Pertes et tracas !
Je me permets pour ce post de prendre la plume, ou
plutôt le clavier azerty, afin d’éviter à Charpi d’écrire des diatribes
exacerbées, lui qui prend tout très à cœur. Notre Charpi à fleur de peau. Pour
le titre on a hésité avec « un dimanche pluvieux de novembre »,
« ferme-la à la ferme » ou encore « Kas toi vite »
(prononcez Kash).
Fin juillet la mer était agitée. Après Istanbul, on
avait enchainé quelques belles découvertes dans la région d’Izmir (Bergame,
Ephèse) puis Pamukkale et Hiérapolis. De beaux sites antiques, d’étonnants
sites naturels. Mais on était crevés. Eh oui ça n’est pas si reposant des vacances
autour du monde. Il faut enchaîner les pays inconnus, les sites magnifiques, il
faut faire la fête, et en plus il fait chaud. Enfin bref, on avait prévu deux
semaines de « Wwoofing »
dans le sud-ouest de la Türkiye, à Kas afin de nous reposer le corps et
l’esprit. « Wwoof » comme
« world wide opportunities on organic farms ». Pour faire vite, c’est
un réseau à travers le monde où l’on travaille dans des fermes bio
bénévolement, en échange du gîte et du couvert. On aide le fermier, et ça
permet aux voyageurs comme nous de rencontrer des locaux (et d’autres
volontaires), d’en savoir un peu plus sur le métier, et a priori, de se détendre
un peu.
Nos hôtes étaient forts sympathiques à bien des
égards. Ebru, qui gère la maison, les guests
(invités qui payent leurs séjours), et nous fait d’excellents repas ; Ata,
le mioche d’un an, tout le temps en train de sourire, un bon petit turc ;
et Aydin, photographe, peintre et depuis quelques années paysan bio. En plus
ils sont profs de yoga. Tous les ingrédients étaient réunis pour nous concocter
un bon séjour au vert. Il n’en fut rien.
Si ça collait pour Ebru, Aydin, lui, semblait avoir
plus du mal à gérer calmement les situations, les préceptes appris en yoga ne
semblant pas l’aider à garder le contrôle nécessaire. Notre pote ricain Nate
nous dira plus tard que sa seule autre mauvaise expérience de Wwoofing en dix
mois aura été avec un prof de yoga. Pourtant on était très enthousiastes à côtoyer
un peu plus cet art, que l’on pratique de temps à autre lors de ce
voyage ; comme l’autre jour sur la plage de Kabak avec un groupe de turcs
et le coucher de soleil pour nous accompagner.
Direct le premier soir on arrive vers 18h30, et bim, dans les champs. Pourquoi pas. Jusqu’à 22h, on porte des bidons de flottes pour arroser des amandiers et des oliviers. En effet, suite à un problème dans son système d’arrosage, il faut tout faire à la main. 1000 arbres…
Ca va chauffer ! |
Direct le premier soir on arrive vers 18h30, et bim, dans les champs. Pourquoi pas. Jusqu’à 22h, on porte des bidons de flottes pour arroser des amandiers et des oliviers. En effet, suite à un problème dans son système d’arrosage, il faut tout faire à la main. 1000 arbres…
La journée type. Lever vers 7h, préparation du
petit déjeuner pour nous et les guests,
on en profite pour remplir les bidons d’eau à l’arrière du pick-up. Avant et après le petit-déjeuner on en profite aussi pour
arroser le béton (pour la poussière, logique dans cette région où la pluie est
absente depuis avril) puis de balayer ces surfaces avec un balai sans manche.
Vers 9h30, départ vers les champs à vingt minutes de pick-up : arrosage, quelques coups de bèches, poses de
plastiques autour des troncs jusqu’à 13h environ. Retour dans les champs de 17h
à 21h, minimum. En gros, une escroquerie. Si travailler huit heures par jour
peut paraître normal lorsque l’on est employé, ce n’est pas la même chose
lorsque l’on est volontaire. En général en wwoofing,
c’est du cinq heures par jour, et pas aussi fatiguant. Là, tous les soirs on
rentrait épuisés et ça n’allait pas en s’arrangeant. De plus, lorsque l’on
avait du temps libre, on avait vraiment l’impression d’être coupable de ne pas
l’aider. Vous voyez un peu le topo.
Andrea, l’américaine déjà présente avant notre
arrivée, étant un peu jeune pour se rebeller, on a décidé de prendre les choses
en main. On a pensé monter un syndicat, une antenne relais de Farce Ouvrière,
mais on s’est renseignés, l’administratif turc n’est pas des plus aisé. On a
donc appliqué une technique de grève latente, à savoir la technique du
« ne montres pas tout ce que tu peux faire dès le début sinon il t’en
demandera toujours autant voire plus ».
Et puis un jour (ou peut-être une nuit, d’ailleurs), après une claque, on s’est reprit. La matinée commençant mal, Aydin a tenté la discussion mais ça a plutôt tourné à la leçon. Charpi, qui n’attendait que ça, est vite monté à 6000 tours minutes (il faut dire que le pauvre avait le pied sur le frein depuis trois jours, il fallait lâcher les chevaux). J’ai tenté la version diplomatique en lui expliquant notamment que la vie en communauté ça me connaissait. Mais les dés étaient jetés.
Douche froide |
Et puis un jour (ou peut-être une nuit, d’ailleurs), après une claque, on s’est reprit. La matinée commençant mal, Aydin a tenté la discussion mais ça a plutôt tourné à la leçon. Charpi, qui n’attendait que ça, est vite monté à 6000 tours minutes (il faut dire que le pauvre avait le pied sur le frein depuis trois jours, il fallait lâcher les chevaux). J’ai tenté la version diplomatique en lui expliquant notamment que la vie en communauté ça me connaissait. Mais les dés étaient jetés.
Alors me direz-vous, si cette ferme bio fonctionne
toujours, c’est que des volontaires doivent y trouver leurs comptes et c’est
donc peut-être à nous de nous poser des questions. Oui, certes, on n’est
probablement pas les plus faciles à gérer, mais on a apprit qu’on n’était pas
les seuls à avoir eu ces problèmes et à être partis avant la date prévue. On a
aussi ouïe dire de voisins et autres que le fameux maître des lieux était peu
apprécié par nombres d’entres eux, « manipulateur » parait-il.
Aydin : « En six ans de volontariat, vous
êtes les premiers à me demander un manche pour le balai ». Certes, mais si
certains sont d’accords pour se péter le dos pendant une demi-heure au réveil
après avoir arrosé les racines du béton turc, grand bien leur en fasse, nous
c’est pas notre tasse de thé. Etrange car lors du seul cours de Yoga, il
n’arrêtait pas de dire que le dos est très important, qu’il faut le traiter
avec respect et le réveiller en douceur.
On a filé dans la foulée. Le ricain Nate, arrivé la
veille et sentant l’embrouille, nous a suivi. Trois jours de road trip entre Kas
et Fethiye à dormir sur les plages, visiter des sites antiques (j’adoooooore
les amphithéâtres)… et à perdre des trucs !
C’est le deuxième bug de la semaine. On avait perdu
quelques affaires depuis le début du voyage mais là ça s’est enchainé à une vitesse
infernale. En quelques jours : lunettes de soleil, supers lunettes de
plongée, un lecteur mp3 qui n’a pas aimé son bain de mer, le couteau suisse
« 86 steak » offert par super Cagro (la criiiiiiiise ma Cagro) [Cagro, en direct live depuis le bus entre Fethiye
et la Cappadoce, Nate le ricain, depuis la plage me dit qu’il vient de
retrouver mon couteau !!! au tooooppp ! ça c’est du live, il va me
l’envoyer]. Avec ça, les poulets locaux m’ont verbalisé pour un 123 km/h au
lieu de 120…………………….. 3 km/h !!! La même tolérance qu’au pays. Et la
poisse surtout. De plus, le pompiste nous fait le plein alors qu’on était loin
d’en avoir besoin… Et encore, le McGyver
qui sommeille en moi a réparé l’appareil photo qui avait prit un bain d’eau
calcaire.
Ma foi, si vous vous demandez à quoi servent vos
dons, voici une partie de la réponse^^. Dans la mesure du possible, on va
arrêter les frais.
Et, croyez-le ou pas, mais avec Charpi on n’a pas
toujours été d’accord durant cette période ! Fou, non ?! Par contre,
on était à l’unisson pour dire que l’on avait trouvé notre tête de turc commune
dans cette ferme.
Nuage de lait sur le pudding, on passe à la fin de
notre road-trip par Olüdeniz et Fethiye, deux villes (un peu moins pour la
seconde) remplies de rosbeefs !!!
Alors ce n’est pas le problème on aime bien nos amis de la « perfide
albion », mais là, c’en était trop !
Etrangement, cette période a concordé avec notre
lecture (en même temps) de Life, l’autobiographie du guitariste des Rolling
Stones, Keith Richards. Une vie des plus rock, avec sa tête de turc préférée,
Mick Jagger. On en reparlera plus tard. Une semaine rock & foutoirs, une
semaine pertes & tracas.
Mais rassurez-vous. Déjà, cette période semble être
derrière nous [le couteau 86 steak
retrouvé !]. Et en plus, on a quand même vu depuis Istanbul de
superbes endroits. Les sites antiques de Bergame et Ephése, capitales
greco-romaines de l’Asie mineure ; les travertins de Pamukkale, des
piscines d’eau calcaire qui s’enchainent en terrasses, et le site attenant de Hierapolis
avec un des amphi les mieux sauvegardé ; les plages perdues de la côte
lycéenne, et la farniente. Eh oui, on était fatigué après tout ça.
Sunset sur Pamukkale... brillant ! |
Le frelon
d’or : Le coucher de soleil sur les piscines en terrasses de
Pamukkale. Perso, le plus beau sunset jusqu’ici.
La pompe à
vélo : on va s’arrêter là, merci pour tout, rideau.
Le
fun : Un soir dans les champs, la direction du pick-up nous lâche. On doit rentrer à la ferme (une heure de
marche) de nuit. On tente le stop avec les deux (!) voitures qui nous doublent.
Bizarrement celles-ci freinent, sont presque à l’arrêt, puis redémarrent de
plus belle après nous avoir vus d’un peu plus près. Outre nos habits sales,
Charpi portait un gros bidon avec un liquide violet, je portais deux petits
bidons d’essence, et Andrea était équipée dans le dos d’un pulvérisateur avec
son pistolet raccordé, un peu à la Ghostbuster.
En gros, on foutait franchement les jetons au milieu de la nuit. On a bien
marché mais on s’est bien marrés.
Benjo
PS musical : My
world is empty without you, Diana Ross and the Supremes.
1er commentaire : mais t'es trop un écrivain mon frèèèèèèèère !! Nan franchement tu m'épates ! Trop fort toutes ces métaphores et jeux de mots, t'arrives trop à nous faire rire !
RépondreSupprimerEnsuite : et ben dis donc, que d(e)'(mes)aventures ! Il y en a toujours, même si ce n'est pas marrant, et puis ça met un peu de charme dans le voyage ! Je vous souhaite bon courage pour surmonter les difficultés ; apparemment vous remontez la pente et tant mieux, en tous cas vous avez notre soutien depuis ici ! Des bisous à vous deux, grattez bien la guitare ;)
C'est clair quelle classe ces terrasses de calcaire!!! Profitez bien des sources chaudes! Po
RépondreSupprimerIl n'y a pas un site style "covoiturage" ou "coughsurfing" avec des avis sur les spots de woofing? Ça pourrait être utile... Effectivement, pas mal le coucher de Lyon, presque aussi beau que celui du 86!
RépondreSupprimerPour le prochain article, vous nous faites un zoom sur comment rester frais et dispo en mangeant de la nourriture pas comme d'habitude? ;-)
Salut,
RépondreSupprimerJ'ai adoré ce road movie, ça m'a fait penser à un mauvais épisode d'enquête exclusive sur M6 : "le woofing : bon ou mauvais plan? les arnaques de l'été"
Jolie fuite en tout cas...
Bisous et bonne route
Benjo, la barbe "taliban", ça fait pas un peu trop ?!!!!!
Tati merci ma soeur t'es mon meilleur public ;-)
RépondreSupprimerPo faut que tu viennes les voir de tes yeux, très bon pour ton boulot.
Man, merci pour l'idée de post, on y pensera mais là on va... manger !
Gamine grave c'est tout à fait ça "les arnaques de l'été", excellent. La beubar heureusement qu'on passe au Kuaför comme ils disent ici sinon ce serait vraiment abusé
bizz à tous