Bosnie-Kosovo : anecdotes et
impressions
Post
Second (à lire donc après le post premier^^)
Préambule.
Je
ne sais comment débuter ce post, Charpi me dit « Ecoute ce que je
raconte à mes élèves pour leurs dissertations : je leur dis que c’est
comme pour charmer une bonnamie : le plus difficile c’est l’intro. Ensuite
il n’y a qu’à laisser couler, et la conclusion, eh bien en général vous savez
où vous voulez en venir… non ?! ».
Bon,
sur ces entrefaites... Après une première petite analyse de Charpi, je vais narrer
contines et autres impressions suites au séjour parmi nos amis balkaniques.
Besoin
primaire, la nourriture. « Mir » ou « dobro » (bonne) la
nourriture en générale. Que ce soit en Bosnie ou au Kosovo, on retrouve
quasiment à tous les repas de la viande de mouton ou bœuf (pas de porc ici).
Notamment les « Cevapi », sortes de boulettes de viande que l’on
retrouve dans les pays maghrébins. Grillés au barbecue, on en trouve dans les
familles mais surtout dans les restos. Les repas sont souvent accompagnés du
pain kebab que l’on connait en France, et de yaourt ou fromage frais. Très
généreusement reçus lors de ces séjours, nous n’avons pu accéder à la catégorie
de poids inférieure.
On
a bien mangé, mais ne vous en faites pas on a bien bu aussi. Surtout devant les
matchs de l’Euro que l’on continue de suivre avec assiduité. En effet, regarder
un match de foot à l’étranger c’est tout de suite beaucoup plus prenant. Et
c’est là qu’intervient notre première analyse. En effet, lors du quart de final
France-Espagne, la majorité des kosovars soutenaient la France. Pourquoi ?
Car l’Espagne est un des cinq pays de l’UE à ne pas avoir reconnu le pays, en
raison du mauvais exemple que cela pourrait donner aux basques… La Grèce n’a
pas reconnu le pays non plus, Chypre étant leur poil à gratter national. Si un
match concernait la Russie ou la Chine, je pense que leurs adversaires auraient
leurs voix, ces deux pays étant les seuls du conseil de sécurité de l’ONU à ne
pas les avoir reconnus. Les kosovars n’aiment pas trop parler de politique,
mais elle est présente partout.
Chaque ville des Balkans de ce nom a sa propre Bière |
Oui
c’est vrai, on regarde du foot même pendant notre tour du monde ! « Mais
vous n’avez pas autre chose à faire non ?! » Certes… Au Kosovo, on
s’est donc également permis de faire une virée à Priseren, à 1h30 de Pejä,
notre ville d’attache. Très belle ville, peu détruite avec donc un centre
ancien bien conservé et un château immense la surplombant. Nous avons pu
apprécier lors de cette soirée un très bon concert d’un groupe à succès du
coin, Blla Blla Blla. Groupe au combien emblématique du désir de nombreux
jeunes à promouvoir la tolérance après ces guerres, les quatre musiciens étant
presque tous issus de pays et religions différentes. Un bel exemple de mixité.
Cependant j’ai ressenti (pour notre génération) une plus grande tolérance en
Bosnie qu’au Kosovo, leurs histoires respectives pouvant expliquer ces
impressions.
Au
Kosovo, la question d’appartenance religieuse (et très souvent, nationale) explique
encore beaucoup les rapports entre les gens. Les gens, mais aussi et surtout
certaines institutions. Agron, notre guide-phénomène, souhaitait nous faire
visiter le monastère orthodoxe de Pejä. « Protéger » par la KFOR
(plus que par Dieu ?), l’entrée lui est interdite car il est
kosovar-albanais. Nous, français, rentrons facilement sur présentation du
passeport. Avant la guerre, il rentrait sans souci… mais apparemment, la surveillance
s’est quand-même amoindrie depuis quelques temps. Espérons que la tolérance
progresse chez tous les acteurs…
Les
discussions sur la guerre reviennent assez régulièrement sur le tapis. Comme le
disait Charpi, les jeunes de Bosnie essaient de passer à autre chose, malgré
des relents de guerre bien présents. Outre les immeubles criblés de balles et
abandonnés, Lamia et Majda nous disent qu’on leur rappelle tous les jours dans
les programmes télés, les publicités, les chansons, mais aussi les indépendantistes
du nord du pays (république serbe de Bosnie, Republika Srpska), qui ont dit
être prêt à recourir aux armes si besoin. Au Kosovo, une partie du nord du pays
(à majorité serbe) ne reconnait toujours pas l’indépendance de ce dernier.
Avant 1999, Pejä, ville de 100 000 habitants, était composée à 30% de
serbes, aujourd’hui, il n’y en quasiment plus…
Pejä, ville "nouvelle" |
D’ailleurs,
en parcourant Pejä, on remarque que la ville est assez « nouvelle ».
En effet, 90% des bâtiments ont été brulés ! (beaucoup moins dans la majorité
des autres villes). Agron, alors âgé de 15 ans, est parti en urgence à pied au
Monténégro voisin avec quelques papiers, de l’argent et deux albums photos. A
son retour, il n’y avait plus rien… Mais contrairement à la Bosnie, il n’y a
quasiment plus d’immeuble abandonné ou portant des stigmates de ces années.
Cela étant dû principalement à une diaspora très forte, 45% de la population.
Celle-ci a permis une reconstruction très rapide du pays, parfois un peu à la
hâte.
Bon,
retournons au bar (faut quand-même pas déconner). Ceux de Sarajevo centre ou
l’Exit bar de Pejä. Sur la route, la Mercedes dernier cri (« c’est moi qui
ai le plus gros levier de vitesse ») croise la charrette trafiquée
jusqu’au dernier bout de ficelle avec ses quatre passagers. Grandes inégalités
(bien pire que par nos contrées) que l’on retrouve avec les nombreux gitans,
surtout des moins de 8 ans, qui vendent et réclament quelques pièces. A
Pristhina, une gamine se faisant renvoyée par une serveuse revient dix secondes
plus tard avec un verre d’eau et le jette à l’intérieur du bar, puis saupoudre
le tout de sable… scène quasi quotidienne… Puisqu’on boit un coup dans ce bar,
n’oublions pas de signaler que l’on peut fumer à l’intérieur et que les
balkaniques en profitent plus que de raison. Autrement dit, avec un paquet à
1,5€, malgré leurs petits salaires, ils en profitent largement !
Les loustics, Ryan et Sue in Mostar |
Sortons
de ces bars, allons faire un tour dans les montagnes kosovares, à quelques
encablures de Pejä. Sortie dans les « caves » (grottes) avec les
potes d’Agron. Une belle sortie, au frais. On nous dit bien sûr de ne rien
jeter à l’intérieur. Par contre à l’extérieur… Malheureusement ici les
décharges et détritus pullulent dans la nature. Après la grotte, nous allons
prendre un bain dans la rivière du coin, un des jeunes place une bouteille sur
un rocher et tente de la canarder avec des caillasses. Je lui demande « et
après la bouteille, t’en fais quoi ? », pas vraiment de réponse… Mais
personnellement, j’ai un peu du mal à leur imposer la vision occidentale après
ce qu’ils ont vécu il y a peu. Je vais trouver un angle d’attaque diplomatique,
ne vous en faites pas ^^
Dans
la séquence « Global Warming », discussion avec le frère d’Albert, qui
nous dit qu’il ne se rappelait pas de telles chaleurs il y a quelques décennies.
Et cette hiver, il y avait deux mètres de neige dans les rues, la ville est
restée complètement bloquée pendant trois semaines.
Allez
hop, on va faire un tour en voiture avec des kosovars (« french car, crap
but cheap and romantic » ok, why not !). On en vient à parler
d’homosexualité, et là on est assez impressionnés par l’ignorance sur le sujet,
bien que l’on ait à faire à des personnes ayant fais des études et ouvertes
d’esprits : « je crois que c’est génétique non ?! »,
« ah bon, vous en connaissez, et ils sont normaux ? ». Ce n’est
pas méchant mais c’est simplement qu’ils n’ont aucune connaissance du sujet, si
ce n’est des on-dit… (néanmoins, ne généralisons pas, on n’a pas fait une étude
Ipsos France 2 Médiapart).
Ma
foi, je vais m’arrêter ici. Ou presque.
On
a vraiment appréciés ces moments ici et on vous recommande vraiment d’aller
vous faire votre propre opinion de ce que ce sont les Balkans d’aujourd’hui. Ne
vous arrêtez pas sur des a priori et sur le JT de JP Pernaud^^
Comme
Charpi, je remercie vraiment tous nos hôtes et guides. J’ai surtout une grande
pensée pour ma Mémé, qui est à l’origine de toutes ces rencontres au Kosovo, et
Albert qui perpétue sa générosité.
POST SCRIPTUM :
PS :
Charpi m’ayant proclamé Rédacteur en Chef, je me permets de faire plus long que
lui. Na !