9 oct. 2012


Why did you come to Iran ?

Mais qu’est-ce que vous êtes bien venus foutre en Iranie ???
C’est la question que l’on nous pose régulièrement. En nous accostant dans la rue, dans un bus, sur un site touristique. Ils se demandent vraiment quelle idée nous est passée par la tête ! C’est vrai qu’il y a très peu de touristes, ils doivent se dire que leur pays a un souci, donc pourquoi certains viennent-ils quand-même ?
Je blague, ils savent bien que leur pays a un souci, ils ont Fox et TF1 comme tout le monde. Je re-blague, ils connaissent bien les problèmes géopolitiques, et que cela bloque le tourisme. Ils restent donc très surpris de voir des personnes non effrayés à l’idée de venir leur rendre visite.
On a des réponses toutes faites mais vraies. Si si.
-          Dans nos pays, quand on entend parler de l’Iran, ce n’est qu’en négatif, cela ne concerne que la politique. Et l’on a tendance à généraliser sur le pays et sa population. Mais on savait bien qu’il y avait autre chose, on voulait se faire notre propre opinion.
-          Et alors, vous aimez bien ? Khoobi ?
-          Kheyli khoob ! D’ailleurs, on a étendus nos visas, c’est bien que…
Ils sont contents de la réponse mais restent un peu stupéfaits. C’est quand-même un peu énigmatique à leurs yeux.

La Turquie, on connait par la télé, des amis y sont allés, il y a même en France des kebabs à tous les coins de rues. La Thaïlande, le Viet-Nam, l’Australie c’est la même chose. Même sans y être allé on sait un peu à quoi s’attendre. Mais l’Iran… Bien sûr si on ne fait que regarder les infos, on se dit que ce sont tous des barbares barbus terroristes (même les femmes ?!). Mais on voulait creuser… L’avantage est qu’on n’avait aucune idée préconçue avant de venir. On est donc arrivés avec le cerveau vide (tu m’diras, ça change pas trop). Et comme l’on fait confiance à l’espèce humaine, on s’est dit que cette population aurait des trésors à nous révéler. On n’a pas été déçu. Par les perses, mais aussi par le pays. Des couleurs arc-en-ciel… et plus que ça !

Tiens, par la fenêtre du train, je vois deux dromadaires qui ondulent leur bosse sur un pas lancinant… Quelques palmiers, des maisons en briques à un étage et tout autour du désert et des montagnes arides…

Violet : vers 5h du matin sur les pentes du Damavand, un peu avant le lever du soleil, un rayon nuageux à la limite de l’horizon. Une ligne, plus qu’un arc, dans le ciel. Jamais vu cette couleur, pourtant j’ai vu quelques levers, je me rappelle notamment l’été dernier sur les sentiers du GR 20 avec Mika, il y avait des teintes nouvelles de roses à mes yeux. Ca donne envie d’en voir plus de ces levers. Mais faut dire que c’est un peu tôt ! S’il faut faire trente bornes de montagne en se levant à 3h à chaque fois, autant acheter un caléidoscope.
Indigo : non mais c’est quoi cette couleur ! Je déclare forfait, je ne fais pas l’effort.
Bleu : un mot qu’on dit avec les yeux, et en Iran, les yeux en ont des choses à dire. Surtout ces mosaïques sur les mosquées. Sur les dômes, mais aussi sur les minarets, les portes magistrales, tout autour de la cour extérieure… Différentes teintes, du bleu azur au bleu marin, mariés à un blanc et quelques autres couleurs comme le jaune ou le rouge. Quelques coupoles marrons, ce sont les mosquées réservées aux femmes.
Vert : j’ai découvert ici les oasis. Jusqu’ici c’était une boisson sucrée au possible,  quelques lignes dans les livres de géo et d’histoire, à la rigueur un groupe de rock. Mais en Iran on les vis, on les suit d’une ville à une autre, d’une vie à une autre. On roule pendant des heures dans des paysages arides, avec seulement quelques montagnes pour apporter une ombre à peine plus fraiche que les rayons du soleil. Puis, au fond de cette interminable ligne droite, une grosse tache verte : des arbres, des maisons, des gens : la vie au milieu de la mort. C’est vraiment magique.

Couleurs du bazar de Esfahan

Le vert dans ce pays, c’est aussi le Green Party, mais pas celui que l’on croit. L’écologie est encore dans le berceau. Le Green Party est le nom du parti de l’opposant à Ahmadinejad en 2009. Et on leur a apprit à se taire. Le gouvernement aimerait également les emmener dans le désert… définitivement.
Rouge : Comme l’une des couleurs du drapeau iranien, et le sang de ce peuple, qui coule régulièrement pour sa quête de liberté. La dernière fois en 2009 pour les élections. Les prochaines ont lieu en juin 2013.
Orange : le fruit, mais aussi les mangues, les melons, et pas si loin les grenades, fraises, bananes… on s’en régale les babines de ces jus frais, pressés devant nous. On en profite parfois plusieurs fois par jour, on ne va pas se priver, non ?!
Jaune : le sable des déserts. Je l’avais aperçu il y a fort fort longtemps en Egypte, mais là je le vis un peu plus intensément. Cette planète est donc bleue par ses mers, verte par ses plantes, blanche par sa neige mais aussi sable par son jaune. Ou jaune par son sable. La chaleur et l’aridité de ces déserts semblent abriter la mort mais l’on comprend qu’ils soient des lieux de méditation, d’ermitage, de repos.

Couleurs... locales !

Et en bonus pour vous public adoré, fidèles parmi les fidèles, les couleurs non homologuées par la convention arc-en-ciel :
Noir : est-ce une couleur d’ailleurs ? Dans les pays précédents je ne l’a voyais pas, ou peu. Ici, l’œil est attiré par les hijab noirs. On en voit en continue, on s’y habitue. Presque. Une femme que l’on voit de croiser dans le train nous dit que cela lui permet de se protéger, qu’elle se sent safe quand elle croise des hommes. Et surtout, c’est le prophète qui l’a dit. Si beaucoup en sont convaincus, j’ai tendance à croire que certaines aimeraient avoir la liberté de le quitter.
Multicolores : toujours ces hijab. En filant vers le sud, les couleurs apparaissent. On se sent plus proche des pays arabes, voire de l’Afrique. Ça donne de la vie. On a l’impression de changer de pays, de culture en tout cas. Mais la loi islamique reste la même…
Blanc : et celle-ci, c’est une couleur ? Alors le blanc, c’est nous ! Enfin, surtout un. L’autre jour vers 23h je me suis promené seul à Bandar Abbas, j’ai fait le marché de nuit (eh oui, en 11h et 17h la ville dort) et je suis passé complètement inaperçu. Sensation étrange. Par contre dès que je mets mon sac à dos c’est foutu. Ouais je l’appelle comme ça maintenant (charpi). Pendant nos cinq jours passés sur le Golfe, on a croisé un occidental, un allemand. Et encore, c’est un tricheur, lui c’est la quatrième fois qu’il vient en Iran pour étudier la loi islamique. Tout ça pour dire qu’on est assez seuls, et on ne se plaint pas, au contraire !

Frelon d’or : la surprise de l'île d’Hormoz. On s’attendait à rien et on a eu la totale. Merci Mahvary le biologiste marin pour ce détour.
Fun : Les parties endiablées de backgammon avec les potes…
Pompe à vélo : j’ai envie de marquer des conneries mais Charpi a des idées encore pire. Chenapans que nous sommes va !

Benjo

PS musical de Benjo : Quitte à t'aimer, de Hocus Pocus
PS musical de Charpi : Straight to my heart, de Camel


2 commentaires:

  1. Les couleurs de l'arc-en-ciel.. Bande de coquins. Je lis attentivement vos textes sur l'Iran, quelque chose me dis que si j'y vais avec Amandine, le voyage ne serait pas le même que le vôtre. D'autant plus qu'elle refuse de porter le voile, ce qui est très limitant pour l'Iran...

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  2. Yeah yeah. plus sympas que les corses les iraniens du coup... Ils te laissent bivouaquer dans le désert pour voir des sun rises.
    Profitez bien les loustiques.
    Ps : en éspérant que vous soyez rentré pour la prochaine virée vers courmayeur!

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