29 juin 2012


Bosnie-Kosovo : anecdotes et impressions
Post Second (à lire donc après le post premier^^)

Préambule.
Je ne sais comment débuter ce post, Charpi me dit « Ecoute ce que je raconte à mes élèves pour leurs dissertations : je leur dis que c’est comme pour charmer une bonnamie : le plus difficile c’est l’intro. Ensuite il n’y a qu’à laisser couler, et la conclusion, eh bien en général vous savez où vous voulez en venir… non ?! ».

Bon, sur ces entrefaites... Après une première petite analyse de Charpi, je vais narrer contines et autres impressions suites au séjour parmi nos amis balkaniques.
Besoin primaire, la nourriture. « Mir » ou « dobro » (bonne) la nourriture en générale. Que ce soit en Bosnie ou au Kosovo, on retrouve quasiment à tous les repas de la viande de mouton ou bœuf (pas de porc ici). Notamment les « Cevapi », sortes de boulettes de viande que l’on retrouve dans les pays maghrébins. Grillés au barbecue, on en trouve dans les familles mais surtout dans les restos. Les repas sont souvent accompagnés du pain kebab que l’on connait en France, et de yaourt ou fromage frais. Très généreusement reçus lors de ces séjours, nous n’avons pu accéder à la catégorie de poids inférieure.
On a bien mangé, mais ne vous en faites pas on a bien bu aussi. Surtout devant les matchs de l’Euro que l’on continue de suivre avec assiduité. En effet, regarder un match de foot à l’étranger c’est tout de suite beaucoup plus prenant. Et c’est là qu’intervient notre première analyse. En effet, lors du quart de final France-Espagne, la majorité des kosovars soutenaient la France. Pourquoi ? Car l’Espagne est un des cinq pays de l’UE à ne pas avoir reconnu le pays, en raison du mauvais exemple que cela pourrait donner aux basques… La Grèce n’a pas reconnu le pays non plus, Chypre étant leur poil à gratter national. Si un match concernait la Russie ou la Chine, je pense que leurs adversaires auraient leurs voix, ces deux pays étant les seuls du conseil de sécurité de l’ONU à ne pas les avoir reconnus. Les kosovars n’aiment pas trop parler de politique, mais elle est présente partout.

Chaque ville des Balkans de ce nom a sa propre Bière

Oui c’est vrai, on regarde du foot même pendant notre tour du monde ! « Mais vous n’avez pas autre chose à faire non ?! » Certes… Au Kosovo, on s’est donc également permis de faire une virée à Priseren, à 1h30 de Pejä, notre ville d’attache. Très belle ville, peu détruite avec donc un centre ancien bien conservé et un château immense la surplombant. Nous avons pu apprécier lors de cette soirée un très bon concert d’un groupe à succès du coin, Blla Blla Blla. Groupe au combien emblématique du désir de nombreux jeunes à promouvoir la tolérance après ces guerres, les quatre musiciens étant presque tous issus de pays et religions différentes. Un bel exemple de mixité. Cependant j’ai ressenti (pour notre génération) une plus grande tolérance en Bosnie qu’au Kosovo, leurs histoires respectives pouvant expliquer ces impressions.
Au Kosovo, la question d’appartenance religieuse (et très souvent, nationale) explique encore beaucoup les rapports entre les gens. Les gens, mais aussi et surtout certaines institutions. Agron, notre guide-phénomène, souhaitait nous faire visiter le monastère orthodoxe de Pejä. « Protéger » par la KFOR (plus que par Dieu ?), l’entrée lui est interdite car il est kosovar-albanais. Nous, français, rentrons facilement sur présentation du passeport. Avant la guerre, il rentrait sans souci… mais apparemment, la surveillance s’est quand-même amoindrie depuis quelques temps. Espérons que la tolérance progresse chez tous les acteurs…
Les discussions sur la guerre reviennent assez régulièrement sur le tapis. Comme le disait Charpi, les jeunes de Bosnie essaient de passer à autre chose, malgré des relents de guerre bien présents. Outre les immeubles criblés de balles et abandonnés, Lamia et Majda nous disent qu’on leur rappelle tous les jours dans les programmes télés, les publicités, les chansons, mais aussi les indépendantistes du nord du pays (république serbe de Bosnie, Republika Srpska), qui ont dit être prêt à recourir aux armes si besoin. Au Kosovo, une partie du nord du pays (à majorité serbe) ne reconnait toujours pas l’indépendance de ce dernier. Avant 1999, Pejä, ville de 100 000 habitants, était composée à 30% de serbes, aujourd’hui, il n’y en quasiment plus…

Pejä, ville "nouvelle"

D’ailleurs, en parcourant Pejä, on remarque que la ville est assez « nouvelle ». En effet, 90% des bâtiments ont été brulés ! (beaucoup moins dans la majorité des autres villes). Agron, alors âgé de 15 ans, est parti en urgence à pied au Monténégro voisin avec quelques papiers, de l’argent et deux albums photos. A son retour, il n’y avait plus rien… Mais contrairement à la Bosnie, il n’y a quasiment plus d’immeuble abandonné ou portant des stigmates de ces années. Cela étant dû principalement à une diaspora très forte, 45% de la population. Celle-ci a permis une reconstruction très rapide du pays, parfois un peu à la hâte.
Bon, retournons au bar (faut quand-même pas déconner). Ceux de Sarajevo centre ou l’Exit bar de Pejä. Sur la route, la Mercedes dernier cri (« c’est moi qui ai le plus gros levier de vitesse ») croise la charrette trafiquée jusqu’au dernier bout de ficelle avec ses quatre passagers. Grandes inégalités (bien pire que par nos contrées) que l’on retrouve avec les nombreux gitans, surtout des moins de 8 ans, qui vendent et réclament quelques pièces. A Pristhina, une gamine se faisant renvoyée par une serveuse revient dix secondes plus tard avec un verre d’eau et le jette à l’intérieur du bar, puis saupoudre le tout de sable… scène quasi quotidienne… Puisqu’on boit un coup dans ce bar, n’oublions pas de signaler que l’on peut fumer à l’intérieur et que les balkaniques en profitent plus que de raison. Autrement dit, avec un paquet à 1,5€, malgré leurs petits salaires, ils en profitent largement !

Les loustics, Ryan et Sue in Mostar

Sortons de ces bars, allons faire un tour dans les montagnes kosovares, à quelques encablures de Pejä. Sortie dans les « caves » (grottes) avec les potes d’Agron. Une belle sortie, au frais. On nous dit bien sûr de ne rien jeter à l’intérieur. Par contre à l’extérieur… Malheureusement ici les décharges et détritus pullulent dans la nature. Après la grotte, nous allons prendre un bain dans la rivière du coin, un des jeunes place une bouteille sur un rocher et tente de la canarder avec des caillasses. Je lui demande « et après la bouteille, t’en fais quoi ? », pas vraiment de réponse… Mais personnellement, j’ai un peu du mal à leur imposer la vision occidentale après ce qu’ils ont vécu il y a peu. Je vais trouver un angle d’attaque diplomatique, ne vous en faites pas ^^
Dans la séquence « Global Warming », discussion avec le frère d’Albert, qui nous dit qu’il ne se rappelait pas de telles chaleurs il y a quelques décennies. Et cette hiver, il y avait deux mètres de neige dans les rues, la ville est restée complètement bloquée pendant trois semaines.
Allez hop, on va faire un tour en voiture avec des kosovars (« french car, crap but cheap and romantic » ok, why not !). On en vient à parler d’homosexualité, et là on est assez impressionnés par l’ignorance sur le sujet, bien que l’on ait à faire à des personnes ayant fais des études et ouvertes d’esprits : « je crois que c’est génétique non ?! », « ah bon, vous en connaissez, et ils sont normaux ? ». Ce n’est pas méchant mais c’est simplement qu’ils n’ont aucune connaissance du sujet, si ce n’est des on-dit… (néanmoins, ne généralisons pas, on n’a pas fait une étude Ipsos France 2 Médiapart).
Ma foi, je vais m’arrêter ici. Ou presque.
On a vraiment appréciés ces moments ici et on vous recommande vraiment d’aller vous faire votre propre opinion de ce que ce sont les Balkans d’aujourd’hui. Ne vous arrêtez pas sur des a priori et sur le JT de JP Pernaud^^
Comme Charpi, je remercie vraiment tous nos hôtes et guides. J’ai surtout une grande pensée pour ma Mémé, qui est à l’origine de toutes ces rencontres au Kosovo, et Albert qui perpétue sa générosité.

POST SCRIPTUM :
PS : Charpi m’ayant proclamé Rédacteur en Chef, je me permets de faire plus long que lui. Na !

2 commentaires:

  1. J'ai bien rigolé en lisant le début de ce post, qui ne parle que de nourriture, alors que je venais juste de laisser un commentaire suite au texte de Charpi en ne posant qu'un question: que mange-t-on là-bas??
    Sinon ici, question global warming, le 1er juillet s'est concrétisé par une pluie torrentielle qui a durée toute la journée. On a compensé par un poulet du dimanche, naturellement. Il ne manquait que vous!

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  2. So you've got your answer ! Sud de l'albanie c'est un peu plus léger, avec un peu plus de poissons c'est non négligeable. Manu si tu viens ici tu vas vraiment flipper tellement la protection de l'environnement est la 8ème roue du carrosse des préoccupations... Vive le poulet du dimanche ! (t'habite toujours chez moi ? réponse en mp please ;-))

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