22 août 2012


Voir Trabzon et… mourir… de rire.

Pré-Scriptum de Benjo : cher public je suis vraiment confus, Charpi a volé l’ordi pendant deux heures cette nuit, il s’est barré avec, et il s’est lâché. Il en avait besoin on dirait, il nous a fait du Charpi quoi. Accrochez-vous : c’est parti !
               
« Alors Benj’ ces premières impressions sur ce chef d’œuvre du 7ème art ? »
« écoute mon Charpi, j’ai envie de te dire que Mag devait vraiment être amoureuse pour que tu l’emmènes voir le premier volet de cette saga dagaalllaassseeeee ».

On vient de sortir du cinéma principal de Trabzon et on s’est payé une franche rigolade. Avant de vous faire un retour sur ce moment exceptionnel, petit saut dans l’espace temps…

Trabzon, dimanche matin du 19 août très tôt vers 6h, dernier jour du Ramadan.
Une nuit blanche ! Chaque fois qu’on prend les bus de nuit c’est pareil. On se dit « Allez ! On prend la route, on avance et en plus on économise une nuit ». On économise une nuit… exactement. On est arrivé déchirés comme des draps de pauvre à l’Otogar de Trabzon. Il a fallu chercher un endroit où passer la nuit suivante et c’était pas gagné. Pas grand-chose d’ouvert, parfois les mecs de l’accueil pionçaient littéralement. Ils te tendent la clef en grommelant le prix ou le numéro.
De prime abord, ça ressemble à du Tim Burton. Cette ville que l’on connaît uniquement à travers la coupe UEFA (le fameux club de foot de Trabzonspor). Le Lonely Planet dit « c’est le genre d’endroit que l’on déteste ou que l’on aime. Certains déplorent son côté ville portuaire un peu glauque ». Et plus loin « A ce titre, un certain nombre de « Natacha » peroxydées originaires des ex-républiques soviétiques y exercent un des plus vieux métiers du monde ». Et pour finir dans la catégorie ‘’où se loger’’ « nombre des adresses bon marché à l’angle nord-est d’Atatürk Alani et le long de la route côtière font office d’hôtels de passe ».
Bon finalement on a trouvé un de ces fameux hôtels mais Natacha ressemblait plutôt à Robert. La chambre par contre était de toute beauté. Du sobre rien que ça : deux lits, du bleu pâle partout, tuvalets et lumière sur le palier (achement rare) et pour couronner le tout DJ Muezzin à moins de 20 mètres. Vous imaginez déjà la descente de lit du lendemain.

Sumela, monastère embrumé
On était naze mais on s’est motivés pour optimiser ce deuxième séjour au bord de la me’noi’. Le temps n’était pas avec nous non plus : des températures fraîches, humidité ambiante au max et la pluie. Une première depuis trois mois on était en imper’ de la tête au pied. Sapés comme des marins on est partis visiter une des perles du coin : le monastère orthodoxe de Sumela. Un pur bijou accroché à un flanc de montagne à quelques km de Trabzon. On pensait tomber sur un écrin de calme dans un univers verdoyant zé chatoyant.
Que nenni, une purée de pois nous y attendait, on voyait quedalle rien à 10 mètres à part les dizaines de véhicules qui déversaient autant de touristes sur le site. Hé ouais !! Pas grand-chose à faire dans le coin. Résultat : tout le monde vient voir les mêmes spots ; Pas mal de locaux, de l’azéri, de l’iranien, du russe un peu et du sud-coréen (d’un certain point de vue on est déjà plus en Occident). C’était joli mais pas transcendant. Au retour, papy Fangio avait pris le volant ; nos têtes ont valsé plusieurs fois dans la fenêtre histoire de nous rappeler qu’ici c’est Trabzon fief de l’ultranationalisme turc. Le soir, on a même pas eu le courage de chercher « Natacha », on s’est rincés au « Burger King » local mais en terrasse s’il vous plaît. Côté aïd – el – fitr (ici on dit ramazan bayrameu). rien même pas un semblant de début d’annonce de fête. Sobre. Un peu déçus.

Trabzon, le lendemain. Lundi, donc.
Pourquoi on est venu ici ? On dirait Dunkerque un dimanche de novembre. Le même temps qu’hier grisâtre, tristounet. La fatigue cumulée, ça ne t’aide pas à apprécier l’endroit. Les heures de vol deviennent longues et DJ muezzin était en forme ce matin, ils ont même tiré à l’artillerie (une sorte de…). Véridique.
Ouais en fait ça y est je me souviens. Nos visas pour l’Iran : c’était ça la raison. On avait vu que c’était ultra rapide de les faire ici. Alors on se dirige vers l’ambassade et comme de bien entendu c’est fermé. Quatre jours de festivité prévus pour la fin du Ramadan. C’est pas vrai quatre jours de plus ici… non mais c’est une blague ?! Heureusement le gardien nous jure grand Allah que demain ça sera ouvert.
Bon qu’est-ce qu’on va faire pendant tout ce temps ? On pense à vous, on vous écrit des posts en brodant un maximum, d’ailleurs je me souviens d’une bonne histoire – ouais bah tu la gardes – ah bon ! Ok ! Non, on a essayé de se reposer. On n’y arrive pas ; l’excitation du voyage peut-être ou le manque cruel de « Natacha ».
On a quand même visité la ville, le centre historique. Enfin, historique… consumériste. Un condensé d’enseignes en tout genre. Mais ça a le mérite d’animer le secteur. La population est très cosmopolite (un noir, deux français, trois sud coréens et 400 000 turcs), jeune et ça bouge pas mal. La mode ici c’est une chemise à carreau de David GINOLA (véridique ici ya un magasin rien que pour lui), une coupe de tifs futuriste et la stache. Si dans quelques mois vous voyez débarquer ça en France on vous aura prévenus. New York c’est déjà has been.  

le front de mer de Trabzon, les chalutiers, les mouettes...
On se surprend à trouver quelque charme à la ville. Plus tard on aura droit à un spectacle coloré le long du front de mer. Le soleil luttant pour faire valoir ces droits. Heureusement ! Je l’ai béni à cet instant car le Benj’ était triste mais triste. Il est fatigué le Benj’, on dirait qu’il fait une Sainté-Lyon chaque nuit. Rajouté à ça le fait de ne pas pouvoir prendre sa dose quotidienne de photos et il est vraiment dans le dur. Mais à ce moment de la journée il a eu sa piqûre et il était reparti.
Le soir, la ville grouille encore jusqu’à minuit après c’est rideau. La pluie est revenue, personne ne semble sans soucier, pas de parapluie. Comme si les gens du coin étaient habitués à ce temps.

Trabzon, aujourd’hui 21 août, terrasse du Burger King. Euh Lonely Planet, Quelque chose à dire ? Oui « certes, Trabzon n’est pas la capitale gastronomique de la me’noi’ ». On en a de la chance quelle belle destination quand même.
Parfois le destin s’acharne. Je vous parlais de la fatigue du Benj’ et bien ce matin au milieu de la nuit (ouh là ya pas que le Benj’ qui déraille). Donc au milieu de la nuit, un hurluberlu est venu tambouriner à la porte pour récupérer un billet qui échu sur notre fenêtre. C’est le Benj’ qui s’est réveillé. Il m’a raconté ça au petit matin. Heureusement pour le gars que ce n’était pas moi. Ceux qui me connaissent savent que le mec aurait récupérer son billet plus un petit pourboire maison.
Au moins on était levés tôt pour notre mission du jour : le visa iranien, le fameux sésame. Et ça été vite expédié, en moins de deux heures la chose était entendue. Le secrétaire s’est bien marré car au moins cinq français dont nous ont défilé pour des visas (il a du se demander ce qu’on fuyait ^^). On a également pu voir les conséquences des politiques étrangères de chaque Nation : prix du visa pour un français 75 euros, pour un japonais 60. Ah d’accord, c’est comme ça.
Ensuite, et bah les miracles ça existe… il fait beau, pas un seul nuage à l’horizon ! Première fois en 15 jours parait-il. On prend de la hauteur pour rejoindre l’ancien pavillon d’Atäturk. Une sorte de maison bourgeoise perchée et entourée par un sous-bois. L’ensemble appartenait à un grec mais à la fin de la guerre d’indépendance, la municipalité l’a récupérée et offerte à Mustapha. Sympa. Dommage que le gus était surbooké (peut-être en reparlera-t-on dans un prochain post). Il n’est venu qu’une seule fois ici. Le cadre en tout cas nous a fait du bien. Voir la lumière après deux jours d’apocalypse, on comprend mieux la vie qu’endurent les bretons et leurs cousins normands.

A quand le même avec la troupe du 86 ?
Revigorés par cette expérience hors du commun, nous décidâmes dans un élan incontrôlé d’aller se faire une toile. Oui madame ! Un bon petit cinéma des familles. On avait pris quelques précautions en demandant si l’audio ou les sous-titres seraient en anglais. On en aurait profité pour améliorer notre british. « Yes, nous dit-on. » Il n’en fut rien. Notre choix s’est porté sur un film d’action « Expendables 2, never backdown » avec toute la troupe de gros muscles de notre enfance. En fait on a eu droit à un grand n’importnawak, une bouse intergalactique comme on en fait peu, du cinéma comique et potache où nos grands héros se tournent en autodérision tout du long. Réunir Stallone, Schwarzy, Willis, VanDamme, Norris et consorts dans le même film c’est génial. Ça devient époustouflant quand ils parlent en turc.
C’est le genre de film qu’il faut montrer à votre minot s’il veut se lancer dans une carrière de directeur. Y’a tout ce qu’il ne faut pas faire : des décors en carton pâte, des acteurs mous du genou, une image immonde, un mauvais doublage, des cadrages de m... les scènes d’action sont illisibles. Pas de chance pour le réal, comme c’est en turc et qu’on pige rien on se raccroche à tout le reste : la gestuelle, les photos, les plans, l’ambiance sonore…Y’a rien qui tienne la baraque à part quelques jolies chansons dans la bande-son.
Comment tu peux faire jouer le méchant à VanDamme, il est seul contre vingt le mec, aucune chance de s’exprimer dans un fight. Jet li dégage au bout de dix minutes pour laisser la place aux nouveaux venus dans ce deuxième opus. Si tu vires Jet Li tu sais déjà que côté chorégraphie martiale c’est mort ; c’est pas Schwarzy qui va te faire un mawashi-geri coup de pied circulaire. Lui c’est la gatling survitaminée rien d’autre. Par deux fois lui et Walker Texas Rangers arrivent du diable vauvert pour sauver les autres. Tu te demandes comment ils les ont retrouvés. L’enchaînement des scènes… nom de d…. on dirait mes diatribes verbales, rien de cohérent.
Et puis y’a les moments d’émotion. Rien que le nom m’amuse. Le jeunot bôgosse de la bande (nouveau venu qui voulait pas écouter les conseils de papa Stallone) meurt assez vite sous un coup radical de JCVD ; des « Natacha » déguisées en fermières pleurant leurs maris exploités dans une mine d’uranium et une sino-américaine plus ou moins là pour amener la touche féminine dans ce corpus de testostérone lifté et accessoirement censé toucher au plus profond de son cœur Mister Sly.
Bon si on résume bien, le film est une boucherie au sens propre comme au sens figuré je crois que les mecs tuent l’équivalent de la population parisienne. Mais bon on rassure la SPA, ce sont des mannequins. Ouais le réal’ s’est dit quitte à faire moche on peut pousser jusqu’au foutage de gueule pour les effets spéciaux et la figuration. Faut les payer les stars et au final t’as plus un penny pour le reste. Et la morale dans tout ça me direz-vous bah c’est encore de montrer que les américains sont de vrais gentils et qu’ils gagnent tout le temps. Dommage pour eux car le meilleur acteur du film qui surnage c’est Jason Statham au service de sa majesté.
Après y’a quelques moments tellement surréalistes qu’ils en deviennent hilarants comme la scène finale dans l’aéroport plein à craquer où les mecs réussissent l’incroyable exploit de tirer autant de balles que pendant les deux guerres mondiales et ce sans blesser un seul civil. Je pense que toutes les armées du monde devrait engager ces mecs ils ont résolu le problème des « dommages collatéraux ». Et puis je me demande encore pourquoi Stallone coupe la tête à VanDamme. Pourquoi ? Même Schwarzy et Willis semblent dégoûtés. Le plus drôle c’est qu’il la balance au pied de la sino-américaine censée tomber amoureuse de lui je vous le rappelle. Comme cadeau d’approche y’a pas mieux.
On était tellement à cran qu’on a fini de nouveau au burger king histoire d’évoquer ce spectacle et de prendre la plume.

Et le sourire 22 bis il est où ?
Le frelon d’or : Reckoner et there there de Radiohead en fond sonore. Il est 5h00, le soleil se lève sur les étendues steppiques. On oublie tout, on a envie de rien d’autre à part d’être sur la route ici et maintenant. Bientôt la frontière arménienne… du frisson brut.
Le fun de la semaine : On est donc dans le ciné à regarder tout un tas de népalais se faire dézinguer quand tout à coup rupture d’anévrisme, les lumières se rallument. Blackout. C’est l’entracte, à l’ancienne. Au beau milieu d’une scène. Mais kes ki se passe ?! Waaaaaazzzzuuuppppp !!! Derrière nous des jeunes du cru nous expliquent. Ils se demandent ce qu’on fiche là si on pane rien au film. Et là Benj’ magistral comme toujours lui rétorque « écoute minot, c’est le turc qu’on saisit pas et non la trame scénaristique».
La pompe à vélo : rien cette semaine. On a surkiffé notre passage à Trabzon. Certes c’est monté progressivement mais on en connaît deux au Louvres qui aurait préféré jouer les ouvreuses au ciné.

Charpi.

PS MUSICAL : the Heavy - short change hero
pS Bonus : un article sur notre acteur préféré. Attention il est en forme, JCVD


3 commentaires:

  1. Vous auriez pu préciser que vous alliez spolier le film, du coup j'hésite à aller le voir...

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    1. vas zy donc à scionzier chez le kaka pour le voir en turc

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  2. fifi brin d'acier22 août 2012 à 21:36

    Magnifique photo du monastère!! On dirait une peinture de je ne sais plus quel peintre avec un sfumato terrifiant! Et quel post fin et délicat à l'image du film de gros bras!!!
    Ah, trop bien!

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