3 sept. 2012


L’ITV des 100 jours

L’interview croisée et débridée des 100 jours.
S’il n’y aucune suite logique, c’est normal, c’est comme notre voyage, c’est de l’organisation improvisée. Ou le contraire c’est vous qui voyez.


Alors mon Charpi, qu’est-ce t’en dis ?
Il est 2h30 du mat’ dans un train pour l’Iran, chui avec toi, j’y réponds à tes questions, chui bien et toi ?

Tu voyages souvent, pourquoi ? Que cherches-tu et que trouves-tu ?
La liberté impulsive sans obsession du lendemain. L’envie irrésistible d’apprécier le moment présent et de le partager.

Pour toi la Turquie, tu l’as vécue plutôt paréo-moustache ou cuir-tongue ?
Alors j’ai envie de te dire que c’était plutôt paréo-tongue. Cuir-moustache je le réserve pour l’Iran (youuppss vais finir au zonzon à force).

Une reaction ?

Et donc, comme je disais avant cette question inutile, toi qui pars souvent par monts et par vaux, quels conseils donnes-tu à ceux qui hésitent encore ?
Cesser d’envisager le voyage vagabond comme une contrainte. C’est le carcan dans lequel on essaye de nous enfermer depuis 200 ans qui est la contrainte absolue. Le voyage te permet te remettre en perspective ta propre destinée avec tous les instants de vie privilégiés que tu as l’occasion de goûter au fil des pérégrinations et des rencontres.

Concernant l’hygiène, ça se passe comment de ton côté ?
Je ne sais pas de quelle hygiène tu parles. J’en connais une qui s’inquiète à propos de ça. Concernant la toilette proprement dite, elle relève également de l’expérience. En temps de voyage il faut savoir s’adapter aux multiples environnements qui te sont proposés. Bref on se rend vite compte qu’on en fait des tonnes à propos de ça. Et puis j’ai mon produit miracle… La pierre d’Alun. Le nec plus ultra pour devenir un vrai Monsieur Propre (et je ne parle pas que du physique).

Le turc et le kurde, ils sont plutôt JC (Jacques Chirac) ou NS (NS) ?
Plutôt JC ; moi c’est Jacques, Jacques Corona bien sûr. Pour Monsieur le Président de la République française Nicolas Sarkozy troisième du nom et membre à vie du conseil constitutionnel. Bah que dire à part que ça serait bien qu’il revienne mais avec l’étiquette écolo ^^. Là il serait apprécié de part le monde.

Qu’en (quand) penses-tu ? 
Penser est une activité beaucoup trop complexe pour moi et de toute façon dès que tu veux en exprimer une, la majorité des gens te renvoie dans les 22. Résultat je les garde de plus en plus pour moi et je fais souvent l’opposé de ce que je pense vraiment sans trop y penser justement. Tu vois par exemple j’aurais bien voulu te construire une réponse claire, limpide et concise mais le temps d’y penser je suis parti ailleurs là où personne ne vient me chercher et c’est tant mieux. Penser comme l’onanisme est une activité de stimulation solitaire. D’ailleurs l’un active l’autre.

Es-tu conscient que plus tu t’éloignes de ton île plus tu t’en rapproches ?
C’est toute la beauté d’un voyage sur notre Planète. Ce n’est plus nécessaire d’envisager le voyage comme une absence mais comme une parenthèse sublime qui te marquera au fer rouge et qui laissera intact les souvenirs que tu as laissés et que tu retrouveras un jour. Enfin je l’espère…

Toi, cher Charpi, qui t’investis beaucoup émotionnellement, comment gères-tu toutes ces rencontres et tous ces au revoir ?
Elles sont la partie la plus magique du voyage. D’ailleurs j’ai tendance à croire que le voyage n’est que ça. Des paysages, des montagnes, des villes, des sites historiques… peu d’importance par rapport à ces moments imprévus de la rencontre. Le grand saut dans le vide (les barrières de la langue et de la culture renforçant cet effet). Une surprise intégrale qui est liée aux moments de pause dans ton voyage, où enfin tu vas prendre le temps d’écouter et d’apprendre. Certes ce sont des instants brefs et on voudrait parfois qu’ils durent encore et encore. Saisir au vol chacune de ces opportunités de rencontres est un des besoins vitaux de l’individu grégaire que nous sommes. Le contact  avec l’autre, le dépassement des peurs. Repousser les limites de notre propre champ d’expression. « L’enfer c’est les autres » ces derniers sont aussi le seul moyen de s’en libérer… de l’enfer.

Quelques mots en turc ?
Sa dé djé bakeuyorum (je ne fais que regarder… quand un père me prend sur le fait en train de regarder sa fille) et yachar mou sou nouz lutfen (pouvez-vous me l’écrire… quand je demande au susdit père le nom et le numéro de sa fille).

Ça t’as plu de faire ma maman pendant 2 jours quand j’ai été bien malade ?
Je crois que c’est la première fois où j’étais inquiet. Je me demandais quand je pourrais chanter comptine aux vespasiennes. En tout cas je vois que tu as pris de l’avance dans le championnat des pépins physico-psychiques : une fatigue chronique, un lumbago, une espèce de réaction parasitale aussi soudaine que brutale. Même ici tu ne me laisses que les miettes ^^.

Depuis le départ, qu’est-ce qui répond à tes attentes et quelles sont les vraies surprises ?
Difficile de te répondre que je n’attends rien de ce voyage. J’ai quelques mini-objectifs mais rien de transcendant. Si tu entends « attentes » dans ce sens-là.
Autrement je pense avoir été suffisamment vandammien plus haut sur Le Voyage. Les vraies surprises ?! Les surprises tout court ! Les rencontres faites et à venir.

Toujours etre au top pour les interviews

Les nuits en bus, tu kiffes ?
Franchement c’est horrible^^, ça fait partie intégrante du voyage mais le folklore laisse place à  de multiples sentiments proches de la haine. Mais l’inconfort du siège te rappelle brûle pourpoint que tu voyages effectivement et que c’est aussi une action qui passe par un don de soi. Et c’est dur après plusieurs heures de se retrouver avec des pieds de Hobbits congestionnés et une série d’orteils en forme de moufles.

La suite du voyage, impatient ?
La suite est déjà présente. Mais les pieds me grattent en permanence. Et je n’envisage pas la suite du voyage. Je t’exaspère souvent en te disant oui et non dans la même phrase mais ça fait parti de comment j’envisage ma vie et aussi le voyage. Pas de prévisions. De toute façon si tu en fais elles sont immédiatement confrontées à l’imprévu. Donc envisager une suite c’est penser et prévoir et donc déjà revenir et il me semble que je t’ai posé une question à propos de retour précipité. Donc on ne parle pas de suite à part quand on cherche un hôtel pour la nuit.

Un mot pour ton public ?
Il reste encore quelqu’un ?


PS : rendons à César ce qui est à César. Mes lectures de voyageurs et de leurs expériences vécues et ressenties m’ont permis de mettre quelques mots sur des pensées intraduisibles. Merci à eux de me prouver que la vie ce n’est pas « comme ça et rien d’autre et qu’un jour ou l’autre on n’a pas le choix ».


Benjo : Armstrong le vélo c’est mort, la lune c’est mort reste quoi ? 
Une trompette ? Ah bah non, non plus. Un bras fort alors ? (for english-speakers only).

Peut-on envisager un retour précipité ?
Euh non, pourquoi, t’as quelque chose à m’annoncer ?
                      
A quand la bonne amie, the special one ?
L’Iran a l’air d’abriter parmi les plus belles merveilles du monde... En plus c’est sympa ça fera voyager ma famille. Bon à part ça, tes sœurs, elles nous rejoignent quand déjà ?

Aucun problème pour casser la porcelaine ?
Aucun problème avec les limougeauds, merci, on a mis en place une correspondance intensive dernièrement. Mais on reprend nos distances.

Pourquoi quand tu ronfles, tu fais bouger ta langue ?
Avec toi, pendant ce voyage, je pensais ne converser que de la seule question qui importe vraiment : que faisons-nous ici sur cette petite planète bleue ? Et là tu me dis ça, de bute en blanc ! Je ne sais que répondre. J’ai soif de voir poindre le jour prochain, certainement.

Partout où l’on passe, tu es toujours pris pour un local, comment le vis-tu ?
Fort bien ! Un homme du monde ! En tout cas de ce monde au tain halé. Et je le vis mieux qu’un allemand-anglais-américain que je côtoie depuis cent jours…

Est-ce que tu te sens bien avec moi ?
Eh bien ma foi mon Charpi pas trop mal ! On peut dire que c’est une coloc qui fonctionne. On change tous les 2, 3, 5, 7 jours d’appart et on est toujours là. Alors oui, comme tout bon couple qui se respecte on a eu notre période d’adaptation. Mais là je crois que ça roule, pourvu que ça dure. On the road again.

John Lennon chantait Imagine pour la cérémonie de fermeture des JO, imagine le reste de notre voyage, que vois-tu ?
Je vois des paysages et sites magnifiques, des rencontres d’autochtones et de voyageurs toujours plus belles, des découvertes. Les paysages restent en images quelque part dans un coin dans la tête, mais les rencontres laissent une trace un peu plus bas, au cœur je crois, c’est ça ?! Je vois bien également quelques moments de galère comme on en a déjà eus mais ça fait partie du trip. Et je vois un blondinet qui rôde dans les parages, toujours.

Quel est ton animal « porteur de force » ?
C'est du VanDamme ou du Norris ? Le cheval troubadour.

Si tu pouvais changer quelque chose en moi ça serait ?
Oh non pas ça Charpi, pas ça ! Tes bracelets de force ? Tes boucles d’oreilles ? N’exposons pas nos divergences au monde, et on s’est déjà exprimés sur le sujet. D’ailleurs, le Verbe permet de résoudre les différents, voire tout simplement de comprendre les différences. Tachons de continuer ainsi.

Les élèves ont tous dépassé Lemaître, ton avis là-dessus ?
Certes il n’a pas eu de Bolt cette fois, mais si celui-ci fini comme Armstrong, les derniers deviendront les premiers encore une fois.

Oui on a subi quelques pressions

On vient de traverser toute une série de pays, y compris le nôtre, et on a vu de nos yeux vu la catastrophe écologique en cours, un avis de l’écolo encarté ?
Je ne suis pas encarté même si j’en pense pas moins. Je fais actuellement une pause diplomatique. Sérieusement, c’est vraiment effrayant, le plus criant dans les pays que nous traversons étant la (non) gestion des déchets et le total irrespect de la nature. Nous, les pays matériellement riches, devons vraiment montrer l’exemple… Quand allons-nous prendre conscience que la crise écologique sera (est déjà) à l’origine des principaux maux de la planète ? Je ne suis pas sûr qu’un tel voyage autour du monde soit possible dans quelques décennies (trente ans ?) aux vues des crises climatiques mais aussi diplomatiques (pour être soft) qui vont survenir. Voila, si tu voulais rigoler Mat’ fallait pas titiller sur le sujet ! Mais l’optimisme n’est pas interdit, les solutions sont connues, il n’y a plus que. Now.

De toutes nos rencontres laquelle t’as le plus marquée ?
Parce que tu crois que je vais choisir une rencontre comme ça et laisser tous autres sur le carreau ? Quelques francophones rencontrés risquent de lire ce post, ça va faire des jaloux s’ils ne font pas partis du top 3. C’est marrant comme les rencontres se font facilement dans un autre pays, avec des locaux ou d’autres. L’autochtone est souvent ravi et fier de présenter son pays, il est très généreux et le croisement des cultures est vraiment plaisant ; le touriste baroudeur, est généralement ouvert aux rencontres, donc tout est facilité et simplifié… En général, en CouchSurfing, les premières minutes, heures, on se jauge puis le lendemain c’est vraiment une complicité qui s’installe. Mais éphémère…

Ta pire qualité ?
Pour rester dans la dynamique d’un post que tu as écris en Croatie, je dirais le mental (c’est mon côté manouche). Au top car je l’ai^^ et que ça permet de se dépasser ; et la pire des qualités car trop de mental tue le mental. En tout cas c’est l’interprétation que m’en ont fait certains collègues lyonnais et alpins.

Ton pire moment dans cette première partie de trip ? Et le plus intense ?
Pour le pire, j’hésite entre le lumbago, le moment de biiiiiiiiiiipppp et les moments où tu as la possibilité de dormir, où tu peux rattraper un peu ton retard de sommeil, mais tu n’y arrives pas ! Je vais me mettre aux drogues je crois, en plus on approche de l’Afghanistan, on devrait trouver facilement. Néanmoins je rassure la famille, et c’est là que le mental est utile, je tiens bon et je profite toujours autant. Le moment le plus intense ? Nombreux, pas évident à choisir mais la première image qui me vient est au sommet d’une des formations rocheuses de la Rose Valley, en Cappadoce. Un mix réussi entre paysage et compagnie.

2 commentaires:

  1. J'adore le principe de ce post, même si les réponses, avouons-le, c'est n'importe quoi. Charpi, tu ne prévois rien, alors pourquoi ta pensée écologiste s'inscrit dans le long terme? Quel paradoxe! Et Benjo, prends soin de toi bon sang, c'est quoi toutes ces tracasseries sanitaires? Je t'assure que c'est mieux d'être en pleine forme! Laisse à Charpi la primeur de somatiser d'être loin de nous... ;)

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  2. Je le prévois déjà pour moi ensuite on verra. Plus je vois l'humanité plus je me dis qu'elle part à volo sans mon aide.

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