Samedi 9
juin 2012 « Camp disciplinaire à Brac (Hrvatska) »
Bienvenue à Brac ! Lieu hautement touristique
mais aussi tristement célèbre pour son camp de redressement pour esprits
déviants.
Ici Dieu est bel et bien sur Terre. Enfin Dieu…
plutôt le diable. Il fait la pluie et le beau temps mais pas que ça ; Il
punit aussi et durement. Un ex de la légion étrangère reconverti en
tortionnaire ou selon ses dires en créateur de mental. D’ailleurs il passe son
temps à le ressasser « moi j’ai le mental. Et toi petit, bientôt, tu vas
me supplier d’arrêter et c’est là que je commencerai ». Mais je vous
supplie déjà monsieur ! Monsieur qui ?! Monsieur Benjo… Voilà vous
savez qui il est.
Pour savoir ce qu’il fait et comment je dois vous raconter ma
1ère journée (et dernière) au camp de Brac made in Benjo. Avant ça
j’étais frêle, peu entrainé et peu enclin aux activités qui vous forgent un
homme. Après 60km en VTT sur l’île avec un rationnement d’eau et de nourriture
je suis devenu quelqu’un d’autre : un guerrier d’acier. Le soir mon
instructeur me félicita d’avoir tenu bon face à l’adversité et m’offrit le
privilège unique de dormir sur une planche de clous. Belle récompense, ils
n’étaient pas rouillés.
La journée commença par une montée de 14km en
direction du plateau ; heureusement le temps était clément mais le seul
litre d’eau en notre possession descendit très vite. L’instructeur refusa d’en
prendre plus et m’assena un vilain taquet en me rappelant que je pouvais
toujours avaler ma salive. Cela aurait pu tourner au drame mais la chance était
avec moi. En effet nous tombâmes sur un ensemble de gites servant à la
restauration de touristes en ballade pour le mont Vidova Gora (notre
destination). J’eu peur que l’instructeur déclina de remplir nos auges mais lui
aussi avait le gosier à sec. Après cette brève mais néanmoins réconfortante
étape nous poursuivîmes la montée jusqu’au sommet croisant de temps à autre des
marcheurs anglophones ne se doutant à aucun moment qu’ils partageaient l’île avec Benjo le
barjot pas rigolo.
En arrivant sur les hauteurs ce fut un des rares
moments de partage et de communion avec mon sergent chef : un repas
frugal. « Il faut que tu apprennes le manque pour apprécier le tout »
me dit-il en me glissant une tranche de tomate et me jetant quelques miettes de
pain telles des graines aux poules.
Heureusement la vue était splendide. Le plus haut
sommet des îles Adriatiques à 780 mètres nous offrait différents horizons sur
l’archipel dalmate, Bol et ses plages et surtout la mer toujours aussi
immaculée et saisissante.
Bref moment d’euphorie remis en cause par la décision
unilatérale de l’instructeur Benjo de reprendre l’entraînement au plus vite. Le
retour vers Bol (village de la côte) fut un long supplice sur une route
caillouteuse à encaisser les brimades du sergent. Plusieurs fois j’ai manqué de
dévisser. Perclus de crampes ^^, j’ai dû puiser dans mes ultimes ressources,
oublier que j’étais un être humain pensant et raisonné, devenir une machine à
pédaler sans but, envisager une mort douloureuse mais avec l’intime conviction
d’avoir tout tenté. Finalement la renaissance eu lieu vers 17h00, les fesses en
chou-fleur, où Benjo redevint Benjo et Mathieu Mathieu deux francs amis de
nouveau sur le catamaran voguant vers leur nouvelle destination. Euh … Au fait
Benj ? Où est-ce que l’on va ?
POST
SCRIPTUM
PS 1 : Je tiens à préciser que j’ai terminé en
tête. J’ai frôlé le mitard en ayant eu l’outrecuidance de dire à l’instructeur
une phrase bien enlevée du genre « finalement ce qui compte c’est qui
franchit la ligne en premier, je ne me rappelle pas que l’on se souvienne des
seconds… »
PS 2 : En plus d’être le détenteur de la coupe
des vices, Benjo m’impose une censure stricte. Ce qui veut dire que le mail
ci-dessus est extrêmement romancé et ne reflète en rien la dure réalité de mon
existence à ses côtés.
PS 3 Musical : Je n’écoute plus que the
Survivor « eye of tiger »
Trob pien! Merci pour ces nouvelles et continuez bien ô vous, buveurs de pluie, lécheurs de vent, fumeurs de brume, comme dirait Verhaeren.
RépondreSupprimerJ'ai particulièrement aimé le moment de profonde sagesse du grand Buddha : "il faut savoir le manque pour apprécier le tout".
Faites-nous philosopher jusqu'au bout du monde!!