12 juin 2012


Samedi 9 juin 2012 « Camp disciplinaire à Brac (Hrvatska) »

Bienvenue à Brac ! Lieu hautement touristique mais aussi tristement célèbre pour son camp de redressement pour esprits déviants.

Ici Dieu est bel et bien sur Terre. Enfin Dieu… plutôt le diable. Il fait la pluie et le beau temps mais pas que ça ; Il punit aussi et durement. Un ex de la légion étrangère reconverti en tortionnaire ou selon ses dires en créateur de mental. D’ailleurs il passe son temps à le ressasser « moi j’ai le mental. Et toi petit, bientôt, tu vas me supplier d’arrêter et c’est là que je commencerai ». Mais je vous supplie déjà monsieur ! Monsieur qui ?! Monsieur Benjo… Voilà vous savez qui il est. 
Pour savoir ce qu’il fait et comment je dois vous raconter ma 1ère journée (et dernière) au camp de Brac made in Benjo. Avant ça j’étais frêle, peu entrainé et peu enclin aux activités qui vous forgent un homme. Après 60km en VTT sur l’île avec un rationnement d’eau et de nourriture je suis devenu quelqu’un d’autre : un guerrier d’acier. Le soir mon instructeur me félicita d’avoir tenu bon face à l’adversité et m’offrit le privilège unique de dormir sur une planche de clous. Belle récompense, ils n’étaient pas rouillés.


La journée commença par une montée de 14km en direction du plateau ; heureusement le temps était clément mais le seul litre d’eau en notre possession descendit très vite. L’instructeur refusa d’en prendre plus et m’assena un vilain taquet en me rappelant que je pouvais toujours avaler ma salive. Cela aurait pu tourner au drame mais la chance était avec moi. En effet nous tombâmes sur un ensemble de gites servant à la restauration de touristes en ballade pour le mont Vidova Gora (notre destination). J’eu peur que l’instructeur déclina de remplir nos auges mais lui aussi avait le gosier à sec. Après cette brève mais néanmoins réconfortante étape nous poursuivîmes la montée jusqu’au sommet croisant de temps à autre des marcheurs anglophones ne se doutant à aucun moment qu’ils partageaient l’île avec Benjo le barjot pas rigolo.
En arrivant sur les hauteurs ce fut un des rares moments de partage et de communion avec mon sergent chef : un repas frugal. « Il faut que tu apprennes le manque pour apprécier le tout » me dit-il en me glissant une tranche de tomate et me jetant quelques miettes de pain telles des graines aux poules.
Heureusement la vue était splendide. Le plus haut sommet des îles Adriatiques à 780 mètres nous offrait différents horizons sur l’archipel dalmate, Bol et ses plages et surtout la mer toujours aussi immaculée et saisissante. 


Bref moment d’euphorie remis en cause par la décision unilatérale de l’instructeur Benjo de reprendre l’entraînement au plus vite. Le retour vers Bol (village de la côte) fut un long supplice sur une route caillouteuse à encaisser les brimades du sergent. Plusieurs fois j’ai manqué de dévisser. Perclus de crampes ^^, j’ai dû puiser dans mes ultimes ressources, oublier que j’étais un être humain pensant et raisonné, devenir une machine à pédaler sans but, envisager une mort douloureuse mais avec l’intime conviction d’avoir tout tenté. Finalement la renaissance eu lieu vers 17h00, les fesses en chou-fleur, où Benjo redevint Benjo et Mathieu Mathieu deux francs amis de nouveau sur le catamaran voguant vers leur nouvelle destination. Euh … Au fait Benj ? Où est-ce que l’on va ?

POST SCRIPTUM

PS 1 : Je tiens à préciser que j’ai terminé en tête. J’ai frôlé le mitard en ayant eu l’outrecuidance de dire à l’instructeur une phrase bien enlevée du genre « finalement ce qui compte c’est qui franchit la ligne en premier, je ne me rappelle pas que l’on se souvienne des seconds… »
PS 2 : En plus d’être le détenteur de la coupe des vices, Benjo m’impose une censure stricte. Ce qui veut dire que le mail ci-dessus est extrêmement romancé et ne reflète en rien la dure réalité de mon existence à ses côtés.
PS 3 Musical : Je n’écoute plus que the Survivor « eye of tiger »

 A bon entendeur s……  

1 commentaire:

  1. Fifi brin d'acier13 juin 2012 à 18:39

    Trob pien! Merci pour ces nouvelles et continuez bien ô vous, buveurs de pluie, lécheurs de vent, fumeurs de brume, comme dirait Verhaeren.
    J'ai particulièrement aimé le moment de profonde sagesse du grand Buddha : "il faut savoir le manque pour apprécier le tout".
    Faites-nous philosopher jusqu'au bout du monde!!

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