10 mars 2013

Lao

Nombres de mes amis m’avaient parlé du Laos, et qu’en termes positifs. C’était un peu The place to go au sud-est asiatique, un pays encore vierge du consumérisme occidental et des hordes de touristes. Ça s’est plus ou moins confirmé, le pays s’ouvrant dernièrement à une vitesse effrénée aux devises touristiques mais où l’on trouve encore des trésors de nature et « d’authenticité ».
Ayant acquis de splendides motos Honda Win 110 (dont Charpi devraient nous parler prochainement), nous avons traversé le sud et le centre du pays à une vitesse… euh, ouai bon déjà on l’a traversé et ça n’est pas donné à tout le monde avec ces meules vietnamiennes acquises au Cambodge. Nous sommes passés par les 4000 îles, avons fait une étape au plateau de Boloven, à la grotte de Konglor, puis à Vientiane la capitale, Vang Vieng et Luang Prabang, l’ancienne cité royale. Puis Charpi a continué sa route vers le Nord et la France, et moi le Sud et la France aussi, un jour ou l’autre.

Entrant au sud du pays par le nord du Cambodge, nous voila aux 4000 îles. On n’est pas au bord de la mer mais bien le long du Mékong ce fleuve gigantesque. Des milliers d’îles donc, et surtout une pour les touristes, Don Det. Mais puisqu’on est malins et que l’on a suivi des conseils avisés, on est allés sur l’île voisine, Don Khon (il suffit de traverser le pont comme dirait George B.). Autant sur la première on se croyait dans un Ibiza local, autant sur la seconde on se retrouvait en terre presque inconnue. J’abuse un peu mais cette île est très paisible. Le village vie au rythme du soleil, lever tôt coucher tôt, rien ou presque entre 11h et 16h pour ne pas prendre de risques face aux grandes chaleurs.
On est étonné du bordel organisé qu’il règne dans ce village, et dans le pays d’ailleurs, peut-être plus encore qu’au Cambodge. Concernant les animaux par exemple, il en traine de partout, des poules, des vaches, des cochons… comment s’y retrouvent t-ils ? Ça n’a pas l’air de trop les perturber. Pour les gosses c’est pareil, ça gambade dans tous les sens, tu ne sais pas où ils habitent. Leurs parents semblent le savoir quand-même ça rassure. Et dans ces pays les gamins se débrouillent très tôt tout seul. A cinq ans ils pilotent un vélo taille adulte, à huit une motobike, à douze ils ont déjà leurs trois frères et sœurs et les courses à l’arrière. A part ça ils aident très tôt leurs parents sur les chantiers, dans les champs, pour gérer la fratrie et les clients, la cuisine. Vraiment démerdards. Envoyez vos gamins en stage ici s’ils sont ingérables, ils vont apprendre la vie, ce qui ne veut pas dire qu’ils seront malheureux à en voir les locaux, bien au contraire.
Sur cette île et les voisines j’ai particulièrement aimé deux moments. Déjà dès le premier soir, la partie de petang avec des laotiens rencontrés dans un troquet un peu plus tôt dans la soirée. Après avoir sympathisé autour de leurs quelques mots d’anglais (et surtout des fameuses Beerlao), ils nous invitent à un match international France – Laos. Piqués au vif après la perte de la première manche (ça se joue en 7 et non en 13 ils ne nous avaient pas prévenu), on s’est reprit pour finalement gagner avec brio la partie deux manches à une. Eh oui les gars faudrait pas oublier d’où vient ce jeu !
Mais surtout je garde en mémoire le coucher du soleil au milieu de l’immense Mékong, à la frontière lao-cambodgienne, avec au loin quelques un des derniers dauphins lamantins, un minuscule rocher où l’on accoste avec notre pécheur du soir, et une baignade dans le fleuve, en compagnie de quelques sympathiques foreigners. Une heure grandiose.

Aux 4000 îles

Puis on a filé Lao, plus au nord.
Au guidon de nos grosses bécanes d’Easy Rider, on dévale les routes à toute allure. Mais on est encore freinés, cette fois-ci par nos cargaisons, à savoir des passagères d’origines parigo-cannoises, Sonia et Alice, et leurs sacs. Par contre ce n’est pas le poids de leurs casques ni des permis officiels du Laos qui nous ont retardé. Allez, on the road again.
Les motos tiennent et nous voila sur le Plateau de Boloven. Pays du café et des cascades. Perso je ne suis toujours pas café malgré les tentatives mais je suis toujours cascades. Comme un enfant dans l’eau (ou devant le feu), je pourrais y passer des heures. On s’arrête dans les chutes d’eau de Tad Champi, Tad Yuang puis Tad Lo. Toutes sont différentes, toutes sont superbes. Plus ou moins hautes, avec un débit assez faible mais qui reste très puissant lorsqu’on s’aventure dessous. Quelques sauts et surtout les passages derrières les chutes d’eau… en plus il n’y a quasiment personne. What else ?! (non toujours pas de café, merci George C.).
On parlait des mioches un peu plus tôt : les cascades sont leur habitat, ils sont nés au sommet d’une chute d’eau ou de l’arbre voisin. A 6-8 ans ils grimpent des arbres trempés le long des cascades, ils sautent d’une douzaine de mètres en se moquant gentiment de mon hésitation, en gros à chaque faux pas ils peuvent y passer. Mais ils n’y passent pas, vraiment un autre monde…
Sur la route les villages du bout du monde défilent. C’est souvent le même plan : une route avec tout le long des maisons, rarement mitoyennes, et quelques voies perpendiculaires. Et il y a toujours de la vie, que ce soit des gamins, des animaux, des scooters… au guidon, ne jamais perdre sa concentration. Jamais Benjo, jamaaaiiiiis. Mais bon ce n’est pas bien grave, on ne passe jamais trop de temps avant de trouver un garage, ou appelons plutôt cela un lieu plein de cambouis et d’huile où des gars trafiquent les deux-roues avec trois-quatre outils, le résultat n’étant pas toujours au rendez-vous.

C'est nous en tout petit en bas !! A Tad Yuang

Puis on a filé Lao, plus au nord.
Laissant nos passagères filer l’aventure avec des anglais (ahah bien fait^^), et après une journée à 450 bornes, un exploit digne des plus grands explorateurs de ce monde, on arrive le lendemain matin à la grotte Konglor. Un phénomène naturel exceptionnel. Une grotte longue de sept kilomètres avec des ouvertures de chaque côté de la montagne. Et la rivière qui la parcoure nous permet de la traverser en barque… superbe. A l’intérieur, la largeur et la hauteur peuvent atteindre cent mètres. On se croirait parfois dans Le Seigneur des anneaux, puis je me dis qu’une course poursuite en bateau serait top pour un James Bond, et lorsque l’on voit apparaître au dessus de nos yeux une sorte d’immense coupole de dizaines de mètres de haut et de large, je me vois dans un Star Wars lors d’une bataille spatiale. Pour ton prochain film George L. (et j’en ai fini avec les George). Sérieux, on s’y croit ! A côté de ça, les stalactites et stalagmites magnifiquement mis en lumières par la Région Rhône-Alpes ne me font plus grand-chose.
Lors de notre pause de l’autre côté de la grotte, on s’est refait une partie de petang contre des locaux. On arrive à sept « on a gagné c’est bon ? », « non c’est en vingt », ah ouai d’accord c’est vous qui voyez, c’est pas ça qui va nous arrêter. Par contre plus tard on a perdu contre des anglo-finois au billard, ce qui est extrêmement plus embarrassant.

Puis j’ai filé Lao, plus au nord.
Charpi attendant son visa chinois à la capitale tout en y découvrant les soirées underground, j’allais passer quelques jours à Luang Prabang, ancienne capitale royale. Et j’ai prit un petit coup de bambou. C’est le problème quand tout le monde vous dit que c’est le plus bel endroit du pays voire du monde. Effectivement c’est splendide mais le tourisme de masse gâche un peu la quiétude bouddhiste laotienne. C’est encore pire à Vang Vieng, ville de fête et de drogues, où les foreigners restent entre eux, à regarder la série Friends qui passe toute la journée dans des dizaines de bars. Pourquoi ne pas faire ça chez soi ? (néanmoins on s’est adapté, voir le frelon d’or). Je ne veux pas faire le mec qu’est en communion avec les autochtones, qui rejette toute influence occidentale, vraiment pas, mais bon là ça vire au ridicule. Par exemple à Luang Prablang, les trois-quarts des touristes restent font des allers-retours dans la rue centrale avec son marché centrale… à touristes, certes tout en couleurs, mais dans la rue parallèle il y a le marché local, autrement plus dépaysant. Ou ces jap’ (entre autres) qui posent leurs trépieds et flashent les bonzes à un mètre de leurs têtes, lors de l’aumône matinale, le Tak Bat. Mais bande de crétins irrespectueux ! Et c’est pas comme si c’était pas indiqué à tous coins de rues de rester discret à ce moment là.
Par-dessus tout, je suis inquiet de constater le changement que cela entraine dans le comportement des laotiens. Si dans le sud ou dans d’autres endroits reculés, le contact semble sincère, ici on redevient des walking ATM (distributeurs ambulants). En parlant avec des expat’ français, ils nous disaient qu’en l’espace de trois ans, cela avait énormément changé, et que ça n’allait pas s’arranger, le tourisme étant appelé à se développer très fortement, passant probablement de sept millions de visites dans les quelques années à venir, contre deux millions en 2012.
Ma foi… Comme c’est triste. Au-delà de ça, et dès que l’on sort un minimum des sentiers battus, cette cité royale est magnifique, avec ces dizaines de temples, sa colline centrale le Phu Si d’où la vue est superbe sur la ville, le Mékong (encore lui), les montagnes environnantes. Une balade en petit bateau à moteur pour remonter le fleuve jusqu’aux grottes de Pak Ou (pleines de centaines de statuettes de Bouddha), une baignade dans les chutes de Tad Kuang Si… Sans se prendre la tête on peut aussi passer du très bon temps dans cette ville et cette région.


Pétang aux grottes Konglor

Et sans aller plus Lao, on rencontre beaucoup de moines.
On en croise de partout, et il est assez facile de parler avec eux. Dès que l’on montre un peu d’intérêt autre que photographique, ce sont eux qui engagent les conversations. Il est notamment aisé de les rencontrer en fin d’après-midi, après leurs chants-prières. La majorité de ceux que l’on croise en ville sont jeunes, en deçà des vingt ans, ils sont étudiants. Ils suivent à peu près les mêmes cours que les autres auxquels s’ajoute l’enseignement bouddhiste. Certains ont choisi d’étudier le bouddhisme, d’autres sont venus à la demande de leur famille, et la majorité arrêteront bientôt, pour suivre des études classiques ou travailler. Ceux qui continueront dans la voie deviendront moines, professeurs, masters…
Ces jeunes bouddhistes nous montrent un mélange de tradition et de modernité car nombreux sont ceux qui cachent sous leur robe orange un portable voire la tablette dernier cri, mais qu’ils usent avec parcimonie. Ils sont proches des jeunes de leurs âges, avec pour beaucoup les mêmes rêves et envies, les mêmes discussions et références. Cependant leur quotidien est rythmé tout autrement : levé à 4h, déjeuner, prière, aumône, études, dernier repas de la journée en fin de matinée, études, prière et coucher vers 22h ; et tout autrement également, les filles et garçons ne se rencontrent pas... De l’influence de ces étrangers sur leur quotidien, ils disent que cela ne les dérange pas, sauf quand l’irrespect est criant, lors de l’aumône matinale par exemple. Mais en toute situation, tous sont vraiment bienveillants, souriants, calmes…

A Luang Prabang, traversée d'un pont en bambou construit pendant la saison sèche

Allez, moi je vais là-bas, en Birmanie.

Le frelon d’or : la dernière soirée avec Charpi. Dans une ville pour faire la fête avec des foreigners qui veulent faire la fête. Plein d’aventures et de rencontres en quelques heures, comme tout au long de ce trip. Bonne route Gabert et passe le bonjour aux français !
La pompe à vélo : les touristes cons et la mauvaise influence du tourisme sur les mentalités locales (que ce soit au Laos ou ailleurs).
Le fun : les escrocs de la première petang aux 4000 îles, qui poussent discrètement les boules en te proposant une Beerlao, qui gueulent un coup quand t’es au max de ta concentration, qui comptent comme bon leurs semblent… mais toujours avec le sourire. Des bons tricheurs comme je les aime.

Benjo

PS Musical de Benjo : Sea Horse, de Devendra Banhart
PS Musical de Charpi : I heard through the grapevine, de Marvin Gaye

2 commentaires:

  1. J'aurais bien voyagé un bout avec vous... Peut-être cet été? Où seras-tu Benjo vers Juillet-Aout?

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    1. Hey Man,
      Je dirais AmSud en juillet aout puis maison...
      Benjo

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