Why did you come to
Iran ?
Mais qu’est-ce que vous êtes bien
venus foutre en Iranie ???
C’est la question que l’on nous
pose régulièrement. En nous accostant dans la rue, dans un bus, sur un site
touristique. Ils se demandent vraiment quelle idée nous est passée par la
tête ! C’est vrai qu’il y a très peu de touristes, ils doivent se dire que
leur pays a un souci, donc pourquoi certains viennent-ils quand-même ?
Je blague, ils savent bien que
leur pays a un souci, ils ont Fox et TF1 comme tout le monde. Je re-blague, ils
connaissent bien les problèmes géopolitiques, et que cela bloque le tourisme.
Ils restent donc très surpris de voir des personnes non effrayés à l’idée de
venir leur rendre visite.
On a des réponses toutes faites
mais vraies. Si si.
-
Dans nos pays, quand on entend parler de l’Iran,
ce n’est qu’en négatif, cela ne concerne que la politique. Et l’on a tendance à
généraliser sur le pays et sa population. Mais on savait bien qu’il y avait
autre chose, on voulait se faire notre propre opinion.
-
Et alors, vous aimez bien ? Khoobi ?
-
Kheyli khoob ! D’ailleurs, on a étendus nos
visas, c’est bien que…
Ils sont contents de la réponse
mais restent un peu stupéfaits. C’est quand-même un peu énigmatique à leurs
yeux.
La Turquie, on connait par la
télé, des amis y sont allés, il y a même en France des kebabs à tous les coins
de rues. La Thaïlande, le Viet-Nam, l’Australie c’est la même chose. Même sans
y être allé on sait un peu à quoi s’attendre. Mais l’Iran… Bien sûr si on ne
fait que regarder les infos, on se dit que ce sont tous des barbares barbus
terroristes (même les femmes ?!). Mais on voulait creuser… L’avantage est
qu’on n’avait aucune idée préconçue avant de venir. On est donc arrivés avec le
cerveau vide (tu m’diras, ça change pas trop). Et comme l’on fait confiance à
l’espèce humaine, on s’est dit que cette population aurait des trésors à nous
révéler. On n’a pas été déçu. Par les perses, mais aussi par le pays. Des
couleurs arc-en-ciel… et plus que ça !
Tiens, par la fenêtre du train, je vois deux dromadaires qui ondulent
leur bosse sur un pas lancinant… Quelques palmiers, des maisons en briques à un
étage et tout autour du désert et des montagnes arides…
Violet : vers 5h du matin sur les pentes du Damavand, un peu
avant le lever du soleil, un rayon nuageux à la limite de l’horizon. Une ligne,
plus qu’un arc, dans le ciel. Jamais vu cette couleur, pourtant j’ai vu
quelques levers, je me rappelle notamment l’été dernier sur les sentiers du GR
20 avec Mika, il y avait des teintes nouvelles de roses à mes yeux. Ca donne
envie d’en voir plus de ces levers. Mais faut dire que c’est un peu tôt !
S’il faut faire trente bornes de montagne en se levant à 3h à chaque fois, autant
acheter un caléidoscope.
Indigo : non mais c’est quoi cette couleur ! Je déclare
forfait, je ne fais pas l’effort.
Bleu : un mot qu’on dit avec les yeux, et en Iran, les yeux en
ont des choses à dire. Surtout ces mosaïques sur les mosquées. Sur les dômes,
mais aussi sur les minarets, les portes magistrales, tout autour de la cour extérieure…
Différentes teintes, du bleu azur au bleu marin, mariés à un blanc et quelques
autres couleurs comme le jaune ou le rouge. Quelques coupoles marrons, ce sont
les mosquées réservées aux femmes.
Vert : j’ai découvert ici les oasis. Jusqu’ici c’était une
boisson sucrée au possible, quelques
lignes dans les livres de géo et d’histoire, à la rigueur un groupe de rock.
Mais en Iran on les vis, on les suit d’une ville à une autre, d’une vie à une
autre. On roule pendant des heures dans des paysages arides, avec seulement
quelques montagnes pour apporter une ombre à peine plus fraiche que les rayons
du soleil. Puis, au fond de cette interminable ligne droite, une grosse tache
verte : des arbres, des maisons, des gens : la vie au milieu de la
mort. C’est vraiment magique.
Couleurs du bazar de Esfahan |
Le vert dans ce pays, c’est aussi
le Green Party, mais pas celui que l’on croit. L’écologie est encore dans le
berceau. Le Green Party est le nom du parti de l’opposant à Ahmadinejad en
2009. Et on leur a apprit à se taire. Le gouvernement aimerait également les
emmener dans le désert… définitivement.
Rouge : Comme l’une des couleurs du drapeau iranien, et le
sang de ce peuple, qui coule régulièrement pour sa quête de liberté. La
dernière fois en 2009 pour les élections. Les prochaines ont lieu en juin 2013.
Orange : le fruit, mais aussi les mangues, les melons, et pas
si loin les grenades, fraises, bananes… on s’en régale les babines de ces jus
frais, pressés devant nous. On en profite parfois plusieurs fois par jour, on
ne va pas se priver, non ?!
Jaune : le sable des déserts. Je l’avais aperçu il y a fort
fort longtemps en Egypte, mais là je le vis un peu plus intensément. Cette
planète est donc bleue par ses mers, verte par ses plantes, blanche par sa
neige mais aussi sable par son jaune. Ou jaune par son sable. La chaleur et
l’aridité de ces déserts semblent abriter la mort mais l’on comprend qu’ils
soient des lieux de méditation, d’ermitage, de repos.
Couleurs... locales ! |
Et en bonus pour vous public
adoré, fidèles parmi les fidèles, les couleurs non homologuées par la
convention arc-en-ciel :
Noir : est-ce une couleur d’ailleurs ? Dans les pays
précédents je ne l’a voyais pas, ou peu. Ici, l’œil est attiré par les hijab noirs. On en voit en continue, on
s’y habitue. Presque. Une femme que l’on voit de croiser dans le train nous dit
que cela lui permet de se protéger, qu’elle se sent safe quand elle croise des hommes. Et surtout, c’est le prophète
qui l’a dit. Si beaucoup en sont convaincus, j’ai tendance à croire que
certaines aimeraient avoir la liberté de le quitter.
Multicolores : toujours ces hijab. En filant vers le sud, les couleurs apparaissent. On se sent
plus proche des pays arabes, voire de l’Afrique. Ça donne de la vie. On a
l’impression de changer de pays, de culture en tout cas. Mais la loi islamique
reste la même…
Blanc : et celle-ci, c’est une couleur ? Alors le blanc,
c’est nous ! Enfin, surtout un. L’autre jour vers 23h je me suis promené
seul à Bandar Abbas, j’ai fait le marché de nuit (eh oui, en 11h et 17h la
ville dort) et je suis passé complètement inaperçu. Sensation étrange. Par
contre dès que je mets mon sac à dos c’est foutu. Ouais je l’appelle comme ça
maintenant (charpi). Pendant nos cinq jours passés sur le Golfe, on a croisé un
occidental, un allemand. Et encore, c’est un tricheur, lui c’est la quatrième
fois qu’il vient en Iran pour étudier la loi islamique. Tout ça pour dire qu’on
est assez seuls, et on ne se plaint pas, au contraire !
Frelon d’or : la surprise de l'île d’Hormoz. On s’attendait à rien et
on a eu la totale. Merci Mahvary le biologiste marin pour ce détour.
Fun : Les parties endiablées de backgammon avec les potes…
Pompe à vélo : j’ai envie de marquer des conneries mais Charpi a
des idées encore pire. Chenapans que nous sommes va !
Benjo
PS musical de Benjo : Quitte à t'aimer, de Hocus Pocus
PS musical de Charpi : Straight to my heart, de Camel
Les couleurs de l'arc-en-ciel.. Bande de coquins. Je lis attentivement vos textes sur l'Iran, quelque chose me dis que si j'y vais avec Amandine, le voyage ne serait pas le même que le vôtre. D'autant plus qu'elle refuse de porter le voile, ce qui est très limitant pour l'Iran...
RépondreSupprimerYeah yeah. plus sympas que les corses les iraniens du coup... Ils te laissent bivouaquer dans le désert pour voir des sun rises.
RépondreSupprimerProfitez bien les loustiques.
Ps : en éspérant que vous soyez rentré pour la prochaine virée vers courmayeur!