on croise en ville sont jeunes, en deçà des vingt ans, ils sont
étudiants. Ils suivent à peu près les mêmes cours que les autres auxquels
s’ajoute l’enseignement bouddhiste. Certains ont choisi d’étudier le
bouddhisme, d’autres sont venus à la demande de leur famille, et la majorité
arrêteront bientôt, pour suivre des études classiques ou travailler. Ceux qui
continueront dans la voie deviendront moines, professeurs, masters…
Ces jeunes bouddhistes nous montrent un mélange de
tradition et de modernité car nombreux sont ceux qui cachent sous leur robe
orange un portable voire la tablette dernier cri, mais qu’ils usent avec
parcimonie. Ils sont proches des jeunes de leurs âges, avec pour beaucoup les
mêmes rêves et envies, les mêmes discussions et références. Cependant leur
quotidien est rythmé tout autrement : levé à 4h, déjeuner, prière, aumône,
études, dernier repas de la journée en fin de matinée, études, prière et
coucher vers 22h ; et tout autrement également, les filles et garçons ne
se rencontrent pas... De l’influence de ces étrangers sur leur quotidien, ils
disent que cela ne les dérange pas, sauf quand l’irrespect est criant, lors de
l’aumône matinale par exemple. Mais en toute situation, tous sont vraiment
bienveillants, souriants, calmes…
A Luang Prabang, traversée d'un pont en bambou construit pendant la saison sèche |
Allez, moi je vais là-bas,
en Birmanie.
Le
frelon d’or : la dernière soirée avec Charpi. Dans une ville pour
faire la fête avec des foreigners qui veulent faire la fête. Plein d’aventures
et de rencontres en quelques heures, comme tout au long de ce trip. Bonne route
Gabert et passe le bonjour aux français !
La
pompe à vélo : les touristes cons et la mauvaise influence du
tourisme sur les mentalités locales (que ce soit au Laos ou ailleurs).
Le
fun : les escrocs de la première petang aux 4000 îles, qui poussent discrètement les boules en te
proposant une Beerlao, qui gueulent un coup quand t’es au max de ta
concentration, qui comptent comme bon leurs semblent… mais toujours avec le
sourire. Des bons tricheurs comme je les aime.
Benjo
PS Musical de Charpi : I heard through the grapevine, de Marvin
Gaye
J'aurais bien voyagé un bout avec vous... Peut-être cet été? Où seras-tu Benjo vers Juillet-Aout?
RépondreSupprimerHey Man,
SupprimerJe dirais AmSud en juillet aout puis maison...
Benjo