Les îles
Thaïlande côté
jungle ou côté plage. J’ai choisi plage. Deux petites semaines sur les îles du
Golfe de Thaïlande, entre Koh Phangan la bringueuse et Koh Tao la plongeuse. En
trois temps plus un. Trois tops plus un flop. S’il y a des locaux de partout,
je n’en n’ai vraiment rencontré que le dernier jour, et ils ne m’ont pas laissé
la meilleure impression…
La Thaïlande pour
les touristes.
Première étape, bringue à Kho Phangan.
Tous les mois
lorsque la belle lune montre son plus clair visage, de tendres fous venus
d’occident se concentrent sur cette île pour se dandiner aux rythmes des sound systems sur la longue et belle plage
de Haad Rin. Je ne sais pas vraiment quand et comment est né ce rituel mensuel,
pourquoi ici, mais ça fonctionne. Des dizaines de milliers (parait-il, j’ai pas
compté) de jeunes se déhanchent toute la nuit à en oublier qu’ils sont en
Thaïlande.
Une britannique me
fait fort justement remarquer en début de soirée « ah tiens c’est la pleine
lune »… MAIS TU M’ETONNES ! C’est un peu l’idée en fait.
C’est une bringue
pour occidentaux, servie par des locaux. Le concept fonctionnant tellement
bien, les soirées se sont multipliées, avec les noms originaux qui vont
avec : la Full Moon Party donc, mais aussi la Half Moon Party, la Jungle Party,
la Shiva Moon Party etc.
Et quand je dis
« servie par des locaux », faut s’entendre, disons des non-occidentaux.
Car en fait une bonne partie voire plus de la moitié des employés sont birmans.
En effet, eux y trouvent l’emploi qu’ils n’ont pas dans leur pays, et les thaïs
y trouvent des employés avec un salaire deux fois moins élevé.
Le premier jour,
j’arrive à l’hôtel avec mon tee-shirt de touriste de Birmanie et bim les gars
m’enchaînent en birman. Avec les quelques mots appris là-bas, mon soutien à la
Dame, j’étais leur pote pendant tout le séjour passé avec eux. Encore mieux, ils
arrivaient à comprendre quand je leur sortais mes quelques mots en birman ce
qui n’était pas toujours le cas au pays. Excédés par leurs conditions de
travail (payés 120 € par mois soit deux fois moins que les thaïs), ils planifiaient
de faire une grève… Pas sûr que le droit et les patrons soient aussi flexibles
qu’en France.
Party time ! |
Original, on constate
que l’on n’est pas en Europe quand à 4h du mat’, je vois quelques gamins de
cinq six ans faire des châteaux de sable au milieu des bringueurs. Où sont les
parents ? Ça n’a pas l’air de soucier grand monde, surtout les enfants.
Deuxième étape, plongée à Koh Tao.
Petite île de sept
kilomètres sur trois au nord de Koh Phangan, cet îlot est le paradis des
néo-plongeurs en bouteille. Inhabitée jusqu’en 1947, l’île risque de ne plus
l’être de nouveau d’ici quelques décennies. J’exagère peu. Encore plus que sa
grande sœur fêtarde, Koh Tao regroupe bien plus d’occidentaux que de locaux,
des birmans pour beaucoup. Généralement, un proprio thaï, des manageurs et
instructeurs occidentaux et des petites mains du coin.
La réglementation thaïe
ne semble pas avoir atteint les côtes de cette île paradisiaque. Presque aucune
de la quarantaine d’entreprise de plongée (comme tous les autres commerces) n’est
enregistrée. Dès que les autorités du continent débarquent pour faire des
contrôles, une première boite se fait choper, elle fait passer le mot aux
collègues et l’île ferme pendant deux jours le temps que les inspecteurs
reprennent le bateau. Si les scooters n’ont pas de casque (normal), ils n’ont
pas de plaque non plus. Pas plus que les maisons n’ont d’autorisation ni
d’adresse… malgré tout l’île est encore magnifique, préservée, ainsi que ces
coraux même si cela semble tout de même évoluer.
Car si l’on pointe
les côtés sombres du patelin, il y aurait de quoi faire. Par exemple, Koh Tao
signifie « l’île aux tortues » car il y a quelques décennies, elle en
était couverte, aujourd’hui il faut être plus que chanceux pour en apercevoir
une. Et si l’on visite la belle décharge du centre de l’île, à peine cachée, ça
fait un peu peur pour un si petit rocher…
Ces considérations
durables (ou pas, du coup) ne m’ont néanmoins pas empêché de faire un peu de
plongée en bouteille sur Tanote Bay, une adorable petite plage un peu à l’abris
de tout, où sur la route d’accès on croise de bons gros pythons (ce qui a
freiné mes ardeurs de mini-treks en tongues dans la jungle). A visiter ce
splendide monde de Némo, j’ai retenu quelques leçons de mon instructeur Greg,
des explications efficaces :
-
« Entre deux plongées il faut un moment de
récupération, les intervalles de surface. Car il faut faire redescendre l’azote
présent dans notre corps (que l’on inspire en grande quantité dans les
bouteilles) avant de replonger. Il faut du temps ! C’est simple c’est
comme après une cuite, il faut un peu de temps de récupération. Et plus tu bois
(plonges profond et longtemps) plus tu auras besoin de temps de récupération surtout
si tu prévois de reprendre une grosse cuite (profond et longtemps) ».
Limpide.
-
« Concernant la Narcoze à l’azote, c’est la même
chose. Avec la profondeur, à partir de 25 mètres, l’azote a un effet
anesthésique, avec parfois des attitudes insensées, de l’anxiété ou une fausse
sécurité. Comme l’alcool. » Ok. Je tiens à signaler ici que Greg ne boit
pas d’alcool.
Partie de pèche |
Troisième étape, apnée à Koh Tao.
Ce n’était
absolument pas prévu, ça m’a mit dans la mouise pour les jours suivants (voire
étape 4) mais ça a été le gros bonus du séjour, qui se déroulait déjà au mieux.
Rien d’exceptionnel en soi, aller sous l’eau sans bouteille. Comme des
poissons. Bon d’accord ce n’est pas complètement naturel. Mais avec quelques
techniques de relaxation, de respiration, une meilleure connaissance des
réactions de notre corps dans ces moments, on prend vite du plaisir. Et l’on
monte dans les minutes comme l’on descend dans les profondeurs. Sawatdee Jean Reno come stai ?
Mon niveau de
débutant ne me permet pas d’observer le monde sous-marin aussi bien qu’on peut
le faire en bouteille. Mais les sensations sont incroyables quand on se
retrouve dans les (petites) profondeurs, à profiter de la sensation d’apesanteur
dans ce grand bleu, ce nouvel habitat, cette eau à 30°… On en profite car on a confiance
dans les capacités de notre corps à gérer la situation. A essayer m’sieurs-dames
!
Tanote Bay à Koh Tao. Personne ou presque de ce côté là de l'île... |
Quatrième étape, retards Surat Thani.
Ayant traversé des
pays qualifiés de louches par le gouvernement australien, ce dernier me demande
de faire une radio des poumons pour savoir si je ne vais pas lancer une
épidémie en éternuant à mon arrivée sur leurs terres. Rendez-vous est prit chez
un doc agréé par ce même gouvernement de kangourous, à Phuket. Epris d’apnée,
je décale mon arrivée sur la presqu’île, et je dois finalement arriver trois
heures avant le rendez-vous. Je suis conscient des retards, mais je me dis que
sur un trajet de dix heures (bateau plus bus), trois heures devraient suffire.
Trop optimiste bien
sûr. Après quatre heures (oui quatre) à tourner dans cette non charmante
bourgade de Surat Thani, passant de tuktuk en bus, de resto en agences, à être
prit pour des jambons par tous les locaux qui gèrent l’acheminement des riches
touristes que nous sommes, on commence à péter un plomb avec quelques autres
collègues d’infortunes. Si seulement ils étaient honnêtes à nous dire la véritable
heure d’arrivée (car ils le savent très bien depuis toutes ces années), à ne
pas se décharger sur les autres sans arrêt. Bon, conscient que je vais rater le
rendez-vous de deux bonnes heures, j’engage la conversation avec ma vitre de
bus. Celle-ci, de qualité chinoise je présume, folle de mon avant-bras, se
fissure à ma première touche. C’est gagné !
Les autres du bus
ont beau me remercier, « je rêvais de faire ça bla bla bla », c’est
moi qui me retrouve au poste avec une amende de 500 € sur la table. Quelle
blague, pas moyen, ça en vaut 100 voire 150 tout au plus main d’œuvre comprise.
L’ambassade ne m’aide pas trop tout comme les sites internet. Si seulement
Carglass pouvait nous mettre les prix des vitres au lieu de nous saouler avec ses
slogans débiles !
Conscient de ma
faute, je leur explique très calmement (je suis redescendu dans les tours) que
je veux payer le vrai prix, voire un
plus pour la gêne occasionnée. Si je reste très diplomate avec mes compères
policiers pacifiques, mon meilleur (ou pas) français reprend très vite le
dessus dès que je sens une certaine animosité sertie d’extrême mauvaise foi à
mon égard, tel Lambert Wilson dans Matrix, puissance dix. Quel plaisir
d’évacuer la pression à tout va devant je ne sais combien de flics qui ne
comprennent rien à mes dires. Bien que je les soupçonne d’avoir deviné la tenue
de certaines de mes remarques.
Ok j’ai fait une
boulette, qui ne se serait jamais produite dans un bus avec une vraie vitre soit
dit en passant, je vais payer mais qu’on arrête de me mentir à tout va, à me
menacer de prison, de procès d’une semaine (!), de je ne sais quoi c’est
ridicule. Une parodie de police/justice où j’ai pour mission première de
remplir les poches d’un peu tout le monde, du premier flic rencontré au grand
(par les médailles, pas par la taille) dans son bureau et à la compagnie
d’autobus.
Après quelques
heures, je descends à 220 €. J’ai la haine mais y’a pas mort d’homme.
Allez ce n’est pas
grave, quelques jours après je trouve ça presque marrant.
La Thaïlande pour
les touristes. Un séjour plein.
Plage de Sairee, à Koh Tao. Comme dans tous les pays, les gens jouent au foot. |
Le frelon d’or de la semaine. D’origine plus terrien que marin, j’ai découvert ce nouveau monde avec
enthousiasme… à quand le réchauffement climatique afin que la Méditerranée
arrive aux portes de Lyon, qu’on se fasse de bonnes sessions plongées ?
Hein Manu ?!
La pompe à vélo de la semaine. Ce séjour au poste. Ce qui me déçoit surtout c’est que ce sont les
seuls thaïs que j’ai vraiment rencontré. Sur les îles, je
« conversais » avec des birmans, eux-mêmes sous-fifres des locaux. Le
pays étant devenu une industrie à touristes, les relations ont évolué avec et
l’on n’est plus du tout en Thaïlande mais à Touristland, et il faut donc
casquer. Il y a assurément des locaux sympas, réellement accueillants mais je
n’ai pas eu le plaisir d’en croiser beaucoup. Ma foi, en investissant le pays
de la sorte les occidentaux l’ont cherché. On a trouvé !
Le fun de la semaine. Avec Greg l’instructeur de plongée en bouteille nous voila à dix douze
mètres de fond, à observer les poissons et coraux tous plus fluo les uns que
les autres. Magique. Puis au détour d’un rocher, que ne vois-je pas, une
superbe meule type Vespa posée sur le sol. Intrigué par ce spécimen tout à fait
original dans ces profondeurs, je me positionne et l’enfourche à la vitesse
d’un astronaute en apesanteur. Je sens qu’en lançant les gaz je vais partir à
toute berzingue, mais au moment où je m’apprête à poser la main gauche sur le
guidon, une saleté de poisson me la niaque ! T’as raison je n’ai pas
demandé la permission, tcho.
Benjo
PS Musical de Benjo : Around the world, de Daft
Punk
PS Musical de Charpi : Turn the page, de Metallica